10 février 2006

Modigliani (2004) de Mick Davis

Modigliani Elle :
Ce film qui nous fait partager trois ans douloureux de la vie de Modigliani, provoque quelques émotions. Malgré des arrangements avec l’histoire et la patte américaine parfois malheureuse dans ce Paris de 1920 reconstitué, j’ai bien aimé me plonger dans l’univers artistique de Montparnasse aux côtés des grandes figures de la peinture tels que Modigliani, Picasso, Utrillo, Gertrude Stein etc? C’est au travers de la rencontre passionnée et dramatique de Jeanne Hébuterne avec Modigliani que l’on découvre les frictions entre Modigliani et Picasso, les paradis artificiels, le manque d’argent et de reconnaissance de certains artistes, l’effervescence créatrice de ces années-là.
Note : 3 étoiles

Lui :
C’est un film qui peut laisser des impressions mitigées : les mauvais côtés, ce sont les images d’Epinal sur le Paris artistique de 1920, certaines libertés avec la réalité avec notamment une représentation de Picasso peu flatteuse et enfin, une dramatisation de type hollywoodienne avec la musique par exemple. Et pourtant, malgré tous ces défauts, le film reste très agréable et fort. C’est tout d’abord du à une belle prestation de la part des acteurs, notamment Elsa Zylberstein, vraiment bouleversante et qui montre là tout son talent (et accessoirement son anglais impeccable). Elle donne, à elle seule, une autre dimension au film. D’autre part, Mick Davis parvient bien à créer ce sentiment (un peu convenu, certes) de tourbillon, de bouillonnement. Et au final, même un peu déformée et caricaturée, l’histoire de ce peintre maudit reste forte.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Andy Garcia, Elsa Zylberstein, Omid Djalili, Hippolyte Girardot
Voir la fiche du film et la filmographie de Mick Davis sur le site IMDB.

9 février 2006

Terminus paradis (1998) de Lucian Pintilie

Terminus paradis Elle :
Film roumain assez sinistre et sans concession sur les révoltes d’un jeune soldat rebelle. Lucian Pintilie cherche à mettre le spectateur dans des situations inconfortables et désagréables, témoins ces plans interminables sur des voitures qui passent ou une montée d’escalier cahotante. Il ne nous ménage à aucun moment ce qui finit par lasser. Ses personnages en crise ne sont pas très attachants. La Roumanie de l’après Ceausecu semble avoir du mal à renaître de ses cendres.
Note : 2 étoiles

Lui :
Lucian Pintillie nous offre une vision assez radicale de la société roumaine et de son pouvoir étatique et militaire, une vision assez provocatrice et outrancière. Il est un peu difficile d’accrocher à son discours ou plus exactement à la description qu’il nous fait de la société roumaine, au travers du parcours d’un jeune porcher, rebelle et jusqu’au-boutiste.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Costel Cascaval, Dorina Chiriac
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9 février 2006

Bowling for Columbine (2002) de Michael Moore

Bowling for Columbine Elle :
J’ai beaucoup aimé ce film dénonciateur sur les démons de l’Amérique suite à l’assassinat d’adolescents au lycée Columbine. C’est avec virulence et sans faiblir que Michael Moore s’attaque au lobby des armes à feu (NRA présidée par Charles Heston), aux politiques américains qui ont perpétré des crimes de guerre avec leurs armes de destruction, aux médias qui manipulent les consciences pour leur inoculer la peur de l’autre et surtout celle de l’homme noir. Le réalisateur nous emmène à ses côtés faire son enquête très convaincante. Certaines scènes sont assez incroyables, telle cette banque qui offre en cadeau des armes à feu à ses clients, K-Mart qui vend des balles à gogo et Charlton Heston qui se fait piéger et reconnaît son racisme. Ce pamphlet ravageur oblige les américains et nous-même à nous interroger sur notre vie en société et notre relation avec autrui.
Note : 5 étoiles

Lui :
Michael Moore mène son enquête pour traquer les raisons profondes de l’attirance des américains pour les armes à feu. Son film-documentaire est bien ficelé et assez convaincant, même si on sent qu’il est toujours prêt à donner un petit coup de pouce à la réalité, quand c’est pour la bonne cause… A défaut d’être utile aux américains, cela nous permet à nous, européens, de mieux cerner la mentalité américaine et de mieux comprendre certains aspects de l’évolution de leur société.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charlton Heston
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8 février 2006

L’un reste, l’autre part (2005) de Claude Berri

L'un reste, l'autre part Elle :
Un vaudeville bien conventionnel sur les insatisfactions de cinquantenaires bourgeois. Daniel Auteuil et Pierre Arditi interprètent deux hommes qui se font rattraper par leur âge et cèdent à leurs tentations. Les maris sont pris entre deux feux, les épouses se languissent, les enfants craquent. Même si une partie de l’histoire est autobiographique, c’est un scénario ultra classique qui devient vite ennuyeux.
Note : 2 étoiles

