4 janvier 2011

La foire aux chimères (1946) de Pierre Chenal

La foire aux chimèresLui :
La foire aux chimères est un petit bijou qui a été oublié pendant quarante ans pour être redécouvert dans les années quatre-vingt. C’est à la fois un mélodrame et un film policier qui repose sur un scénario riche et complexe, même s’il est plutôt improbable. Un brillant graveur de billets de banque (officiels) est l’objet de moqueries car il a été défiguré par un accident. Solitaire, il rencontre dans une foire une jeune femme aveugle d’une grande beauté qu’il épouse et couvre d’attentions assez coûteuses… Au-delà du caractère policier de l’intrigue, c’est le traitement que fait Pierre Chenal qui fait tout l’attrait de La Foire aux Chimères. L’atmosphère est étrange, à la frontière de l’irréel ou du conte de fées, une atmosphère souvent épaisse, parfois légère, s’appuyant sur des décors habilement cadrés. De nombreuses scènes sont des petites merveilles. Eric von Stroheim exprime toute la complexité de son personnage avec son jeu multi-facettes et forme avec Madeleine Sologne, beauté froide presque irréelle et aérienne, un couple étonnant de contrastes. Il faut aussi mentionner le troisième personnage du gangster mondain et poète (Louis Salou) et les merveilleux dialogues de Louis Ducreux. Le caractère inéluctable de l’issue (on sait, bien entendu, que tout cela va mal se terminer) ajoute à ce sentiment de d’instabilité et d’irréalité. Et quelles étonnantes dernières minutes filmées entièrement en cadrages inclinés ! On peut se demander comment un film comme La foire aux chimères peut rester si méconnu.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Erich von Stroheim, Madeleine Sologne, Louis Salou, Margo Lion, Yves Vincent
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Anecdote :
La chanteuse dans le cabaret est… Line Renaud, alors âgée de 17 ans !

24 décembre 2010

La vie est belle (1946) de Frank Capra

Titre original : « It’s a wonderful life »

La vie est belleElle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Avec cette histoire qui a tout d’un conte de Noël, Frank Capra semble avoir été touché par la grâce. Son film est parfait,  un subtil équilibre entre drame et comédie, un film riche empreint de tendresse et d’humanité mais sans aucun pathos. Apte à requinquer un bataillon entier de cafardeux, c’est le film optimiste par excellence. Capra a aussi choisi l’interprète parfait. James Stewart est l’archétype de l’homme ordinaire, le grand homme qui s’ignore, l’homme qui sans le savoir rend notre monde meilleur. L’histoire de La Vie est Belle est une jolie fable : alors qu’il est déprimé et prêt à se supprimer, It's a wonderful life un entrepreneur altruiste est sauvé par l’intervention d’un ange qui lui montre quel serait son monde s’il n’était pas né. Frank Capra montre là tout son talent pour raconter une histoire et pour créer l’émotion. La construction rend le film passionant, le dernier quart nous amenant à revivre différemment tout le film. La Vie est Belle n’a eu bizarrement que peu de succès à sa sortie. Il était trop en décalage avec l’esprit du public au lendemain de la guerre. Il s’est rattrapé assez rapidement en devenant l’un des films les plus aimés au monde.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Donna Reed, Lionel Barrymore, Thomas Mitchell, Henry Travers, Gloria Grahame
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Remarques :
La vie est belle * La Vie est Belle détient probablement le record du nombre de diffusions à la télévision américaine.
* Détail amusant, c’est sans aucun doute le film le plus cité dans les autres films : on ne compte plus les films dont l’un des personnages regarde La Vie est Belle à la télévision soit pour se requinquer soit pour passer un réveillon seul.
* L’histoire est née sous la plume de Philip Van Doren Stern qui écrivait un petit conte qu’il envoyait à ses amis comme carte de vœux de Noël. Son histoire eut tellement de succès qu’il en fit un livre.

Homonyme :
La Vie est belle très beau film de Roberto Benigni (1997) où il réussit le difficile challenge de nous faire rire sur le sujet des camps de concentration. Aucun lien donc entre les deux films.

