28 août 2007

Le septième sceau (1956) de Ingmar Bergman

Titre original : « Det sjunde inseglet »

Le septième sceauElle :
(pas vu)

Lui :
Dans la filmographie d’Ingmar Bergman, Le Septième Sceau apparaît comme l’un des films les plus ambitieux dans son propos, un film auquel il a voulu donner avant tout une dimension philosophique ou métaphysique. Comme pour lui donner plus de poids, voire une certaine légitimité, Bergman ancre ses réflexions dans un contexte historique : un chevalier de retour des Croisades cherche des réponses sur l’existence de Dieu. Outre toute une série de réflexions sur la crainte de la mort et la vanité de notre existence, cette trame lui permet de mettre en scène des plans vraiment remarquables, telle cette partie d’échec de Max von Sydow avec la Mort sur la plage ou la procession des pénitents. Toutefois, ce n’est pas tant la puissance ou la richesse des images qui frappèrent tant à l’époque et assurèrent à ce film (et à Bergman) sa renommée car, comme certains critiques ne manquèrent pas de le souligner, Le Septième Sceau ne peut guère se comparer avec les œuvres de Dreyer ou Sjöström. Non, c’est bien l’ambition de son propos qui lui valu d’être remarqué. Dans un registre plus anecdotique, on notera que le soin de Bergman dans le choix de ses jolies actrices est souvent cité sur ce film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Max von Sydow, Gunnar Björnstrand, Bibi Andersson, Inga Gill, Inga Landgré
Voir la fiche du film et la filmographie de Ingmar Bergman sur le site imdb.com.

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11 août 2007

Le Volcan (1999) de Ottokar Runze

Titre original : Der Vulkan

Le volcanElle :
Film basé sur un roman de Klaus Mann : de jeunes étudiants allemands organisent à Paris un mouvement d’opposition au nazisme. Cette face peu connue de l’histoire allemande est assez intéressante. Cependant, le film manque d’envergure et de rigueur historique.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film est surtout intéressant pour ses qualités de témoignage : hors de leur pays, des allemands hostiles au nazisme se retrouvent et tentent de jouer un rôle. Hélas, le film est entièrement centré sur ce petit groupe, ce qui limite un peu son attrait. De plus, une part trop grande est accordée aux chansons (ce n’est pas une comédie musicale mais le personnage principal est une chanteuse).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nina Hoss, Christian Nickel, Meret Becker
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7 août 2007

Les Nibelungen (1924) de Fritz Lang

Partie 1 : La mort de Siegfied
Partie 2 : La revanche de Kriemhild

Titre original :  Die Nibelungen – Siegfried – Kriemhilds Rache

Les NibelungenLes NibelungenElle :
(pas vu)

Lui :
Grosse production de presque 5 heures en deux parties, Les Nibelungen de Fritz Lang n’est en aucun cas une adaptation de l’opéra de Wagner. Non, Lang et sa femme, Théa von Harbou, sont allés puiser dans les anciennes légendes germaniques et scandinaves pour en faire un grand conte sous-titré « Une légende du peuple allemand ». Les deux parties sont assez différentes, la première étant plus stricte et rigide, la seconde plus sauvage et machiavélique. Hormis le prologue dans la forêt, La Mort de Siegfried se déroule en grande partie dans le palais des Burgondes, un environnement à l’architecture rigoureuse, vide et froide, presque sans âme, qui contraste avec le comportement plein de vie de Siegfried. Ce contraste permet à Fritz Lang de mieux faire ressortir les hommes et leurs comportements. La seconde partie, La Vengeance de Kriemhild, se déroule presque exclusivement chez les Huns. C’est un autre monde, paraissant sans règle, où la vengeance peut trouver un terreau favorable à son éclosion. L’homme est aussi plus sauvage, fonctionnant sur des sentiments plus simples mais finalement assez proches de ceux des Burgondes.

Les NibelungenLa production fut assez colossale, l’inflation galopante en Allemagne à cette époque permettait de financer facilement des projets dispendieux. Tout fut tourné en studio, scènes de forêt ou de désert comprises. Certaines scènes chez les Burgondes sont assez monumentales ; les décors sont tantôt magiques, tantôt impressionnants de froideur, jamais anodins. Le déroulement du scénario est assez lent, empreint d’une certaine grandiloquence rigide, dans La Mort de Siegfried. Le rythme est plus enlevé dans La Vengeance de Kriemhild, une seconde partie que j’ai trouvé plus prenante.

