9 décembre 2009

Le cirque (1928) de Charles Chaplin

Titre original : « The circus »

The CircusElle :
(pas vu)

Lui :
Quatrième long métrage de Charles Chaplin, Le Cirque a souvent été considéré comme mineur dans sa filmographie. Pourtant, au-delà de l’aspect purement comique, le film contient une réelle réflexion sur la comédie et l’art de faire rire : ce vagabond, qui se retrouve engagé dans un cirque, fait rire le public de manière involontaire. Quand il cherche vraiment à faire rire, ou quand il est triste, il n’y parvient pas. Après un prologue au rythme très enlevé, avec une belle course poursuite où Charlot se retrouve dans un labyrinthe de miroirs, le rythme devient plus calme et posé. Se déroulant presque intégralement en un lieu unique, Le Cirque est finalement un film très cohérent (1). Le tournage fut difficile et mouvementé (2). Il fut aussi périlleux car la scène où il est enfermé dans la cage du lion a été réalisée sans trucage et a nécessité de nombreuses prises. Sous son apparente simplicité, Le Cirque est un film très complet.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Merna Kennedy, Allen Garcia, Harry Crocker
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En 1970, Charlie Chaplin a ressorti Le Cirque avec sa musique originale et une chanson de générique, Swing Little Girl, qu’il chante lui-même à 80 ans (sur quelques images prises au milieu du film).

(1) Le remarquable documentaire anglais Unknown Chaplin (Chaplin inconnu) de Kevin Brownlow (1982) montre une longue scène que Chaplin n’a pas retenue. Effectivement, elle est dans un style très différent et montre Chaplin sortant en ville avec Merna Kennedy où ils rencontrent Rex, le rival. Il s’en suit quelques scènes amusantes notamment dans un café avec un duo de catcheurs frères jumeaux.
(2) Le tournage fut interrompu plusieurs fois à la suite d’incendies et surtout à cause de la demande de divorce de Lita Grey qui, poussée par sa famille et ses avocats, s’arrangea pour diffuser à la presse des détails sordides. Ce fut un lynchage médiatique sans précédent et les ligues puritaines firent interdire les films de Chaplin dans plusieurs états. Très affecté, Chaplin ne reprit le tournage qu’après plusieurs mois d’arrêt. Il avait pris des cheveux blancs et on dut lui teindre pour qu’ils soient ‘raccord’. D’autres auraient eu leur carrière brisée, mais pas Chaplin. La sortie du film The Circus un an plus tard fut un triomphe.

8 décembre 2009

La ruée vers l’or (1925) de Charles Chaplin

Titre original : « The Gold Rush »

La ruée vers l'orElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Après l’échec commercial de son second long métrage (L’Opinion Publique), Charles Chaplin revient plus près du style burlesque qui l’a fait connaître, cette fois dans le cadre de la ruée vers l’or en Alaska. Il renouera effectivement avec le succès, plusieurs scènes passant dans la légende avec, au premier rang, la célèbre danse des petits pains. S’il n’a pas, du moins en apparence, la profondeur de The Kid ou de certains de ses films ultérieurs, La Ruée vers l’Or traite de la solitude, du rejet et de la fragilité de la fortune. Dépassant la simple virtuosité de style, Chaplin parvient une fois de plus à mêler l’humour pur à la profonde mélancolie de son personnage. Le film ne semble pas avoir vieilli. S’il n’est probablement pas le plus grand film de Charles Chaplin, La Ruée vers l’Or reste un grand classique du cinéma qui se revoit toujours avec grand plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Georgia Hale, Mack Swain
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Remarques :

1. Charles Chaplin ressortira La Ruée vers l’Or en 1942, composant une nouvelle musique et supprimant les intertitres pour commenter lui-même en voix off (dans la version française, c’est Henri Virlojeux). Ce commentaire est un peu trop présent par moments mais donne un rythme plus soutenu. Certaines scènes furent coupées, notamment au début du film et le baiser final ; Chaplin a également modifié une scène (le petit billet doux de Georgia est directement adressé à Charlot), probablement pour renforcer la sincérité du personnage de Georgia et être ainsi plus cohérent avec la fin. Longtemps, la version de 1942 a été en bien meilleur état que la version de 1925, dont les copies existantes étaient fort rares. Cette dernière a maintenant été restaurée et il est donc préférable de voir celle-ci.

