12 juillet 2006

« Monterey Pop » (1968) de D.A. Pennebaker

Monterey PopElle
Note : 4 étoiles

Lui :
Le festival de Monterey en 1967 fut le premier grand festival de musique pop et reste historiquement et musicalement l’un des plus importants. On retrouve à l’affiche de nombreux groupes phare, à une époque où certains n’étaient qu’assez peu connus. Si quelques-uns, comme Canned Heat ou les Byrds, ne sont visiblement pas dans un très bon jour, beaucoup de ces groupes livrent là une de leurs meilleures performances et le film de Pennebaker en est le témoin : on remarque entre autres une impressionnante Janis Joplin, un Otis Redding puissant, un Jefferson Airplane vraiment inspiré, un Hendrix (dont c’est le premier concert américain) provoquant à souhait… Pennebaker ne se contente pas de filmer les groupes sur scène : les plans de coupe sont nombreux, nous faisant découvrir des visages dans le public, un public extrêmement concentré et sérieux. Le montage est ainsi très vivant et regarder cela 40 ans plus tard nous replonge de manière délicieuse (et un brin nostalgique) en plein dans l’atmosphère du "flower-power".

Monterey International Pop Festival En plus du film original de 79mn, le coffret comprend un DVD avec des extraits plus importants du passage de Jimi Hendrix et de celui d’Otis Redding. Un troisième DVD, un peu inégal mais intéressant tout de même, regroupe des morceaux non retenus pour le film original. Le grand absent de ce coffret reste le Grateful Dead dont la longueur des morceaux a surpris Pennebaker qui fut à court de bobines !

Liste des groupes et nombre de morceaux : Jimi Hendrix (10), The Mamas and the Papas (7), Otis Redding (5), The Who (4), Tiny Tim (4), Jefferson Airplane (3), Simon and Garfunkel (3), The Byrds (3), Janis Joplin avec Big Brother and the Holding Company (2), Country Joe and the Fish (2), Laura Nyro (2), Ravi Shankar (1), Hugh Masekala (1), Eric Burdon and the Animals (1), The Association (1), Al Kooper (1), Paul Butterfield Blues Band (1), Quicksilver Messenger Service (1), Blues Project (1), Scott McKenzie (1).
Note : 4 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de D.A. Pennebaker sur le site imdb.com.

11 juillet 2006

Imposture (2005) de Patrick Bouchitey

Imposture Elle :
(pas vu)

Lui :
Dans ce deuxième film de Patrick Bouchitey, tout tourne autour du scénario : un professeur kidnappe une jeune femme auteur pour s’approprier son roman… Comme le scénario est un peu « gros », le film doit dans un premier temps dépenser toute son énergie pour nous le faire avaler. Et quand il parvient à peu près, le scénario piétine et tourne en rond, comme tétanisé par l’énormité de la situation. La fin paraît même plaquée, presque ridicule. C’est dommage parce qu’il y a des personnages bien définis et bien décrits et que le ton général, très légèrement décalé, est assez plaisant.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Patrick Bouchitey, Laetitia Chardonnet, Isabelle Renauld
Voir la fiche du film et la filmographie de Patrick Bouchitey sur le site IMDB.

10 juillet 2006

La fiancée syrienne (2004) d’ Eran Riklis

Titre original : « Ha-Kala Ha-Surit »

La fiancée syrienne Elle :
Un film poignant qui met en évidence l’absurdité des conflits inter ethniques, de la bureaucratie, du machisme et de l’honneur exacerbé des hommes lors d’un mariage arrangé entre un acteur syrien et une jeune fille druze originaire du plateau du Golan occupé par les israéliens. Le sort de cette femme est scellé ; elle va partir vers la Syrie à jamais sans pouvoir revoir sa famille. Le réalisateur nous raconte l’histoire de ce triste mariage dans un no man’s land. La famille est réunie et attend pendant des heures que les syriens donnent leur accord pour faire entrer la jeune fille en Syrie. Tracasseries, humiliations, règlements de compte entre les membres de cette famille éclatée, poids étouffant des traditions qui empêche les femmes d’étudier et de se libérer, attrait de l’occident. Tous ces thèmes sociaux brassés avec sobriété et sensibilité révèlent le mal être profond de ces peuples en conflit.
Note : 4 étoiles

Lui :
La fiancée syrienne met en lumière à la fois l’absurdité de certaines situations frontalières sur le Plateau du Golan et la pesanteur des traditions. Ces deux points sont particulièrement exacerbés dans le cas d’un mariage au-dessus de la frontière. Eran Riklis nous livre un film à plusieurs niveaux de lecture : ce mariage si difficile symbolise le conflit et cette famille, victime des exclusions, recrée des exclusions en son sein… Les pesanteurs sont partout. Les personnages de La Fiancée Syrienne sont assez forts ; la soeur de la mariée est tout un symbole de cette soif de changement, cette volonté d’aller vers un avenir différent. Le film est réussi dans le sens où il parvient parfaitement à démontrer l’absurdité et le manque d’humanité, sans jamais forcer le trait et sans parti pris.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Clara Khoury, Hiam Abbass, Makram Khoury
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10 juillet 2006

