10 août 2014

Jesse James, le brigand bien-aimé (1957) de Nicholas Ray

Titre original : « The True Story of Jesse James »

Jesse James, le brigand bien-aiméAprès une tentative ratée de hold-up, Jesse et Frank James sont poursuivis. Se cachant dans une grotte, ils se remémorent leur parcours… Jesse James, le brigand bien-aimé est le remake du film homonyme d’Henry King de 1939. C’est l’idée de faire interpréter Jesse James par Elvis Presley qui a décidé Nicholas Ray à accepter le projet. En réalité, La Fox lui imposera Robert Wagner mais Nicholas Ray gardera l’idée d’en faire un rebelle, un grand adolescent perdu dans un monde hostile, qui devient par la suite prisonnier de son parcours, comme forcé de continuer à piller des banques alors que la motivation n’est plus là. Un rebelle sans cause ? Il est bien entendu tenant de faire un rapprochement avec le James Dean de La Fureur de vivre mais le développement est ici très différent : son Jesse James ne mûrit pas et cela causera sa perte. La construction est basée sur trois longs flashbacks initiés à chaque fois par une personne différente (la mère, la femme, Frank). On peut regretter un certain manque de présence des acteurs. Nicholas Ray s’est heurté à Buddy Adler de la direction de la Fox durant la production du film : il semblerait que le réalisateur ait refusé de participer au montage.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Wagner, Jeffrey Hunter, Hope Lange, Agnes Moorehead
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicholas Ray sur le site IMDB.
Voir les autres films de Nicholas Ray chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Nicholas Ray

Remarques :
* Le plan de la spectaculaire chute de cheval depuis le haut d’une falaise dans la rivière est un plan repris de la version de 1939, de même que celui du cheval qui traverse une vitrine.
* John Carradine joue dans les deux versions : dans la version de 1939, il était Robert Ford alors qu’ici il interprète le révérend qui baptise Jesse et Zee.

Version précédente :
Le brigand bien aimé (Jesse James) d’Henry King (1939) avec Tyrone Power et Henry Fonda

29 avril 2013

La Fille du désert (1949) de Raoul Walsh

Titre original : « Colorado Territory »

La fille du désertLe pilleur de banques Wes McQueen parvient à s’évader de prison et retrouve, dans une ville abandonnée, deux complices de sa bande avec lesquels il doit faire son prochain coup. Il y a là aussi une jeune femme nommée Colorado… En 1941, Raoul Walsh avait déjà adapté ce roman de W.R. Burnett pour faire le superbe High Sierra (La Grande Evasion), film de gangster avec Humphrey Bogart. Huit ans plus tard, il décide de l’adapter à nouveau, cette fois en western : c’est Colorado Territory. Le bandit au grand coeur est interprété par Joel McCrea (1) qui sait rendre son personnage attachant et, face à lui, Virginia Mayo a une présence phénoménale et se montre d’une sensualité rare. L’adaptation et la réalisation sont parfaites, le film porte en lui beaucoup des canons du genre : les grands espaces, le désert et ses montagnes, une attaque de diligence, un hold-up de train, les trahisons. L’ensemble est d’un grand et beau classicisme, sans effets inutiles, direct et d’une grande simplicité. Le propos est assez sombre. On retrouve dans cette tragédie, car c’en est une, le thème de la difficulté d’échapper à son destin, de changer de route, le poids du passé, thème cher à Raoul Walsh. Colorado Territory est un grand classique du western.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joel McCrea, Virginia Mayo, Dorothy Malone, Henry Hull
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

Voir les autres films de Raoul Walsh chroniqués sur ce blog…

Remarque :
On peut replacer Colorado Territory au sein d’une trilogie de westerns tragiques :
1. Pursued (La Vallée de la peur) de Raoul Walsh (1947) avec Teresa Wright et Robert Mitchum
2. Colorado Territory (La Fille du désert) de Raoul Walsh (1949) avec Joel McCrea et Virginia Mayo
3. Along the Great Divide (Le Désert de la peur) de Raoul Wash (1951) avec Kirk Douglas et Virginia Mayo.

