20 mai 2005

Le Convoyeur (2004) de Nicolas Boukhrief

Le ConvoyeurElle :
Peu de choses à dire sur ce thriller français assez glauque si ce n’est que je n’ai pas accroché. Une société de convoyage de fonds, une équipe de convoyeurs sous-payés avec de forts penchants pour la drogue ou l’alcool et parmi eux, un nouveau venu incarné par Albert Dupontel dont on ne sait presque rien si ce n’est qu’il est solitaire et épileptique. Le ressort du film se concentre sur cet homme énigmatique dont on découvrira trop lentement les différentes facettes. L’atmosphère cauchemardesque et les quelques scènes d’action ne suffisent pas à relancer l’intérêt. Les personnages ne sont pas très attachants et trop de temps morts ponctuent l’histoire.
Note : 2 étoiles

Lui :
Après un début un peu étonnant avec des faux airs de documentaire sur le dur métier de convoyeur de fonds, Nicolas Boukhrief parvient à créer une certaine atmosphère dans ce film, une atmosphère assez épaisse et mystérieuse car on se demande qui est vraiment le personnage principal, interprété par un taciturne et hermétique Albert Dupontel. Même après avoir eu l’explication à mi-film, ses motivations restent en partie mystérieuses et ne se dévoilent jamais totalement. Tout le film repose sur lui, sur les interrogatioons que l’on peut avoir à son sujet et cela fonctionne plutôt bien. Assez cru dans ses scènes d’action, c’est toutefois un assez bon polar français, servi par un excellent scénario.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Albert Dupontel, Jean Dujardin, François Berléand
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19 mai 2005

J’ai le droit de vivre (1937) de Fritz Lang

Titre original : You only live once

J'ai le droit de vivreElle :
Ce film noir est le deuxième de la période américaine de Fritz Lang. Henri Fonda joue le personnage d’un détenu libéré qui ne parvient pas à se réinsérer dans la société malgré le soutien de sa femme très éprise de lui. La malchance et le mauvais sort s’acharnent sur eux. C’est cette fuite éperdue et qu’on sait perdue d’avance que filme brillamment Fritz Lang. Il joue avec l’ombre et la lumière, s’approche de ces visages inquiets mais amoureux, entoure ses personnages de cadres et de grilles pour montrer qu’ils sont prisonniers de leur destin. La prestation d’Henry Fonda et de Sylvia Sydney est remarquable d’intensité. C’est du grand cinéma.
Note : 4 étoiles

Lui :
Tourné juste après Furie, J’ai le droit de vivre permet à Fritz Lang de reprendre le thème de l’innocent rejeté par la société ; c’est une nouvelle fois l’occasion pour lui de dénoncer une certaine intolérance. Créant une intensité parfaitement progressive, le scénario est servi par une mise en scène parfaite, très pure dans son académisme, sobre mais ô combien efficace, sans fioritures ni embellissement gratuit. Fritz Lang réussit ainsi un film qui parvient à nous capturer, nous captiver et nous émouvoir. Très belle prestation du jeune Henry Fonda.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Sylvia Sydney
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18 mai 2005

Pollock (2000) d’Ed Harris

PollockElle :
Ed Harris passe pour la première fois à la réalisation et incarne Jackson Pollock, le célèbre peintre américain, inventeur du « dripping » qui consiste à jeter de la peinture sur une toile posée au sol. Pour un premier film, c’est plutôt réussi et intéressant. Ed Harris ne cherche pas à faire passer de message sur le renouveau de l’art abstrait. Il retrace avec sincérité la vie d’un artiste rongé par l’alcool qui exprime de l’intérieur son mal-être sur une toile. Il connaît la misère dans les années 40 puis c’est sa femme Lee Krasner qui le soutient et l’introduit dans les grandes expositions. On croise Pegyy Guggenheim, les marchands d’art, De Kooning et d’autres peintres du moment. Ce parcours chaotique se terminera par la mort dans un accident de voiture en 1956. La mise en scène est de qualité et la personnalité de ce grand créateur écorché par la vie provoque l’émotion.
Note : 4 étoiles