2. Le tournage de La Ruée vers l’Or commença en extérieurs dans la Sierra Nevada où Chaplin fit construire à grand frais le village des prospecteurs et surtout tourna la fameuse scène époustouflante du tout début où l’on voit une file ininterrompue de prospecteurs gravir la montagne enneigée. Après plusieurs mois, du fait des nombreux problèmes techniques, le tournage dut être repris en studio. Hormis cette scène du tout début, Chaplin ne garda qu’une autre courte scène où il glisse sur une pente !

3. Chaplin changea aussi de personnage principal féminin. Alors qu’il avait commencé avec Lita Gray (qu’il épousa plus ou moins de force pendant le tournage car elle était enceinte), en studio, il reprit tout avec Georgia Hale.

4. La fameuse danse des petits pains est originellement un petit numéro de Fatty Arbuckle que l’on voit dans Rough House (1917) avec également Buster Keaton. Chaplin donne toutefois à ce numéro une tout autre dimension. La cabane en équilibre instable serait quant à elle présente dans un court métrage d’Harold Lloyd.

7 décembre 2009

Le vagabond (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « The Tramp »
Autre titre français : « Charlot vagabond »

The TrampElle :
(pas vu)

Lui :
(Court métrage de 32 minutes) The Tramp est souvent présenté comme le film où Chaplin crée le personnage de Charlot le Vagabond tel qu’on le connaît. C’est en grande partie exact mais il faut savoir que Chaplin avait utilisé un habillement similaire (chapeau melon, pantalon trop large, godillots usés) dès son deuxième film avec Mack Sennett l’année précédente : Mabel’s strange predicament. Il a ensuite utilisé de plus en plus ce costume. Un an plus tard, alors qu’il vole de ses propres ailes chez Essanay, il introduit le personnage de vagabond un peu en marge de la société, au grand cœur et toujours prêt à venir en aide. Ici, il sauve une jeune fille des griffes de trois malfrats à la mine patibulaire et va ensuite travailler à la ferme de son père. L’humour reste dans le registre Mack Sennett mais va aussi beaucoup plus loin car Chaplin commence à introduire un peu de pathos. Il a aussi une façon de regarder la caméra avec une infinie tristesse qui ne peut qu’interpeller le spectateur. Le succès fut immense, le public adopta immédiatement ce personnage de vagabond avec sa silhouette si facilement reconnaissable. Vu aujourd’hui, Charlot Vagabond reste un plaisir à regarder : un court métrage très amusant, vif et bien enlevé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Lloyd Bacon
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Ne pas confondre :
Le Vagabond (The Tramp) réalisé en 1915 pour Essanay et
Charlot Musicien (The Vagabond) réalisé en 1916 pour la Mutual qui a été parfois diffusé en France sous le titre Le Vagabond (par Film Triomphe notamment)…
Ceci dit, ces deux courts-métrages ont certains points communs. Le premier film est celui dans lequel Chaplin a vraiment introduit le personnage du vagabond et son habillement. Le second s’inscrit donc dans la ligne du premier.

La filmographie de Charles Chaplin dans ses grandes lignes :
* 1914 : 35 courts métrages pour la Keystone avec Mack Sennett qui l’a découvert (certains sont réalisés par lui).
* Janv. 1915 – Fev. 1916 : 14 courts métrages pour Essanay (il réalise maintenant lui-même tous ses films)
* Mars 1916 – Sept 1917 : 12 courts métrages pour la Mutual (Chaplin dira plus tard qu’il s’agit de la période la plus heureuse en terme d’inspiration de sa carrière)
* 1918 – 1923 : 7 courts métrages et premier long métrage (The Kid) pour First National
* 1923 – 1977 : 10 longs métrages pour les Artistes Associés dont il est l’un des membres fondateurs (victime du maccarthisme et exilé de force, il vit et tourne en Europe à partir de 1952).

