15 octobre 2006

Trois camarades (1938) de Frank Borzage

Titre original : « Three Comrades »

Trois camaradesElle :
1921, dans l’Allemagne troublée de l’après-guerre, trois camarades à l’amitié très soudée tentent de reconstruire leur vie. L’arrivée d’une jeune femme éblouissante et fragile bouleverse leur existence. Cette histoire d’amour est pathétique car la vie de cette femme interprétée par une émouvante Margaret Sullivan ne tient qu’à un fil. Les trois amis mettent tout en leur pouvoir pour la sauver. Cependant, malgré la générosité et l’amour qui irradie cette histoire, le film a vieilli et certaines scènes sentimentales ont tendance à virer dans la mièvrerie et parfois le ridicule.
Note : 3 étoiles

Lui :
Frank Borzage est un réalisateur américain qui fut assez prolixe, tout particulièrement dans le domaine des mélodrames et des histoires d’amour fou. « Three comrades » est considéré comme l’un de ses films majeurs. Je dois bien avouer avoir un peu de mal à partager l’enthousiasme que génère généralement ce film, le côté mélo me paraissant trop marqué et assez convenu. Le film gagne toutefois en intensité dans son dernier tiers. Il reste la belle performance de Margaret Sullavan et surtout sa voix si particulière, frêle et presque envoûtante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Margaret Sullavan, Robert Taylor, Franchot Tone, Robert Young
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Borzage sur le site imdb.com.

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1 octobre 2006

« Fantôme à vendre » (1935) de René Clair

Titre original : « The ghost goes west »

Fantôme à vendre Elle :
Un château écossais vendu à un américain avec un fantôme en prime. Personnellement, cette comédie ne m’a pas beaucoup passionnée. Le film a pas mal vieilli.
Note : 2 étoiles

Lui :
Fantôme à vendre Amusante comédie anglaise de Réné Clair basée sur une histoire de château hanté écossais, démonté puis reconstruit aux Etats-Unis. La mise en place est un peu longue mais l’humour fonctionne encore parfaitement. La satire des américains est sans doute un peu caricaturale mais amusante et quelques scènes sont vraiment mémorables. Un film dans le meilleur style des comédies des années 30.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Robert Donat,Jean Parker, Eugene Pallette, Elsa Lanchester
Voir la fiche du film et la filmographie de René Clair sur le site imdb.com.

2 septembre 2006

Le testament du Dr Mabuse (1933) de Fritz Lang

Titre original : « Das Testament von Dr Mabuse »

Das Testament des Dr. MabuseElle :
(pas vu)

Lui :
Cette suite au Mabuse, le joueur, que Fritz Lang a tourné dix ans auparavant, peut bien entendu être vue indépendamment. C’est le second film parlant de Lang, tourné juste après M le maudit avec lequel il a quelques points communs : à la base, il s’agit aussi d’une histoire policière où le monde du crime est particulièrement organisé et efficace, et une nouvelle fois le film a aussi une couleur sociale et politique. L’organisation criminelle du Docteur Mabuse symbolise bien entendu le nazisme, avec tout un discours sur l’instauration d’un ordre nouveau que Lang met dans la bouche d’un homme pris de folie. Das Testament des Dr. Mabuse Le film fut d’ailleurs immédiatement interdit en Allemagne. Même vu 75 ans après sa sortie, Le Testament du Dr Mabuse frappe par la richesse de son scénario, l’intensité et la force de son déroulement. Il frappe aussi par la maîtrise et l’inventivité de sa mise en scène, les transitions entre certains plans sont remarquables et très modernes dans l’utilisation du son. Le film est prenant, particulièrement efficace car il sait rester très simple à aborder.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Rudolf Klein-Rogge, Oscar Beregi, Otto Wernicke
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site imdb.com.

Affiche de la version française : Le Testament du Dr Mabuse Parallèlement à la version allemande, Lang a tourné une version française avec des acteurs différents. Cette version française, un peu plus courte (95′), est excessivement rare. Fritz Lang, aidé pour cette version par René Sti, aurait utilisé les mêmes décors et la même équipe technique. L’acteur interprétant Mabuse reste le même mais les autres rôles principaux sont tenus par les français Jim Gérald, Monique Rolland, Thomy Bourdelle et Maurice Maillot.

Ce fut le dernier film tourné en Allemagne par Fritz Lang. Il émigra en France puis aux Etats-Unis. Il ne reviendra en Allemagne qu’en 1959 pour y tourner ses 3 derniers films dont une suite à la série des Mabuse : « Le diabolique Docteur Mabuse » (1960). Ce sera son dernier film.

