18 mai 2005

Pollock (2000) d’Ed Harris

PollockElle :
Ed Harris passe pour la première fois à la réalisation et incarne Jackson Pollock, le célèbre peintre américain, inventeur du « dripping » qui consiste à jeter de la peinture sur une toile posée au sol. Pour un premier film, c’est plutôt réussi et intéressant. Ed Harris ne cherche pas à faire passer de message sur le renouveau de l’art abstrait. Il retrace avec sincérité la vie d’un artiste rongé par l’alcool qui exprime de l’intérieur son mal-être sur une toile. Il connaît la misère dans les années 40 puis c’est sa femme Lee Krasner qui le soutient et l’introduit dans les grandes expositions. On croise Pegyy Guggenheim, les marchands d’art, De Kooning et d’autres peintres du moment. Ce parcours chaotique se terminera par la mort dans un accident de voiture en 1956. La mise en scène est de qualité et la personnalité de ce grand créateur écorché par la vie provoque l’émotion.
Note : 4 étoiles

Pollock2Lui :
Ce qui est remarquable dans ce film, c’est la façon dont Ed Harris a réussi à éviter tous les écueils du film à tendance misérabiliste (le genre « création douloureuse et drame de l’alcool ») pour se concentrer sur le fait de redonner vie à une grande figure de la peinture américaine moderne. A la fois devant et derrière la caméra, Ed Harris est étonnamment crédible dans son interprétation de Jackson Pollock, presque une identification tant la passion transparaît. S’il ne joue pas avec nos sentiments, il parvient à faire passer beaucoup d’émotion et aussi une bonne dose de fascination, fascination pour le personnage mais avant tout pour le cheminement qu’a suivi son processus créatif. Les scènes où on le voit peindre dans atelier sont d’ailleurs passionnantes. Une belle réussite.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Ed Harris, Marcia Gay Harden
Voir la fiche du film et la filmographie de Ed Harris sur le site IMDB.

17 mai 2005

Simone (2002) d’ Andrew Niccol

Titre original : « S1m0ne »

SimoneElle :
Comédie américaine convenue et interminable dont le sujet est assez bateau. Je craque avant la fin. Al Pacino (qu’est-il allé faire dans cette galère?) incarne un producteur de film qui utilise une créature virtuelle (évidemment superbe pour retenir un peu notre attention) afin de remplacer une actrice qui le plaque. Bien évidemment, tout le monde veut voir cette actrice invisible. On devine tout ce qui va se passer et ce n’est même pas amusant. Andrew Niccol avait fait mieux avec le film Gattaca.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Scénariste de Truman Show, Andrew Niccol reste dans le virtuel avec ce scénario où un réalisateur au bout du rouleau va utiliser une invention révolutionnaire : une actrice parfaite, créée sur ordinateur, dont le succès va bien entendu finir par lui poser quelques problèmes. Le regard porté sur le monde du cinéma est assez mordant, les média en général ne sont guère épargnés non plus, mais c’est surtout grâce à son humour que ce film est assez réussi : on rit franchement et certaines scènes sont assez jubilatoires. Par contre, la réalisation est un peu brouillonne et, sur ce plan, Simone ne peut être comparé à Truman Show. Ce film n’en reste pas moins une bonne comédie, assez originale. Pour l’anecdote : Andrew Niccol a lui aussi succombé au charme de sa création puisqu’il a épousé Rachel Roberts à la fin du tournage…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Rachel Roberts, Catherine Keener
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16 mai 2005

Sauve-moi (2000) de Christian Vincent

Sauve moiElle :
Roubaix : des cités grises et pauvres et des gens très modestes pour les habiter. Christian Vincent a le mérite de mettre en scène des thèmes sociaux rarement abordés au cinéma. Avec Sauve-moi, il nous fait pénétrer dans l’univers des RMistes, chômeurs, des travailleurs au noir, des sans-abri et des immigrés. La lumière est crue et peu flatteuse. La mise en scène est sobre et dépouillée. Les acteurs peu connus sont convaincants et Roschdy Zem, l’algérien au grand cœur, est émouvant. Le réalisateur concentre son attention sur ces personnages peu gâtés par la vie. Victimes de patrons peu scrupuleux, de recouvreurs de dettes cyniques, ceux-ci subissent plus leur sort qu’ils ne peuvent le prendre en main. Le constat est pessimiste et sans espoir. Restent l’amour, l’amitié et la solidarité qui scellent ces trajectoires.
Note : 3 étoiles

