8 juin 2006

Shadrach (1998) de Susanna Styron

Shadrach Elle :
Scénario original sur le retour d’un ancien esclave noir de 99 ans sur la plantation où il est né afin d’y mourir. Il se retrouve pris en charge par les descendants ruinés des propriétaires de la plantation. Nous sommes dans les années trente et la ségrégation raciale sévit toujours fortement. La générosité et la compassion dictent la conduite à tenir de cette famille dans le besoin. Tout est fait pour que le vieil homme soit enterré sur le sol de l’ancienne plantation. Cette histoire est simple et émouvante.
Note : 4 étoiles

Lui :
Loin de la grosse cavalerie hollywoodienne, voilà un film simple, délicat, original, personnel. Bien entendu, on peut y trouver bon nombre de clichés mais il se dégage une authenticité de cette histoire de vieil esclave noir qui revient pour mourir sur la terre où il est né. C’est cette authenticité qui le rend si attachant et touchant. Très bon jeu d’acteurs et aussi une très belle musique.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Andie MacDowell, Harvey Keitel, John Franklin Sawyer, Martin Sheen
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8 juin 2006

Le chanteur de jazz (1927) d’ Alan Crosland

Titre original : « The Jazz Singer »

The Jazz SingerLui :
Le Chanteur de Jazz est souvent présenté comme étant le premier film parlant ou le premier film sonore. Ce n’est pas tout à fait exact dans le sens où le premier film sonore doté du procédé Vitaphone fut Don Juan (1926), suivi de Old San Francisco (1927), tous deux du même Alan Crosland. Mais ces deux films n’étaient que des films musicaux. The Jazz Singer n’a, lui aussi, que très peu de paroles, une minute tout au plus, tout le reste est en intertitre, mais toutes les chansons d’Al Jolson sont sonorisées et synchrones.

Le succès fut spectaculaire après du public, apportant au cinéma une porte de sortie de la crise qu’il traversait : Warner, le studio le plus mal en point, avait joué son va-tout avec ce procédé qui stockait le son sur des disques séparés. The Jazz Singer Ce film symbolise donc parfaitement l’avènement du cinéma parlant. Le premier vrai film parlant ne sortira cependant qu’un an plus tard, Lights of New York (1928) de Bryan Foy, et la généralisation du système qui stocke le son sur la pellicule, le Movietone, ne se fera qu’au début des années 30.

En dehors de cet aspect historique, le film n’a toutefois que peu d’intérêt. Al Jolson est avant tout un chanteur et non un acteur, l’histoire en elle-même est des plus conventionnelles et, le jeu des acteurs, peu inspiré. Le Chanteur de Jazz a eu deux remakes, par Michael Curtiz en 1952 et par Richard Fleischer en 1980. Ces deux versions ne sont pas vraiment mémorables.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Al Jolson
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Remakes :
Le chanteur de jazz (The jazz singer) de Michael Curtiz (1952) avec Dany Thomas
Le chanteur de jazz (The jazz singer) de Richard Fleischer (1980) avec Neil Diamond

7 juin 2006

La légende de Bagger Vance (2000) de Robert Redford

Titre original : « The Legend of Bagger Vance »

La légende de Bagger Vance Elle :
Quelle déception ce film de Robert Redford ! Non seulement, le scénario est peu passionnant (le retour d’un prodige du golf qui a perdu son swing) mais en plus Redford reste très académique dans sa démarche : beaucoup de bons sentiments, globalement assez sirupeux. A éviter.
Note : 1 étoile

Lui :
Ce film de Redford n’est hélas qu’une suite de poncifs et de clichés hollywoodiens. Inutilement verbeux, il finit par ennuyer. Les images sont belles…
Note : 1 étoile

Acteurs: Will Smith, Matt Damon, Charlize Theron
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6 juin 2006

Stalingrad (2001) de Jean-Jacques Annaud

Titre original : « Enemy at the Gates »

Stalingrad Elle :
Jean-Jacques Annaud, a choisi de peindre la bataille de Stalingrad au travers de deux tireurs d’élite embusqués qui cherchent à se tuer mutuellement : l’un est russe (Jude Law), l’autre est allemand (Ed Harris). Quelques bonnes scènes haletantes sont à retenir mais, ce qui manque principalement, c’est l’émotion que devrait nous procurer un tel désastre humain. La scène de combats en ouverture est confuse et assourdissante : des explosions et effets spéciaux à n’en plus pouvoir mais rien de vibrant. On est loin des scènes poignantes du Soldat Ryan. Au final, le film donne l’impression d’être bancal malgré les moyens techniques et les acteurs de premier plan.
Note : 3 étoiles

Lui :
Annaud cherche trop à faire du grand spectacle… Le début du film est quasi insupportable, avec notamment une utilisation d’une musique grandiloquente sur des combats. Par la suite, il se concentre sur le duel des deux « snipers », duel qui lui permet de placer de bonnes scènes de suspense avec une belle reconstitution de Stalingrad dévasté ; mais tout cela est du spectacle, il n’y a pas vraiment d’émotion.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jude Law, Ed Harris, Rachel Weisz, Joseph Fiennes
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1 juin 2006

