2 octobre 2013

Le jour du fléau (1975) de John Schlesinger

Titre original : « The Day of the Locust »

Le jour du fléauDans les années trente, un jeune directeur artistique, fraichement diplômé de l’université, arrive à Hollywood pour travailler à la Paramount. Il tombe amoureux de sa voisine, une jeune blonde qui rêve de gloire et d’argent mais doit se contenter de petits rôles de figuration… En adaptant le court roman satirique Nathanael West (1), John Schlesinger en a modifié le propos pour donner une vision apocalyptique d’Hollywood. La reconstitution est très minutieuse, appliquée même. Le scénario se disperse et s’essouffle sur quelques personnages plutôt mal définis. Le film est très inégal, le plus souvent long et ennuyeux avec toutefois quelques grandes scènes plus marquantes : citons le tournage de Waterloo qui se transforme en désastre et surtout, bien entendu, la scène finale, la première d’un film où la foule est prise de folie, sorte de Gomorrhe moderne. Cette dernière scène a assuré la renommée de ce Jour du fléau.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Donald Sutherland, Karen Black, Burgess Meredith, William Atherton, Geraldine Page
Voir la fiche du film et la filmographie de John Schlesinger sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le titre original, littéralement « le jour des sauterelles », fait référence à l’une des dix plaies d’Égypte de la Bible (les sauterelles couvrirent toute la terre, bloquant le soleil et dévorant toutes les plantes).
* La première du film The Bucaneer (Les Flibustiers) de Cecil B. DeMille eut lieu en janvier 1938 à La Nouvelle Orléans (et non à Hollywood). Cette première attira effectivement une foule de 15 000 personnes ce qui engendra de gigantesques embouteillages paralysant la ville (mais il n’y eut pas d’émeute…)
* On peut reprocher à l’acteur jouant le rôle de Dick Powell (arrivant à la première) de ne pas vraiment lui ressembler. Il s’agit pourtant de son fils : Dick Powell Jr.

(1) Nathanael West a écrit le roman The Day of the Locust (en français : L’Incendie de Los Angeles) en 1939. Il a été lui-même scénariste pour la Columbia et connaît donc bien le milieu du cinéma à Hollywood. Le livre décrit toutefois plus les personnes qui gravitent autour des gens de cinéma que les gens de cinéma eux-mêmes.

28 mai 2013

Les Raisins de la colère (1940) de John Ford

Titre original : « The Grapes of Wrath »

Les Raisins de la colèreLorsque Tom Joad rentre chez lui après quatre années d’absence, il trouve la situation bien changée. Après plusieurs récoltes ravagées par les tempêtes de poussière et expulsés sans scrupule par les propriétaires, les fermiers d’Oklahoma quittent leurs terres, attirés par les promesses de travail abondant en Californie… L’adaptation du grand roman de John Steinbeck, Les Raisins de la colère, était au départ un projet de Daryl Zanuck qui en confia la réalisation à John Ford. Touché par cette histoire, le réalisateur y a vu une analogie avec la grande famine de l’Irlande de ses ancêtres. Il la filme avec un grand réalisme, presque documentaire, et une grande honnêteté qui font des Raisins de la colère un film humaniste de grande envergure. C’est sans aucun doute l’un des plus beaux rôles d’Henri Fonda, le plus beau d’après lui, l’acteur contribuant à donner une nature christique à son personnage. Certes, le propos de Steinbeck a été édulcoré, dépolitisé, amoindri mais il reste suffisamment fort, une ode poignante à la dignité humaine.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charley Grapewin
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Remarques :
Grappes d'amertume * L’adaptation a été écrite par Nunnally Johnson.
* Le livre de John Steinbeck et le film de John Ford ont été édités en Belgique sous le titre Grappes d’amertume.
* Les Raisins de la colère comporte deux fins et les copies en circulation montrent l’une ou l’autre. John Ford avait terminé son film avec le départ de Tom après sa superbe profession de foi. A la demande de Daryl Zanuck, il fut ajouté une autre scène (de 4 minutes environ) où l’on voit la famille Joad quitter le camp pour un bon travail de plusieurs semaines et Ma Joad dit à son mari : « Nous durerons toujours car nous sommes le peuple. On ne peut nous effacer. »
* Pour juger du caractère réaliste du film, on peut le rapprocher des travaux des grands photographes qui ont travaillé pour la F.S.A. (Farm Security Administration) à la fin des années trente : Walker Evans et Dorothea Lange sont les plus connus, à juste titre d’ailleurs, mais il y a aussi Russell Lee, Arthur Rothstein, Ben Shahn et John Vachon.

23 octobre 2012

La terre (1969) de Youssef Chahine

Titre original : « Al-ard »

La terreDans l’Egypte des années trente, les paysans d’un village du delta du Nil voient leurs permis d’irriguer arbitrairement réduits alors que les champs de coton souffrent de la sécheresse. Abou Suelam est l’un d’eux, il est aussi le père d’une jolie jeune fille que plusieurs hommes voudraient épouser… C’est avec La terre que l’Europe a découvert le cinéma égyptien lors de sa présentation au Festival de Cannes 1969. Youssef Chahine réalise là une épopée paysanne puissante qui nous plonge au cœur d’un petit village agricole pauvre : il met en relief sa vie sociale, les rapports de force avec les autorités et la place de l’individu dans cette société. A la brutalité des autorités répond la rudesse et même la cruauté du monde des paysans. L’individualisme s’oppose à la nécessaire solidarité pour assurer la survie. La terre est un film très authentique, empreint d’une force et d’un humanisme qui sait laisser naître l’émotion.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Mahmoud El-Meliguy, Salah El-Saadany, Ezzat El Alaili
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Remarque :
Chahine parle de son film La terre comme d’un tournant dans sa filmographie, un changement radical dans sa conception du cinéma : « Mettre en lumière la force de vivre d’un peuple »

Homonymes :
La terre d’André Antoine (1921) d’après Emile Zola
La terre (Zemlya) d’ Alexandre Dovjenko (1930)