Lui :
Vivant de petits boulots à Roubaix, Mehdi rencontre une roumaine qui débarque pleine d’illusions. C’est le point de départ du scénario de Sauve-moi qui va permettre à Christian Vincent de nous dresser le portrait d’un petit groupe de personnes, tous vivant assez difficilement, mais liés entre eux par des liens d’amitié. Le cinéaste parvient à donner une chaleur à ses personnages, tout en laissant bien présente la pression d’un quotidien marqué par des situations précaires. C’est cette proximité des personnages qui lui permet d’éviter les écueils du film social manichéen : point de coupable montré du doigt et les personnages ne sont nullement typés à l’extrême. L’interprétation nuancée et délicate de Roschdy Zem est d’ailleurs assez représentative du propos du film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Roschdy Zem, Rona Hartner, Karole Rocher, Olivier Gourmet
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15 mai 2005

La Jeune Fille à la Perle (2003) de Peter Webber

Titre original : Girl with a pearl earring

La jeune fille à la perleElle :
Cette adaptation fidèle du roman de Tracy Chevalier n’est pas à la hauteur du livre que j’ai lu et que j’avais bien aimé. Les scènes les plus intéressantes et les mieux rendues sont celles qui se passent dans l’atelier de Vermeer entre le maître et la servante, la fameuse Jeune fille à la perle. Peter Webber parvient à capter leur émoi amoureux, leurs regards troublés, les frôlements, les silences. La mise en scène assez académique et artificielle manque de souffle. Difficile également de rendre à l’écran les pensées de la jeune fille. Le réalisateur a une fâcheuse tendance à vouloir recréer sous forme de tableaux les scènes quotidiennes de cette époque; il abuse des effets d’ombre et lumière pour faire joli. D’autre part, la musique est trop présente et ne convient pas bien au style du film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Quelle peut être l’histoire de cette Jeune fille à la perle immortalisée par Wermeer dans son célèbre tableau ? Le scénario, tiré d’un roman, part d’une idée peu originale en soi (une servante) mais parvient à mettre en place des relations toutes en demi-teintes et en subtilités entre le peintre et son modèle. Les scènes se situant dans l’atelier de Wermeer sont particulièrement réussies. Il est dommage qu’en dehors de ces scènes, la réalisation soit un peu tape-à-l’œil, voire grandiloquente. La musique donne dans le genre épopée et de nombreux plans paraissent trop travaillés, comme pour rivaliser avec les tableaux du peintre. C’est un peu dommage car cela donne un côté artificiel à l’ensemble du film. Belle interprétation de Scarlett Johansson.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Scarlett Johansson, Colin Firth, Tom Wilkinson
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13 mai 2005

Triple agent (2004) d’ Eric Rohmer

Triple agent Elle :
Triple Agent ne prendra pas place parmi mes films préférés de Rohmer. Malgré une belle mise en scène et un background historique intéressant puisqu’il s’agit des années 36-40, j’ai trouvé que cette histoire d’agent secret qui fonctionne quasiment à huis clos ne parvenait pas bien à nous intéresser. Il s’agit du parcours d’un couple de russes blancs qui a du mal à trouver sa place dans cette société française en mouvement. Malgré une mise en place efficace du contexte et des personnages au début, Rohmer a tendance à s’enfermer dans des échanges de dialogues assez artificiels. On ne retrouve plus la fraîcheur et vivacité de ses autres films. On finit par se désintéresser du sort de cet agent secret presque désuet.
Note : 2 étoiles