Le Talion (1928) de Tod Browning

Titre original : « West of Zanzibar »

Le Talion Elle :
(pas vu)

Lui :
(film muet) Dans cette histoire assez sombre de vengeance, Tod Browning met en scène son univers favori avec cette fois un Lon Chaney qui a perdu l’usage de ses jambes à la suite d’une chute. L’acteur est particulièrement convaincant dans ses reptations sur le sol et son visage respire le machiavélisme le plus profond. Le talionLe film se passant en Afrique noire, vaudous et rites sacrés sont de la partie et viennent alourdir l’atmosphère. L’ensemble est efficace et nous met même parfois un peu mal à l’aise. Encore une formidable prestation de Lon Chaney.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Lionel Barrymore, Mary Nolan
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30 mai 2006

Les affranchis (1990) de Martin Scorsese


Titre original : « Goodfellas »

Les affranchis Elle :
Martin Scorsese signe ici un film particulièrement brillant de par son scénario et sa mise en scène. Sur cette mafia américaine qui le fascine tant,  le réalisateur fait un film à la fois pathétique et violent. On voit évoluer ce jeune gosse dans le milieu étourdissant et fermé des gangsters, pour finir en caïd sans scrupules attiré uniquement par l’argent. Robert de Niro et Joe Pesci sont des interprètes remarquables. Humour noir, cruauté, cynisme sont les ingrédients du film.
Note : 5 étoiles

Lui :
Tirant directement son inspiration des films noirs des années quarante et surtout trente, Martin Scorsese réalise là son “film de gangsters”, certainement le plus abouti. Pendant plus de deux heures, il nous entraîne dans une saga tourbillonnante dans le milieu de la mafia. Il sait toutefois s’écarter des conventions du genre (les contrats, etc…) pour se concentrer sur son personnage principal. Il montre une époustouflante maîtrise de la mise en scène, multipliant les plans originaux, voire osés. Mais tout est parfaitement à sa place. Côté scénario, l’humour (noir bien souvent) est omniprésent mais l’on sent une certaine fascination du metteur en scène pour ses personnages. L’interprétation est irréprochable.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Ray Liotta, Joe Pesci, Lorraine Bracco, Paul Sorvino
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27 mai 2006

Les Rapaces (1924) d’ Erich von Stroheim

Titre original : « Greed »

Les Rapaces Lui :
(Film muet) Greed fait partie des films les plus marquants et les plus mythiques de l’histoire du cinéma. La première version de cette adaptation du roman de Frank Norris durait 9 heures. Elle ne fut projetée qu’une seule fois, de façon privée, et Erich von Stroheim se résolut à réduire son film à 5 heures mais refusa d’en couper davantage. Il chargea le réalisateur Rex Ingram de continuer : le résultat durait alors 4 heures. La MGM, toujours insatisfaite, fit intervenir la scénariste June Mathis qui, sans avoir lu le livre, en fit une version de 2 heures qui sortit en salles, version totalement reniée par Von Stroheim. Les scènes coupées furent perdues à jamais.

Greed En 1999, une version de 4heures a été réalisée en utilisant des photos de tournage en plans fixes intercalés dans la version courte et en re-créant des intertitres. C’est ainsi que l’on peut voir apparaître des personnages qui avaient été totalement (ou en grande partie) supprimés.

Les Rapaces est une grande fresque sociale sur l’argent, la fascination qu’il génère et sur son pouvoir de destruction. Le film a une ampleur rare, même comparé aux films d’aujourd’hui. Formidable précurseur, Erich von Stroheim avait tissé une trame très riche où les destins se croisent et s’entrecroisent. Cette version de 4 heures réintroduit des personnages (les deux septuagénaires amoureux, le ferrailleur et la servante) qui font contrepoint au couple principal. Le film est bourré de symboles sur la cupidité, le destin, avec aussi toute une symbolique sexuelle. Ces symboles sont appuyés par le coloriage en jaune de certains objets, dont l’or bien entendu. Une scène est même en couleurs (!), cette fois pour symboliser le juste chemin, celui du couple de septuagénaires. Elle fit partie des coupes.

Erich von Stroheim a tenu à tout tourner dans les lieux réels, bénéficiant d’un budget sans précédent. Il fit rouvrir la mine d’or qui figure dans le livre, il traîna dans la Vallée de la Mort toute son équipe qui se mit à le haïr pour ces conditions épouvantables. Cette volonté du réalisateur donne au film une très forte authenticité, tout sonne vrai. Certaines scènes sont fastueuses mais de nombreuses grandes scènes de foule firent hélas partie des coupes.

