7 octobre 2009

Du sang dans le désert (1957) de Anthony Mann

Titre original : « The tin star »

Du sang dans le désertElle :
(pas vu)

Lui :
Du sang dans le désert, derrière ce titre français qui fait plutôt sourire se cache un western d’un très beau classicisme. Un ex-sheriff désillusionné devenu chasseur de primes (Henry Fonda) prend sous son aile un tout jeune sheriff (Anthony Perkins) qui, du fait de son inexpérience, a toutes les chances de ne pas rester en vie très longtemps. Il lui enseigne les ficelles du métier et le jeune élève ne va tarder à devoir mettre les leçons en pratique. Le scénario n’est donc pas franchement original, on retrouve le thème de la transmission de l’ancien, calme et perspicace, au jeune idéaliste et impétueux avec en accompagnement bon nombre de poncifs du western du côté des personnages secondaires. Cependant, le film est très attachant, même assez enthousiasmant, d’abord par sa forme, un beau noir et blanc avec une image très précise, une grande pureté dans la mise en scène sans esbroufe d’Anthony Mann, et aussi par une interprétation à la fois sobre et puissante avec, au premier rang, un Henry Fonda qui montre une grande présence à l’écran. Tout cela contribue à donner une indéniable profondeur à l’histoire et aux personnages. Du sang dans le désert est un western qui fait preuve d’un superbe classicisme et qui mérite de figurer parmi les meilleurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Anthony Perkins, Betsy Palmer, Neville Brand, John McIntire, Lee Van Cleef
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Mann sur le site IMDB.

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5 octobre 2009

Le tour du monde en 80 jours (1956) de Michael Anderson

Titre original : « Around the world in eighty days »

Le tour du monde en 80 joursElle :
(pas vu)

Lui :
Adaptation du roman de Jules Verne, Le Tour du Monde en 80 jours fut l’une des plus grosses productions hollywoodiennes des années cinquante. En grande partie tourné en studio, il a nécessité cent quarante décors différents, soixante-neuf mille figurants et huit mille cinq cent animaux. L’idée du producteur Michael Todd était aussi de mettre en avant son nouveau système de cinéma en 70mm et le roman de Jules Verne lui offrait une belle occasion de présenter de vastes scènes fastueuses dans des registres forts différents suivant les pays traversés. Il n’y a pas vraiment de suspense sur le voyage en lui-même, ce Tour du Monde en 80 jours est donc surtout un spectacle. Technicolor est merveilleusement utilisé, notamment dans la traversée des Etats-Unis. Le film semble forcément un peu daté aujourd’hui, cet attrait de la découverte de pays lointains étant plus émoussé. Quelques longueurs se font sentir ici et là comme dans la scène de la corrida qui paraît interminable. L’ensemble reste plaisant. British jusqu’au bout des ongles, David Niven incarne un parfait Phileas Fogg.
Note : 3 étoiles

Acteurs: David Niven, Cantinflas, Shirley MacLaine, Robert Newton
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Anderson sur le site IMDB.
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Remarque :
Le Tour du Monde en 80 jours comporte un grand nombre de courtes apparitions d’acteurs célèbres (« cameos ») :
Parmi les plus connus, on peut citer Martine Carol, Fernandel, Charles Boyer, Luis Miguel Dominguín, Charles Coburn, Peter Lorre, George Raft, Marlene Dietrich, John Carradine, Frank Sinatra, Buster Keaton, John Gielgud, Trevor Howard.

Mais il y a aussi : A.E. Matthews, Alan Mowbray, Andy Devine, Basil Sydney, Beatrice Lillie, Cesar Romero, Tim McCoy, Edmund Lowe, Edward R. Murrow, Evelyn Keyes, Finlay Currie, Glynis Johns, Harcourt Williams, Hermione Gingold, Jack Oakie, Joe E. Brown, John Mills, José Greco, Melville Cooper, Mike Mazurki, Noel Coward, Red Skelton, Reginald Denny, Richard Wattis, Robert Morley, Ronald Colman, Ronald Squire, Cedric Hardwicke and Victor McLaglen.

L’utilisation du terme « cameo appareance » dans le cadre du cinéma viendrait d’ailleurs de ce film : certaines affiches avaient en effet aligné ces acteurs connus dans des ovales (« cameo » = « camée » en français). Le terme est toutefois d’origine plus ancienne dans le monde du théâtre.

