15 juin 2024

Adieu chérie (1946) de Raymond Bernard

Adieu chériePour éviter un mariage arrangé avec une riche héritière, le jeune bourgeois Bruno Brétillac propose à Chérie, une entraîneuse qu’il rencontre dans un salon de jeux, un stratagème : l’épouser contre rémunération et, plus tard, divorcer…
Adieu chérie est un film français réalisé par Raymond Bernard, sur une histoire créée et adaptée par Jacques Companéez et Alex Joffé. C’est le premier film que Danielle Darrieux a tourné à la Libération mais il reste dans l’esprit de ses films d’avant-guerre. Si l’actrice désirait alors passer à des rôles plus profonds que ces rôles simples de séduction, elle le tient néanmoins une fois de plus avec brillance. Le film n’est pas très bien considéré par les historiens et critiques (quand ils en parlent). Il est certes très léger mais il repose sur un bon scénario, des dialogues assez brillants et une bonne distribution jusque dans les seconds rôles. Il y a de belles trouvailles d’humour et même des scènes assez mémorables. La comédie se mue en drame vers son épilogue qui peut surprendre (il était alors important que la morale soit respectée). Une bien plaisante comédie qui connut un beau succès à sa sortie mais, aujourd’hui, complètement oubliée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Danielle Darrieux, Louis Salou, Gabrielle Dorziat, Pierre Larquey, Jacques Berthier, Alice Tissot
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Danielle Darrieux et Louis Salou dans Adieu chérie de Raymond Bernard.
Jean-Jacques Delbo et Danielle Darrieux dans Adieu chérie de Raymond Bernard.
A noter : une courte apparition non créditée de Charles Aznavour
chantant en duo avec Pierre Roche dans Adieu chérie de Raymond Bernard.

15 décembre 2018

Mollenard (1938) de Robert Siodmak

MollenardDunkerque. Justin Mollenard, commandant de navire, suspecté de se livrer à un trafic d’armes en Extrême-Orient, est sur le point d’être suspendu de sa fonction. Sa femme Mathilde ne tient pas à le voir revenir. Mollenard est à Shanghai où il tente de doubler Bonnerot, son intermédiaire qui refuse d’acquérir plus cher les armes que lui propose le commandant…
Après avoir fui l’Allemagne nazi, Robert Siodmak s’est installé en France où il réalisa huit films entre 1933 et 1939 avant de traverser l’Atlantique. Mollenard et Pièges (1939) sont considérés comme les meilleurs d’entre eux. Adapté d’un roman d’Oscar-Paul Gilbert par Charles Spaak et l’auteur, l’histoire est très forte avec une violence des sentiments, des personnages ambigus et amoraux dont on ne sait très bien s’il faut les admirer ou les détester. Le propos fustige aussi la bourgeoisie de province et introduit une petite pointe libertaire. Alexandre Trauner pour les décors, Henri Alekan derrière la caméra, Darius Milhaud pour la musique, l’équipe réunit des grands talents du cinéma français. L’interprétation est aussi de haut niveau avec un Harry Baur parfait pour ce rôle de commandant un peu voyou, tout en contraste avec la sagesse d’Albert Préjean. Gabrielle Dorziat est magistrale dans son rôle de femme tyrannique. Même si l’on peut supposer que Siodmak a quelque atténué la noirceur du récit, il a su en garder l’humanisme et la grandeur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Albert Préjean, Gabrielle Dorziat, Marcel Dalio, Jacques Baumer, Pierre Renoir
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Mollenard
Marcel Dalio et Harry Baur dans Mollenard de Robert Siodmak.

Mollenard
Gabrielle Dorziat et Jacques Baumer dans Mollenard de Robert Siodmak.