Le film fut pris comme emblème d’une certaine noblesse germanique par les national-socialistes. En 1933, une version sonorisée et commentée de La Mort de Siegfried fut réalisée (sans le consentement de Fritz Lang, bien entendu, il avait alors émigré en France puis aux Etats-Unis) et abondamment diffusée pour exalter les valeurs germaniques. La seconde partie fut ignorée car non-conforme aux valeurs véhiculées par le Reich naissant. Ceci ne doit pas nous empêcher de le regarder avec intérêt 3/4 de siècle plus tard : Les Nibelungen reste un film à l’atmosphère puissante et forte.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Margarete Schön, Paul Richter, Hanna Ralph, Rudolf Klein-Rogge, Theodor Loos
Voir la fiche de la partie 1 et celle de la partie 2 ainsi que la filmographie de Fritz Lang sur le site imdb.com.

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1 juillet 2007

La Cerisaie (1999) de Michael Cacoyannis

Titre original : O Vyssinokipos
Titre anglais : The cherry orchard

La CerisaieElle :
Cette adaptation de La Cerisaie se laisse regarder mais sans parvenir à vraiment créer l’émotion. Les décors et costumes sont beaux et Charlotte Rampling joue très bien les princesses russes évaporées. Le jeu des acteurs semble parfois un peu forcé ou théâtral, notamment dans certaines scènes à l’intérieur du château. Il s’agit de la fin de l’époque, où les nobles régissaient la Russie et pratiquaient l’esclavage, et des prémices d’un monde nouveau où les hommes seraient plus égaux. Ces grandes familles menaient grand train de vie, ne travaillaient pas et vivaient dans un monde loin des dures réalités de l’existence.
Note : 3 étoiles

Lui :
Cette pièce de Tchekhov, très souvent adaptée à la télévision mais moins souvent au cinéma, nous dresse le portrait de la fin d’une époque :  la fin d’une aristocratie russe, auparavant riche et oisive qui se retrouve, en ce tout début de XXe siècle, ruinée et perdant son âme. Le film est assez lent, même figé, et surtout ne parvient pas à provoquer notre compassion, restant loin de son sujet et un peu confus :  dans le film, la quantité de personnages noie quelque peu le récit. Au final, on reste hélas un peu insensible face à cette lente décomposition.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charlotte Rampling, Alan Bates, Katrin Cartlidge, Owen Teale , Tushka Bergen
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27 juin 2007

L’iceberg (2005) de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy

L'icebergElle :
Une comédie légère, décalée et pleine de fantaisie et de poésie. Des vies vides et monotones, de grands personnages dégingandés aux mines impassibles qui semblent se demander ce qu’ils font là, très peu de dialogues ou quasiment incompréhensibles, le ton de ce film n’est pas sans rappeler l’humour de Jacques Tati ou de Buster Keaton. Dominique Abel réussit à rendre ses personnages attachants et à parfaitement doser la gravité du sujet avec des gags irrésistibles de drôlerie et d’inventivité.
Note : 4 étoiles

Lui :
Après avoir été accidentellement enfermée toute une nuit dans une chambre froide, une femme a pour idée fixe d’aller voir un iceberg. Film belge totalement atypique, L’Iceberg apporte une bouffée d’air frais (!) avec un humour vraiment original qui peut, par moments, faire penser à Tati : peu de paroles, utilisation incongrue d’objets, retournement ou exagération de situations courantes pour les rendre absurdes. Malgré quelques répétitions, le film parvient à maintenir le niveau et notre intérêt grâce à une bonne inventivité. Une belle réussite signée par trois réalisateurs qui jouent aussi les rôles principaux.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Dominique Abel, Fiona Gordon, Philippe Martz
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17 juin 2007

Cris et chuchotements (1972) d’ Ingmar Bergman

Titre original : « Viskningar och rop »

Cris et chuchotementsElle :
Cris et Chuchotements est un film majeur dans la filmographie de Bergman, un film fort, audacieux, dur, violent riche et beau sur la mort et tout ce qui tourne autour de l’humain. La mort qui n’en finit plus d’arriver pour une jeune femme malade entourée de ses deux sœurs et de sa servante. Une ouverture et une fermeture de film en blanc sur de superbes plans de nature et de longues robes qui symbolisent la pureté, un certain bonheur de vivre. Le rouge dominant des somptueux décors d’un château hors du temps pour exprimer le désir, la souffrance, le sang, la vie. Le noir pour signifier la haine, la méchanceté, les tourments, la mort. Et puis les cris animaux de la souffrance absolue à la limite du supportable, les chuchotements de l’amour, de la tendresse, des étoffes qui se froissent, de la peur indicible. Enfin, la haine, le refus des caresses et des confidences qui s’expriment violemment entre les deux sœurs pendant cette douloureuse marche vers la mort de leur sœur. Bergman réussit un huis clos étouffant et intense dans un film superbement construit et réalisé. Liv Ullman est éblouissante de jeunesse et de délicatesse.
Note : 5 étoiles

