7 juillet 2015

Paycheck (2003) de John Woo

PaycheckUn brillant ingénieur, mercenaire du reverse-engineering, accepte de travailler sur un projet pendant trois années en sachant que sa mémoire correspondant à cette période sera ensuite effacée pour préserver le secret. Au terme de son contrat, à son « réveil », une surprise de taille l’attend… Paycheck est adapté d’une excellente petite nouvelle de Philip K. Dick qui, comme beaucoup des écrits de cet auteur de science-fiction, est passionnante non par son éventuel caractère plausible mais par les questions qu’elle soulève. John Woo n’est visiblement pas passionné par les paradoxes temporels engendrés ni par les interrogations philosophiques suscitées puisqu’il en a fait essentiellement un film d’action, une sorte de fuite en avant perpétuelle, une course poursuite de presque deux heures ponctuée d’un jeu de piste. Vu comme un film d’action, l’ensemble est certes assez divertissant avec une mise en scène plutôt efficace même si l’on peut se demander si le charmant Ben Affleck était l’interprète idéal pour ce type de rôle. Mais au final, on reste avec la conviction que cette nouvelle de Philip K. Dick méritait mieux que cela…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ben Affleck, Aaron Eckhart, Uma Thurman, Paul Giamatti, Colm Feore
Voir la fiche du film et la filmographie de John Woo sur le site IMDB.

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Paycheck
Ben Affleck et Paul Giamatti dans Paycheck de John Woo.

Paycheck
Pas de films de John Woo sans « Mexican standoff » (« impasse mexicaine » en français : position dans laquelle deux adversaires se menacent mutuellement de leurs armes)…
A priori, John Woo n’avait pas l’intention de placer d’impasse mexicaine dans Paycheck. Ce serait Ben Affleck qui, en grand fan du réalisateur qu’il est, aurait insisté. Il a eu gain de cause puisqu’il y en a deux…
Ben Affleck et Colm Feore dans Paycheck
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8 mai 2013

Passez muscade (1941) de Edward F. Cline

Titre original : « Never Give a Sucker an Even Break »

Never Give a Sucker an Even BreakFields est scénariste aux Esoteric Studios et tente de placer un scénario auprès d’un metteur en scène en lui racontant l’histoire : il s’agit d’un homme qui part au Mexique vendre des fausses noix de muscades en bois à une colonie d’immigrés russes… Never Give a Sucker an Even Break est à proprement parler le dernier film de W.C. Fields et ce n’est pas le plus sage ! Le fait de mettre une histoire dans l’histoire permet de s’affranchir de toute vraisemblance : les situations et évènements peuvent être totalement farfelus puisqu’ils proviennent de l’imagination d’un scénariste tout aussi farfelu. C’est in-racontable. W.C. Fields est en belle forme et nous abreuve de ces formules hilarantes dont il a le secret (1). Tout irait pour le mieux s’il n’avait pour co-star Gloria Jean, une chanteuse soprano de 15 ans alors populaire en tant que jeune prodige, dont le personnage ne sert strictement à rien si ce n’est qu’à lui permettre de pousser de pénibles vocalises et chansons à intervalles réguliers. Les scénaristes ont eu toutefois le bon goût de lui donner très peu de dialogues. Le film se termine par une course poursuite échevelée, tout aussi délirante que le reste du film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Gloria Jean, Margaret Dumont, Franklin Pangborn
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Remarques :
* Dans la scène où W.C. Fields se rend dans un soda-shop pour commander un milk-shake, il se tourne vers la caméra pour dire : « Normalement, je devais aller dans un bar mais les censeurs ont coupé la scène. » Il disait la vérité !
* Aux Etats-Unis, l’expression « wooden nutmeg » (= noix de muscade en bois) désigne toute forme de fraude. Le terme vient d’une légende qui voudrait que certains commerçants peu scrupuleux du Connecticut vendaient des noix de muscade en bois. Cela a même valu au Connecticut son surnom de « Nutmeg State ».

(1) Exemple : En parlant d’une de ses ex-femmes : « Elle m’a poussé à boire, c’est la seule chose pour laquelle je lui suis redevable. »

27 février 2013

Mines de rien (1940) de Edward F. Cline

Titre original : « The Bank Dick »

Mines de rienChez lui, Egbert Sousé est maltraité par tout le monde, depuis sa fillette espiègle jusqu’à sa belle-mère acariâtre. Il préfère donc passer son temps dans son bar favori. Grâce à une rencontre, il est embauché au pied levé pour remplacer un metteur en scène alcoolique. Ensuite, les apparences laissent croire qu’il a capturé deux cambrioleurs de banque. Pour le remercier, le directeur de la banque lui propose un poste de vigile… Ecrit par W.C. Fields, The Bank Dick est un excellent film, certainement l’un des meilleurs du célèbre comique américain. C’est son avant-dernier film. On peut certes trouver, comme certains critiques, qu’il manque d’unité mais il est tellement bourré de gags et de bons mots que le résultat est indéniablement une réussite. Le rythme est assez soutenu, sans aucun temps mort, les enchainements sont assez rapides. Edward Cline a dirigé de nombreux films de Buster Keaton et on sent nettement l’influence du cinéma burlesque muet dans la poursuite finale, assez échevelée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Una Merkel, Franklin Pangborn, Grady Sutton
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Remarques :
* Le personnage du metteur en scène fin saoul et donc incapable de diriger peut certainement être vu comme une allusion à Clyde Bruckman que W.C. Fields a du plus ou moins remplacer (dans Man on the flying trapeze en 1934) pour cette même raison.

* W.C. Fields a signé le scénario sous le nom de Mahatma Kane Jeeves (pour le jeu de mots, lire le commentaire ci-dessous…)

10 février 2013

Ça commence à Vera-Cruz (1949) de Don Siegel

Titre original : « The Big Steal »

Ca commence à Vera-CruzA son arrivée à Vera-Cruz, Duke Halliday échappe de justesse à un capitaine de l’armée qui le poursuit. Lui-même traque un homme qui lui a volé de l’argent et se lance à sa poursuite dans la ville mexicaine… Pour la RKO, Ça commence à Vera-Cruz est une tentative de reproduire la réussite du merveilleux film noir La Griffe du passé (Out of the Past) : nous retrouvons donc Jane Greer et Robert Mitchum, ainsi que le scénariste Daniel Mainwaring qui adapte ici une histoire de Richard Wormser. L’atmosphère est très différente, c’est un film noir tourné en plein soleil, un soleil mexicain qui plus est, donc l’image est très claire. Le film utilise bien l’atmosphère mexicaine pour créer un fort contraste entre la poursuite effrénée et la placidité ambiante. Ça commence à Vera-Cruz En revanche, l’histoire manque de richesse et les scènes d’action ne sont pas toujours très convaincantes (il est vraiment très visible que toutes les scènes en voiture ont été accélérées). Le ton semble parfois osciller entre le film policier et la comédie sentimentale, Robert Mitchum faisant alors montre de son charme nonchalant. La tension, parfois créée, retombe toujours rapidement. A défaut d’être intense, Ça commence à Vera-Cruz est un film juste plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Jane Greer, William Bendix, Patric Knowles, Ramon Novarro
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