Pollock2Lui :
Ce qui est remarquable dans ce film, c’est la façon dont Ed Harris a réussi à éviter tous les écueils du film à tendance misérabiliste (le genre « création douloureuse et drame de l’alcool ») pour se concentrer sur le fait de redonner vie à une grande figure de la peinture américaine moderne. A la fois devant et derrière la caméra, Ed Harris est étonnamment crédible dans son interprétation de Jackson Pollock, presque une identification tant la passion transparaît. S’il ne joue pas avec nos sentiments, il parvient à faire passer beaucoup d’émotion et aussi une bonne dose de fascination, fascination pour le personnage mais avant tout pour le cheminement qu’a suivi son processus créatif. Les scènes où on le voit peindre dans atelier sont d’ailleurs passionnantes. Une belle réussite.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Ed Harris, Marcia Gay Harden
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17 mai 2005

Simone (2002) d’ Andrew Niccol

Titre original : « S1m0ne »

SimoneElle :
Comédie américaine convenue et interminable dont le sujet est assez bateau. Je craque avant la fin. Al Pacino (qu’est-il allé faire dans cette galère?) incarne un producteur de film qui utilise une créature virtuelle (évidemment superbe pour retenir un peu notre attention) afin de remplacer une actrice qui le plaque. Bien évidemment, tout le monde veut voir cette actrice invisible. On devine tout ce qui va se passer et ce n’est même pas amusant. Andrew Niccol avait fait mieux avec le film Gattaca.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Scénariste de Truman Show, Andrew Niccol reste dans le virtuel avec ce scénario où un réalisateur au bout du rouleau va utiliser une invention révolutionnaire : une actrice parfaite, créée sur ordinateur, dont le succès va bien entendu finir par lui poser quelques problèmes. Le regard porté sur le monde du cinéma est assez mordant, les média en général ne sont guère épargnés non plus, mais c’est surtout grâce à son humour que ce film est assez réussi : on rit franchement et certaines scènes sont assez jubilatoires. Par contre, la réalisation est un peu brouillonne et, sur ce plan, Simone ne peut être comparé à Truman Show. Ce film n’en reste pas moins une bonne comédie, assez originale. Pour l’anecdote : Andrew Niccol a lui aussi succombé au charme de sa création puisqu’il a épousé Rachel Roberts à la fin du tournage…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Rachel Roberts, Catherine Keener
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16 mai 2005

Sauve-moi (2000) de Christian Vincent

Sauve moiElle :
Roubaix : des cités grises et pauvres et des gens très modestes pour les habiter. Christian Vincent a le mérite de mettre en scène des thèmes sociaux rarement abordés au cinéma. Avec Sauve-moi, il nous fait pénétrer dans l’univers des RMistes, chômeurs, des travailleurs au noir, des sans-abri et des immigrés. La lumière est crue et peu flatteuse. La mise en scène est sobre et dépouillée. Les acteurs peu connus sont convaincants et Roschdy Zem, l’algérien au grand cœur, est émouvant. Le réalisateur concentre son attention sur ces personnages peu gâtés par la vie. Victimes de patrons peu scrupuleux, de recouvreurs de dettes cyniques, ceux-ci subissent plus leur sort qu’ils ne peuvent le prendre en main. Le constat est pessimiste et sans espoir. Restent l’amour, l’amitié et la solidarité qui scellent ces trajectoires.
Note : 3 étoiles

Lui :
Vivant de petits boulots à Roubaix, Mehdi rencontre une roumaine qui débarque pleine d’illusions. C’est le point de départ du scénario de Sauve-moi qui va permettre à Christian Vincent de nous dresser le portrait d’un petit groupe de personnes, tous vivant assez difficilement, mais liés entre eux par des liens d’amitié. Le cinéaste parvient à donner une chaleur à ses personnages, tout en laissant bien présente la pression d’un quotidien marqué par des situations précaires. C’est cette proximité des personnages qui lui permet d’éviter les écueils du film social manichéen : point de coupable montré du doigt et les personnages ne sont nullement typés à l’extrême. L’interprétation nuancée et délicate de Roschdy Zem est d’ailleurs assez représentative du propos du film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Roschdy Zem, Rona Hartner, Karole Rocher, Olivier Gourmet
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15 mai 2005