Lui :
Sur un fond historique très particulier (le front populaire et ces années qui précèdent la seconde guerre mondiale), Rohmer choisit de nous présenter un homme encore plus particulier, un russe blanc, ancien général. On peut supposer que c’est le côté combat d’arrière-garde qui a du attirer Rohmer, un homme qui perd ses certitudes, ses idéaux, en proie à un questionnement permanent. Il se sent décalé dans un monde perturbé où il regrette de ne pouvoir jouer un rôle. Hélas, sur la forme, Triple Agent se perd en longs dialogues dont on perd le fil et qui sont parfois à la limite du soporifique. Contrairement aux autres films de Rohmer, ces dialogues n’ont pas ici cette qualité qui nous dévoile les personnages et les rend si proches, si intimes. La photographie est très douce, peut-être un peu trop douce pour le sujet.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Katerina Didaskalou, Serge Renko
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9 mai 2005

Confidences trop intimes (2004) de Patrice Leconte

Confidences trop intimes Elle :
Une jeune femme croit confier ses problèmes de couple à un psy. En fait, elle se livre à un conseiller fiscal qui n’ose pas lui dire qu’elle se trompe tant il est ébloui par sa beauté. Ce film repose surtout sur le talent d’un duo d’acteurs : Fabrice Luchini contrairement à son habitude, joue tout en retenue un homme coincé et introverti. Sandrine Bonnaire interprète avec délicatesse cette belle jeune femme délaissée par son mari. Tout le film se passe dans le bureau austère du conseiller fiscal. On sent Patrice Leconte fasciné par son actrice. Il se concentre sur les dialogues, les sous-entendus, les regards, les frôlements. Cette relation sentimentale est purement platonique. C’est un film pas trop mal réussi.
Note : 3 étoiles

Lui :
Confidences trop Intimes est un joli face à face entre Sandrine Bonnaire et Fabrice Luchini, entre une jeune femme traînant ses problèmes de couple et un conseiller fiscal raide et inexpressif. Basés sur un quiproquo, ces entretiens à la psy vont se transformer en relation, une relation qui va elle-même subtilement évoluer. ‘Subtil’ est bien le mot qui qualifie le mieux ce film de Patrice Leconte, filmé avec beaucoup de douceur et de délicatesse et formidablement porté par le jeu multi facettes de Sandrine Bonnaire et un Patrice Luchini très retenu. Cette rencontre de deux grandes solitudes porte en elle de nombreux sentiments, tous assez différents.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sandrine Bonnaire, Fabrice Luchini, Anne Brochet
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8 mai 2005

Identity (2003) de James Mangold

IdentityElle :
Un orage tonitruant. Un huis clos dans un motel coupé du monde à cause de pluies diluviennes. Dix personnes dont un prisonnier qui logent dans ce motel. Un premier meurtre, des cris, un serial killer, une musique angoissante. Tels sont les ingrédients classiques du thriller conventionnel. Mais James Mangold n’est pas Hitchcock et ne fait pas dans la finesse. Plus il fait de bruit, moins on y croit et on finit pas totalement se désintéresser de l’histoire.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Après une mise en place à la Dix petits nègres, les personnages commencent rapidement à être assassinés dans des conditions mystérieuses. Malgré les fausses pistes évidentes (l’inévitable sérial-killer qui passait dans le coin), James Mangold parvient à nous intriguer suffisamment et plus on avance dans l’histoire, plus le mystère s’épaissit et l’on en vient à soupçonner tout le monde (du moins ceux qui restent…) La fin reste toutefois un peu décevante mais sans être un grand film, Identity parvient à nous secouer un peu.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Cusack, Ray Liotta, Amanda Peet
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6 mai 2005

