2 août 2008

Anna M. (2007) de Michel Spinosa

Anna M.Elle :
Anna M. est un film angoissant à mi-chemin entre le thriller et le fantastique dont l’intensité dramatique monte progressivement jusqu’à en devenir presque insupportable, notamment dans les scènes de violence avec les enfants. Michel Spinoza parvient à créer une atmosphère intrigante et passionnelle. Le scénario est bien construit et la mise en scène révèle une belle maîtrise des éclairages et de la caméra. Une femme enfant au visage angélique interprétée par une Isabelle Carré méconnaissable, jette son dévolu amoureux sur un médecin qui l’a soignée. Elle se croit aimée et harcèle cet homme jusqu’à bouleverser sa vie de façon démesurée. Cet amour fou l’obsède tant qu’elle semble prête à tout. Le malaise, le déséquilibre, la folie suintent dans chaque plan.
Note : 3 étoiles

Lui :
Michel Spinoza parvient à créer une atmosphère forte et dérangeante. Il s’est directement inspiré pour cela de cas cliniques et les 3 tableaux du film (l’espoir, le dépit, la haine) sont en fait les trois stades d’évolution d’une psychose, l’érotomanie : croire de façon illusoire être aimé par une personne donnée, une maladie touchant plus particulièrement les femmes. Isabelle Carré montre une fois de plus tout son talent en interprétant une jeune femme assez terrifiante, à l’opposé de son image habituelle. Anna M. monte en intensité, servi pour cela par la précision de sa mise en scène.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Carré, Gilbert Melki, Anne Consigny
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27 juillet 2008

Les chansons d’amour (2007) de Christophe Honoré

Les Chansons d'amourElle :
Un joli film sur la jeunesse plein de fraîcheur et d’insouciance, jalonné par de tendres chansons d’amour tout en mots murmurés. C’est un film en trois actes sur l’amour, la perte d’un être aimé, l’absence, la renaissance et bien sûr sur tous les questionnements relatifs au sens de la vie. Christophe Honoré pose un regard tendre et sans tabou sur l’amour avec un grand A, l’amour à trois, les amours homosexuelles et l’amour de la famille. Louis Garrel interprète ce jeune homme brisé dans son élan et partagé entre différents modes de vie. La caméra évolue avec grâce et subtilité dans un Paris bien vivant.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les Chansons d’Amour fait partie d’un genre peu répandu dans le cinéma français, la comédie musicale, mais il serait certainement plus exact de le décrire plutôt comme un film avec treize chansons. Celles-ci sont particulièrement bien intégrées et apportent un regard différent sur la scène qui se déroule devant nous, une dimension supplémentaire. La force du film est parvenir à cette symbiose ce qui permet à Christophe Honoré de placer dans Les Chansons d’Amour un scénario assez riche et qui est tout sauf superficiel. Il se permet même le luxe d’aborder avec beaucoup de sensibilité et de nuances plusieurs thèmes pas si courants au cinéma : l’amour libre, l’homosexualité, la mort. Filmé avec sans doute peu de moyens et peu d’éclairages artificiels, le film donne aussi une certaine vision de Paris avec ses nombreuses scènes en extérieur dans des rues pleines de vie. La musique, assez remarquable, est signée Alex Beaupain. Louis Garrel semble très à l’aise dans ce rôle d’Antoine Doinel du XXIe siècle. Oui, vraiment, Les Chansons d’Amour est un film particulièrement réussi.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni, Clotilde Hesme, Grégoire Leprince-Ringuet, Brigitte Roüan
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19 juillet 2008

Le vent de la nuit (1999) de Philippe Garrel

Le vent de la nuitElle :
(En bref) Centré sur une femme cinquantenaire, un étudiant en arts plastiques et un ancien soixante-huitard mûré dans son silence, Le vent de la nuit est un film assez fort mais ces états d’âme suicidaires sont effroyablement déprimants.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) Ce triple portrait est assez riche car Philippe Garrel porte un regard assez profond sur le désarroi de ses personnages. L’ensemble est toutefois terriblement désillusionné.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Daniel Duval, Xavier Beauvois
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18 juillet 2008

Très bien, merci (2007) de Emmanuelle Cuau

Très bien, merciElle :
Emmanuelle Cuau livre un regard inquiet sur la France contemporaine de Sarkozy sur le ton de la comédie et du drame teinté d’une touche kafkaïenne. La mise en scène est bien menée et servie par des acteurs convaincants. Son film fustige la restriction des libertés individuelles, les arrestations arbitraires qui font qu’on peut se retrouver en prison et en hôpital psychiatrique sans avoir rien fait, les patrons qui éjectent leur personnel du jour au lendemain, les moules dans lesquels l’individu doit de glisser pour correspondre à la norme et pouvoir s’insérer dans la société. La tension monte et la situation devient de plus en plus critique. On se demande qui est en train de devenir fou, le couple Kiberlain/Melki ou les administrations répressives. On peut reprocher quelques incohérences et exagérations. Comment se fait-il que ce couple n’ait absolument pas pensé une minute à appeler un avocat pour prendre conseil afin d’arrêter cet engrenage infernal ?
Note : 3 étoiles

