31 mai 2009

Sommaire de mai 2009

L'espion qui venait du froidL'an 01L'assassin habite au 21Correspondant 17L'agent n° 13American gangsterIl y a longtemps que je t'aimeLe Soleil

L’espion qui venait du froid

(1965) de Martin Ritt

L’an 01

(1973) de Jacques Doillon

L’assassin habite au 21

(1942) de Henri-Georges Clouzot

Correspondant 17

(1940) de Alfred Hitchcock

L’agent n° 13

(1934) de Richard Boleslawski

American gangster

(2007) de Ridley Scott

Il y a longtemps que je t’aime

(2008) de Philippe Claudel

Le Soleil

(2005) de Aleksandr Sokurov

Seuls les anges ont des ailesLes tuniques écarlatesL'homme sans âgePanique à HollywoodDeburauLa fabrique des sentimentsValse avec BachirUn nommé Cable Hogue

Seuls les anges ont des ailes

(1939) de Howard Hawks

Les tuniques écarlates

(1940) de Cecil B. DeMille

L’homme sans âge

(2007) de Francis Ford Coppola

Panique à Hollywood

(2008) de Barry Levinson

Deburau

(1951) de Sacha Guitry

La fabrique des sentiments

(2008) de Jean-Marc Moutout

Valse avec Bachir

(2008) de Ari Folman

Un nommé Cable Hogue

(1970) de Sam Peckinpah

Coeurs brûlésConfidences sur l'oreillerThe phantom lightLe voyage du ballon rougeL'heure d'étéLa légion noireL'espion noirPeau de banane

Coeurs brûlés

(1930) de Josef von Sternberg

Confidences sur l’oreiller

(1959) de Michael Gordon

The phantom light

(1935) de Michael Powell

Le voyage du ballon rouge

(2007) de Hou Hsiao-hsien

L’heure d’été

(2008) de Olivier Assayas

La légion noire

(1937) de Archie Mayo

L’espion noir

(1939) de Michael Powell

Peau de banane

(1963) de Marcel Ophüls

XXY

XXY

(2007) de Lucía Puenzo

Nombre de billets : 25

30 mai 2009

L’espion qui venait du froid (1965) de Martin Ritt

Titre original : « The spy who came in from the cold »

L'espion qui venait du froidElle :
(pas vu)

Lui :
Adapté du premier roman d’espionnage de John Le Carré, L’espion qui venait du froid nous replonge en pleine guerre froide : les services secrets britanniques organisent une fausse défection d’un de leurs agents pour porter atteinte au chef du contre-espionnage d’Allemagne de l’Est. Le scénario se déroule de façon méthodique, assez lentement au départ puisque l’on assiste assez longuement à la déchéance de l’agent secret et de sa tentative de réinsertion sociale. Les évènements s’accélèrent quelque peu ensuite. Le ton général est assez sombre : nous sommes à l’opposé de l’univers type James Bond, le monde des agents secrets est décrit ici dans sa vérité, froid, implacable, plein de tromperie, sans grande cause à défendre. Richard Burton fait une superbe interprétation de cet homme qui semble désillusionné et sans espoir, porté sur l’alcool, au bout du rouleau. Martin Ritt, cinéaste plutôt libéral, semble porter ici un regard très objectif, il ne prend pas parti, ni l’Est ni l’Ouest ne sont ridiculisés. Non, comme en témoigne la fin, c’est plus le fonctionnement aveugle et implacable des services secrets qui l’intéresse, ces services qui utilisent les hommes comme des jouets ou plus exactement des pions. L’espion qui venait du froid eut un grand succès populaire à sa sortie. Il est aujourd’hui un peu oublié. Assez injustement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Burton, Claire Bloom, Oskar Werner, Cyril Cusack, Peter van Eyck
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin Ritt sur le site IMDB.