17 avril 2018

Falbalas (1945) de Jacques Becker

FalbalasCouturier parisien en vue, Philippe Clarence (Raymond Rouleau) multiplie les aventures avec les femmes pour maintenir son inspiration créatrice. Lorsque son fournisseur et ami lui présente Micheline (Micheline Presle), une jeune provinciale qui a accepté de l’épouser, il est instantanément séduit et en tombe amoureux… Tourné non sans difficultés dans les derniers mois de l’Occupation, Falbalas met en scène une histoire qui paraît loin des préoccupations de cette époque. Jacques Becker a puisé dans ses propres souvenirs puisque sa mère avait dirigé une maison de couture. On peut aussi y voir une métaphore du monde du cinéma, le couturier étant comme le cinéaste un créateur oscillant entre enthousiasme et abattement. L’ensemble n’est pas dénué d’élégance. Le déroulement du scénario est assez subtil : d’une part, Becker nous montre dès le début un dénouement tragique et d’autre part, les personnages ne montrent leur sentiments que très progressivement, avec des allers-retours permanents, laissant le spectateur toujours dans l’expectative. Cette construction subtile rend Falbalas vraiment remarquable mais a dérouté les spectateurs à sa sortie, qui eut lieu juste après la Libération ; en outre, son dénouement assez sombre est sans doute en décalage avec cette période d’euphorie. Toujours est-il que Falbalas n’eut aucun succès, ni critique ni public. Assez injustement.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Raymond Rouleau, Micheline Presle, Jean Chevrier, Gabrielle Dorziat, Jeanne Fusier-Gir, Françoise Lugagne
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Remarques :
* Initialement prévu pour 1943, le tournage a dû être reporté de plusieurs mois à cause des restrictions d’électricité. Le tournage s’est déroulé finalement à partir de mars 1944, le plus souvent de nuit à cause des coupures électriques.
* Toutes les robes sont du couturier Marcel Rochas.

Falbalas
Raymond Rouleau dans Falbalas de Jacques Becker.

Falbalas
Micheline Presle dans Falbalas de Jacques Becker.

Falbalas
Françoise Lugagne et Raymond Rouleau dans Falbalas de Jacques Becker.

9 février 2013

La Chaleur du sein (1938) de Jean Boyer

La chaleur du seinUn jeune homme se retrouve à l’hôpital après avoir tenté de se suicider. Trois mères aimantes se présentent successivement à son chevet mais aucune n’est sa vraie mère. Celle-ci est morte à sa naissance et son père s’est remarié ensuite trois fois. Le père, égyptologue, étant en déplacement, les trois « mères » vont devoir unir leurs efforts pour que le fils puisse retrouver une certaine joie de vivre… La Chaleur du sein est l’adaptation d’une pièce de théâtre à succès écrite par André Birabeau. Sa pièce était une satire sociale, raillant les mœurs modernes et le divorce qui mettent à mal la famille. En portant la pièce à l’écran, Jean Boyer a gardé le même acteur pour interpréter le jeune homme, Jean d’Orgeix, alias Jean Pâqui (1), et l’a entouré de plusieurs excellents acteurs. Comme toutes les comédies qui reposent sur une satire sociale de leur époque, La Chaleur du sein peine un peu à traverser le temps et peut paraître très daté. Néanmoins, les bons dialogues, vifs et intelligents, et l’interprétation parfaite permettent de garder l’intérêt intact. L’humour repose beaucoup sur la juxtaposition des mentalités différentes des trois mères, Arletty, la plus jeune des trois, étant bien entendu la plus moderne et la plus libérée. Il manque toutefois un petit quelque chose pour faire de La Chaleur du sein un très bon film. Il reste néanmoins plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Arletty, Gabrielle Dorziat, Pierre Larquey, Jean Pâqui, Jeanne Lion, Marguerite Moreno, François Périer
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Remarques :
* Dans la scène où le jeune Gilbert et son ami se font des confidences sur leur enfance, l’ami est interprété par François Périer ; il s’agit de sa première apparition au cinéma.
* Le film était perdu mais fut heureusement retrouvé dans les années 80.

(1) Jean d‘Orgeix avait alors 17 ans. Il sera ensuite également champion du monde de voltige aérienne, pilote de stock-car, champion olympique d’équitation, guide de chasse en Afrique… Il est décédé en 2006 à l’âge de 85 ans.