Lui :
Claude Berri, on le sait, affectionne les récits autobiographiques et c’est à nouveau le cas dans le film où une partie (bien entendu, la moins plausible : s’amouracher d’une jeunette alors que son fils devient tétraplégique) est réelle… Dans son ensemble, cette histoire de quinquagénaires qui ont le démon de midi est terriblement prévisible, nous laissant avec la désagréable impression d’avoir vu cela une bonne centaine de fois : “Ah mais quand vas-tu parler à ta femme?” “Je lui parle ce soir, c’est promis” (en boucle pendant 1h30). Claude Berri ne parvient pas à donner un tant soit peu d’intensité à cette situation de grand dilemme… Ce sont les acteurs qui donnent une certaine tenue à l’ensemble, chacun étant il est vrai sur son terrain de prédilection, avec toutefois une Miou-Miou incroyablement absente. Le film se laisse regarder mais s’oubliera très vite.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, Nathalie Baye, Pierre Arditi, Charlotte Gainsbourg, Miou-Miou
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8 février 2006

Vie privée (1961) de Louis Malle

Vie privée Elle :
Il faut tout de même prendre un peu de recul pour regarder ce film de Louis Malle, surtout quand on n’apprécie pas nécessairement le personnage qu’est devenue Brigitte Bardot aujourd’hui. Le réalisateur semble fasciné par l’actrice dont il retrace la vie aux multiples aventures. Les rumeurs de scandale se répandent comme une traînée de poudre et les paparazzi s’échinent à la poursuivre inlassablement. Bardot est assez touchante dans ce rôle de recluse. La chute dans le vide de l’actrice est pathétique et semble infinie. Sur le sujet de la célébrité, le talentueux Louis Malle est parvenu à imposer un style très personnel et sans doute très différent de ce qu’aurait pu faire tout autre réalisateur.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film de Louis Malle est une sorte de réflexion, certes pas forcément très profonde, sur la déification des vedettes de cinéma et leur difficulté de vivre une vie à peu près normale. Le doublage de Mastroianni est désagréable et l’ensemble du film manque un peu d’ampleur, restant au niveau du témoignage.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Brigitte Bardot, Marcello Mastroianni
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7 février 2006

Head-on (2004) de Fatih Akin

Titre original : « Gegen die Wand »
Titre original turc : « Duvara karsi »

Head-on Elle :
Un mariage blanc contracté en Allemagne entre Cahit, un turc alcoolique de 40 ans et Sibel une jeune femme turque fragile qui veut vivre sa vie et quitter l’univers rigide de sa famille. Fatih Akin filme avec authenticité l’univers trash des toxicos, les boîtes enfumées, la défonce de ce couple improbable qui ne s’aime pas au début de cette union mais qui peu à peu se découvre. Il met en relief les incompatibilités de vie entre les traditions turques, le machisme des maris et la possible libération des femmes en Occident. Ce couple écartelé entre deux mondes s’autodétruit et découvre l’amour sans pouvoir en profiter. Il est interprété par deux excellents acteurs qui donnent beaucoup de vérité et d’émotion à leurs personnages.
Note : 4 étoiles

Lui :
Si le film semble démarrer sur un thème assez noir et me laissait craindre un film un peu mode dans le genre « no future », il sait assez rapidement donner de la force à ses personnages. Le film prend alors une certaine ampleur autour de cette relation à la fois étrange et simple, entre cette jeune fille qui désire s’émanciper d’une famille rigide et un homme à deux doigts de devenir une épave humaine. Filmant cela avec une caméra assez vive, Fatih Akin (cinéaste allemand d’origine turque) sait préserver une authenticité et une émotion certaine, tout en sachant éviter les travers trop convenus et le pathos. Il réalise un film, certes plutôt noir, mais assez fort.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Birol Ünel, Sibel Kekilli
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6 février 2006

Monsieur (1964) de Jean-Paul Le Chanois

Monsieur Elle :
Amusante comédie de boulevard aux parfums de nostalgie des années 60. Gabin en valet de chambre classieux a beaucoup de présence. Les dialogues et situations sont empreints d’humour.
Note : 4 étoiles

Lui :
Bonne comédie française : la base du scénario est plutôt originale, l’interprétation excellente ; à cette époque, Gabin n’en faisait pas trop. Bref l’ensemble est particulièrement réussi et surtout il est étonnant de voir comme cela n’a pas vieilli : les ressorts du film fonctionnent tout aussi bien cinquante ans plus tard. Bien entendu, ce n’est pas très profond, mais on passe un réel bon moment.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Liselotte Pulver, Mireille Darc, Jean-Pierre Darras, Philippe Noiret, Gaby Morlay
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5 février 2006