6 décembre 2009

Voyage au Paradis (1921) de Fred C. Newmeyer

Titre original : Never weaken

Never Weaken
(Court métrage de 29 minutes) Voyage au Paradis (Never Weaken) est le dernier court-métrage tourné par Harold Llyod ; après celui-ci, il ne tournera que des longs métrages. Il est intéressant car il préfigure Safety Last (1). Pourtant, la première partie de Never Weaken est très classique, tout à fait dans le style des comédies de Mack Sennett quelques années auparavant. Elle reste très amusante mais quand Harold Lloyd se retrouve malgré lui, yeux bandés, assis sur une chaise elle-même sur une poutrelle qui se dandine au bout d’un filin à vingt mètres du sol (2), Never Weaken le film prend une autre tournure. Harold Lloyd effectue alors un fabuleux numéro d’équilibriste sur les poutrelles d’un building en construction, une partie absolument terrifiante car les éléments auquel il se raccroche se dérobent toujours (3). C’est épouvantable! Never Weaken est l’un des courts métrages les plus saisissants d’Harold Lloyd.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis
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(1) Safety Last (Monte là-dessus !) est le film où Harold Lloyd est suspendu aux aiguilles d’une horloge en haut d’un building.
(2) Essayez donc un peu d’imaginer quel enchaînement d’évènements peut faire que l’on se retrouve dans une situation pareille…
Never Weaken(3) Pour bien apprécier ces scènes, il faut se rappeler qu’à l’époque les incrustations ne se faisaient pas. Certes, on pouvait jouer devant une toile peinte mais là on voit les voitures rouler en contrebas, les gens marcher : tout bouge! C’est cela qui était terrifiant et qui l’est toujours d’ailleurs. Pas de trucages possibles, l’arrière-plan est bien réel…
L’astuce était de jouer sur la perspective à un endroit de Los Angeles où une petite colline barrait une avenue. En plaçant de petites bâtisses sur ce monticule, on se trouvait au même niveau que les derniers étages des buildings de l’avenue. Donc, Harold Lloyd n’était pas à vingt mètres du sol. Il était tout de même assez haut pour se faire très mal (Buster Keaton qui a tourné au même endroit une scène de Les Trois Âges s’est retrouvé à l’hôpital après une chute). D’ailleurs, Harold Lloyd était doublé par un cascadeur dans certaines scènes. Le secret fut bien gardé et le cascadeur ne l’a révélé qu’après la mort d’Harold Lloyd.
L’autre solution, également employée ici, était de se placer au sommet d’un building existant, en construisant là aussi un élément de décor, une fausse façade par exemple.
Hill Street Tunnel
Ci-contre : Photo du Hill Street Tunnel à Los Angeles peu après qu’il fut percé au début du XXe siècle. La photo donne une bonne idée des possibilités offertes. Le tunnel n’existe plus aujourd’hui, la colline a été aplanie dans les années cinquante.

Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
Feet First (1930), long métrage (parlant)
Et pourtant, on se souvient aujourd’hui d’Harold LLoyd en premier pour ces scènes. Elles ont beaucoup marqué les esprits.

5 décembre 2009

L’avare (TV) (2007) de Christian de Chalonge

L'avareElle :
(pas vu)

Lui :
Réalisée pour la chaîne de télévision France 3, cette adaptation de L’Avare de Molière a bénéficié d’un bon budget et d’un acteur de premier plan qui connaît le rôle pour l’avoir déjà interprété vingt ans auparavant (dans un style différent toutefois), Michel Serrault. Cette transposition a été tournée dans les intérieurs sombres d’un ancien cloître et ne cherche aucunement à mettre en avant les aspects comiques de la pièce mais crée une atmosphère lourde et dramatique qui semble peser comme une chape sur l’austère demeure du Sieur Harpagon. Il en résulte une tension, ferme et permanente, qui renforce le côté tragique de la pièce. Michel Serrault livre une belle prestation, sans charger son personnage et il est bien soutenu par de bons acteurs dont Cyrille Thouvenin et Micha Lescot qui se révèlent convaincants. L’Avare de Christian de Chalonge est une transposition fort réussie du théâtre au grand (et petit) écran.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Serrault, Cyrille Thouvenin, Micha Lescot, Fanny Valette, Louise Monot
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Autres adaptations à l’écran (ou pièce filmée) :
L’avare de Georges Mélies (1908)
L’avare (TV) de Robert Valey (1966) avec Jean Vilar et Jean-Pierre Cassel
L’avare (TV) de René Lescot (1973) avec Michel Aumont, Francis Huster et Isabelle Adjani
L’avare (TV) de Jean Pignol (1978) avec Henri Virlojeux
L’avare de Jean Girault (1980) avec Louis de Funès
L’avare (TV) de Yves-André Hubert (2001) avec Gérard Giroudon