Lui :
A la suite d’un enchaînement de circonstances, un homme se retrouve à passer une nuit au poste de Police avant d’être interné dans un hôpital psychiatrique. Très bien merci met en relief l’absurdité et l’arbitraire de plus en plus présent dans notre société et auquel tout à chacun peut se heurter un jour, bien malgré lui. Chacun de ces micro-évènements a une logique propre mais leur enchaînement crée une inexorable machine à broyer le couple Kiberlain-Melki,  victime de décisions arbitraires et presque déshumanisées. Certes on pourra reprocher à Très Bien Merci quelques petites incohérences mais c’est un peu le prix à payer pour une démonstration plus marquante.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sandrine Kiberlain, Gilbert Melki, Olivier Cruveiller
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13 juillet 2008

Michou d’Auber (2007) de Thomas Gilou

Michou d'AuberElle :
Cette chronique provinciale dans la France profonde des années 60 mêle tendresse, nostalgie mais aussi drame de la guerre d’Algérie. Elle ne nous épargne pas les poncifs et les mièvreries faciles. Ce film grand public qui retrace l’histoire vraie d’un jeune kabyle confié à une famille d’accueil a le mérite de faire réfléchir autour du thème du racisme, de la tolérance et des exactions commises pendant cette période.
Note : 2 étoiles

Lui :
Basé sur l’histoire vraie (mais tout de même romancée) du scénariste du film, Michou d’Auber nous plonge dans la France de 1960, avec la guerre d’Algérie en toile de fond. Un enfant d’origine algérienne est placé par l’assistance publique dans une famille d’accueil dans le Berry. L’intégration sans heurt à la fois dans cette famille et dans le village n’est pas évidente. Le film de Thomas Gilou est un film humaniste dont la portée est amplifiée par la présence de deux grands acteurs populaires, Nathalie Baye et Gérard Depardieu, qui nous font ici une belle prestation en sachant rendre leurs personnages assez touchants et authentiques. L’ensemble est gentil et bon enfant mais a le mérite de prôner la tolérance face à la bêtise.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Nathalie Baye, Samy Seghir, Mathieu Amalric
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12 juillet 2008

Ma petite entreprise (1999) de Pierre Jolivet

Ma petite entreprise.jpgElle :
(En bref) Les incohérences ont la fâcheuse tendance à nous faire décrocher à mi-chemin. On ne croit vraiment pas à cette histoire de cabinet d’assurances que Vincent Lindon est amené à cambrioler.
Note : 2 étoiles

Lui :
(En bref) Dommage : le film paraissait bien parti, les personnages étant particulièrement bien campés et mis en place… mais on ne peut croire à ce qui suit.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Vincent Lindon , François Berléand, Roschdy Zem, Zabou Breitman
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6 juillet 2008

Vent mauvais (2007) de Stéphane Allagnon

Vent mauvaisElle :
Ce premier film offre une bonne mise en place du scénario avec des personnages convaincants, une ambiance de tempête intrigante, de belles compositions visuelles. L’idée de cet informaticien un peu looser et à la dérive est originale. Cependant tout se gâte dans la deuxième partie du film avec cet aspect polar thriller peu crédible dans lequel tout le monde trempe sans aucun scrupule dans une sombre histoire d’argent détourné.
Note : 2 étoiles

Lui :
Un informaticien arrive dans une petite ville côtière du Cotentin en pleine tempête pour dépanner le système informatique d’un supermarché. Il va, sans le vouloir, se retrouver mêlé à une histoire peu reluisante. Ce premier film de Stéphane Allagnon ne manque pas d’intérêt notamment par une belle mise en place des personnages qui parvient à créer un climat particulier, assez étrange, du moins inhabituel. Les personnages de Vent Mauvais sont peu nombreux mais assez forts. Hélas, le film tourne un peu en rond à mi-parcours pour se terminer de façon un peu abracadabrante. Le film reste intéressant et plutôt prometteur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jonathan Zaccaï, Aure Atika, Bernard Le Coq, Florence Thomassin
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3 juillet 2008

La Comtesse Blanche (2005) de James Ivory

Titre original : « The White Countess »

La Comtesse blancheElle :
Le Shanghai des années 30, les différentes nationalités qui y ont trouvé refuge, ses soirées dans les clubs et en arrière-plan l’invasion imminente des japonais. Cette histoire sentimentale entre un diplomate américain aveugle et une comtesse russe obligée de jouer les entraineuses pour faire vivre la famille est assez bouleversante. La mise en scène de la première partie est un peu brouillonne et confuse à l’image de l’atmosphère de cette époque. La bande son de la rue prend trop le pas sur les personnages qui finissent noyés dans la foule des passants. La deuxième est plus intense et poignante car l’enjeu de sauver sa vie est clairement déterminé. James Ivory filme de belles scènes de foule et d’exode.
Note : 3 étoiles