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30 août 2006

« Le FP1 ne répond plus » (1932) de Karl Hartl

Titre original : « F.P.1 antwortet nicht »

Le FP1 ne répond plusElle :
(pas vu)

Lui :
Curiosité: cet obscur film allemand de 1932 est l’un des rares films de science-fiction des années 30. On y construit une plate-forme au beau milieu de l’Atlantique, escale pour les avions qui traversent l’océan. C’est aussi et surtout une histoire d’amour mâtiné d’espionnage. Malgré quelques maladresses et quelques petites longueurs, il reste intéressant à regarder grâce à la qualité de son scénario, de la réalisation et de l’interprétation. A noter, l’une des toutes premières apparitions à l’écran de Peter Lorre, à l’époque encore en Allemagne qu’il quitta ensuite pour fuir le nazisme.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Hans Albers, Sybille Schmitz, Paul Hartmann, Peter Lorre
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Le film a été tourné en 3 langues avec 3 distributions d’acteurs :
Version allemande : F.P.1 antwortet nicht. C’est la version décrite ci-dessus.
Version anglaise : F.P.1., assez proche de la version originale avec toutefois des scènes sur la plate-forme moins nombreuses.
Version française : Le FP1 ne répond plus avec Charles Boyer et Pierre Brasseur. Cette version serait perdue.

21 août 2006

Capitaine Blood (1935) de Michael Curtiz

Titre original : « Captain Blood »

Capitaine Blood Elle :
(pas revu)

Lui :
Ce film voit le premier grand rôle d’Errol Flynn; c’est celui qui va le lancer(*). Ce n’est guère étonnant car on trouve dans cette histoire de pirate au grand cœur tous les éléments qui feront sa grande popularité, notamment sa formidable présence à l’écran et son grand côté chevaleresque. Avec Olivia de Havilland, encore inconnue à l’époque, ils forment un de ces couples qui nous font vibrer d’émotion. Capitaine Blood La richesse du scénario, et la mise en scène précise de Michael Curtiz, contribuent également à rendre ce film toujours aussi agréable à regarder quelque 70 ans plus tard. Il fait partie de ces films dont on semble ne jamais se lasser…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Errol Flynn, Olivia de Havilland, Basil Rathbone
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Détail : Certaines scènes de bataille ont été reprises d’une version de 1924 tournée par un certain David Smith (Vitagraph).

(*) Avant « Captain Blood », Errol Flynn n’apparait qu’un total de 7 minutes dans des films à petit budget.  Il est engagé à la suite du refus de l’acteur initialement pressenti pour le rôle, Robert Donat (que l’on verra plus tard dans les « 39 marches » d’Hitchcok). Selon la légende, ce serait la femme de Jack Warner qui aurait recommandé Flynn en le décrivant comme le plus bel homme qu’elle ait jamais vu…

19 août 2006

« Allo Berlin, ici Paris » (1931) de Julien Duvivier

Allo Berlin? Ici Paris! Elle :
(pas vu)

Lui :
Ce film assez méconnu de Julien Duvivier a la particularité d’être une production franco-allemande où acteurs français et allemands parlent chacun dans leur langue. Cette singularité est favorisée par l’histoire, une gentille histoire d’amour où tout tourne autour du téléphone et où le scénario fait des parallèles constants, et amusants, entre ce qui se passe à Berlin et à Paris. Allo Berlin? Ici Paris! C’est une fantaisie et dans ce sens peut paraître assez loin du cinéma de Duvivier tel qu’on le connaît, mais où on trouve quelques embryons de son style, notamment quand il filme les personnages. Le film a vieilli, c’est indéniable, mais il reste très plaisant, une amusante curiosité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Josette Day, Germaine Aussey, Hans Henninger, Wolfgang Klein
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10 juillet 2006

Zéro de conduite (1933) de Jean Vigo

Zéro de conduite Elle :
(Court métrage de 41 mn, la qualité sonore et visuelle est assez rudimentaire) Ce film, censuré jusqu’en 1946, vaut surtout par son audace et son propos. Inspiré par ses souvenirs de jeunesse, ce jeune cinéaste prend le parti de peindre un collège en rébellion contre l’ordre établi, position anarchiste très osée à l’époque. Jean Vigo mourra à 29 ans après quatre films dont le dernier sera L’Atalante.
Note : 3 étoiles

Lui :
Vu avec ses deux autres courts métrages, A propos de Nice (regard de Jean Vigo sur la faune de la Promenade des Anglais) et La Natation par Jean Taris (d’un intérêt un peu plus limité), Zéro de conduite apparaît comme une fable anarchiste et poétique. Depuis soixante dix ans, le cinéma nous a montré tant de choses qu’il est assez difficile de le regarder avec les yeux de l’époque. Dans les années 60-70, c’est son côté hautement subversif (aucune institution n’est épargnée) qui plaisait tant mais il est aussi remarquable par sa forme : l’image est criante de naturel, de vérité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Dasté, Robert le Flon
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10 juillet 2006

