27 octobre 2005

The barber: l’homme qui n’était pas là (2001) de Joel Coen

Titre original : « The Man Who Wasn’t There »

l'homme qui n'était pas là Elle :
Dans le plus pur style des films noirs des années 40, les frères Coen nous invitent à partager la vie très ordinaire d’un américain moyen qui n’aime pas sa vie et se fait happer sans résistance dans une sombre affaire de chantage qui le mène droit vers la mort. Scénario somme toute assez classique sauf qu’ici la patte des frères Coen imprime au film un style particulier grâce à ses somptueux éclairages noir et blanc, les sonates de Beethoven, la chaude voix off et le visage buriné de Billy Bob Thornton. Cet homme ordinaire n’existe pas ; il observe son entourage, subit les évènements et ne cherche pas à sauver sa peau. Malgré quelques petites longueurs, on se laisse gagner par cette ambiance étrange et sereine qui mène ce coiffeur impassible vers la chaise électrique.
Note : 5 étoiles

Lui :
L’atmosphère de The Barber, l’homme qui n’était pas là des frères Coen fait bien entendu énormément penser à celle des grands films noirs, mais ce n’est pas un simple hommage ou un simple film de genre : tout le film tourne autour de son personnage principal, un homme à l’impassibilité quasi statuaire, qui subit les évènements avec un calme lisse et uniforme, telle cette sonate de Beethoven qui revient comme une ritournelle dans le film. Sa seule tentative pour prendre les évènements en main sera non seulement maladroite mais disproportionnée et aura de graves conséquences. Le noir et blanc est un délice à l’oeil, un festival de contrastes et d’ombres, certains plans sont de vrais tableaux. La mise en scène est souvent époustouflante avec une utilisation de la caméra étonnante. Du grand art.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Billy Bob Thornton, Frances McDormand, Michael Badalucco, James Gandolfini
Voir la fiche du film et la filmographie de Joel Coen sur le site IMDB.

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26 octobre 2005

Returner (2003) de Takashi Yamazaki

Titre original : « Ritaanaa »

Returner Elle :
(pas vu)
Lui :
Le scénario de ce film japonais ne cherche pas à cacher ses inpirations, on peut citer Terminator, E.T., Matrix et d’autres… C’est indéniable qu’il pêche par son manque de développement, la part dévolue aux “scènes d’action” étant hélas assez importante. Le film se laisse néanmoins regarder sans déplaisir, il a même un petit côté authentique : Le même film tourné par Hollywood utiliserait la grosse cavalerie, alors que le réalisateur japonais Yamazaki parvient à garder une certaine simplicité, voire même une certaine fraîcheur. Les effets spéciaux sont plutôt convaincants et bien utilisés, sans excès. Oui, il est dommage que le scénario ne soit pas plus fourni.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Takeshi Kaneshiro, Anne Suzuki
Voir la fiche du film et la filmographie de Takashi Yamazaki sur le site IMDB.

25 octobre 2005

Bon voyage (2003) de Jean-Paul Rappeneau

Bon voyage Elle :
On sent que Jean-Paul Rappeneau a vécu cette entrée des allemands dans Paris car la reconstitution de ces évènements troubles est pleine d’authenticité. C’est la pagaille partout, l’exode des juifs vers l’Angleterre et des parisiens vers Bordeaux. On ne peut faire confiance à personne, les espions allemands infiltrent toutes les couches de la société et le gouvernement au pouvoir veut pactiser avec l’ennemi. La mise en scène est d’une grande virtuosité ; le rythme du film est haletant grâce à la musique et au scénario qui regorge d’actions en tout genre. On n’a pas un instant de répit. Les personnages ont de l’épaisseur et les acteurs (Grégori Derangère, Depardieu, Adjani, Attal, Ledoyen) s’y donnent à coeur joie. Dans un contexte aussi grave, Rappeneau réussit le tour de force de mêler les évènements historiques au romanesque ce qui fait qu’on ne perd pas une miette du film.
Note : 5 étoiles

