2 octobre 2017

Veillée d’amour (1939) de John M. Stahl

Titre original : « When Tomorrow Comes »

Veillée d'amourPhilip rencontre par hasard Helen dans le restaurant où est serveuse. Il est séduit par son charme et s’arrange pour la revoir… John M. Stahl est un réalisateur que l’on connait peu si ce n’est par le superbe Leave Her to Heaven (1945) avec Gene Tierney et par les remakes de certains de ses films par Douglas Sirk. Pour le reste, il est souvent qualifié péjorativement de faiseur de mélodrames mais l’essentiel de sa filmographie reste peu accessible. Ce When Tomorrow Comes laisse à penser que ses films méritent mieux que cela. Basé sur un roman de James M. Cain, le scénario est simple dans ses fondements mais finalement assez surprenant dans son assemblage d’éléments à priori disparates. L’ensemble fonctionne à merveille grâce au talent du couple d’acteurs que l’on venait de voir dans Love Affair de Leo McCarey : Irene Dunne donne beaucoup de corps à son personnage avec un jeu assez riche et Charles Boyer, avec son accent français, est toujours parfait dans ce genre de personnages qui allient délicatesse et élégance. Le rôle a été visiblement taillé pour lui. Bien que dialogues et mise en scènes restent assez conventionnels, on se laisse facilement happer par cette histoire d’amour impossible. Ce n’est pas un mélodrame qui va vous tirer des larmes, il y a d’ailleurs une bonne d’humour, ou au moins d’ironie ; il peut même être vu sous un angle social (plutôt évident mais, somme toute, peu développé). Le film n’eut aucun succès. Douglas Sirk en fera un remake vingt ans plus tard en appuyant sur l’aspect mélodramatique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Irene Dunne, Charles Boyer, Barbara O’Neil
Voir la fiche du film et la filmographie de John M. Stahl sur le site IMDB.

Voir les autres films de John M. Stahl chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Les scènes de l’ouragan ont été inspirées par le Grand ouragan de Nouvelle-Angleterre de 1938 qui (après être passé au nord des Caraïbes) a frappé Long Island et Rhode Island, causant la mort de 600 personnes.

Remakes :
Les amants de Salzbourg (interlude) de Douglas Sirk (1957) avec June Allyson et Rossano Brazzi
Interlude (1968) de l’anglais Kevin Billington avec Oskar Werner et Barbara Ferris

When Tomorrow comes
Irene Dunne et Charles Boyer dans Veillée d’amour de John M. Stahl.

12 juillet 2014

Coup de foudre (1944) de Charles Vidor

Titre original : « Together Again »
Autre titre (Belgique) : « Nous deux »

Coup de foudreLa petite ville de Brookhaven a érigé une statue à son maire dont la droiture est toujours vénérée cinq ans après sa mort. C’est sa femme, Anne, qui a pris sa suite. Très accaparée par sa tâche, elle ne s’est pas remariée. Lorsque la statue est accidentellement décapitée, Anne part à New York chercher un sculpteur pour la remplacer… Le texte de l’affiche le prouve : le titre Together Again s’applique plus aux acteurs qu’à l’histoire. Nous retrouvons à l’écran le couple formé par Irene Dunne et Charles Boyer qui avait été si populaire en 1939 dans Love Affair (Elle et lui) de Leo McCarey (1). Cette fois, ils se retrouvent dans une comédie que l’on rattache au genre screwball, bien que le genre soit en 1944 nettement sur sa fin. Loin des aspects progressistes de certaines comédies screwball, on pourra remarquer que le propos est ici assez ouvertement conservateur : la femme ne se définit que par rapport à l’homme, elle peut avoir une carrière professionnelle (voire politique comme ici) mais elle ne peut être heureuse si elle ne se marie pas et, Together Again - Affiche belge (Nous deux) quand cela arrive, elle doit tout abandonner pour se consacrer à son mari… On pourra aussi s’amuser à relever plusieurs traits nettement misogynes ici et là. Mais ce n’est pas principalement pour cette raison que le film déçoit : la mise en scène de Charles Vidor n’est pas franchement remarquable, l’humour est assez peu présent, les dialogues manquent de brillance. Seul le charme et l’éloquence raffinée de Charles Boyer relève l’ensemble et donne un peu d’intérêt au film.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Irene Dunne, Charles Boyer, Charles Coburn, Mona Freeman, Jerome Courtland
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Remarques :
* A noter que (pour une fois) le titre français Coup de foudre est bien trouvé  car le tonnerre joue un rôle non négligeable dans cette histoire.