22 décembre 2010

Passion fatale (1949) de Robert Siodmak

Titre original : « The great sinner »

Passion fataleLui :
Dans la station thermale de Wiesbaden en 1860, un jeune écrivain (Gregory Peck) suit une jolie femme (Ava Gardner) qu’il a rencontrée dans le train pour découvrir qu’elle a la passion du jeu. Décidé à tout faire pour la délivrer du démon des casinos, il va lui aussi se laisser prendre… Le scénario de Passion Fatale est une adaptation du roman de Dostoïevski « Le joueur ». Le film nous laisse sur des impressions mitigées car s’il montre une belle progression, débutant dans un grand classicisme pour aller peu à peu vers le démoniaque, suivant ainsi le parcours de son personnage principal, le film se termine de façon décousue. Cette fin peut même paraître un peu bâclée (1). On peut se consoler en admirant la belle Ava Gardner dans ses robes victoriennes et le couple qu’elle forme avec Gregory Peck est plein de séduction.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Ava Gardner, Melvyn Douglas, Walter Huston, Ethel Barrymore, Frank Morgan
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(1) Hervé Dumont, dans son livre sur Robert Siodmak, affirme que le film a été terminé par Jack Conway et que Siodmak aurait mentionné un « rapiéçage de 25 mn fait par Mervyn LeRoy », ce qui n’a pas été confirmé (citation mentionnée par Jacques Lourcelles dans son commentaire sur le film). S’ils ont vraiment eu lieu, ces rafistolages pourraient expliquer le caractère inégal du film Passion fatale.

2 novembre 2010

La charge héroïque (1949) de John Ford

Titre original : « She wore a yellow ribbon »

La charge héroïqueLui :
La charge héroïque est le deuxième film de la trilogie de John Ford sur la cavalerie. Il se déroule à l’époque qui suit celle de Fort Apache, c’est-à-dire juste après la défaite du Général Custer. Nous sommes dans un fort isolé qui est entouré de tribus indiennes sur le sentier de la guerre et dont le capitaine est à quelques jours de la retraite. John Ford nous emmène une fois de plus dans des paysages somptueux pour partager la vie de garnison (1). Son héros est un homme d’expérience, qui cherche à plus comprendre qu’à combattre les indiens. John Wayne, vieilli pour le rôle de quelque vingt années, montre ici de réelles qualités pour incarner cet homme de paix. Plus qu’une vision historique, c’est une réflexion sur le début de la vieillesse que nous propose John Ford : que fait un héros ordinaire quand il est mis à la retraite ? Ford se concentre sur les rapports humains, la complicité entre les générations chez les soldats de métier, la force des sentiments. Cette glorification de la vie militaire pourra bien entendu bloquer certains spectateurs mais il faut aller au delà pour apprécier le cinéma de John Ford, la simplicité d’une grande pureté amplifiée par les décors majestueusement graphiques de Monument Valley. La Charge Héroïque est avant tout un très beau film…
Note : 4 étoiles

Acteurs: John Wayne, Joanne Dru, John Agar, Ben Johnson, Harry Carey Jr., Victor McLaglen
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(1) Le titre français La Charge Héroïque est trompeur et n’est pas vraiment représentatif du film : s’il y a de nombreuses scènes d’action, il n’y a pas vraiment de charge… A noter que le titre original (= elle porte un ruban jaune) met en avant la romance autour de la fille du commandant : quand une jeune fille mettait un ruban jaune dans ses cheveux, cela signifiait qu’elle était amoureuse.

La trilogie sur la cavalerie par John Ford :
Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache) (1948)
La Charge Héroïque (She wore a yellow ribbon) (1949)
Rio Grande (1951)