Autres versions :
Le tour du Monde en 80 jours (Around the world in eighty days) de Frank Coraci (2004) avec Steve Coogan et Jackie Chan
+ de nombreuses adaptations télévisées dont une de Buzz Kulik avec Pierce Brosnan et Eric Idle (1989).

4 octobre 2009

J’ai toujours rêvé d’être un gangster (2007) de Samuel Benchetrit

J'ai toujours rêvé d'être un gangsterElle :
(pas vu)

Lui :
Filmé en noir et blanc, dans des décors souvent très graphiques, J’ai toujours rêvé d’être un gangster a une forme très travaillée, sans doute un peu trop. Le film reprend la formule des films à sketches des années soixante pour nous présenter quatre variations autour du thème du gangster raté ou à la retraite, l’une des saynètes étant un face à face entre Alain Bashung et Arno qui rappelle étrangement Jarmusch (1). L’ensemble ne manque pas d’humour mais n’a pas l’épaisseur que l’on aurait souhaitée. Samuel Benchetrit cherche beaucoup trop à montrer qu’il a du style, certains de ses plans sont admirables mais il appuie beaucoup trop fort sur la pédale… Ses sources d’inspirations sont visiblement nombreuses, trop nombreuses sans doute et trop disparates car le résultat manque un peu de cohérence et reste assez loin des modèles.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Anna Mouglalis, Edouard Baer, Jean Rochefort, Laurent Terzieff, Jean-Pierre Kalfon, Bouli Lanners, Serge Larivière, Alain Bashung
Voir la fiche du film et la filmographie de Samuel Benchetrit sur le site IMDB.

(1) L’une des scènes mémorables de Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch est un face à face entre Iggy Pop et Tom Waits dans un café alors qu’ils ont tous deux arrêté de fumer.

3 octobre 2009

Paris nous appartient (1961) de Jacques Rivette

Paris nous appartientElle :
(pas vu)

Lui :
Par l’intermédiaire de son frère, la jeune Anne rencontre un metteur en scène de théâtre qui monte une pièce avec très peu de moyens. Par ailleurs, la mort d’un ami guitariste, réfugié espagnol, trouble tout le monde : s’est-il suicidé ou a-t-il été assassiné par une obscure organisation politique ? Paris Nous Appartient est le premier long métrage de Jacques Rivette. Il lui a fallu faire preuve de grande ténacité pour l’achever : commencé en 1958, tourné avec des moyens de fortune, il n’est sorti qu’en 1961 (1). Le film se veut être le portrait d’une génération de jeunes intellectuels, attirés par l’art sous toutes ses formes et vivant dans l’angoisse d’une épée de Damoclès politique, le retour sournois d’un certain fascisme. Ils se sentent aussi exilés que leurs amis réfugiés et cherchent à conquérir Paris avec leur art mais sans compromission. Ils regrettent la pureté et l’innocence, ici personnalisée par la jeune Anne. Le film de Jacques Rivette n’est pas sans défaut : surtout dans sa première partie, il se perd en bavardages qui s’étirent en longueur mais la seconde moitié du film est plus enlevée avec un meilleur rythme. Rivette était alors critique aux Cahiers du Cinéma et on note les apparitions de ses amis comme Jean-Luc Godard (au générique sous son nom de plume, Hans Lucas) ou Claude Chabrol. Finalement, malgré ses longueurs et son aspect intellectualiste trop marqué, Paris Nous Appartient montre une certaine richesse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Betty Schneider, Giani Esposito, Françoise Prévost, Daniel Crohem, François Maistre, Jean-Claude Brialy
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Rivette sur le site IMDB.

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(1) Ironie de l’Histoire (ou justification du propos), le film est sorti en 1961 alors que Paris vivait dans l’angoisse des attentats de l’OAS.