L’Atalante (1934) de Jean Vigo

L'Atalante Elle :
Ce dernier film de Jean Vigo, vu ici en version restaurée, est le plus abouti. Sur une péniche, un jeune couple de mariniers éprouve des difficultés à vivre ensemble dans cet espace restreint. A bord, un homme à tout faire, incarné par un Michel Simon dépenaillé et gouailleur, a des moeurs étranges mais un grand coeur. C’est lui qui parviendra à ramener la jeune femme auprès de son mari. Ce film est précurseur des films de la Nouvelle Vague de par son onirisme, sa poésie et son réalisme cru.
Note : 3 étoiles

Lui :
Cette version de L’Atalante (restaurée en 1990) serait la plus proche de celle qu’aurait voulu Jean Vigo. Ce qui frappe le plus quand on la regarde soixante-dix ans après sa création, c’est la vérité qui se dégage de l’histoire racontée, cette authenticité qui inspira tant de cinéastes (la Nouvelle Vague notamment) et, à ce titre, l’interview de François Truffaut (1) qui, en 1970, parle de ce film est hautement intéressant : il permet de mieux replacer ce film et de comprendre pourquoi il a tant été porté au pinacle par une génération de cinéastes. Bien plus que Zéro de Conduite, cette touchante histoire, si superbement racontée, laisse entrevoir quel magistral cinéaste aurait pu être Jean Vigo s’il n’était mort si jeune.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Dita Parlo, Jean Dasté
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Vigo sur le site IMDB.

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(1) Cette interview figure dans les suppléments du DVD.

6 juillet 2006

M le maudit (1931) de Fritz Lang

Titre original : « M – Eine Stadt sucht einen Mörder »

M le maudit Elle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Premier film parlant de Fritz Lang, M le maudit nous apparaît toujours soixante quinze ans plus tard comme un film totalement abouti. C’est à la fois un film policier, avec ses atmosphères nocturnes, son ambiance, ses personnages hauts en couleur, mais aussi un film social ; dans cette histoire de meurtrier de petites filles, c’est l’Allemagne de ce début des années trente que Fritz Lang décrit, avec tous les éléments qui favorisent la montée du nazisme : pauvreté, crime organisé, impuissance des autorités. Ce meurtrier, c’est toute la société qu’il terrorise et met en péril. Pègre et police vont se lancer à ses trousses, non pas ensemble mais en parallèle, chacun avec ses méthodes, symbole du combat entre le gouvernement légal et le nazisme. M le maudit est un film vraiment prenant, haletant, légèrement angoissant. La mise en scène est particulièrement précise avec une étonnante maîtrise du son, déjà parfaitement utilisé. Toute la carrière de Peter Lorre fut certainement marquée par ce M qu’il personnifie si parfaitement.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Peter Lorre, Ellen Widmann
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.
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M le maudit était vu ici sur DVD avec en supplément une analyse approfondie et assez passionnante des plans de la première séquence du film.
Voir aussi quelques éléments d’analyse filmique sur le site analysefilmique.free.fr

27 juin 2006

La règle du jeu (1939) de Jean Renoir

La règle du jeu Elle :
La règle du jeu fut honni à sa sortie pour cause d’irrévérence et de satire de l’aristocratie. En effet, Jean Renoir nous entraîne de façon jubilatoire dans les relations tumultueuses d’un marquis (Marcel Dalio) et sa femme slave. Le trait est vif et narquois pour cerner les attitudes, l’hypocrisie et les mensonges de la gent aristocratique. Ce qui est amusant aussi, c’est le parallèle que le cinéaste fait avec les domestiques qui ont les mêmes tourments amoureux que leurs patrons. Dans ce rôle, Julien Carette est inénarrable. Les scènes de la soirée chic où tous les carcans sociaux sautent sont truculentes. Jean Renoir s’y défoule à coeur joie.
Note : 5 étoiles

Lui :
Il est toujours agréable de revoir ce film de Renoir, même s’il faut se replacer dans le contexte de l’époque pour apprécier toute la nouveauté et l’inventivité contenue dans ce film. Mordante satire de la (haute) bourgeoisie qui arrange (à vue) les règles sociales, le propos est servi par une mise en scène sans failles, très moderne.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Marcel Dalio, Nora Gregor, Roland Toutain, Jean Renoir, Paulette Dubost, Julien Carette
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Renoir sur le site IMDB.

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