Lui :
Bon Voyage est un film très riche et particulièrement bien composé, que ce soit sur le plan du scénario avec un ensemble de personnages très différents qui jouent chacun un rôle important, ou sur le plan de la mise en scène, à la fois étonnante et époustouflante. De plus, Rappeneau se paie le luxe d’offrir un aspect historique assez important en ce début de guerre. Le romanesque et l’historique se mêlent harmonieusement. Le rythme est très souvent effréné, sans être jamais pénible, un ensemble quasi parfait qui ne laisse jamais de répit au spectateur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Isabelle Adjani, Gérard Depardieu, Virginie Ledoyen, Yvan Attal, Grégori Derangère, Aurore Clément
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Paul Rappeneau sur le site IMDB.

24 octobre 2005

Outremer (1990) de Brigitte Roüan

Outremer Elle :
Regard douloureux sur la vie de trois soeurs dans l’Algérie des années 50. Brigitte Roüan filme sous trois angles différents divers évènements de leur vie et chaque épisode dévoile de lourds secrets sur chacune d’entre elles. La mise en scène d’Outremer est habile et les trois actrices sont formidables dans leurs rôles : Nicole Garcia, l’épouse qui attend éternellement son mari officier de marine, Brigitte Roüan, la maîtresse femme qui gère le domaine agricole, Marianne Basler, la jeune fille qui doute et se lie à un fellagha. On sent poindre le profond malaise entre les colons français et les algériens humiliés qui se rebellent. L’insécurité règne. L’apparente gaieté et le bonheur de vivre laissent place à la haine de l’autre. Les personnages qui semblaient sympathiques apparaissent sous leur vrai jour et livrent la noirceur de leurs sentiments vis-à-vis de la population algérienne.
Note : 5 étoiles

Lui :
Cette histoire de trois soeurs françaises en Algérie est vraiment bien construite : la même période (1949-1959) est vue successivement par chacune des 3 soeurs, chaque vision dévoilant de nouvelles facettes nous permettant de mieux saisir le climat qui régnait alors en Algérie, l’Histoire et leur histoire à elles. Toutefois, Outremer a un début très confus (surtout lorsque l’on ne sait pas que l’on va revoir toutes ces scènes vues par une autre personne) et l’interprétation masculine est loin d’être à la hauteur des trois actrices principales.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Garcia, Marianne Basler, Brigitte Roüan, Philippe Galland
Voir la fiche du film et la filmographie de Brigitte Roüan sur le site IMDB.

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23 octobre 2005

Mondovino (2004) de Jonathan Nossiter

MondovinoElle :
Une bonne surprise pour ce film documentaire qui a le mérite de ne pas laisser indifférent face aux problèmes du monde du vin et face à la mondialisation rampante. Images sans fard, interviews laissant place à l’improvisation, ralentis, accélérés, zooms hilarants et satiriques sur des acteurs de second plan comme les chiens des gens visités ou les employés des domaines. C’est avec une caméra un peu cahotante et donc bourrée d’humour que Jonathan Nossiter confronte les points de vue opposés des partisans de la mondialisation du goût et des vignerons défenseurs d’une histoire, d’une tradition viticole.

Mondovino cherche à mettre en évidence la volonté des Mondavi, Michel Rolland et Robert Parker d’imposer des vins formatés, au goût boisé pour plaire au plus grand nombre. Il s’attache à montrer que la distribution du vin est contrôlée par des multinationales qui tente d’imposer leur emprise sur toute la planète pour gagner le plus d’argent possible. Le réalisateur n’est pas neutre et prend le parti de dénoncer cette mondialisation d’où certainement un montage un peu manichéen notamment vis-à-vis de l’œnologue Michel Rolland. Mais, il a le mérite de faire réfléchir sur les conséquences perverses de cette globalisation qui enrichit les grands trusts et nivelle les différences d’identité, de culture et de terroir sans que les peuples puissent vivre décemment du fruit de leur labeur.
Note : 4 étoiles

