22 août 2006

« Familia » (1996) de Fernando León de Aranoa

FamiliaElle :
Cette comédie assez légère met en scène un cinquantenaire qui décide de s’offrir pour son anniversaire une famille qui lui convienne. Pour ce faire, il fait appel à une troupe d’acteurs qui jouent le rôle de sa mère, sa femme, ses enfants et son frère. On découvre au fur et mesure la vérité et cela donne lieu à de délicieux moments de confusion, des quiproquos, à des acteurs qui s’emmêlent les pinceaux et confondent leur propre vie avec celle jouée avec cet homme. Tout ceci est mené sans forcer le trait et par petites touches. On passe un très bon moment.
Note : 5 étoiles

Lui :
L’idée de base du scénario est vraiment très originale… mais aussi très risquée : un homme engage des acteurs pour jouer sa famille qui l’entoure pendant une journée. Fernando Leon de Aranoa parvient parfaitement à la mettre en images, cependant, grâce à un dosage très subtil des relations entre les personnages et bien entendu en jouant avec intelligence sur la dualité réel / fiction. Au final, cela donne une comédie très amusante, sans aucune lourdeur et qui n’est pas dénuée de profondeur. Un premier long métrage plutôt brillant pour ce jeune réalisateur espagnol.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Juan Luis Galiardo, Amparo Muñoz, Ágata Lys, Chete Lera
Voir la fiche du film et la filmographie de Fernando León de Aranoa sur le site imdb.com.

15 août 2006

« El Bola » (2000) de Achero Mañas

El BolaElle :
Une belle découverte avec ce film espagnol plein de sobriété et d’émotion. Achero Mañas nous entraîne progressivement dans l’univers de deux familles aux vies très différentes. Répression et incommunicabilité dans l’une, dialogue et ouverture d’esprit dans l’autre. Peu à peu et malgré quelques fausses pistes, l’histoire laisse entrevoir un monde de violence dans la famille plus conventionnelle. Le père qui n’arrive pas à faire le deuil de son premier fils violente son deuxième fils Pablo. Celui-ci ne parvient pas à s’épanouir et souffre en silence. Il porte sur lui une boule de métal qui symbolise son enfermement psychologique et joue à des jeux dangereux sur la voie ferrée en risquant sa peau. La mort hante le film même si on ne la voit pas. Une histoire forte d’amitié se noue entre lui et le fils de la famille moins conformiste qui prône le respect et l’écoute. Pablo y découvre la tolérance et l’amour. Achero Mañas a le mérite de parler de la maltraitance des enfants sans tomber dans le manichéisme et l’émotion facile. Il avance par petites touches aux côtés de personnages très attachants qui jouent avec une grande justesse de ton. Ses mouvements de caméra sont fluides et ses images sont épurées. Beaucoup de choses passent par les regards et les expressions de visage.
Note : 5 étoiles

Lui :
Dans ce film, qui met en scène un enfant de 12 ans battu par son père, c’est surtout l’interprétation des deux enfants qui tiennent les premiers rôles qui est vraiment remarquable. Achero Manas a voulu tourner avec des comédiens non professionnels et cela donne une grande authenticité à ces deux personnages et les rend vraiment attachants. Il est dommage que le scénario n’ait pas été étoffé quelque peu, cette absence de consistance donnant parfois une impression de longueurs.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Juan José Ballesta, Pablo Galán, Alberto Jiménez, Manuel Morón
Voir la fiche du film et la filmographie de Achero Mañas sur le site imdb.com.

4 août 2006

Luna Papa (1999) de Bakhtyar Khudojnazarov

Luna Papa Elle :
Ce film du Tadjikistan bourré d’humour est très surprenant et révèle une véritable écriture cinématographique inventive. Le trio du brave patriarche, du fils débile et de la jeune fille enceinte qui partent à la recherche du père se transforme en une rocambolesque poursuite pleine de surprises et de rebondissements. Le film, riche en trouvailles déjantées et en splendides scènes insolites et poétiques, est ponctué de bruits étranges et d’ambiance cacophonique. Ce réalisateur russe est un magicien de la caméra avec ses travellings époustouflants. Malgré quelques maladresses, on passe un très bon moment hors de notre monde.
Note : 5 étoiles

Lui :
Si, d’ordinaire, je n’ai rien contre les films un peu déjantés… là, j’ai du mal à supporter cette effervescence permanente, cette omni-présente frénésie qui semble être le moteur principal du film. (Abandon)
Note : pas d'étoile

Acteurs: Chulpan Khamatova, Moritz Bleibtreu
Voir la fiche du film et la filmographie de Bakhtyar Khudojnazarov sur le site IMDB.