Zéro de conduite (1933) de Jean Vigo

Zéro de conduite Elle :
(Court métrage de 41 mn, la qualité sonore et visuelle est assez rudimentaire) Ce film, censuré jusqu’en 1946, vaut surtout par son audace et son propos. Inspiré par ses souvenirs de jeunesse, ce jeune cinéaste prend le parti de peindre un collège en rébellion contre l’ordre établi, position anarchiste très osée à l’époque. Jean Vigo mourra à 29 ans après quatre films dont le dernier sera L’Atalante.
Note : 3 étoiles

Lui :
Vu avec ses deux autres courts métrages, A propos de Nice (regard de Jean Vigo sur la faune de la Promenade des Anglais) et La Natation par Jean Taris (d’un intérêt un peu plus limité), Zéro de conduite apparaît comme une fable anarchiste et poétique. Depuis soixante dix ans, le cinéma nous a montré tant de choses qu’il est assez difficile de le regarder avec les yeux de l’époque. Dans les années 60-70, c’est son côté hautement subversif (aucune institution n’est épargnée) qui plaisait tant mais il est aussi remarquable par sa forme : l’image est criante de naturel, de vérité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Dasté, Robert le Flon
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10 juillet 2006

L’Atalante (1934) de Jean Vigo

L'Atalante Elle :
Ce dernier film de Jean Vigo, vu ici en version restaurée, est le plus abouti. Sur une péniche, un jeune couple de mariniers éprouve des difficultés à vivre ensemble dans cet espace restreint. A bord, un homme à tout faire, incarné par un Michel Simon dépenaillé et gouailleur, a des moeurs étranges mais un grand coeur. C’est lui qui parviendra à ramener la jeune femme auprès de son mari. Ce film est précurseur des films de la Nouvelle Vague de par son onirisme, sa poésie et son réalisme cru.
Note : 3 étoiles

Lui :
Cette version de L’Atalante (restaurée en 1990) serait la plus proche de celle qu’aurait voulu Jean Vigo. Ce qui frappe le plus quand on la regarde soixante-dix ans après sa création, c’est la vérité qui se dégage de l’histoire racontée, cette authenticité qui inspira tant de cinéastes (la Nouvelle Vague notamment) et, à ce titre, l’interview de François Truffaut (1) qui, en 1970, parle de ce film est hautement intéressant : il permet de mieux replacer ce film et de comprendre pourquoi il a tant été porté au pinacle par une génération de cinéastes. Bien plus que Zéro de Conduite, cette touchante histoire, si superbement racontée, laisse entrevoir quel magistral cinéaste aurait pu être Jean Vigo s’il n’était mort si jeune.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Dita Parlo, Jean Dasté
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(1) Cette interview figure dans les suppléments du DVD.

9 juillet 2006

La répétition (2001) de Catherine Corsini

La répétition Elle :
Regard sur une amitié d’enfance entre Louise, l’introvertie et Nathalie (Emmanuelle Béart), l’extravertie. Leur liaison d’adulte ne sera bâtie que sur l’attirance-répulsion car Louise est jalouse de ce qu’est devenue son amie, c’est-à dire une comédienne aimant la vie. La sage Louise va tisser sa toile pour mieux étouffer Nathalie dans des choix de vie. Ce huis-clos est assez étouffant et assez ennuyeux. Catherine Corsini n’a pas réussi à rendre ces deux femmes attachantes et intéressantes.
Note : 1 étoile

Lui :
Malgré une excellente interprétation, on a bien du mal à s’intéresser à cette suite de rapports ambigus et compliqués entre ces deux femmes, qui n’en finissent pas de s’aimer et de se déchirer. L’ensemble est assez froid et l’on regarde tout cela d’un oeil trop extérieur.
Note : 1 étoile

Acteurs: Emmanuelle Béart, Pascale Bussières, Dani Levy, Jean-Pierre Kalfon, Sami Bouajila
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8 juillet 2006

Love will tear us apart (1999) de Nelson Yu Lik-wai

Titre original : « Tin seung yan gaan »

Love will tear us apart Elle :
Un film d’auteur sur l’univers de Hong Kong redevenu chinois. Quatre personnages venus de Chine (un vendeur de cassettes porno et son amie, un réparateur d’ascenseur, une jeune prostituée) errent dans cette ville envahie par la publicité occidentale, la télé, la radio, le porno. C’est le choc de deux civilisations. Leurs vies sont vides de sens. Les dialogues sont minimalistes et monocordes. Vivant les uns à côté des autres dans des décors décrépis, ils ne communiquent pas et ne s’intéressent à rien. Les médias cacophoniques et vulgaires peuplent leur univers. C’est le néant total. Pour parvenir à créer cette atmosphère d’ennui et de vide, le réalisateur use de plans si longs que l’on finit par s’ennuyer ferme et se désintéresser du sort de ces ombres errantes.
Note : 2 étoiles