2 octobre 2009

Female (1933) de William A. Wellman, Michael Curtiz et William Dieterle

FemaleElle :
(pas vu)

Lui :
Female est vraiment une belle petite curiosité. Le scénario et son traitement fleurent bon la liberté de ton qui régnait à Hollywood avant que le code Hays impose ses lois de bonne moralité. La jeune et jolie Alison Drake dirige d’une main de fer la grande compagnie de construction automobile qu’elle a hérité de sa famille. Aucun obstacle ne l’arrête et elle pousse ses employés à vendre toujours plus. Certains d’entre eux sont parfois invités le soir chez elle pour « finir une réunion ». Adapté d’un roman, le scénario joue donc sur l’inversion des genres et on imagine aisément qu’il y avait là de quoi choquer à l’époque (on peut toutefois se demander si les ligues de vertu qui s’indignèrent à la sortie du film protestaient pareillement devant les films qui montraient des directeurs-homme séduire leurs secrétaires…) Il faut dire que Female va assez loin car son héroïne est ouvertement sexiste et dénigre allègrement les schémas traditionnels, par exemple quand elle déclare que « une femme amoureuse est pitoyable »… Tout cela est d’autant plus délicieux que l’ensemble est souligné par de constantes petites touches d’humour. Le film est particulièrement court, moins de soixante minutes, et le rythme est enlevé. Bref, on dirait presque du Lubitsch… Il faut souligner la remarquable performance de Ruth Chatterton qui interprète avec une grande aisance toutes les facettes de son personnage. Produit par Henry Blanke de la First National, le film aura vu trois réalisateurs se succéder à la suite d’empêchements divers. Les décors Art déco sont remarquables, notamment le domicile d’Alison (1). Malgré une fin bâclée (2), Female est un petit bijou, il est remarquable de voir la qualité d’une telle comédie souvent considérée comme assez mineure.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ruth Chatterton, George Brent, Lois Wilson, Johnny Mack Brown, Ferdinand Gottschalk
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site imdb.com.

(1) Les extérieurs de la maison sont en réalité ceux de l’Ennis House, vaste demeure dessinée par Frank Lloyd Wright en 1923 et située près de Los Angeles (voir photos). L’intérieur est tout autre, dans le pur style Art déco. La superbe piscine est celle qui venait d’être utilisée pour un ballet aquatique de Footlight Parade quelques mois plus tôt. A noter que le thème musical, que l’on entend plusieurs fois sous des formes diverses quand Alison séduit ses amants d’un soir, est le thème de la chanson Shanghai Lil du même Footlight Parade.
(2) Pour calmer les esprits moralistes, à la fin du film, la belle Alison rentre dans le rang et devient une femme classique (elle promet d’avoir neuf enfants!)… mais cette fin est tellement bâclée et rocambolesque que l’on n’y croit pas une seconde.

1 octobre 2009

Les murs porteurs (2007) de Cyril Gelblat

Les murs porteursElle :
Une jolie réussite que ce premier long métrage de ce réalisateur de 28 ans qui témoigne d’une belle maturité. Un film sensible et touchant qui parvient à trouver le ton juste sur des thèmes pas très faciles à aborder au cinéma : la famille, la vieillesse, la perte d’identité et de mémoire et le temps qui passe. Le jeu de Miou Miou et Charles Berling dégage beaucoup de tendresse et de sincérité vis-à-vis de cette mère qui perd la mémoire. Ces murs porteurs, ce sont ceux de l’appartement de famille où chacun puise ses souvenirs, passe à une autre étape de la vie, essaie de retrouver l’équilibre. Tous les personnages du film sont en perte de repère et cherchent à donner un sens à leur vie. C’est l’amour qui les réunira.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les murs porteurs est le premier long métrage du jeune réalisateur Cyril Gelblat. Il est centré sur les thèmes de la famille, de l’identité, de la transmission et du temps qui efface. Cette famille incomplète comporte trois générations, tous se cherchent. Sur un sujet pas très facile, Cyril Gelblat fait preuve d’une délicatesse et d’une maturité étonnante et livre un film d’une grande justesse dans ses portraits, ses réflexions et questionnements. Il parvient aussi à éviter de le rendre trop sombre et triste, Les murs porteurs est finalement un film optimiste, presque réconfortant. La justesse de ton se retrouve dans le jeu des acteurs. Voilà un premier film très prometteur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Miou-Miou, Charles Berling, Giovanna Mezzogiorno, Shulamit Adar, Dominique Reymond, Anaïs Demoustier
Voir la fiche du film et la filmographie de Cyril Gelblat sur le site IMDB.