29 mai 2009

L’an 01 (1973) de Jacques Doillon

L'an 01Elle :
Adapté de la bande dessinée de Gébé, L’an 01 reste un film agréable et intéressant à revoir aujourd’hui. Reflet d’une époque pleine de fraîcheur, d’utopies, de rêves insensés, d’innocence mais aussi de visions justes sur les excès de notre société de consommation. Doillon, Resnais et Rouch sont aux commandes et ça se sent dans la qualité de la mise en scène. Réjouissant de revoir quantité d’artistes en devenir, Depardieu, Romain Bouteille, la bande du Café de la Gare, l’équipe d’Hara Kiri, Coluche, Higelin, Béranger et j’en passe.
Note : 3 étoiles

Lui :
Au départ, il y a eu une petite bande dessinée de Gébé (5 pages dans sa toute première version, étendues ensuite à une centaine), au début des années 70, qui s’appelait l’an 01 : partant d’une description d’une société de consommation, le propos était d’aboutir à l’établissement de nouveaux principes, l’An 01, dont la première résolution était tout simplement le fameux slogan « On arrête tout ». Le film de Jacques Doillon met en images cette phase de « démobilisation générale » suivi de l’abandon de toutes les obligations, de toute forme d’autorité et de pouvoir. C’est un joyeux happening, avec une multitude de petites saynètes et de nombreux personnages, l’occasion de voir beaucoup de têtes en passe de devenir connues. Musicalement, l’essentiel de la musique est de François Béranger avec une courte apparition d’Higelin. Avec le recul, l’ensemble nous paraît gentiment utopique mais il reflète bien l’état d’esprit du début des années 70 et génère aujourd’hui une certaine nostalgie… On pourra toutefois noter que presque tout le côté écologique des réflexions de L’an 01, basé sur le thème de l’épuisement des ressources, est accepté maintenant par le grand public. La séquence qui se passe à New York a été réalisée par Alain Resnais, la scène au Niger par Jean Rouch.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Josiane Balasko, Christian Clavier, Coluche, Romain Bouteille, Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot, Miou-Miou, Martin Lamotte, Daniel Auteuil, Nelly Kaplan, Gébé, Marcel Gotlib, François Béranger, Cabu, François Cavanna, Professeur Choron, Jacques Higelin, Patrice Leconte
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Doillon sur le site imdb.com.

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28 mai 2009

L’assassin habite au 21 (1942) de Henri-Georges Clouzot

L'assassin habite... au 21Elle :
(pas vu)

Lui :
L’assassin habite au 21 est la première vraie réalisation du jusqu’à présent scénariste Henri-Georges Clouzot. C’est un coup de maître car le film est incontestablement l’un des meilleurs films policiers français des années 40. Le scénario est tiré d’un livre de Stanislas-André Steeman. Un commissaire s’introduit anonymement dans une pension de famille pour tenter de démasquer un tueur en série. L’intrigue est très ficelée et il est bien difficile de deviner par avance le coupable. Mais, au-delà du remarquable suspense, si L’assassin habite au 21 est un film qui se revoit avec autant de plaisir même quand on en connaît l’issue, c’est grâce à sa galerie de portraits. Les personnages sont hauts en couleur et l’interprétation les rend inoubliables : Noël Roquevert, Jean Tissier, Pierre Larquey, c’est un délice de les voir faire leur numéro. Mais tous les personnages sont parfaitement campés. Comme le remarque l’historien Jacques Lourcelles : « la caractérisation pittoresque et variée des différents personnages fait le lien avec le cinéma d’avant-guerre où les acteurs de second plan supplantaient souvent, en talent et en relief, les vedettes. » La vision que donne Henri-Georges Clouzot de ses personnages est assez sombre. Le rythme est soutenu, l’humour apporte un contrepoint salvateur. Ces portraits sans complaisance rendent le film impérissable.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Pierre Fresnay, Suzy Delair, Jean Tissier, Pierre Larquey, Noël Roquevert
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri-Georges Clouzot sur le site IMDB.
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Remarque :
Le personnage du commissaire Wenceslas Wens,  déjà interprété par Pierre Fresnay, était présent dans Le Dernier des Six de Georges Lacombe (1941), basé sur un roman de Steeman dont Henri-Georges Clouzot avait signé l’adaptation.

27 mai 2009

Correspondant 17 (1940) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Foreign correspondent »

Correspondant 17Elle :
(pas revu)