Mondovino Lui :
Mondovino a fait l’effet d’une véritable bombe dans le monde du vin (professionnel et amateur). Ce n’est pas à franchement parler un film documentaire, Mondovino est un film porteur d’idées et d’interrogations au sujet des risques d’uniformisation des vins (plutôt à un haut niveau, d’ailleurs, puisque le prix des vins dont il est question se situe entre 30 et 200 euros). Jonathan Nossiter fait passer ses idées, non sans parti pris et on peut lui reprocher une certaine simplification, dans le but d’offrir une vision assez manichéenne, style David contre Goliath. En ce sens, Mondovino fait penser aux films de Michael Moore. Le tour de force de Nossiter est qu’il parvient à mettre ses interlocuteurs tellement en confiance qu’ils finissent par lâcher des paroles caricaturales. Certaines scènes sont surréalistes.

Sur la forme, Nossiter montre un style certain. Il s’attarde sur des détails de chaque scène, les chiens, un robot nettoyeur de piscine. Il y a beaucoup d’humour dans Mondovino. Les mouvements de caméra sont vifs et souvent brutaux, le style surprend au départ (surtout que je suis assez allergique à la caméra à l’épaule…) mais Nossiter parvient tout de même à un résultat tout en douceur.

A noter, que quelques mois après la sortie de Mondovino, la Mondavi Corporation a été absorbée par une société encore plus grosse qu’elle… la famille Mondavi ayant du se plier à la volonté de ses propres actionnaires. Brrrr…
Note : 4 étoiles

Voir une analyse plus « vinesque » de Mondovino sur le site Château Loisel.
Voir aussi une intéressante analyse cinématographique sur le site romanduvin.ch
Voir la fiche du film et la filmographie de Jonathan Nossiter sur le site imdb.com.

Mondovino la sérieUn coffret de 4 DVD est sorti fin 2006 : Mondovino, la série.

Il s’agit d’un montage différent des nombreuses heures que Jonathan Nossiter a tournées en vidéo pour en faire 10 documentaires de 55 minutes.

Lire la présentation de Mondovino, la série sur le site Château Loisel.

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22 octobre 2005

Train de nuit pour Munich (1940) de Carol Reed

Titre original : « Night train to Munich »

Train de nuit pour MunichElle :
Ce film d’espionnage britannique présente de fortes similarités avec Une femme disparaît d’Alfred Hitchcock, de par son scénario et de la présence des mêmes acteurs. Carol Reed a réalisé ce film au moment de l’entrée en guerre de l’Angleterre avec l’Allemagne et ne ménage pas le régime nazi. Il nous embarque dans une rocambolesque aventure pleine d’humour dans laquelle un espion anglais est chargé de sortir des griffes ennemies un industriel et sa fille. Avec les moyens du bord, Carol Reed parvient à mettre en place une histoire pleine de rebondissements et aussi de gravité.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le film présente des parallèles amusants avec The lady vanishes d’Hitchcock tourné deux ans plus tôt (même acteurs dans une situation proche). Sinon, on peut dire que c’est un film bien construit, malgré un scénario assez invraisemblable. Train de Nuit pour Munich fait partie de ces films de propagande anti-allemande de 1940, films quelquefois bâclés, mais celui-ci est fort bonne facture et assez prenant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Margaret Lockwood, Rex Harrison, Paul Henreid, Basil Radford
Voir la fiche du film et la filmographie de Carol Reed sur le site IMDB.

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21 octobre 2005

Il est plus facile pour un chameau… (2003) de Valeria Bruni Tedeschi

Il est plus facile pour un chameauElle :
Je ne comprends pas bien l’engouement des critiques sur ce film. Est-ce la fascination que Carla Bruni, chanteuse et ancien mannequin, exerce sur les médias et les foules ? En tout cas, sa soeur, Valéria, actrice et réalisatrice nous raconte ses tourments et sa difficulté à donner un sens à sa vie au sein de la cellule familiale. Issue d’une grande famille richissime italienne qui a émigré en France pour échapper aux menaces terroristes, elle a un compte en banque bien garni. Les malheurs de Valéria me touchent peu et virent vite à l’ennuyeux, au ridicule, presque à l’indécence.
Note : 2 étoiles