14 octobre 2010

Volpone (1941) de Maurice Tourneur

Titre parfois utilisé : Volpone ou l’amour de l’or

Volpone ou l'amour de l'orLui :
Volpone est la transcription au grand écran d’une pièce de théâtre créée par l’anglais Ben Jonson en 1606 puis adaptée par Jules Romains dans les années 1920. A Venise, un riche armateur (Harry Baur) victime d’un revers momentané de fortune, voit ses amis le lâcher et même le faire emprisonner. Libéré et renfloué, il décide de se venger en leur faisant croire qu’il est à l’article de la mort dans le but d’attirer les prétendants à sa succession. Volpone ou l'amour de l'or Pour mener à bien sa tromperie, il se fait aider par son valet, ex-compagnon de cellule (Louis Jouvet). Le film de Maurice Tourneur est remarquable par son interprétation : Harry Baur est plutôt exubérant mais sans excès, Charles Dullin crée de manière expressive un usurier vraiment abominable et Louis Jouvet fait une interprétation très juste, assez retenue, de ce valet rusé. L’histoire est très amusante et plusieurs décors sont utilisés ce qui permet d’atténuer, et même d’éviter, la sensation de théâtre filmé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Louis Jouvet, Charles Dullin, Jean Témerson, Fernand Ledoux, Jacqueline Delubac
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Remarques :
1) Les personnages principaux ont des noms d’animaux qui en disent long sur leur caractère : Volpone = renard en italien, le serviteur Mosca = la mouche, l’usurier Corbaccio = corneille nécrophage, le marchand Corvino = le corbeau, le notaire/avocat Voltore = le vautour.
2) Jacques de Baroncelli a débuté le tournage en juin 1938 et dut l’interrompre rapidement pour raisons financières. Il fut repris avec les mêmes acteurs par Maurice Tourneur en mars 1940. Quelques scènes tournées en 38 sont présentes dans le montage final.

Autres versions :
Guêpier pour trois abeilles (The Honey Pot) de Joseph L. Mankiewicz (1967) avec Rex Harrison et Susan Hayward.
Volpone, pièce filmée par Pierre Sabbagh (1978) pour l’émission télévisée Au théâtre ce soir avec Jean Le Poulain et Francis Huster (à noter que Pierre Sabbagh a un rôle de figuration dans le film de Maurice Tourneur : c’est le page qui se trouve derrière l’usurier dans la scène du banquet, on ne l’aperçoit que très fugitivement).
Volpone, film TV pour TF1 de Frédéric Auburtin (2003) avec Gérard Depardieu, Daniel Prévost et Gérard Jugnot.

12 octobre 2010

White cargo (1942) de Richard Thorpe

Titre français parfois utilisé : « Tondelayo »

TondelayoLui :
White Cargo est l’adaptation d’une pièce sulfureuse qui avait mis Broadway en ébullition dans les années 20. En Afrique, une plantation isolée de caoutchouc est dirigée par quatre britanniques. Hormis le climat, le plus grand danger semble être la belle Tondelayo… Si la perspective de voir Hedy Lamarr, « la plus belle actrice d’Hollywood », en indigène sensuelle et tentatrice a de quoi éveiller l’intérêt, White Cargo force est de reconnaître que le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Certes, enduite des pieds à la tête d’une épaisse couche de beurre de cacao, l’actrice ne manque pas de charmes… mais les codes de censure ont calmé les ardeurs (1) et surtout l’ensemble est baigné d’un exotisme de pacotille qui semblait déjà vieillot au moment de la sortie du film (2) et donc à fortiori aujourd’hui. En réalité, c’est plutôt dans ses moments de comédie, les relations entre ces quatre occidentaux irritables car accablés de chaleur, que le film réussit le mieux.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Hedy Lamarr, Walter Pidgeon, Frank Morgan, Richard Carlson, Henry O’Neill
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(1) Après son succès à Broadway, White Cargo a été mis sur la liste noire par la censure comme une histoire interdite d’adaptation. C’est pour cette raison que la première adaptation cinématographique en 1929 fut réalisée en Angleterre, à la grande fureur de Hays. En adaptant sa propre pièce en 1942, Leon Gordon a du faire des concessions importantes pour que le scénario soit accepté. Détail amusant : pour que le mariage avec le britannique soit conforme au Code Hays, Tondelayo est déclarée comme étant mi-égyptienne mi-arabe. D’ailleurs, sur toutes les photos publicitaires et sur l’affiche, Hedy Lamarr n’a pas son épais maquillage cacaoté, elle est blanche de peau.
(2) Hedy Lamarr rapporte dans son autobiographie l’anecdote suivante : lors d’une projection new-yorkaise, au moment de la scène où elle dit « Me Tondelayo, Me stay », le célèbre critique de cinéma George Jean Nathan s’est levé et a clamé « Me George Jean Nathan, Me go » avant de quitter la salle.
Le film a eu néanmoins un certain succès, notamment auprès des soldats américains qui furent nombreux à envoyer des lettres enflammées à la belle Tondelayo.