Lui :
Si Correspondant 17 est le deuxième film américain d’Alfred Hitchcock, c’est en réalité sa première production entièrement hollywoodienne dans l’esprit et dans les moyens. Après Rebecca, le réalisateur eut en effet un budget conséquent à sa disposition qui permit la construction de décors importants : que ce soit les scènes situées à Londres, Amsterdam ou en pleine mer, tout est fait en studio. En revanche, Hitchcock n’a pu avoir les acteurs qu’il désirait : le film policier était à l’époque un genre mineur à Hollywood, juste bon pour les films de série B, et donc Gary Cooper refusa le rôle principal. Le sujet était pourtant assez riche : un jeune reporter, spécialiste des chats écrasés, est envoyé en Europe par son patron qui espère ainsi avoir de vrais nouvelles basées sur des faits et non sur des communiqués d’ambassade. Sans le vouloir, il va se retrouver aux premières loges pour débusquer une sombre conspiration d’espionnage nazi. Correspondant 17 est donc basé sur le thème de l’innocent qui se trouve mêlé à des aventures qui le dépassent, un thème cher à Hitchcock et que l’on retrouve dans plusieurs de ses films. Foreign correspondent Ici, malgré une certaine mollesse de Joel McCrea dans le rôle principal, il parvient à livrer un film qui comporte des scènes absolument remarquables : la scène des parapluies (un assassin qui s’enfuit au milieu d’une foule filmée de haut sous la pluie), les scènes à l’extérieur et à l’intérieur du moulin à vent, le crash de l’avion en pleine mer sont des scènes inoubliables. La photographie est superbe, les éclairages sont très travaillés, l’intérieur du moulin par exemple montre une véritable perfection dans l’utilisation de la lumière. Le déroulement du scénario est ponctué de moments assez trépidants espacés par des scènes un peu plus traînantes, surtout celles avec Laraine Day où l’absence d’acteurs de premier plan se fait quelque peu sentir. Malgré l’intensité des enjeux, l’humour n’est pas absent, loin de là, notamment avec le personnage du journaliste anglais, dans lequel George Sanders excelle. Au délà de l’histoire d’espionnage, Correspondant 17 comporte un message fort, militant pour une implication des Etats-Unis dans la guerre qui venait d’éclater. La scène finale en est la preuve.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Joel McCrea, Laraine Day, Herbert Marshall, George Sanders, Albert Bassermann
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

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26 mai 2009

L’agent n° 13 (1934) de Richard Boleslawski

Titre original : « Operator 13 »

L'agent N° 13Lui :
Comme son titre nous le laisse supposer, L’agent n°13 est un film d’espionnage mais il est original dans le sens où il se passe pendant la Guerre de Sécession : la belle Gail Loveless (son nom est déjà tout un programme…) est envoyée dans la bonne société sudiste pour connaître à l’avance les plans militaires des Confédérés. Cette Mata-Hari yankee va trouver face à elle un beau capitaine soupçonneux… Mais ce n’est pas vraiment Gary Cooper qui est remarquable dans L’agent n°13 : il est en effet plutôt effacé, avec un jeu tout en retenue qui a ici du mal à s’épanouir. C’est Marion Davies qui crève l’écran, multiplie les numéros de charme et se démène pendant le premier tiers du film à passer pour une lingère noire, toute grimée, avec un accent du Sud à couper au couteau. L'agent N° 13 Même si le résultat est peu crédible, elle nous fait là un beau numéro. Marion Davies est une actrice pas toujours très estimée par les cinéphiles car elle a été longtemps la maîtresse de Randolph Hearst (mais cette liaison a, par certains aspects, plus desservi que servi sa carrière). Elle montre ici son talent. En prime, elle nous chante une chanson très amusante au début du film (1). Musicalement, l’Agent n°13 nous offre l’apparition en plein milieu du film des Mills Brothers dans un minstrel show avec deux morceaux absolument enchanteurs (2). Au final, L’agent n°13 se révèle être assez prenant, sans temps mort grâce à un scénario riche. On se demande pourquoi le film n’a pas bien marché à l’époque. Peu connu, il mérite d’être découvert.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marion Davies, Gary Cooper, Jean Parker, Katharine Alexander
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Boleslawski sur le site IMDB.

(1) Marion Davies chante The Colonel, the Major and the Captain où elle fait un numéro vraiment amusant avec ses chapeaux.
(2) Les Mills Brothers est un quatuor vocal noir que l’on peut définir comme étant à cheval entre le jazz et la musique populaire. Dans le film, ils sont présents tous les quatre ; l’un d’entre eux décèdera quelques mois plus tard. Ils interprètent deux morceaux : Sleepy Head et Jungle Fever.

