14 février 2011

La flûte enchantée (1975) de Ingmar Bergman

Titre original : « Trollflöjten »

La flûte enchantéeLui :
Projet initialement conçu pour la télévision suédoise, cette adaptation par Ingmar Bergman de La Flute Enchantée de Mozart est un projet qui lui tenait à cœur. Il a deux grandes lignes directrices : d’une part, rendre cet opéra accessible au plus grand nombre et, d’autre part, utiliser des chanteurs plus jeunes qu’à l’habitude, des chanteurs dont l’âge correspond à celui des personnages. Il fait donc traduire l’opéra en suédois, ce qui ne facilite pas forcément la tâche des chanteurs, et auditionne une centaine de chanteurs originaires des pays nordiques. Il désire aussi garder l’esprit du théâtre en tant que lieu et n’hésite pas à reconstruire en studio celui où il avait initialement envisagé de tourner mais qui s’est révélé être trop petit. Le résultat est une belle réussite. Les acteurs/chanteurs livrent un belle prestation tout en montrant beaucoup de naturel dans leur gestuelle et Bergman sait préserver le côté enfantin et farceur de certaines scènes. Le réalisateur utilise en outre les possibilités du cinéma par ses cadrages, par des petites astuces comme le médaillon animé ou encore en élargissant parfois la scène pour aller en coulisses, avec notamment cette amusante entrée en scène de Papageno. La prestation des chanteurs est assez remarquable avec une mention spéciale pour la soprano finlandaise Irma Urrila, qui nous livre un « Ach, ich fühl’s » (à mon humble avis, le plus bel aria de La Flute Enchantée) de toute beauté et d’une infinie douceur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Josef Köstlinger, Irma Urrila, Håkan Hagegård, Ulrik Cold
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Remarque :
Pendant l’ouverture de La Flute Enchantée, où Bergman filme des visages en très gros plans avec un montage qui se cale sur la musique, le réalisateur se montre lui-même (ainsi que Liv Ullmann) fugitivement à plusieurs reprises. Par cette ouverture peuplée de visages cosmopolites et de tous âges, Bergman veut bien entendu souligner le côté universel de la musique.

Autre adaptation :
La Flute Enchantée (The Magic Flute) de Kenneth Brannagh (2006).

13 février 2011

Villa Amalia (2009) de Benoît Jacquot

Villa AmaliaElle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Quand elle voit son compagnon embrasser une autre femme, Ann, une pianiste à forte sensibilité, décide de changer de vie… Adaptation d’un roman de Pascal Quignard, Villa Amalia nous fait suivre le cheminement de cette femme que nous découvrons peu à peu. La tromperie de son compagnon n’est en fait qu’un déclencheur, les motivations de cette fuite sont en réalité plus complexes. Avec une indéfectible détermination, refusant tout pragmatisme, Ann brouille les pistes, coupe tous les ponts sauf un, un ami d’enfance retrouvé par hasard et que personne de son entourage ne connaît. Grâce au jeu d’Isabelle Huppert, Villa Amalia est empreint d’une grande sensibilité couplée à une force qui agit comme un aimant. C’est un film qui se ressent autant qu’il se regarde.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois, Maya Sansa
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Remarque :
Ce lieu (qui semble hors du temps) où se situe la Villa Amalia est l’île d’Ischia, en face de Naples.

12 février 2011

Charlot à la banque (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « The bank »

The BankLui :
Charlot est homme à tout faire dans une banque, il nettoie les bureaux pas toujours avec une grande efficacité… Une bonne partie de Charlot à la Banque est d’un style très classique avec toutefois quelques belles trouvailles (comme l’endroit où il range ses balais…) et une belle maîtrise des mouvements. Il rend son personnage attachant et même émouvant : il aime une secrétaire qui, bien entendu, préfère un caissier qui a une bien meilleure situation. Cet amour impossible lui permet de développer une belle scène de rêve où il parvient à conquérir sa belle. Chaplin donne ainsi une belle mélancolie à son personnage et par la même une certaine dimension au film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Billy Armstrong
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12 février 2011

Mam’zelle Charlot (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « A woman »

Mam'zelle CharlotLui :
Alors que sa femme et sa fille se sont assoupies sur un banc dans un parc, un homme en profite pour aller conter fleurette à une jeune fille. Survient Charlot qui vient jouer les trouble-fête… Toute la première partie de Mam’zelle Charlot se déroule donc dans le parc et n’est pas vraiment remarquable. Il y a un peu plus d’invention dans la seconde partie où Charlot se rend dans la maison avec la mère et la fille. La scène la plus notable est celle où Chaplin se travestit en jeune fille. Tant qu’il conserve sa moustache, ce n’est guère convaincant (!) mais dès qu’il la rase, on peut dire que le résultat est assez… trompeur. A noter que c’est la dernière fois où Chaplin jouera sans moustache avant Les Feux de la Rampe (1952).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Charles Inslee, Marta Golden
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11 février 2011

Étreintes brisées (2009) de Pedro Almodóvar

Titre original : « Los abrazos rotos »