« La Dolce Vita » (1960) de Federico Fellini

Titre français : « La douceur de vivre »

La dolce vitaElle :
J’ai bien aimé la première partie de ce film que je revois vingt ans plus tard. On suit le séduisant Mastroianni dans ses virées nocturnes au cœur de la bourgeoisie intellectuelle romaine. La rencontre avec la belle américaine (Anita Ekberg) fera date avec le bain dans la fontaine de Trévise. Mais ce n’est pas un simple voyage d’agrément pour Fellini. Il pointe le doigt sur le déclin de la société italienne. Il fait le portrait cruel et ironique d’une certaine caste intellectuelle riche, oisive et stupide mais également celui des catholiques. Les plans et portraits noir et blanc sont de toute beauté. Les personnages sont caricaturés et provocateurs. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, ce genre de film était quasiment censuré dans l’Italie catholique conservatrice de l’époque. Cependant, j’ai trouvé le film trop long (3h). Cette observation de la déchéance de ces gens finit par être lassante dans la deuxième partie.
Note : 4 étoiles

Lui :
La dolce vita Ce film de Fellini, aussi grandiose et merveilleusement provocateur qu’il pouvait nous paraître il y a 20 ou 30 ans, souffre un peu d’être revu avec tout le recul que l’on peut avoir maintenant. Le regard qu’il porte sur cette faune romaine riche et oisive est tout de même un peu trop appuyé et le film se révèle assez long. Les différents tableaux (c’est presque un film à sketches) sont assez inégaux. Il n’en reste pas moins que certaines scènes sont marquantes, assez mémorables et impérissables. C’est un film que j’ai vu de nombreuses fois par le passé et je suis un peu surpris de beaucoup moins l’apprécier aujourd’hui.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Anita Ekberg, Anouk Aimée, Yvonne Furneaux, Magali Noël, Alain Cuny
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5 février 2006

Adolphe (2002) de Benoît Jacquot

Adolphe Elle :
Film assez compassé et un peu ennuyeux sur les tourments d’une relation passionnelle entre Adolphe et Elénore. Benoit Jacquot adapte donc le roman de Benjamin Constant et analyse les tergiversations et les ardeurs des deux personnages. Certes, Isabelle Adjani (pour son grand retour…) interprète bien le rôle de la femme éplorée mais on peut être lassé de la voir jouer ce type de rôle. Je ne suis pas parvenue à vraiment à s’intéresser aux personnages. L’ensemble manque de chaleur.
Note : 3 étoiles

Lui :
Difficile d’accrocher à cette histoire d’amour passionné somme toute assez froide et glacée. On ne sent pas vraiment concerné.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Isabelle Adjani, Stanislas Merhar, Jean Yanne, Romain Duris
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5 février 2006

« 1900 » (1976) de Bernardo Bertolucci

1900 Elle :
Foisonnante fresque historique sur le monde paysan italien entre 1900 et 1945. Cinq heures trente de film à savourer pour son écriture osée et novatrice, pour cette peinture crue et cruelle d’une famille de grands propriétaires terriens qui exploitent sa main d’oeuvre. Bertolucci prend parti sur le plan politique et montre le démantèlement progressif de ce monde. Les révoltes grondent, le communisme et le fascisme montent parallèlement. C’est Depardieu et De Niro qui incarnent respectivement l’exploité et l’exploiteur. La première partie célèbre la nature, la sensualité du monde paysan et la deuxième partie évoque les souffrances, les exactions des uns et des autres. Avec le recul, on comprend 30 ans après sa sortie que le film ait pu choquer par son ton provocateur, ses scènes osées ou insoutenables et les thèmes politiques soulevés. Maintenant, c’est revivifiant.
Note : 5 étoiles

Lui :
Cette énorme (5h30) fresque de Bertolucci est très riche, puisqu’elle nous fait traverser un demi-siècle de l’histoire de l’Italie en suivant deux personnages de conditions sociales opposées. Les tableaux que nous dresse le réalisateur sont étonnants de puissance et de vérité. Seule la fin est de niveau inférieur, Bertolucci se laissant aller et il frise le ridicule avec une dernière demi-heure qui ressemble à un film de propagande russe de l’époque stalinienne. Autre défaut, inhérent à ces grandes productions multinationales des années 70, tous les acteurs sont doublés, aucun ne parle sa langue. Un film tout de même très intéressant et même assez passionnant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Gérard Depardieu, Dominique Sanda
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