11 mars 2014

Easy Living (1949) de Jacques Tourneur

Easy LivingPete Wilson est le meilleur joueur de football de son équipe, au sommet de la gloire pour le grand plaisir de sa femme Liza qui voit en lui un moyen d’atteindre la réussite sociale. Une grande partie de l’argent qu’il gagne est englouti dans la société de décoration intérieure qu’elle tente de monter… Adapté d’une histoire écrite par Irwin Shaw, Easy Living n’a pas très bonne réputation. Les déclarations de Jacques Tourneur lui-même, exprimant son aversion pour le film, y ont certainement contribué (1). Pourtant, il ne manque pas de qualités. Cette parabole sur le monde du sport est aussi une vision de la société américaine où l’homme n’est qu’un pion sans réel pouvoir sur sa propre vie. Cette vision paraît encore plus désenchantée si l’on considère ce personnage du pseudo-mécène, homme d’une caste supérieure qui s’amuse à regarder se débattre ses congénères. Si le film comporte quelques faiblesses notamment sur le plan du déroulement (sautes brutales) et sur le plan de l’interprétation (Lizabeth Scott n’est pas dans la bonne tonalité), Easy Living n’en reste pas moins fort bien mis en scène et photographié, avec une noirceur élégamment distillée. Il a aussi pour lui d’être assez original comme en témoigne sa fin, un peu expédiée, peut-être, mais surprenante, sans aucun doute.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Victor Mature, Lucille Ball, Lizabeth Scott, Sonny Tufts, Lloyd Nolan
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Remarques :
* Cet Easy Living de Jacques Tourneur (RKO) n’a absolument aucun lien avec le Easy Living de Mitchell Leisen (1937), par ailleurs une excellente comédie de la Paramount.
* La nouvelle d’Irwin Shaw s’intitule An Education of the Heart. L’adaptation a été écrite par Charles Schnee, scénariste qui a travaillé pour Hawks, Wellman, Ray et Minnelli.

(1) Jacques Tourneur avait du accepter le sujet car il devait un dernier film à la RKO. Il a déclaré n’avoir jamais vu un match de football avant de réaliser ce film et qu’il n’avait aucun intérêt envers ce sport.

7 juillet 2013

Le Sang à la tête (1956) de Gilles Grangier

Le Sang à la têteAprès avoir débuté comme débardeur sur le port de La Rochelle, François Cardinaud a travaillé dur pour gravir les échelons de l’échelle sociale. Il est devenu l’un des hommes les plus riches de la ville. Un jour, sa femme ne rentre pas et il se met à sa recherche… Cette adaptation du roman de Georges Simenon Le Fils Cardinaud est rendue assez particulière par les dialogues de Michel Audiard. S’il n’a pas encore toute la verve qu’il déploiera plus tard, ce dernier met dans la bouche de Jean Gabin quelques répliques brillamment tournées. Heureusement, le jeu de Gabin reste ici assez sobre ce qui permet à cette histoire de garder son caractère de regard social : devenu notable, l’ex-docker fait face à la rancune, voire à l’hostilité des hommes et femmes qu’il côtoie. C’est un homme isolé, dont l’instinct ne le pousse qu’à aller de l’avant. L’écriture d’Audiard aurait pu créer un hiatus mais ils s’intègrent assez bien et relèvent quelque peu une mise en scène plutôt sans éclat. En revanche, elle montre des faiblesses dans les personnages secondaires, c’est particulièrement net pour le capitaine Drouin (Paul Frankeur) qui n’est guère crédible. Le Sang à la tête reste un bon film d’atmosphère.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Paul Frankeur, Renée Faure
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26 mars 2013

La Banque Nemo (1934) de Marguerite Viel

La banque NemoVendeur de journaux, Gustave Labrèche se fait embaucher comme commis à la banque Nemo. A force d’intrigues et d’escroqueries, il parvient à devenir fondé de pouvoir de la banque… La Banque Nemo est sorti à une époque troublée par l’Affaire Stavisky. Le film est toutefois adapté d’une pièce de théâtre de Louis Verneuil qui était jouée deux ans avant l’affaire. Le film eut des soucis avec la censure, principalement à cause de la scène du conseil des ministres qui montre très crument comment les politiques préfèrent étouffer une affaire lorsqu’elle pourrait les éclabousser. Cette scène fut purement et simplement coupée à la sortie du film. Elle est pourtant l’un des plus remarquables du film. Acteur de théâtre de boulevard très connu à l’époque, Victor Boucher reprend le rôle qu’il tenait sur les planches, comme plusieurs des seconds rôles d’ailleurs. L’ensemble manque quelque peu de brillance et de panache mais il y a de bonnes répliques. On notera que Marguerite Viel est l’une des rares réalisatrices des années trente (1). Sa mise en scène est, il faut bien l’avouer, un peu terne. La Banque Nemo est un film assez rare car il fut rapidement retiré des circuits.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Victor Boucher, Mona Goya, Charles Fallot
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(1) Marguerite Viel a réalisé trois longs métrages :
La Jungle d’une grande ville (1930), film franco-tchécoslovaque co-réalisé avec Leo Marten
Occupe-toi d’Amélie (1932) co-réalisé avec Richard Weisbach
La Banque Nemo (1934) qu’elle a réalisé seule.
Les réalisatrices françaises dans les années trente sont très rares. Outre Marguerite Viel, on peut citer Marie Epstein (la soeur de Jean Epstein), Solange Térac (ou Solange Bussi). Les réalisatrices de documentaires ne sont guère plus nombreuses : Lucie Derain, Claudine Lenoir, Lucette Gaudard.