Remake :
La Peur au ventre (I Died a Thousand Times) de Stuart Heisler (1955) avec Jack Palance et Shelley Winters

(1) Le choix de Joel McCrea est assez important car l’acteur n’est pas coutumier des rôles de hors-la-loi et possède un grand capital de sympathie auprès du public. Le cas était très différent pour Humphrey Bogart dans High Sierra huit ans auparavant car Bogart n’était alors connu que pour ses rôles de gangsters, rarement sympathiques au demeurant.

6 février 2013

L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (2007) de Andrew Dominik

Titre original : « The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford »

L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert FordJesse James est une légende aux Etats Unis. Ce Robin des Bois de la seconde moitié du XIXe siècle, qui attaquait banques et trains avec son frère Frank, fut très populaire, y compris de son vivant ; il est ancré durablement dans les esprits que Robert Ford, son assassin, est un misérable lâche particulièrement méprisable. Le film d’Andrew Dominik tente de réhabiliter Robert Ford ou du moins d’expliquer son geste dont les circonstances restent toujours si mystérieuses (1). Le Jesse James qu’il nous montre n’est à aucun moment glorifié, son altruisme n’étant qu’à peine évoqué. En revanche, il nous le décrit comme un homme traqué, ayant perdu tout idéal, sans ami, condamné à chercher le moindre indice de traitrise chez ses proches. Son assassinat devient ainsi un aboutissement logique, même espéré. Dans sa forme, L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford se déroule avec une langueur envoûtante, assez beau dans ses images, avec de belles scènes nocturnes. Casey Affleck fait une belle prestation.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, Casey Affleck, Sam Shepard, Sam Rockwell, Jeremy Renner, Garret Dillahunt, Paul Schneider
Voir la fiche du film et la filmographie de Andrew Dominik sur le site IMDB.

Remarques :
* Un film avait préalablement tenté d’expliquer le geste de Robert Ford (une histoire d’amour étant supposée être le moteur de cet assassinat) : J’ai tué Jessie James (I shot Jesse James) de Samuel Fuller (1949) avec John Ireland et Reed Hadley.
* La chanson traditionelle Jesse James est apparue peu après l’assassinat. Cette chanson a grandement contribué à marquer durablement Robert Ford comme étant un « dirty little coward ». Ce morceau est toujours vivace : Bruce Springsteen l’a récemment repris.

Principaux autres films sur Jesse James :
Jesse James as the Outlaw de Franklin B. Coates (1921) avec Jesse James Jr (son fils)
Le brigand bien aimé (Jesse James) d’Henry King (1939) avec Tyrone Power et Henry Fonda
Adventures of Frank and Jesse James de Fred C. Brannon et Yakima Canutt (1948) avec Clayton Moore
J’ai tué Jessie James (I shot Jesse James) de Samuel Fuller (1949) avec John Ireland et Reed Hadley.
Jesse James, le brigand bien-aimé (The True Story of Jesse James) de Nicholas Ray (1957) avec Robert Wagner
A noter en outre, qu’IMDB liste 80 films où apparaît le personnage de Jesse James.

(1) Le fait que Jesse James ait oté ses armes pour aller épousseter un tableau est un fait historique, du moins est-ce ainsi que les frères Ford ont rapporté la scène aux autorités.