25 mai 2009

American gangster (2007) de Ridley Scott

American GangsterElle :
(pas vu)

Lui :
American Gangster retrace la trajectoire d’un gangster noir qui dut son ascension, au tout début des années 70, à un important trafic d’héroïne dont il inonda New York. Franck Lucas est un personnage réel, franc-tireur parmi les truands, qui trouva en face lui un policier tout aussi franc-tireur et surtout obstiné. Denzel Washington interprète merveilleusement bien ce gangster assez sûr de lui et la reconstitution de l’univers des années 70 est particulièrement réussie assise sur une mise en scène plutôt précise. Alors pourquoi s’ennuie t-on et trouve t-on si longues les quelques 2h30 que dure le film ? Sans doute est-ce parce que l’histoire n’est finalement pas très passionnante en soi, elle a un petit goût de déjà vu, et surtout parce que l’ensemble est très froid, ne laisse passer aucun sentiment ; nous restons vraiment spectateur. Ridley Scott a certainement voulu inscrire son film dans la lignée des Scarface ou Les Affranchis, mais hélas American Gangster reste loin de ses modèles.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Denzel Washington, Russell Crowe, Chiwetel Ejiofor, Lymari Nadal, Ted Levine, Carla Gugino
Voir la fiche du film et la filmographie de Ridley Scott sur le site IMDB.

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24 mai 2009

Il y a longtemps que je t’aime (2008) de Philippe Claudel

Il y a longtemps que je t'aimeElle :
Il y a longtemps que je t’aime se révèle être un excellent film et Philippe Claudel, l’écrivain, un très bon réalisateur. Mise en scène sobre, pudique et délicate pour un sujet grave et tabou qui remue au plus profond de soi. Kristin Scott Thomas et Elsa Zilberstein font une interprétation remarquable et sensible des retrouvailles de ces deux sœurs au bord du gouffre. Juliette, après 15 ans d’emprisonnement pour meurtre, retrouve la liberté et sa sœur brisée, elle aussi, par cette histoire tragique. On assiste par petites touches à la lente reconstruction de ces deux femmes. La réinsertion professionnelle et sociale ne va pas de soi ; il faut abattre des montagnes pour faire changer le regard des autres. La complicité des deux sœurs est très émouvante, chacune attendant patiemment l’une de l’autre que la glace se brise, que l’étau se desserre pour libérer les souffrances du passé et expliquer ses actes.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour sa première réalisation, l’écrivain Philippe Claudel a non pas adapté l’un de ses livres mais écrit un scénario original sur une femme recueillie à sa sortie de prison par sa sœur qu’elle n’avait plus vue depuis quinze ans. Elles devront réapprendre à se parler, à se connaître, à s’estimer mutuellement. C’est un thème que l’écrivain connaît bien puisqu’il y a été professeur dans les prisons pendant de nombreuses années. Il parvient à faire un film bouleversant, à la fois fort et délicat, et surtout profondément humain. On connaissait déjà le talent de Kristin Scott Thomas pour interpréter des rôles complexes et elle le montre ici une fois de plus. Face à elle, lsa Zylberstein enrichit le film par son jeu en petites touches qui transcrit parfaitement toute la fragilité de son personnage ; cela donne à Il y a longtemps que je t’aime cette légère instabilité, cette impression de marcher sur fil tendu. Philippe Claudel signe là un film d’une grande force. Seul bémol à cette belle réussite, une fin autant inutile que peu crédible.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Kristin Scott Thomas, Elsa Zylberstein, Serge Hazanavicius, Laurent Grévill, Frédéric Pierrot
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23 mai 2009

Le Soleil (2005) de Aleksandr Sokurov

Titre original : « Solntse »