4 décembre 2009

Le diable et les 10 commandements (1962) de Julien Duvivier

Le diable et les 10 commandementsElle :
(pas vu)

Lui :
Vers la fin de sa carrière, Julien Duvivier tourne ce film à sketches très léger, bien plus léger (et dans tous les sens du terme) en tout cas que ses autres films. Il n’y a que sept sketches car deux d’entre couvrent plusieurs commandements. Le casting est impressionnant. Côté écriture, il l’est tout autant avec Maurice Bessy, René Barjavel, Henri Jeanson et Michel Audiard. Et pourtant, Le diable et les dix commandements est loin de tenir ses promesses, l’ensemble paraissant très superficiel, assez anodin. Le film se contente de jouer (très) gentiment la carte anticléricale mais reste dans un registre bon enfant. Le moment le plus fort est lors du face à face poignant entre Aznavour et Ventura. Le jeune Alain Delon fait aussi une belle interprétation, pleine de mélancolie. Michel Simon cabotine, Fernandel en revanche est tout en retenue dans le sketch le plus étrange et inattendu, assez fort lui aussi. Très inégal, ce film de Julien Duvivier montre, une fois de plus, à quel point il n’est pas facile de faire un film assez fort avec tant d’acteurs connus. Ce n’était sans doute pas son but toutefois mais, même en tant que pur divertissement, il parait un peu mince.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Micheline Presle, Alain Delon, Charles Aznavour, Lino Ventura, Fernandel, Jean-Claude Brialy, Louis de Funès, Danielle Darrieux, Madeleine Robinson, Noël Roquevert, Jean Carmet, Mel Ferrer, Claude Dauphin, Marcel Dalio, Maurice Biraud
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Les sketches :
1) Tu ne jureras point avec Michel Simon et Lucien Baroux
2) Tu ne convoiteras point, Luxurieux point ne seras et L’œuvre de chair ne désireras qu’en mariage seulement avec Micheline Presle, Françoise Arnoul, Mel Ferrer et Marcel Dalio (courtes apparitions lors de la soirée de Claude Piéplu et Marie-France Pisier)
3) Tu ne tueras point avec Charles Aznavour, Lino Ventura et Maurice Biraud
4) Un seul Dieu tu adoreras avec Fernandel, Germaine Kerjean et Gaston Modot
5) Tes père et mère honoreras et Tu ne mentiras point avec Alain Delon, Danielle Darrieux, Madeleine Robinson et Georges Wilson (courte apparition sur la scène de théâtre de Dominique Paturel)
6) Tu ne déroberas point avec Jean-Claude Brialy, Louis de Funès, Noël Roquevert, Jean Carmet
7) Les dimanches tu garderas avec à nouveau Michel Simon et Lucien Baroux.
Le diable en voix off est interprété par Claude Rich.

3 décembre 2009

2000 films…

2000 films2000 films…
Fiancées en folie (alias Seven chances), film de Buster Keaton de 1925, a été le 2000e film chroniqué sur ce blog… Et de façon presque concomitante, L’Oeil sur L’Ecran a maintenant 5 années d’existence (non, il ne faut pas faire la division… car nous avons commencé à noter nos impressions sur les films en l’an 2000).

Je suis heureux que ce chiffre rond soit tombé sur un Buster Keaton : la personne qui m’a vraiment initié au cinéma était grand amateur (entre autres) des films de Keaton et je les ai donc vus très jeune dans le petit ciné-club de mon lycée…

Merci à nos lecteurs pour leur indulgence et les petits mots d’encouragement. L’un d’entre eux nous aide très gentiment à retrouver bon nombre d’affiches originales, beaucoup sont superbes. Qu’il en soit ici chaleureusement remercié.

Rendez-vous pour les 3000…
Si mes calculs sont bons, ce ne sera pas avant 2014.
Gasp!