Précédente version :
White Cargo de J.B. Williams (1929), l’un des tous premiers films parlants britanniques (film aujourd’hui perdu ?)

9 octobre 2010

I nostri sogni (1943) de Vittorio Cottafavi

Titre français parfois utilisé : « Nos rêves »

I nostri sogniLui :
Beau parleur et ne manquant pas d’imagination, Leo vivote en vendant à la sauvette des produits douteux. Un concours de circonstance va l’amener à jouer pour un soir le rôle d’un richissime fils à papa auprès d’une modeste employée. I Nostri Sogni (traduction : Nos rêves) est une fable sur l’attrait du luxe et de l’argent, chimère qui nous empêche de voir notre propre bonheur. La démonstration est assez originale car les deux principaux protagonistes (la modeste jeune fille et le faux riche) subissent tous deux le même attrait mais auront une prise de conscience différente. Il s’agit du premier film de Vittorio Cottafavi, réalisateur italien qui se fera davantage connaître ensuite par ses péplums. Vittorio De Sica a ici un beau rôle, charmeur, roublard mais droit au fond de son cœur, pris à son propre piège. Le futur réalisateur du Voleur de Bicyclette a, ne l’oublions pas, tourné dans de très nombreux films. Tourné sous Mussolini, le film avait certainement aussi pour vocation de glorifier les petites gens et montrer les riches comme étant plutôt inconstants et snobs. Quoiqu’il en soit, I Nostri Sogni est une charmante comédie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio De Sica, María Mercader
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6 octobre 2010

Uniformes et jupon court (1942) de Billy Wilder

Titre original : « The Major and the minor »

Uniformes et jupon courtLui :
Lasse de repousser les avances des clients, la jeune employée d’un institut de soins capillaires de New York décide de rentrer dans son village natal. N’ayant pas assez d’argent pour son ticket de train, elle se déguise en fillette de 12 ans pour payer demi-tarif. Pour fuir les contrôleurs soupçonneux, elle se réfugie dans le compartiment d’un militaire-instructeur, en route vers un collège militaire de 300 élèves-officiers… Avant Uniformes et jupon court, Billy Wilder est surtout un scénariste avec de nombreuses réussites à son actif. Pour sa première réalisation américaine (1), Billy Wilder écrit un scénario assez impertinent, une histoire complètement farfelue qui va jouer bien près des limites. On se demande encore comment une telle histoire a pu passer la censure (2). Un adulte très troublé par une fillette de 12 ans (c’est du moins ainsi qu’il la voit)… une adulte qui se retrouve courtisée par une floppée d’adolescents très polis… voilà de quoi envoyer dix fois le film à la trappe, que ce soit à l’époque ou, plus encore, aujourd’hui. Certes, à aucun moment, Ginger Rogers (30 ans au moment du tournage tout de même) n’a vraiment l’apparence d’une fillette de 12 ans : elle reste une adulte déguisée en fillette et c’est d’ailleurs là le principal ressort de l’humour et de l’ambiguïté. Et l’humour fait passer beaucoup de choses… Uniformes et Jupon court n’est pas un grand Billy Wilder sur le plan de la réalisation, sa force est surtout du côté de son scénario et de son rythme. On rit franchement et très souvent, on ne s’ennuie jamais. Plusieurs scènes sont des petites merveilles d’humour, le clou étant probablement celle où Ray Milland, embarrassé et troublé, s’est mis en tête d’expliquer les « choses de la vie » à une « fillette de 12 ans » qui n’a qu’une envie : défaire ses nattes et se jeter à son cou.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ginger Rogers, Ray Milland, Rita Johnson
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(1) Billy Wilder avait précédemment coréalisé un film avec Alexander Esway durant son escale parisienne en 1934, juste après avoir fui l’Allemagne nazie : Mauvaise Graine avec notamment une jeune actrice de 17 ans, Danielle Darrieux.
(2) Billy Wilder a déclaré (bien) plus tard : « Les censeurs n’ont rien remarqué, nous sommes passés au travers de la censure avec des situations à connotations sexuelles bien plus ambigües que Lolita ». C’est effectivement étonnant. Rien que le jeu de mots sur le titre (= Le major et la mineure) aurait du réveiller les instincts coupeurs.