Le SoleilElle :
Un film original de par son sujet. Sokurov ne cherche pas à analyser les ambiguïtés et le rôle historique de l’Empereur Hirohito lors de la deuxième guerre mondiale. Il s’intéresse davantage à l’homme qu’il est, en tant qu’homme de pouvoir vénéré comme un dieu soleil au moment où le Japon connaît la défaite. Hirohito est prisonnier de codes rigides tout comme les chambellans qui l’accompagnent. Multitude de courbettes mécaniques et de politesses à l’image d’un Japon sclérosé dans ses traditions. L’homme est presque touchant tant il vit dans une bulle comme un enfant, à l’écart de la tragédie qui se joue. C’est la reddition aux américains qui va lui faire perdre son aura et le transformer en être humain. Peu de dialogues ; c’est une lente métamorphose qui se concentre sur les scènes du quotidien, les gestes et les tics de l’empereur. Une belle mise en scène sépulcrale accompagne cette renaissance.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le Soleil évoque le destin de l’Empereur du Japon Hirohito au moment il doit accepter la capitulation face aux américains en août 1945. Le film d’Alexandre Sokurov n’a cependant rien d’un film historique classique ; en fait, le cinéaste russe a choisi de nous immerger dans l’univers étroit et fermé de l’Empereur pour mieux comprendre quelle a pu être son influence sur le déroulement de la seconde guerre mondiale (sa responsabilité réelle est toujours controversée). Nous suivons donc l’Empereur sur quelques jours, assistons aux cérémonials codifiés de sa vie quotidienne. L’Empereur a un statut de demi-dieu dans la civilisation japonaise, il vit dans palais/bunker, totalement coupé du monde extérieur, surprotégé. Petit à petit, nous pénétrons dans son univers et avons l’impression de faire corps avec lui. Sa rencontre avec le Général MacArthur est délicate tant ils semblent vivre dans deux mondes différents. L’acteur Issei Ogata a fait un travail remarquable pour personnifier « celui qui ne doit pas être personnifié ». Face à lui, le général MacArthur (interprété par un acteur assez jeune alors que MacArthur avait 65 ans à l’époque) n’a aucune prestance ni aucune présence, certainement un choix volontaire du réalisateur pour accroître l’abîme qui les sépare. Le Soleil se déroule vraiment très lentement, surtout dans sa première partie, mais au final se révèle être assez fort.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Issei Ogata, Robert Dawson, Shirô Sano, Shinmei Tsuji 
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22 mai 2009

Seuls les anges ont des ailes (1939) de Howard Hawks

Titre original : « Only angels have wings »

Seuls les anges ont des ailesElle :
(pas vu)

Lui :
Au pied de la Cordillère des Andes, un petit groupe d’aviateurs prennent de gros risques pour assurer le transport du courier. A la tête de cette petite compagnie d’aviation, Geoff (Cary Grant) ne voit pas d’un bon œil l’arrivée d’une jeune et jolie chorus girl (Jean Arthur). Howard Hawks a bien insisté sur le fait que cette histoire était entièrement basée sur des faits réels, les personnages, les évènements aussi bien que le lieu, « un petit port de la Grace Line en Amérique su Sud ». Passionné d’aviation et lui-même pilote, il s’est beaucoup investi dans ce film et Seuls les Anges ont des Ailes est probablement le premier film parfaitement abouti du réalisateur, le premier d’une longue série. Tout en étant simple en apparence, le scénario est extrêmement riche car il développe toute une palette de sentiments sur une base de deux thèmes forts : un groupe d’hommes soudé face au danger et la guerre des sexes. Le tour de force de Hawks est d’exposer toute cette richesse dans un univers très restreint : un petit groupe de baraques autour d’un terrain d’aviation de fortune. A aucun moment, on ne ressent cette étroitesse tant l’action qui se déroule devant nous est prenante ; rarement, la notion de danger, de péril n’a été si bien transcrite à l’écran. Ce cocktail parfaitement réussi aurait pu l’être sans doute plus encore : Cary Grant interprète magnifiquement son rôle mais un autre acteur plus profond et intensif l’aurait sans doute porté plus haut. De même, Hawks n’a pas réussi à faire jouer Jean Arthur comme il l’aurait voulu : elle joue de façon parfaite et très professionnelle mais face à Cary Grant, il n’y a pas d’électricité dans l’air (1). En revanche, la jeune Rita Hayworth, dont c’est ici la première apparition dans un grand film, parvient à introduire ce petit côté sensuel et ambigu que Hawks voulait, mais l’actrice encore bien jeune n’a pas l’assurance suffisante pour le développer pleinement. Le film s’appuie aussi sur d’excellents seconds rôles, des personnages très forts qui donne une extraordinaire consistance à l’histoire. Seuls les Anges ont les Ailes fait partie de ces films que lesquels le temps ne semble pas avoir de prise. Vision après vision, il reste toujours aussi prenant, passionnant, vibrant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Jean Arthur, Richard Barthelmess, Rita Hayworth, Thomas Mitchell
Voir la fiche du film et la filmographie de Howard Hawks sur le site IMDB.

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(1) Après avoir vu Le Port de l’angoisse cinq ans plus tard, Jean Arthur serait retournée voir Howard Hawks pour lui dire « J’aurais du faire ce que vous me demandiez. Si je tourne à nouveau avec vous, je ferais tout ce que vous voulez. Si une gamine comme Lauren Bacall peut faire ce genre de choses, je peux le faire moi aussi. » Hawks n’a cependant jamais tourné de nouveau avec Jean Arthur…