La Jeune Fille à la Perle (2003) de Peter Webber

Titre original : Girl with a pearl earring

La jeune fille à la perleElle :
Cette adaptation fidèle du roman de Tracy Chevalier n’est pas à la hauteur du livre que j’ai lu et que j’avais bien aimé. Les scènes les plus intéressantes et les mieux rendues sont celles qui se passent dans l’atelier de Vermeer entre le maître et la servante, la fameuse Jeune fille à la perle. Peter Webber parvient à capter leur émoi amoureux, leurs regards troublés, les frôlements, les silences. La mise en scène assez académique et artificielle manque de souffle. Difficile également de rendre à l’écran les pensées de la jeune fille. Le réalisateur a une fâcheuse tendance à vouloir recréer sous forme de tableaux les scènes quotidiennes de cette époque; il abuse des effets d’ombre et lumière pour faire joli. D’autre part, la musique est trop présente et ne convient pas bien au style du film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Quelle peut être l’histoire de cette Jeune fille à la perle immortalisée par Wermeer dans son célèbre tableau ? Le scénario, tiré d’un roman, part d’une idée peu originale en soi (une servante) mais parvient à mettre en place des relations toutes en demi-teintes et en subtilités entre le peintre et son modèle. Les scènes se situant dans l’atelier de Wermeer sont particulièrement réussies. Il est dommage qu’en dehors de ces scènes, la réalisation soit un peu tape-à-l’œil, voire grandiloquente. La musique donne dans le genre épopée et de nombreux plans paraissent trop travaillés, comme pour rivaliser avec les tableaux du peintre. C’est un peu dommage car cela donne un côté artificiel à l’ensemble du film. Belle interprétation de Scarlett Johansson.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Scarlett Johansson, Colin Firth, Tom Wilkinson
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13 mai 2005

Triple agent (2004) d’ Eric Rohmer

Triple agent Elle :
Triple Agent ne prendra pas place parmi mes films préférés de Rohmer. Malgré une belle mise en scène et un background historique intéressant puisqu’il s’agit des années 36-40, j’ai trouvé que cette histoire d’agent secret qui fonctionne quasiment à huis clos ne parvenait pas bien à nous intéresser. Il s’agit du parcours d’un couple de russes blancs qui a du mal à trouver sa place dans cette société française en mouvement. Malgré une mise en place efficace du contexte et des personnages au début, Rohmer a tendance à s’enfermer dans des échanges de dialogues assez artificiels. On ne retrouve plus la fraîcheur et vivacité de ses autres films. On finit par se désintéresser du sort de cet agent secret presque désuet.
Note : 2 étoiles

Lui :
Sur un fond historique très particulier (le front populaire et ces années qui précèdent la seconde guerre mondiale), Rohmer choisit de nous présenter un homme encore plus particulier, un russe blanc, ancien général. On peut supposer que c’est le côté combat d’arrière-garde qui a du attirer Rohmer, un homme qui perd ses certitudes, ses idéaux, en proie à un questionnement permanent. Il se sent décalé dans un monde perturbé où il regrette de ne pouvoir jouer un rôle. Hélas, sur la forme, Triple Agent se perd en longs dialogues dont on perd le fil et qui sont parfois à la limite du soporifique. Contrairement aux autres films de Rohmer, ces dialogues n’ont pas ici cette qualité qui nous dévoile les personnages et les rend si proches, si intimes. La photographie est très douce, peut-être un peu trop douce pour le sujet.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Katerina Didaskalou, Serge Renko
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9 mai 2005