Curiosité :
Le rôle de la mère de Ginger Rogers dans le film est interprété par la propre mère de Ginger Rogers, Lela Rogers. Ce sera son seul rôle au cinéma.

2 octobre 2010

Remorques (1941) de Jean Grémillon

RemorquesLui :
Le capitaine d’un remorqueur de sauvetage a une vraie passion pour métier. Lors d’une opération de sauvetage, il recueille une jeune femme qui cherche à fuir son mari. Adaptation d’un roman de Roger Vercel par Jacques Prévert qui a également écrit tous les dialogues, Remorques est une histoire d’amour fou avec ce dilemme entre la passion et l’amour sage avec une troisième prétendante : la mer. Le côté documentaire du film était prévu pour être plus développé (comme toujours avec Grémillon) mais le tournage fut interrompu par le début de la Seconde Guerre Mondiale. Les scènes de tempête ne furent donc tournées qu’un an plus tard, plus modestement, avec des maquettes en studio. Le film est l’occasion que réunir à nouveau le couple de Quai des Brumes, Michèle Morgan et Jean Gabin. Remorques contient de très belles scènes, notamment celle sur la grande plage déserte (1) et dans la grande maison vide ou encore celles situées dans la salle des machines du remorqueur. Un film au lyrisme sobre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Madeleine Renaud, Michèle Morgan, Fernand Ledoux
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Remarques :
Jacques Prévert n’a guère apprécié que Jean Grémillon mette une musique assez religieuse sur le texte qui clôt le film. Il lui en a voulu et ne souhaitait plus retravailler avec lui. Il écrira néanmoins le scénario de Lumière d’été deux ans plus tard, mais ce sera leur dernière collaboration.

(1) La plage du Vougot à Guissény dans le Finistère.

11 septembre 2010

Le retour de Topper (1941) de Roy Del Ruth

Titre original : « Topper Returns »
Autre titre : « Qui est l’assassin? » (Belgique)

Le retour de TopperLui :
Le retour de Topper est le troisième et ultime film d’une série de comédies qui mettent en scène un quinquagénaire à la vie bien rangée face à des bienveillants fantômes. C’est peut-être le meilleur des trois, celui où l’humour par l’absurde est le plus développé. L’histoire est centrée sur une enquête policière dans un grand manoir où c’est le fantôme du mort lui-même qui demande à Cosmo Topper de l’aider à démasquer le coupable. L’ensemble est plaisant, doté de personnages bien typés (parfois un peu trop mais jamais « vraiment trop »). Joan Blondell est parfaite dans son personnage de jeune femme délurée et un peu impertinente : un personnage très américain… On ne s’ennuie pas une seule seconde avec ce divertissement léger car le rythme est bien enlevé. La série connut un grand succès à l’époque. Elle fut adaptée 15 ans plus tard à la télévision.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Joan Blondell, Roland Young, Carole Landis, Billie Burke, Dennis O’Keefe
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La série des Topper :
Le couple invisible (Topper) de Norman Z. McLeod (1937) avec Constance Bennett et Cary Grant
Fantômes en croisière (Topper takes a trip) de Norman Z. McLeod (1938) avec avec Constance Bennett
Le retour de Topper (Topper returns) de Roy del Ruth (1941)
Dans les trois films, Roland Young joue le rôle de Cosmo Topper et Billie Burke celui de sa femme (mais son personnage change de caractère, ici elle est complètement frivole).
Dans l’adaptation télévisée de 1955 pour CBS, c’est Leo G. Carroll qui interprète Cosmo Topper. Il y eut 39 épisodes de 30mn sur 2 saisons.