2 août 2006

Crinière au vent (1999) de Sergei Bodrov

Titre original : « Running Free »

Crinière au vent Elle :
Même en aimant beaucoup les chevaux comme moi, il est difficile de tenir jusqu’au bout du film tant le scénario est mince. La musique se complait dans la guimauve. Cependant les paysages de Namibie, les meutes de chevaux, les éclairages sont superbes. C’est un spectacle visuel et certainement un film plutôt destiné aux enfants (on ne s’arrange pas en vieillissant…)
Note : 2 étoiles

Lui :
C’est un film pour les pitis n’enfants… (abandon).
Note : pas d'étoile

Acteurs: Arie Verveen
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13 juillet 2006

L’amour à vingt ans (1962) de François Truffaut, Andrzej Wajda, Shintarô Ishihara, Marcel Ophüls et Renzo Rossellini

L'amour à vingt ansElle :
(pas vu).

Lui :
(Film à sketches) 5 capitales, 5 réalisateurs. Le sketch italien et le sketch allemand sont plutôt inintéressants car trop conventionnels. Le sketch japonais est plus original sans être remarquable, le polonais (signé Wajda) a un petit quelque chose. Cet ensemble de sketches aurait probablement été oublié depuis longtemps s’il n’avait pas abrité le second volet de l’histoire d’Antoine Doinel, épisode que Truffaut a appelé « Antoine et Colette ». Antoine Doinel a 17 ans. Beaucoup de sensibilité et d’humour dans ce court métrage.
Note : 4 étoiles(sketch de Truffaut)
Note : 1 étoiles(autres sketches)

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Marie-France Pisier
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Cycle Antoine Doinel de François Truffaut :
1. Les 400 coups (1959)
2. Antoine et Colette (dans « L’amour à 20 ans ») (1962)
3. Baisers volés (1968)
4. Domicile conjugal (1970)
5. L’amour en fuite (1978)

Voir les autres films de François Truffaut chroniqués sur ce blog…

6 juillet 2006

M le maudit (1931) de Fritz Lang

Titre original : « M – Eine Stadt sucht einen Mörder »

M le maudit Elle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Premier film parlant de Fritz Lang, M le maudit nous apparaît toujours soixante quinze ans plus tard comme un film totalement abouti. C’est à la fois un film policier, avec ses atmosphères nocturnes, son ambiance, ses personnages hauts en couleur, mais aussi un film social ; dans cette histoire de meurtrier de petites filles, c’est l’Allemagne de ce début des années trente que Fritz Lang décrit, avec tous les éléments qui favorisent la montée du nazisme : pauvreté, crime organisé, impuissance des autorités. Ce meurtrier, c’est toute la société qu’il terrorise et met en péril. Pègre et police vont se lancer à ses trousses, non pas ensemble mais en parallèle, chacun avec ses méthodes, symbole du combat entre le gouvernement légal et le nazisme. M le maudit est un film vraiment prenant, haletant, légèrement angoissant. La mise en scène est particulièrement précise avec une étonnante maîtrise du son, déjà parfaitement utilisé. Toute la carrière de Peter Lorre fut certainement marquée par ce M qu’il personnifie si parfaitement.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Peter Lorre, Ellen Widmann
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M le maudit était vu ici sur DVD avec en supplément une analyse approfondie et assez passionnante des plans de la première séquence du film.
Voir aussi quelques éléments d’analyse filmique sur le site analysefilmique.free.fr

28 juin 2006

Je rentre à la maison (2001) de Manoel De Oliveira

Je rentre à la maison Elle :
Je rentre à la maison fut pris un moment pour le film testament de Manoel de Oliveira (en fait, il continuera de tourner après ce film). C’est au travers de Michel Piccoli, un vieil acteur brisé par la disparition de sa femme et sa fille qu’il livre ses sentiments sur la vie, la mort, les petites choses du quotidien et les tragédies qu’il joue sur scène. Le film n’est pas parvenu à m’accrocher en raison des scènes de théâtre et plans fixes interminables. Cette écriture très personnelle m’a peu touchée en raison de sa froideur et de son grand détachement de la vie.
Note : 2 étoiles

Lui :
Difficile d’accrocher à ce film d’Oliveira: de longs plans fixes (souvent hors champ), des extraits de pièces de théâtre interminables. Peu de scénario, le réalisateur fixe des riens. Michel Piccoli semble bien décidé à occuper tout le terrain et cabotine à tous vents.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Michel Piccoli, Catherine Deneuve, John Malkovich
Voir la fiche du film et la filmographie de Manoel De Oliveira sur le site IMDB.