Étreintes briséesElle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Un écrivain aveugle qui écrit des scénarios pour le cinéma, une secrétaire qui fait l’escort-girl pour sauver son père malade… Le lien entre ces deux personnages n’est pas évident de prime abord, mais il y en a bien un, une histoire où le cinéma est impliqué… Le scénario d’Etreintes Brisées est assez difficile à résumer sans le dévoiler car il comporte plusieurs facettes. Loin d’être compliqué toutefois car il se déroule parfaitement avec une clarté admirable qui évoque les grands films romanesques des années cinquante. On retrouve ce grand et beau classicisme au niveau des images, la photographie est superbe, jouant avec la faible profondeur de champ qui fait de très beaux portraits. Et il y a le film dans le film, ou plutôt les films dans le film puisqu’il y en a deux, ce qui permet à Almodóvar de donner corps à son amour pour le cinéma et de faire des clins d’œil appuyés (1). Le cinéma ici est tout : il est à la fois celui qui montre, celui est montré et celui qui regarde. Parfaitement maîtrisé, Etreintes brisées est un très beau film, empreint du meilleur classicisme, l’un des meilleurs d’Almodóvar.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Penélope Cruz, Lluís Homar, Blanca Portillo, José Luis Gómez, Rubén Ochandiano, Tamar Novas
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(1) Penelope Cruz est coiffée exactement comme Audrey Hepburn dans Sabrina de Billy Wilder (1954) (en aussi en fausse Marilyn, mais cela est plus courant) et le film dans le film est très proche de Femmes au bord de la crise de nerfs (1988), le film qui a fait connaitre Almodóvar au grand public (ah le fameux gaspacho… !) L’extrait du film avec Ingrid Bergman et Georges Sanders qui passe à la télévision est Voyage en Italie de Roberto Rossellini (1954). Plusieurs scènes evoquent, dans leur forme, certains films d’Hitchcock.
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10 février 2011

Fais-moi plaisir! (2009) de Emmanuel Mouret

Fais-moi plaisir!Elle :
Note : 2 étoiles

Lui :
Dans une poussée soudaine d’ouverture d’esprit, Ariane demande à son compagnon d’avoir une aventure avec autre femme qu’il a rencontrée fugitivement. Elle espère ainsi le libérer d’un désir et sauver son couple… Avec Fais-moi plaisir, Emmanuel Mouret reprend son personnage de don Juan malgré lui, ingénu, hésitant et souvent désorienté par ce qui lui arrive. L’acteur/réalisateur crée des situations loufoques, inattendues, improbables. Dans sa relation avec les objets, il s’inscrit dans la lignée de Buster Keaton, Tati ou Blake Edwards mais il ne copie pas. Même si l’on peut penser à certains films précis, il est particulièrement inventif et a su se créer un personnage attachant. L’humour est toujours délicat, jamais excessif. Il y a bien quelques passages à vide à mi-parcours, l’ensemble s’essouffle parfois, mais il y a aussi des trouvailles absolument fantastiques (comme la sculpture dans les W.C. !) Il est indéniable qu’Emmanuel Mouret est l’un des comiques les plus originaux, dans le sens avec une vraie personnalité, du cinéma actuel.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Emmanuel Mouret, Judith Godrèche, Déborah François, Frédérique Bel, Jacques Weber
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9 février 2011

Good Morning England (2009) de Richard Curtis

Titre original : « The boat that rocked »

Good Morning EnglandLui :
Faire revivre la grande époque des radios pirates qui arrosaient l’Angleterre à partir de bateaux ancrées dans les eaux internationales est une proposition alléchante et je me faisais personnellement une joie de regarder ce film. Hélas, si l’environnement musical tient ses promesses (même si une bonne partie des morceaux passés sont plutôt post-67… mais ne chipotons pas) et si l’esprit des années soixante est bien restitué, le scénario est revanche est totalement vide. Dès lors, les quelque 130 minutes finissent par paraître bien longues, Good Morning England aurait été parfait s’il avait duré une heure de moins.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Philip Seymour Hoffman, Bill Nighy, Rhys Ifans, Tom Sturridge, Rhys Darby, Kenneth Branagh, Nick Frost
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Remarque :
La radio pirate la plus écoutée était Radio Caroline qui a émis de 1964 à 1968, bravant les interdictions. On pouvait la capter sur les côtes du Nord de la France jusqu’en Normandie (assez mal toutefois). Son disc-jockey le plus célèbre était Rosko, effectivement d’origine américaine. (Après une interruption de plusieurs années pour des raisons financières, la station a continué d’émettre jusqu’en 1990. Le bateau des débuts a coulé en 1980).