Lui :
J’ai bien tenté pendant quarante minutes de m’intéresser à cette histoire autobiographique des filles Bruni qui sont malheureuses comme la pierre… J’ai fini par craquer.
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Valeria Bruni Tedeschi, Chiara Mastroianni, Jean-Hughes Anglade, Denis Podalydès
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20 octobre 2005

Le roman de Mildred Pierce (1945) de Michael Curtiz

Titre original : « Mildred Pierce »

Le roman de Mildred PierceElle :
Ce très beau film noir, réalisé peu à près le succès de Casablanca, est adapté du roman de James Cain. Dans Le roman de Mildred Pierce, Joan Crawford interprète brillamment une femme aveuglée par l’amour exclusif qu’elle porte à sa fille. Elle sacrifie toutes ses relations pour réussir dans la vie, gagner de l’argent, élever sa fille dans le luxe. Cette relation ambigüe tourne à son désavantage puisque la fille devient un monstre égoïste et sa rivale en amour. C’est par un flash-back habile que Michael Curtiz dépeint la noirceur des relations que ces gens entretiennent entre eux. L’argent, l’hypocrisie, le mensonge sont les moteurs du film. C’est machiavélique à souhait le tout dans une ambiance noir et blanc très contrastée pour mieux traduire la noirceur de ces personnages.
Note : 5 étoiles

Lui :
Parfaitement mise en scène avec brio par Michael Curtiz, cette histoire qui semble démarrer comme un film noir avec un meurtre, se révèle être plus une étude de moeurs, assez tragique en soi, sur une mère excessivement possessive. Il y a beaucoup de force dans l’interprétation de Joan Crawford, et l’Oscar qu’elle a eu pour ce rôle paraît bien mérité. Très bons seconds rôles également. Une histoire assez bouleversante, une très belle photographie, un très beau film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, Zachary Scott, Jack Carson
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site IMDB.

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19 octobre 2005

Mais qui a tué Pamela Rose? (2003) de Eric Lartigau

Pamela RoseLui :
Cette adaptation au grand écran de sketches de Kad et Olivier (originellement sur la chaîne Comédie) n’est pas si catastrophique… Toutefois, alors qu’au départ il ne s’agissait que d’une série de variations de situations absurdes autour d’un mystère à la Twin Peaks, le film met en scène une vraie enquête et c’est un peu cela qui lui enlève sa spécificité : le côté policier prend trop de place et l’absurde n’est plus très présent. Qui a tué Pamela Rose? comporte quelques bons moments tout de même.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Kad Merad, Olivier Barroux
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18 octobre 2005

Ararat (2002) d’ Atom Egoyan

AraratElle :
Ararat est un film témoignage centré autour du génocide arménien toujours non reconnu par la Turquie. C’est à partir de faits historiques et de personnages réels, tels le peintre Gorky et le réalisateur Saroyan interprété par Charles Aznavour, qu’Egoyan rend hommage aux souffrances endurées par son peuple. C’est à partir d’une vieille photo prise avec sa mère que le fils tente de mettre en peinture que différents destins se croisent et s’entremêlent tels ceux de cette spécialiste de Gorki et de son fils dont le père fut terroriste arménien. Tous ont le cœur brisé par ce passé et tentent de reconstruire leur vie en défrichant l’histoire dans la plus grande sobriété. L’ensemble est évidemment émouvant bien que parfois déroutant.
Note : 4 étoiles

Lui :
On pouvait se douter qu’Atom Egoyan n’allait pas parler du génocide arménien en faisant un film historique classique. Non, il le fait en entremêlant plusieurs histoires, à des époques différentes. Si le début paraît un peu décousu, les morceaux se mettent en place et on ne se désintéresse d’aucune de ces histoires dans l’histoire. Et il y a toujours chez Egoyan cette grande fluidité qui semble nous traverser, cette façon d’être si près de ses personnages pour mieux nous raconter leur histoire. Au final, Ararat est un film assez fort et qui nous donne une meilleure connaissance de cette période mal connue.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charles Aznavour, David Alpay, Eric Bogosian
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