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22 juin 2006

Liebelei (1933) de Max Ophüls

Liebelei Elle :
Ce film dramatique met en scène deux lieutenants de garnison qui connaissent enfin l’amour avec deux jeunes femmes simples et sincères. Au travers de cette intrigue presque banale, Max Ophüls s’attache à faire transparaître des émotions au travers de ses personnages et ce qui les rend si touchants..
Note : 4 étoiles

Lui :
Liebelei est le film qui mit Max Ophüls sur le devant de la scène, c’est effectivement le premier grand film d’Ophuls mais c’est le dernier qu’il fit en Allemagne : devant la montée du nazisme, il émigrera quelques mois plus tard et réalisera même une version française de ce film, « Une histoire d’amour » (1933), en faisant doubler certains acteurs et en introduisant des acteurs français. C’est toutefois cette première version allemande qui est la plus réussie, un cinéma intimiste tout en délicatesse qui tranche franchement avec la tendance de l’époque vers le réalisme. Dans cette histoire d’amour tragique, Ophüls nous place très près de ses personnages et de leurs émotions. Magda Schneider est particulièrement touchante de simplicité. Sa fille, Romy Schneider, tournera un remake de ce film en 1958 (« Christine » par Pierre Gaspard-Huit), un film qui hélas a laissé une trace plutôt comme point de départ de l’idylle Romy Schneider / Alain Delon que pour ses qualités cinématographiques…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Magda Schneider, Wolfgang Liebeneiner
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Voir aussi la fiche de Une histoire d’amour (1933) et celle de Christine (1958)

17 juin 2006

Parle avec elle (2002) de Pedro Almodóvar

Titre original : « Hable con ella »

Parle avec elle Elle :
J’ai du mal à parler de ce film. J’ai du mal à entrer dans l’univers d’Almodovar. La forme du film est sophistiquée, innovante, bourrée de références au cinéma, à la danse, au théâtre et à la chanson espagnole, peut-être même un peu trop. Le scénario centré sur l’amour de cet infirmier solitaire pour cette jeune fille dans le coma ne m’a pas beaucoup ému. Il m’a au contraire mis très mal à l’aise. On peut rétorquer qu’il a réussi à la sortir de son long sommeil pour excuser son acte. Almodovar a sans doute voulu peindre la passion et la solitude en créant une atmosphère baroque et onirique mais a un peu perdu de vue ses personnages que je n’ai pas trouvé très attachants.
Note : 3 étoiles

Lui :
Les personnages que nous dépeint Almodovar sont assez hors du commun et assez attachants, même s’ils ne sont pas (loin de là, pour certains) exempts de défauts… Son histoire est touchante, tout en étant un peu dérangeante, et c’est un peu cet équilibre qui est remarquable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Javier Cámara, Darío Grandinetti, Leonor Watling, Rosario Flores
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7 juin 2006

Mar adentro (2004) de Alejandro Amenábar

Mar adentro Elle :
Un film poignant sur un tétraplégique qui demande à la justice le droit de mourir pour échapper à sa vie faite de souffrances. Sans sombrer dans le pathos et l’apitoiement, Alejandro Amenabar filme cet homme incarné par Javier Bardem sobrement et au plus près de son corps et de son âme. C’est une belle mise en scène pleine de pudeur. Poète plein d’humour, Ramon rejette sa dépendance vis-à-vis des autres et entrevoit son issue fatale avec le sourire. Même s’il est soutenu par une famille chaleureuse et par l’amour de deux femmes, il refuse d’accepter son sort et veut choisir son destin. On pénètre dans l’intimité de sa vie de reclus avec délicatesse. Les personnages dégagent énormément de force et d’émotion. Un film bouleversant à ne pas manquer.
Note : 5 étoiles

Lui :
Alejandro Amenabar réussit à faire un film fort sur l’histoire de ce tétraplégique sans jamais tomber dans la facilité de l’apitoiement ou d’une compassion débordante. Je dois bien avouer que la pluie de récompenses qu’a reçue le film me faisait un peu peur. Non, il nous permet simplement de mieux connaître cet homme et de comprendre ainsi sa volonté et la fermeté qu’il plaçait dans sa décision. C’est bien entendu émouvant mais aussi très puissant, parfois poétique et parsemé de touches d’humour : Amenabar réussit un sans faute dans l’équilibre de son film et les deux heures passent rapidement. Plus qu’un simple plaidoyer sur ce sujet de société, c’est surtout le portrait d’un homme hors du commun et, sur ce plan, il faut noter que Janvier Berdem interprète son personnage avec beaucoup de force et une conviction étonnante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Javier Bardem, Belén Rueda, Lola Dueñas, Mabel Rivera
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