(1) Les deux acteurs étaient également ensemble dans When Tomorrow comes (Veillée d’amour) de John Stahl (1939). Together Again est donc le troisième film où ils partagent l’affiche.

25 juin 2014

Théodora devient folle (1936) de Richard Boleslawski

Titre original : « Theodora Goes Wild »

Théodora devient folleLa petite ville de Lynnfield est en émoi après que le journal local ait publié des extraits d’un best-seller un peu osé. Les gardiennes de la bonne morale obtiennent que la publication soit suspendue. Personne ne soupçonne que l’auteur est la jeune Theodora qui vit avec ses deux vieilles tantes et joue de l’orge à la messe tous les dimanches… Theodora Goes Wild fait partie des premières (1) et des plus marquantes comédies  screwball. C’est la première pour l’actrice Irene Dunne qui deviendra un des piliers du genre. Le scénario a été écrit par le brillant scénariste Sidney Buchman. Le ton est assez libre, la pudibonderie et l’étroitesse d’esprit y sont fustigées et le personnage fort est celui de la femme. Irene Dunne semble très à l’aise dans ce rôle à plusieurs facettes, capable de passer très rapidement d’un style à l’autre. L’histoire est assez plausible (ce qui n’est pas toujours le cas avec les screwball) et l’humour est bien distillé, de façon continue, y compris dans les passages de pure romance. Theodora Goes Wild mériterait d’être plus connu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Irene Dunne, Melvyn Douglas, Thomas Mitchell
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Boleslawski sur le site IMDB.

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(1) En 1936, nous ne sommes que 2 ans après It Happened One Night (1934) de Frank Capra qui marque le début du genre screwball.

2 avril 2012

Mon épouse favorite (1940) de Garson Kanin

Titre original : « My Favorite Wife »

Mon épouse favoriteAlors qu’il vient de la faire reconnaître comme officiellement décédée, un homme voit sa femme réapparaître après une disparation au large de l’Indochine de plus de sept ans. Seul problème : il venait de se remarier le matin même. Laquelle de ses deux femmes va-t-il choisir ? … Mon épouse favorite a été écrit et produit par Leo McCarey qui l’aurait réalisé si un accident automobile ne l’en avait empêché. Ce fut donc Garson Kanin, réalisateur de moindre envergure, qui le dirigea mais la patte de McCarey reste présente, le film n’étant pas sans rappeler Cette sacré vérité (1937). La base de l’histoire est assez simple mais fonctionne très bien grâce à son tandem d’acteurs. Irene Dunne apporte beaucoup de vivacité et de brillance ; Cary Grant a son jeu de mimiques faciales et son maintien très gentlemen parfaitement en main. La réalisation est souvent un peu terne mais le film comporte d’excellentes scènes comme celles de l’hôtel ou chez le juge. La fin en revanche est bien plate. Mon épouse favorite reste une excellente comédie qui fut très populaire en ces années pré-Pearl Harbour où l’Amérique voulait continuer à s’amuser.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Irene Dunne, Cary Grant, Randolph Scott, Gail Patrick, Donald MacBride
Voir la fiche du film et la filmographie de Garson Kanin sur le site IMDB.

Remakes :
Something’s Got to Give (1962) de George Cukor, film inachevé avec Marilyn Monroe
Pousse-toi, chérie (Move over, Darling) de Michael Gordon (1963) avec Doris Day et James Garner

A noter, qu’à la base de l’idée, se trouve le  poème Enoch Arden d’Alfred Lord Tennyson déjà adapté par D.W. Griffith : Enoch Arden Part 1 et Enoch Arden Part 2 (1911), puis une nouvelle fois en moyen métrage, Enoch Arden (1915) avec Lilian Gish et Alfred Paget