Lui :
Love will tear us apart nous propose une vision désillusionnée de Hong Kong. Le rythme, très lent au début du film, vire à l’interminable : une suite de longues scènes qui ne reflètent que la vacuité de la vie des personnages. Les dialogues sont insignifiants, tout paraît vide… Les décors varient du style « peinture sale écaillée » pour les intérieurs, au style « rideaux de fer baissés » pour les extérieurs. Le propos semble être sur la difficulté du rapprochement Chine/Honk-Kong mais le film reste bien ingrat et hermétique.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Tony Leung Ka Fai, Liping Lu
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7 juillet 2006

Yi yi (2000) de Edward Yang

Yi yi Elle :
Déception tout de même pour ce film largement plébiscité par la critique. Trois heures sur cette chronique familiale douloureuse et pessimiste, c’est très déprimant. Les plans fixes et les silences sont interminables. C’est dommage car le parti de montrer la vie des membres de plusieurs générations d’une même famille est intéressant. Les portraits du petit garçon qui prend en photo la nuque des gens, de la jeune fille amoureuse, du père qui regrette son amour de jeunesse, de la mère insatisfaite de son sort, de la grand-mère dans le coma ne sont pas dénués d’humour. La société de consommation taiwanaise qui a envahi la cellule familiale, a tué toute communication et créé des frustrations énormes. Le réalisateur aime filmer les cases éclairées des immeubles, les lumières de la ville, les files de voitures afin de montrer comment cette société se fait étouffer et formater par la technologie et les médias.
Note : 3 étoiles

Lui :
Belle fresque familiale, offrant de longs plans superbes. Le cinéaste nous retrace toute la vie d’une famille en nous montrant des tranches de vie qui mettent en scène tour à tour les différents membres de cette famille, représentant ainsi tous les âges de la vie. Les plans sont souvent très beaux mais longs, très longs… surtout dans la seconde partie. Le propos est terriblement pessimiste, désenchanté. Une certaine vacuité chronique marque la vie de cette famille et les principaux sentiments exprimés sont la culpabilité et le regret (les occasions manquées). Un beau film, beau mais long et… déprimant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Elaine Jin, Chen Xisheng, Issei Ogata
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7 juillet 2006

Le dernier trappeur (2004) de Nicolas Vanier

Le dernier trappeur Elle :
Abandon en cours de route. Un film prétexte pour placer, il est vrai, de superbes paysages du Yukon canadien. Malheureusement, le scénario n’est vraiment pas à la hauteur et on finit par s’ennuyer très fort tant les clichés y abondent. J’aurais préféré un vrai documentaire.
Note : pas d'étoile

Lui :
Tourné dans le but de nous faire comprendre la nécessité de vivre en meilleure harmonie avec la nature, ce film fait jouer à l’un des derniers vrais trappeurs du nord canadien son propre rôle. On le suit dans ses activités : chercher un nouvel endroit, y construire sa cabane, partir à la chasse ou à la ville vendre ses peaux. La réalisation n’a visiblement fait aucune concession pour pouvoir tout tourner en conditions réelles et la recherche de qualité dans les images est visible. Les images sont souvent superbes. En revanche, le scénario pêche par son côté trop prévisible et il n’y a qu’une seule scène qui soit assez prenante. Il faut plus regarder le film comme un livre d’images et c’est en ce sens qu’il n’atteint pas son but : on se sent peu concerné.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Norman Winther
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Note : Le doublage français donnant une atmosphère de studio au film, il faut donc mieux regarder le film en VO. Seul hic : sur le DVD, les sous-titres ont été oubliés…

6 juillet 2006

Comment j’ai tué mon père (2001) d’ Anne Fontaine

Comment j'ai tué mon père Elle :
Film psychologique d’une très grande force et beauté, tant sur le plan visuel et sonore que sur le plan scénaristique. C’est avec une grande maîtrise et fluidité de la caméra qu’Anne Fontaine esquisse petit à petit ce drame où un père (Michel Bouquet) réapparaît brusquement dans la vie de son fils (Charles Berling) qu’il a abandonné trente ans plus tôt sans explication. Dans cette confrontation brutale, ce fils à qui tout réussit dévoile peu à peu une personnalité froide et ambiguë avec ses fêlures. Sa femme (Natacha Régnier) qui étouffe dans cet univers mondain se prend d’amitié pour le père. Les trois acteurs sont très touchants. Ce film original est intense et bouleversant. On ne s’ennuie pas une seconde.
Note : 5 étoiles

Lui :
Malgré un titre peu engageant qui laisse supposer un film déprimant, Comment j’ai tué mon père est un superbe film, un regard porté sur deux hommes : un père, qui a soudainement fui il y a 20 ans, et son fils qui, malgré les apparences, ne peut tirer un trait sur le passé. Le scénario est extrêmement intense, sorte de suspense psychologique, où peu à peu se dessinent les traits de la personnalité de chacun, où peu à peu l’on perçoit la complexité des situations. Superbe mise en scène assez froide mais très proche des personnages, incisive ; magnifiques prestations de Charles Berling et Michel Bouquet.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Michel Bouquet, Charles Berling, Natacha Régnier
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