Grand Hotel (1932) de Edmund Goulding

Grand Hôtel Elle :
Le Grand Hôtel de Berlin où les riches cohabitent avec les ruinés ou ceux qui rêvent d’être riches. Le début du film donne le tournis. C’est un défilé perpétuel de clients mondains qui évoluent dans le grand hall et se donnent en représentation. L’attrait magnétique de l’argent est le thème central du film. Le réalisateur réunit une pléiade d’acteurs connus tels que les frères Barrymore (John et Lionel), Greta Garbo, Joan Crawford, Wallace Beery. La danseuse célèbre mais malheureuse en amour rencontre l’escroc amoureux, Le riche patron croise la jolie secrétaire qui rêve d’ascension sociale. Le petit employé qui sait qu’il va mourir bientôt veut enfin s’éclater et goûter la vie en dépensant ses économies. Bref, tout ce petit monde rêve ou chute. On passe très vite de l’ébriété à l’angoisse, du bonheur au désespoir. C’est très bien fait et observé malgré quelques petites longueurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
Greta Garbo - Grand Hôtel Ce grand hôtel est un lieu de passage mais aussi un lieu où échouent des destins bien différents, l’occasion ou le prétexte pour nous exposer des tranches de vie qui, malgré leur apparence d’opulence et de facilité, sont marquées par la solitude. Aidé par une brillante brochette d’acteurs (Garbo en tête) et de superbes décors, le film prend parfaitement son envol et les dialogues sont très enlevés et plaisants. Le film n’a pas pris une ride, que ce soit sur son superbe décor (art déco) ou sur son scénario.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, John Barrymore, Lionel Barrymore, Joan Crawford, Wallace Beery
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5 mai 2005

Confidence (2003) de James Foley

ConfidenceElle :
C’est le genre de thriller comme on en a vu des dizaines. Je ne parviens pas à m’intéresser à cette histoire d’arnaque. Le schéma visuel et sonore est très codifié. Dustin Hoffman en patron mafieux ne parvient même pas à me retenir devant l’écran. Qu’est-il allé faire dans cette galère ?
Note : pas d'étoiles

Lui :
Ce film d’arnaque ne brille pas vraiment par son originalité. La mise en place est vraiment confuse, confusion accentuée par une bonne dose de caméra à l’épaule mais c’est surtout au niveau du scénario que le film montre le plus de faiblesse : L’histoire est très conventionnelle et manque de panache. Bonne prestation d’Edward Burns mais un second rôle très fade pour Dustin Hoffman.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Edward Burns, Rachel Weisz, Andy Garcia, Dustin Hoffman
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4 mai 2005

Printemps, été, automne, hiver… et printemps (2003) de Kim Ki-duk

Titre original : « Bom yeoreum gaeul gyeoul geurigo bom »

Printemps, été, automne, hiver... et printemps Elle :
Voici un film coréen d’une grande poésie et d’une étonnante beauté. Les cinq saisons du titre correspondent aux cinq étapes de la vie d’un moine vivant à l’écart du monde dans une drôle de maison qui flotte sur un lac entouré de montagnes boisées. Il vit là en compagnie de son vieux maître à penser. Kim Ki-duk filme la cruauté de l’enfance, le premier éblouissement amoureux, la colère de l’adulte trompé, les réprimandes plus ou moins sévères du vieux sage. Avec peu de dialogues, il parvient à exprimer les sentiments et émotions qui habitent ces personnages. Il filme en gros plan leurs animaux familiers (chat, poisson, coq, tortue, poisson), Il fait tout un travail autour du thème de l’eau, alterne son récit de sons de la forêt et d’une musique délicate. Les images sont insolites et envoûtantes telles cette maison qui donne l’impression de flotter au-dessus de l’eau, ce paysage magnifique qui évolue au cours des saisons, cette barque qui dérive, cette brume qui enveloppe les scènes. Printemps, été, automne, hiver… une atmosphère très zen et paisible pour retrouver la sérénité.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le réalisateur coréen Kim Ki-duk nous propose ici de partager 5 moments importants de la vie du disciple d’un religieux bouddhiste, dans un mini temple perdu, hors du monde et du temps. C’est justement sa confrontation avec le monde extérieur qui sera délicate, voire douloureuse et il devra dominer et dompter ses sentiments. Malgré le sujet traité, le film ne semble aucunement lent, le réalisateur parvenant à nous immerger totalement dans ce monde de simplicité et de dénuement, nous faisant partager l’émotion ressentie à la contemplation de cette nature qui les entoure. Les images de Printemps, été, automne, hiver sont souvent magnifiques et même surprenantes. Un film empreint de calme et qui apporte un certain regard sur quelques sentiments simples.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Kim Ki-duk, Oh Yeong-su, Seo Jae-kyeong, Ha Yeo-jin
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