8 février 2011

Lady Hamilton (1941) de Alexander Korda

Titre original (USA) : « That Hamilton woman »

Lady HamiltonLui :
Aux alentours de 1800, Emma Lyon arrive à Naples, littéralement vendue par son fiancé à son oncle, diplomate. Elle devient ainsi Lady Hamilton. Elle y rencontre le jeune vice-amiral Nelson, venu à Naples chercher des renforts pour attaquer les français… Mettre en scène la liaison tapageuse entre Nelson et Lady Hamilton en pleine Seconde Guerre mondiale peut paraître étonnant… sauf que le film d’Alexandre Korda permettait de réveiller la fibre patriotique en évoquant l’icône militaire britannique la plus populaire. De plus, il était facile de faire le parallèle entre Napoléon et Hitler. Alexandre Korda se concentre toutefois beaucoup plus sur le romanesque que sur la stratégie, et plus particulièrement sur son actrice principale. A 28 ans, Vivien Leigh est absolument resplendissante dans ce film où elle est dans toutes les scènes. Elle est lumineuse, vive et le pauvre Laurence Olivier, Lady Hamilton qui manque de scènes marquantes, fait même pâle figure face à elle. Bien que faits en temps de guerre, les décors et costumes sont fastueux et la reconstitution de la bataille de Trafalgar est superbe. Lady Hamilton a cette rare particularité d’être à la fois un grand film romantique et un film de propagande. Le magnifique résultat montre toute la maîtrise d’Alexandre Korda, l’une des figures les plus importantes du cinéma britannique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Vivien Leigh, Laurence Olivier, Alan Mowbray, Sara Allgood, Gladys Cooper, Henry Wilcoxon
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Remarques :
Lady Hamilton et Vivien Leigh * Laurence Olivier et Vivien Leigh étaient depuis peu mari et femme.
* Ce seraient les distributeurs américains qui, par pudibonderie, auraient exigé de rajouter la première scène qui montre la déchéance finale de Lady Hamilton, tout le film devenant un flashback. Ceci dit, dans la réalité, Lady Hamilton est réellement morte dans la misère à Calais en 1815.
* Lady Hamilton était le film favori de Winston Churchill qui en avait une copie dans son bunker. La légende dit qu’il l’aurait vu 83 fois. Alexandre Korda est devenu Lord Alexandre Korda en grande partie grâce à ce film.

Autre adaptation de l’histoire de Lady Hamilton :
The Divine lady de Frank Lloyd (1929) avec Corinne Griffith et Victor Varconi
Les amours de Lady Hamilton de Christian-Jacque (1968) avec Michèle Mercier et Richard Johnson

7 février 2011

Michael Clayton (2007) de Tony Gilroy

Michael ClaytonLui :
Ancien policier, Michael Clayton est employé par un très gros cabinet d’avocats pour arranger les situations délicates. Quand le meilleur avocat du cabinet, en charge d’un énorme dossier d’une multinationale d’agrochimie, craque et semble prêt à se retourner contre son puissant client, c’est lui qui se retrouve en première ligne d’une sombre affaire de substance toxique… Dès le début du film, inutilement verbeux, Tony Gilroy s’amuse à embrouiller le spectateur. Il semble vouloir faire de son histoire, somme toute assez simple, une sorte de kaléidoscope avec moult digressions inutiles. Résultat, le film manque singulièrement de rythme et n’est finalement guère captivant. Les acteurs ne semblent d’ailleurs pas vraiment convaincus non plus (même l’excellent Tom Wilkinson n’est pas dans son personnage). Ils semblent pressés d’en finir. Nous aussi…
Note : 1 étoile

Acteurs: George Clooney, Tom Wilkinson, Sydney Pollack, Tilda Swinton
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6 février 2011

Le ruban blanc (2009) de Michael Haneke

Titre original : « Das weiße Band – Eine deutsche Kindergeschichte »

Le ruban blanc Elle : Note : 5 étoiles

Lui :
Dans un village d’Allemagne à la veille de la Première Guerre mondiale, d’étranges incidents surviennent, un câble tendu entre deux arbres pour faire chuter le docteur, le fils d’un riche propriétaire roué de coups, des incidents qui ressemblent à un rituel punitif… Le titre original (« Le ruban blanc, une histoire allemande d’enfants ») nous met sur la voie : Michael Haneke nous montre les enfants qui vont écrire les pages les plus noires de l’Histoire de l’Allemagne deux ou trois décennies plus tard et comment l’éducation rigide qu’ils ont reçue peut faire partie des explications. Le Ruban Blanc est non seulement un film dénonçant l’éducation trop stricte, il montre aussi comment l’établissement d’un idéal en tant que dogme peut engendrer des véritables monstres. L’atmosphère du film est assez lourde, austère, presque carcérale, s’appuyant sur une image en noir et blanc, aux intérieurs très sombres, très noirs. Cette noirceur est omniprésente, Le ruban blanc elle contraste avec cet idéal symbolisé par ce ruban blanc que l’on porte en brassard (le parallèle possible avec un futur brassard n’est pas innocent). On peut reprocher peut-être à Haneke d’avoir un peu complexifié son récit (de plus, la voix-off qui explique beaucoup de choses est un peu dure à suivre) mais c’est un film qui mérite une certaine réflexion après sa vision pour en saisir bien tout le sens et toutes les implications.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Christian Friedel, Leonie Benesch, Ulrich Tukur, Burghart Klaußner, Rainer Bock
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