Confidences trop intimes (2004) de Patrice Leconte

Confidences trop intimes Elle :
Une jeune femme croit confier ses problèmes de couple à un psy. En fait, elle se livre à un conseiller fiscal qui n’ose pas lui dire qu’elle se trompe tant il est ébloui par sa beauté. Ce film repose surtout sur le talent d’un duo d’acteurs : Fabrice Luchini contrairement à son habitude, joue tout en retenue un homme coincé et introverti. Sandrine Bonnaire interprète avec délicatesse cette belle jeune femme délaissée par son mari. Tout le film se passe dans le bureau austère du conseiller fiscal. On sent Patrice Leconte fasciné par son actrice. Il se concentre sur les dialogues, les sous-entendus, les regards, les frôlements. Cette relation sentimentale est purement platonique. C’est un film pas trop mal réussi.
Note : 3 étoiles

Lui :
Confidences trop Intimes est un joli face à face entre Sandrine Bonnaire et Fabrice Luchini, entre une jeune femme traînant ses problèmes de couple et un conseiller fiscal raide et inexpressif. Basés sur un quiproquo, ces entretiens à la psy vont se transformer en relation, une relation qui va elle-même subtilement évoluer. ‘Subtil’ est bien le mot qui qualifie le mieux ce film de Patrice Leconte, filmé avec beaucoup de douceur et de délicatesse et formidablement porté par le jeu multi facettes de Sandrine Bonnaire et un Patrice Luchini très retenu. Cette rencontre de deux grandes solitudes porte en elle de nombreux sentiments, tous assez différents.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sandrine Bonnaire, Fabrice Luchini, Anne Brochet
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8 mai 2005

Identity (2003) de James Mangold

IdentityElle :
Un orage tonitruant. Un huis clos dans un motel coupé du monde à cause de pluies diluviennes. Dix personnes dont un prisonnier qui logent dans ce motel. Un premier meurtre, des cris, un serial killer, une musique angoissante. Tels sont les ingrédients classiques du thriller conventionnel. Mais James Mangold n’est pas Hitchcock et ne fait pas dans la finesse. Plus il fait de bruit, moins on y croit et on finit pas totalement se désintéresser de l’histoire.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Après une mise en place à la Dix petits nègres, les personnages commencent rapidement à être assassinés dans des conditions mystérieuses. Malgré les fausses pistes évidentes (l’inévitable sérial-killer qui passait dans le coin), James Mangold parvient à nous intriguer suffisamment et plus on avance dans l’histoire, plus le mystère s’épaissit et l’on en vient à soupçonner tout le monde (du moins ceux qui restent…) La fin reste toutefois un peu décevante mais sans être un grand film, Identity parvient à nous secouer un peu.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Cusack, Ray Liotta, Amanda Peet
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6 mai 2005

Grand Hotel (1932) de Edmund Goulding

Grand Hôtel Elle :
Le Grand Hôtel de Berlin où les riches cohabitent avec les ruinés ou ceux qui rêvent d’être riches. Le début du film donne le tournis. C’est un défilé perpétuel de clients mondains qui évoluent dans le grand hall et se donnent en représentation. L’attrait magnétique de l’argent est le thème central du film. Le réalisateur réunit une pléiade d’acteurs connus tels que les frères Barrymore (John et Lionel), Greta Garbo, Joan Crawford, Wallace Beery. La danseuse célèbre mais malheureuse en amour rencontre l’escroc amoureux, Le riche patron croise la jolie secrétaire qui rêve d’ascension sociale. Le petit employé qui sait qu’il va mourir bientôt veut enfin s’éclater et goûter la vie en dépensant ses économies. Bref, tout ce petit monde rêve ou chute. On passe très vite de l’ébriété à l’angoisse, du bonheur au désespoir. C’est très bien fait et observé malgré quelques petites longueurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
Greta Garbo - Grand Hôtel Ce grand hôtel est un lieu de passage mais aussi un lieu où échouent des destins bien différents, l’occasion ou le prétexte pour nous exposer des tranches de vie qui, malgré leur apparence d’opulence et de facilité, sont marquées par la solitude. Aidé par une brillante brochette d’acteurs (Garbo en tête) et de superbes décors, le film prend parfaitement son envol et les dialogues sont très enlevés et plaisants. Le film n’a pas pris une ride, que ce soit sur son superbe décor (art déco) ou sur son scénario.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, John Barrymore, Lionel Barrymore, Joan Crawford, Wallace Beery
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