Lui :
Si l’on perçoit aisément dans plusieurs de ses films à quel point Bergman est marqué par la mort, c’est probablement dans Cris et Chuchotements qu’il va le plus loin : trois sœurs plus une servante pour un huis-clos centré sur la lente agonie de l’une d’elles, sur la souffrance, le regret d’une vie sans chaleur, sans sentiment. Gros plans d’horloges et de visages, Ingmar Bergman les baigne d’une couleur rouge, omniprésente, à la fois ardente et violente, tout en contraste avec la rigidité apparente des personnages. Epuré, son film est aussi dur et même assez violent, non par les images, mais parce qu’il se reçoit comme un coup de poing.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Liv Ullmann, Harriet Andersson, Kari Sylwan, Ingrid Thulin
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10 juin 2007

Night on Earth (1991) de Jim Jarmusch

Autre titre français : « Une nuit sur Terre »

Night on EarthElle :
Film-voyage dans cinq taxis américains et européens. L’ambiance nocturne est très belle et bien restituée. Nos chauffeurs de taxi relativement bien dans leur peau rencontrent des personnages excentriques, solitaires ou malheureux qui vont leur confier leurs problèmes existentiels. Le sketch avec Gena Rowland et la gamine aux allures de garçon manqué est mon préféré. Le deuxième sketch avec ce chauffeur tchèque qui rencontre un client noir est aussi délicieux de loufoquerie. Benigni qui confesse sa luxure à son client curé moribond est hilarant. La scène avec Béatrice Dalle en aveugle est assez dérangeante. C’est toujours un plaisir de revoir ce film.
Note : 5 étoiles

Lui :
Jarmush nous propose cinq étranges rencontres, passant avec brio de la description sociologique à la comédie puis au drame. Le ton général a beau être léger, le propos n’en est pas moins fort. Les personnages sont hauts en couleur mais sans tomber dans la caricature. Un des meilleurs films de Jim Jarmush.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Gena Rowlands, Winona Ryder, Armin Mueller-Stahl, Isaach De Bankolé, Béatrice Dalle, Roberto Benigni, Giancarlo Esposito
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10 juin 2007

Ghost Dog, la voie du samouraï (1999) de Jim Jarmusch

Titre original : « Ghost Dog: The way of the samurai »

Ghost DogElle :
Je n’ai pas du tout accroché à cette histoire ambiguë de samouraï et ai abandonné au bout d’1 heure. Où est donc le Jarmush qui nous enchantait? Ici, il cède à la tentation du film mode où il est de bon ton pour faire branché de faire des scènes de rue esthétisantes avec un fond musical rap. Le film est lent à mourir. Ce Ghost Dog apathique qui n’a aucun d’état d’âme pour tirer sur tout ce qui bouge n’est pas du tout sympathique, un fanatique de la violence gratuite.
Note : 1 étoiles

Lui :
Le film me paraît complaisant : prendre un marginal vivant dangereusement, arroser de pas mal de musique (rap de préférence, mais le jazz très moderne peut convenir), enrober d’une photographie assez sombre (filmer dans les bas-quartiers), pimenter de quelques effets visuels (ralenti, ellipse dans le champ) effets qui ne sont pas nouveaux, certes, mais qui permettront de parler « d’approche personnelle » ; enfin étaler un scénario bien conventionnel sans craindre les clichés. Jarmusch suit la recette avec application et semble ainsi avoir choisi la facilité.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Forest Whitaker
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7 juin 2007

Volver (2006) de Pedro Almodóvar

VolverElle :
Sans remettre nullement en cause le talent de mise en scène d’Almodovar, film après film, je ne parviens toujours pas à m’insérer dans son univers que je trouve obsessionnel et auquel je ne suis pas sensible. Univers déséquilibré, étouffant, exclusivement tourné vers les femmes, les mères et la famille et dans lesquels les hommes sont absents ou peu à leur avantage. On n’a qu’une hâte, c’est d’en sortir et de retrouver l’harmonie des rapports entre hommes et femmes de la vie réelle. La première partie, avec la mise en place des personnages, est celle que j’ai le mieux appréciée ; ensuite, je me suis franchement ennuyée.
Note : 2 étoiles

Lui :
Avec Volver, Pedro Almodovar a voulu faire un film sur les femmes, sur leur courage, leur capacité à s’entraider et à surmonter les situations les plus difficiles. A mes yeux, son scénario est toutefois assez confus et plombé par ses thèmes et représentations favoris qui finissent par paraître obsessionnels. L’ensemble ne génère que peu d’émotion. Penelope Cruz, qui n’est pourtant pas réputée pour ses grands talents d’actrice, fait une belle prestation, très convaincante dans son rôle. La qualité de la mise en scène permet de nous sauver partiellement de l’ennui ; le cinéaste, toujours très inspiré par le rouge, nous gratifie de quelques beaux plans graphiques.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Penélope Cruz, Carmen Maura, Lola Dueñas, Blanca Portillo
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Lire un avis différent sur Volver … (Site : cinecritiques.free.fr)