GreedAinsi amputé, mais aussi parce qu’il touchait aux fondements de la société américaine, le film fut un échec commercial. Un critique américain aurait écrit : « Peut-être ce film plaira-t-il au public en Autriche, qui est la patrie d’Erich von Stroheim, mais je crois qu’aucun citoyen américain normal ne pourra l’apprécier. »

Cette reconstitution permet d’imaginer ce que pouvait être la version originale de 4 ou 5 heures et de mesurer à quel point c’est effectivement l’un des plus grands drames de l’histoire du cinéma d’avoir perdu à jamais les trois-quarts de ce qu’il n’est pas exagéré d’appeler l’un des plus grands films de tous les temps. Erich von Stroheim ne se remettra jamais de la mutilation de son film ; beaucoup plus tard, il déclarera : « Je considère que je n’ai fait qu’un seul vrai film dans ma vie… et personne ne l’a vu ».
Note : 5 étoiles

Acteurs: Zasu Pitts, Gibson Gowland, Jean Hersholt, Dale Fuller
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Quelques liens sur « Les Rapaces » :
Une analyse du film et plusieurs séries de photogrammes.
Greed présenté sur le blog Messidor

26 mai 2006

Seul au monde (2000) de Robert Zemeckis

Titre original : « Cast Away »

Seul au Monde Elle :
Seul au monde est porté par la remarquable prestation de Tom Hanks en naufragé sur une île déserte. Le spectaculaire crash d’avion et la survie de cet employé de FedEx toujours obsédé par les horaires sont les parties les plus intéressantes et émouvantes. La mise en scène est sobre, sans musique avec peu de dialogues. Zemeckis nous montre que survivre peut être plus facile que vivre. Dommage que l’introduction et l’épilogue du film soient beaucoup plus conventionnels et maladroits. Il semble que Zemeckis n’a pas vraiment su gérer l’issue de ce retour à la vie normale.
Note : 4 étoiles

Lui :
C’est la partie située sur l’île deserte qui est la plus intéressante, le prologue (assez long) et l’épilogue (assez long aussi) sont plus insignifiants. Sans tomber dans le côté scoutisme ou McGyver, le réalisateur a su trouver le bon équilibre pour nous faire partager le désir de survie de son héros. Il se dégage une sensation de réalisme. La scène du crash d’avion est des plus prenantes qui soient.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Helen Hunt, Nick Searcy
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24 mai 2006

La mort dans la peau (2004) de Paul Greengrass

Titre original : « The Bourne supremacy »

La mort dans la peau Elle :
(pas vu)

Lui :
Cette suite de La mémoire dans la peau (”The Bourne identity”) n’a pas les mêmes atouts que son prédécesseur. D’une part, le scénario est beaucoup moins riche, centré uniquement sur l’aspect chasse à l’homme (sans toutefois que l’on frémisse un seul instant pour le gibier) et, d’autre part, le réalisateur a cherché à impliquer le spectateur dans l’action en utilisant une caméra à l’épaule tremblotante à souhait (c’est un peu la marque de fabrique de Paul Greengrass) et en multipliant les très gros plans. Le découpage étant très rapide, avec des enchaînements précipités, les scènes d’action en deviennent extrêmement confuses. La mort dans la peau se laisse toutefois regarder mais il est beaucoup moins prenant que le premier volet.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Matt Damon, Joan Allen, Franka Potente, Brian Cox
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Lire aussi nos commentaires sur le premier volet La mémoire dans la peau et sur la suite La Vengeance dans la Peau.

23 mai 2006

The unknown (1927) de Tod Browning

Titre français : « L’inconnu »

The Unknown Elle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) The Unknown (L’inconnu) est incontestablement l’un des films les plus puissants de Tod Browning et aussi de Lon Chaney : son interprétation d’Alonzo, l’homme sans bras, est assez phénoménale puisqu’il joue entièrement avec ses pieds. En face de lui, la jeune Joan Crawford campe son personnage avec beaucoup d’aplomb. L’actrice déclarera plus bien tard que, de toute sa carrière, ce fut le film où elle a le plus appris.

Lon Chaney et Joan CrawfordCette histoire d’amour fou se déroule dans le monde d’un petit cirque gitan, l’occasion pour Tod Browning et Waldemar Young, le scénariste, de justifier l’un des scénarios les plus improbables du cinéma. Et cette histoire, tout invraisemblable qu’elle soit, on y croit entièrement, comme envoûté par la puissance du jeu des acteurs et une intensité dramatique qui ne fait que croître pour culminer dans une scène finale qui en devient presque insoutenable. Et pourtant, aucune scène n’est horrible en soi, il me paraît d’ailleurs très réducteur de le classer dans les films d’horreur. Non, c’est un film sur la nature humaine où les personnages sont dominés par leurs émotions, par des sentiments simples et quasi-instinctifs. Le personnage d’Alonzo, très complexe, nous inspire à la fois compassion et condamnation, parfois dans la même scène. Le film, du moins dans la version qui a survécu, est très court, 49mn, ce qui le rend encore plus dense.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Joan Crawford, Norman Kerry
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