Lui :
Sur un scénario écrit par l’écrivain japonais Kazuo Ishiguro, James Ivory nous plonge dans le Shanghai des années 30, bruyant, grouillant, carrefour de tant de destinées différentes, certains y cherchant un tremplin pour retrouver leur lustre d’antan, d’autres un moyen de construire un avenir. La Comtesse Blanche se centre sur la rencontre et l’alliance d’une ex-comtesse russe (Natasha Richardson) et d’un ex-diplomate qui a perdu les siens et la vue (Ralph Fiennes) pour créer un bar mondain, un havre rêvé, inutile îlot dans un monde en pleine tourmente. James Ivory a mis beaucoup de soin dans la reconstitution de cette ville grouillante et tumultueuse, à tel point que beaucoup de scènes sont assez fatigantes à regarder… Toute cette agitation s’installe un peu au détriment de la relation si étrange entre les deux personnages principaux que seule une dimension politique vient enrichir suffisamment pour accroître notre intérêt.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ralph Fiennes, Natasha Richardson, Hiroyuki Sanada, Lynn Redgrave, Vanessa Redgrave
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2 juillet 2008

La Ronde (1950) de Max Ophüls

”LaElle :
(pas vu)

Lui :
La Ronde est le premier des quatre films que réalisa Max Ophüls quand il revint en France. Ce fut un très grand succès malgré la forme assez abstraite du film notamment du fait de la présence d’un meneur de jeu qui vient introduire et même commenter chacune des saynètes, une manière personnelle et originale d’éviter l’effet assemblage des films à sketches. C’est de la ronde de l’amour dont il s’agit, l’amour sous toutes ses formes depuis le soldat hermétique à tout sentiment jusqu’au tourbillon sensuel de l’amour adultère (ce qui valut au film d’être condamné par certaines associations). Ce sont toutes ces formes de sentiment qui alimentent cette ronde. Les saynètes sont quelque peu inégales mais les meilleures d’entre elles sont magiques et même parfois très drôles, tel le dialogue entre la femme et son mari dans leurs lits jumeaux. Outre le fait de placer la structure du film en évidence par la présence du meneur de jeu, La Ronde est particulièrement original par le fait que tous les personnages apparaissent deux fois chacun : il y a dix scènes donc dix couples mais seulement dix personnages principaux (et non 20). Max Ophüls fait participer sa caméra à ce carrousel des sensations avec des plans audacieux dont quelques superbes travellings à 360 degrés. La pléiade d’acteurs connus participa également à donner à La Ronde un fort retentissement, à noter que Marlène Dietrich était pressentie pour le rôle de l’actrice tenue par Isa Miranda.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Anton Walbrook, Daniel Gélin, Danielle Darrieux, Simone Signoret, Serge Reggiani, Gérard Philipe, Odette Joyeux, Jean-Louis Barrault, Simone Simon, Fernand Gravey, Isa Miranda
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Remake :
La Ronde de Roger Vadim (1964) dont la valeur repose essentiellement sur la plastique de ses actrices.
En outre, La Ronde a inspiré Nicolas Boukhrief pour Le Plaisir (et ses petits tracas) (1998).

30 juin 2008

Ne touchez pas la hache (2006) de Jacques Rivette

Ne touchez pas la hacheElle :
(pas vu)

Lui :
Ne touchez pas la hache est l’adaptation du roman d’Honoré de Balzac « La Duchesse de Langeais ». Ce roman fait partie de « L’Histoire des Treize » que Jacques Rivette avait très librement adapté en 1971 avec Out 1. Cette fois, le style est radicalement différent, loin de toute improvisation, très proche de l’esprit et du texte original. Il choisit de mettre face à face Jeanne Balibar et Guillaume Depardieu, deux acteurs qui forment un couple assez anachronique tant leurs jeux sont différents. Sans doute est-ce là une volonté de réunir classicisme et modernité mais cela place une certaine distance qui durera tout le film. Néanmoins, Rivette parvient à transcrire l’atmosphère de cette passion aliénante par une mise en scène épurée, parfaitement réduite à l’essentiel (en revanche on peut s’interroger sur l’intérêt de mixer si fort les bruitages). Ne touchez pas la hache ne manque pas de charme.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Jeanne Balibar, Guillaume Depardieu, Michel Piccoli, Bulle Ogier
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Ne touchez pas la hache est le titre que Balzac utilisa en premier pour publier son roman.
Autres adaptations du roman :
La Duchesse de Langeais de Jacques de Baroncelli (1942) avec Edwige Feuillère dans une adaptation signée Jean Giraudoux.
La Duchesse de Langeais (TV) de Jean-Daniel Verhaeghe (1995) avec Laure Duthilleul et Robin Renucci.