Remarque :
L’image ci-dessus est une capture d’écran de l’index. Cliquer sur l’image (ou sur le lien dans la colonne de gauche) pour y accéder. Ce nombre est automatiquement mis à jour…

[Ajout 2020] J’ai laissé passer la 3000e chronique… mais pas la 5000e. Lire…

3 décembre 2009

Fiancées en folie (1925) de Buster Keaton

Titre original : « Seven chances »

Seven ChancesLui :
Le jeune Jimmie Shannon apprend qu’il hérite d’une somme rondelette à la condition qu’il soit marié avant le soir de ses 27 ans, en l’occurence le jour même. Il ne lui reste donc que quelques heures pour trouver une femme qui accepte de l’épouser. La première partie de Fiancées en Folie est amusante mais sans être vraiment marquante ; la seconde partie, en revanche, est du meilleur Keaton, mêlant démesure et périlleuses acrobaties. Le film est célèbre pour l’image de la horde de femmes en robe de mariée lancées à la poursuite de Buster Keaton. L’acteur/réalisateur va encore plus loin dans l’impression de masse humaine que dans Cops, son court métrage de 1922 où il était poursuivi par des centaines de policiers. Alors que les mariées occupent déjà tout l’écran et que l’on est abasourdi par la quantité, une vague supplémentaire entre par un côté de l’écran, puis une autre, c’est un raz de marée qui dévaste tout sur son passage! Il s’ensuit une folle course-poursuite où Keaton montre une fois de plus ses talents acrobatiques et ses capacités sportives, car il court vite ! Une autre scène célèbre (et impressionnante) est celle où il dévale une pente poursuivi par d’énormes rochers. Pendant longtemps, Fiancées en Folies a été considéré parmi les films plus mineurs de Keaton. Il a été vraiment redécouvert dans les années soixante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, T. Roy Barnes, Snitz Edwards, Ruth Dwyer
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Remarques :
1. La scène des rochers n’était pas prévue. Keaton l’a rajoutée après avoir vu la réaction d’un public de test à un premier montage. Les rochers ont beau être en papier-maché, Keaton eut tout de même des marques sur tout le corps pendant plusieurs mois car, comme on le voit à l’écran, il ne parvient pas toujours à les éviter.
2. Dans la scène où il s’abrite sous un rocher pour laisser passer les autres rochers au dessus de lui, on le voit à un moment faire un signe de la main sur son cœur pour montrer qu’il a eu peur. C’est étonnant de sa part, lui qui fait toujours attention à ne montrer aucune émotion. Il a du vraiment avoir peur.
3. Fiancées en folie comportait une scène en Technicolor bichrome au tout début (2 minutes env.) Le procédé utilisé était d’avoir deux négatifs superposés, l’un en vert, l’autre en rouge. Il nous est possible de voir ce passage en couleurs depuis peu, sur les versions DVD notamment. Hélas, le vert a presque totalement disparu et il est difficile d’imaginer ce que cela pouvait donner à l’époque.
4. La standardiste du Country Club est la toute jeune Jean Arthur. Celle qui allait devenir une star faisait alors ses débuts dans des tous petits rôles. La femme en voiture à laquelle Keaton tente de faire une déclaration en roulant à côté d’elle est Constance Talmadge (très grande star du muet et belle-soeur de Keaton).
5. La scène ou Keaton suit une jeune femme et s’enfuit quand elle se retourne car il voit qu’elle est noire peut nous choquer aujourd’hui par son côté raciste mais il faut garder à l’esprit qu’il n’aurait pas pu l’épouser de toutes façons : le mariage inter-racial était alors illégal (ce n’est qu’en 1948 que les lois ségrégationnistes seront abrogées).

1 décembre 2009

Charlot et le masque de fer (1921) de Charles Chaplin

Titre original : « The idle class »

Charlot et le masque de ferLui :
(Court métrage de 32 mn) Dans The Idle Class (littéralement « La classe oisive »), Charles Chaplin joue sur le décalage entre riches et pauvres pour mieux le mettre en évidence. Il interprète deux rôles : d’une part l’habituel Charlot le vagabond et d’autre part un homme riche, distrait, porté sur la boisson. Le premier est le sosie de l’autre et, bien entendu, des quiproquos sont à prévoir… Tourné peu après la sortie de The Kid, son premier long métrage, The Idle Class fait partie des derniers courts métrages de Chaplin. Charlot et le masque de ferSi certains côtés peuvent paraître trop classiques ou habituels, il est néanmoins très bien construit, en grande partie grâce à l’astuce du masque de fer qui permet de faire se rencontrer les sosies. Il comporte aussi certains excellents gags, entre autres le pantalon, le shaker (superbe gag…!), le dormeur sur le terrain de golf. La seconde partie dans la soirée costumée a moins de surprises à nous offrir mais l’ensemble reste de bon niveau et surtout très amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Mack Swain, Henry Bergman
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