2 décembre 2011

La chevauchée des bannis (1959) de André De Toth

Titre original : « Day of the outlaw »

La chevauchée des bannisDans un minuscule village du Wyoming, isolé par la neige, un éleveur de bétail vient pour s’opposer par la force à la pose de clôture par un fermier… La situation de départ de La chevauchée des bannis peut paraître assez conventionnelle mais, alors qu’ils sont prêts à s’entretuer, arrive une bande de bandits en cavale qu’un ex-capitaine de l’armée tient d’une main de fer. La bande prend le contrôle du village avec l’intention de repartir le lendemain matin. Dès lors tout bascule et la situation, que l’on prévoyait banale, devient très originale et intéressante. La neige, omniprésente dans les extérieurs, donne une certaine épure à l’image et permet de très beaux plans, notamment avec les chevaux qui s’y enfoncent. André de Toth soigne ses cadrages, ils sont superbes, et utilise joliment les panoramiques latéraux, parfois à 360 degrés. Il n’hésite pas à placer sa caméra au centre de l’action. C’est étonnant. Les mines patibulaires des malfrats, un assemblage particulièrement hétéroclite de types, ajoute même à la beauté graphique. La chevauchée des bannis est un western très original, d’une beauté austère et froide.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Ryan, Burl Ives, Tina Louise, Jack Lambert
Voir la fiche du film et la filmographie de André De Toth sur le site IMDB.

Remarque :
Le film est basé sur un roman de Lee E. Wells, le scénario est signé Philip Yordan.

22 octobre 2011

Les amours de Carmen (1948) de Charles Vidor

Titre original : « The loves of Carmen »

Les amours de Carmen« Les Carmen passent, une seule restera : Rita Hayworth » clamait la publicité de Columbia qui a tout misé sur la présence de l’actrice. On a même jugé inutile de reprendre la musique de Bizet tant le succès était assuré d’avance… Effectivement, le rôle lui va bien (1) mais elle est hélas l’unique atout de ce film qui ne brille guère par ailleurs. Les amours de Carmen est traité de façon très conventionnelle. Charles Vidor, qui a déjà fait tourner l’actrice dans Cover Girl et surtout dans Gilda, a pourtant bénéficié d’un budget important mais rien ne fonctionne vraiment dans cette Espagne de pacotille (2). Il nous reste la vision de Rita Hayworth en Technicolor (ce qui permit au public de vérifier qu’elle était bien rousse) ; elle nous gratifie de deux danses très sensuelles qui constituent les deux temps forts du film (3). Autant l’actrice semble à l’aise dans son rôle, autant Glenn Ford fait un Don José guère convaincant. Les amours de Carmen est globalement plutôt ennuyeux.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Rita Hayworth, Glenn Ford, Ron Randell, Victor Jory, Arnold Moss
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Vidor sur le site IMDB.
Voir les autres films de Charles Vidor chroniqués sur ce blog…

Remarques :
(1) A ce propos, on peut rappeler que les parents de Rita Hayworth sont espagnols et que son deuxième prénom est Carmen (Margarita Carmen Cansino)…
(2) Le film a, de plus, été tourné en Californie, près du Mount Whitney, des décors qui n’évoquent pas vraiment l’Espagne !
(3) Les deux danses ont été chorégraphiées par le propre père de Rita Hayworth : Eduardo Cansino. A noter également que son oncle, José Cansino, est l’un des danseurs et que son frère, Vernon Cansino, joue l’un des soldats qui escortent Carmen en prison.

Les (principales) Carmen au cinéma :
Geraldine Farrar dans Carmen de Cecil B. De Mille (1915)
Theda Bara dans Carmen de Raoul Walsh (1915)
Edna Purviance dans A burlesque on Carmen de Charles Chaplin (1916)
Pola Negri dans Carmen de Ernst Lubitsch (1918)
Raquel Meller dans Carmen de Jacques Feyder (1926)
Dolores del Rio dans The loves of Carmen de Raoul Walsh (1927)
Viviane Romance dans Carmen de Christian-Jaque (1945)
Rita Hayworth dans The loves of Carmen de Charles Vidor (1948)
Dorothy Dandridge dans Carmen Jones de Otto Preminger (1954)
Laura del Sol dans Carmen de Carlos Saura (1983)
Julia Migenes dans Carmen de Francesco Rosi (1984)
Hélène Delavault, Zehava Gal et Eva Saurova dans La tragédie de Carmen de Peter Brook (1983)