12 février 2005

Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976) d’ Alain Tanner

JonasElle :
Film sombre de 1976 sur les désillusions de huit soixante-huitards six ans après la Révolution. Une caissière, un chômeur, un prof, des paysans, une mère de famille, une secrétaire censés représenter les différentes couches de la société expriment leurs frustrations politiques, sexuelles, critiquent le système capitaliste et la société de consommation. Le ton est désenchanté mais également pontifiant. La façon dont Alain Tanner met en scène toutes ces rancoeurs est souvent maladroite. Le discours sur l’effondrement des utopies semble plaqué et artificiel. L’ensemble manque de légèreté et d’espoir même si ces marginaux tentent vainement de recréer un monde idéal.
Note : 2 étoiles

Lui :
Ce film, sur les désillusions post-soixante-huitarde des années 70, paraît bien décalé revu 30 ans plus tard : Tanner jette pêle-mêle un grand nombre de thèmes, sans construction, utilisant une représentation idéaliste et un peu naïve, avec une constante : la désillusion.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Jean-Luc Bideau, Myriam Boyer, Miou-Miou, Rufus
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Tanner sur le site IMDB.

10 février 2005

Aelita (1924) de Yakov Protazanov

Titre original : « Аэлита »
Autres titres : « Aelita, the Queen of Mars », « Revolt of the Robots »

Aelita Lui :
Ce film muet soviétique, tourné en 1924, est vraiment étonnant. Aelita est tout d’abord étonnant par son propos, puisque 4 ans avant Metropolis de Fritz Lang il crée un univers de science-fiction, une vision vraiment novatrice d’une civilisation martienne en utilisant des costumes et des décors inspirés du cubisme. Aelita est étonnant aussi par son message, subtil et complexe, puisque l’on peut y lire aussi bien un pamphlet anti-communiste dans la façon où il nous montre une Russie pleine de miséreux (1), Aelita qu’une propagande communiste dans cette dualité Mars capitaliste face à la Terre communiste. Au final, le film est vraiment prenant. La musique récemment rajoutée est quelquefois en décalage et aurait tendance à gêner un peu le récit. Aelita connut un gros succès en Union Soviétique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yuliya Solntseva, Vera Orlova
Voir la fiche complète du film et la filmographie de Yakov Protazanov

Voir les autres films de Yakov Protazanov chroniqués sur ce blog…

(1) On peut bien entendu objecter qu’en 1924, l’Union Soviétique sortait à peine de la guerre civile qui a ravagé son économie. Ceci dit, il s’agit ici d’une oeuvre d’anticipation et c’est en cela que la vision que Pritazanov donne de la Russie est assez terrible. Le réalisateur venait d’ailleurs de rentrer dans son pays… après s’être, dans un premier temps, exilé en France pour fuir la révolution. 
Aelita est la première grande production soviétique sous le contrôle total du cinéma mis en place par Lénine, précédent ainsi de très peu les grands films de propagande (La grève d’Eisenstein est également de 1924 mais les moyens mis en oeuvre étaient bien moindres que pour Potemkine l’année suivante).

8 février 2005

Un coeur ailleurs (2003) de Pupi Avati

Titre original : « Il Cuore altrove »

Un coeur ailleurs Elle :
Film au charme suranné qui fleure l’ambiance des années 20 en Italie. Il s’agit de l’amour fou d’un jeune professeur naïf et timide pour une belle italienne aveugle qui le manipule afin de rendre jaloux son ancien amant. Le jeune homme accède à ses caprices sans sourciller mais la belle retrouve la vue et le laisse tomber lamentablement. La mise en scène de cette relation est un peu poussive et ennuyeuse. Les portraits des parents sont nettement plus amusants. Le père, tailleur du Pape est plus déluré que son fils. Les dialogues ne manquent pas d’humour.
Note : 3 étoiles

Lui :
C’est une film gentiment désuet, dont le personnage principal est d’une naïveté telle que cela ne peut en être que touchant. Il est juste dommage que se dégage une certaine futilité à tout cela, et cela a beau être charmant, on n’en est pas moins persuadé de l’oublier assez rapidement…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Neri Marcoré, Giancarlo Giannini
Voir la fiche complète du film et la filmographie de Pupi Avati

4 février 2005

Pinocchio (2002) de Roberto Benigni

PinocchioElle :
On l’aime bien Benigni mais là, il pousse un peu. En dépit des moyens engagés pour la réalisation, il ne parvient pas à capter l’auditoire. C’est plus une occasion pour lui de se faire plaisir, faire le pitre, virevolter dans tous les sens et parler à tort et à travers. On préfère nettement l’histoire originale avec des vraies marionnettes en bois.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Benigni s’en donne à coeur joie dans ce film pour donner vie à un Pinocchio qui ressemble à une véritable tornade… Il en fait vraiment beaucoup!
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Roberto Benigni
Voir la fiche du film et la filmographie de Roberto Benigni sur le site IMDB.

Voir les autres films de Roberto Benigni chroniqués sur ce blog…

31 janvier 2005

Sommaire de janvier 2005

Happy End

(2003) d’ Amos Kollek

Entre le Ciel et l’Enfer

(1963) d’ Akira Kurosawa

Confessions d’un homme dangereux

(2002) de George Clooney

Derrière la façade

(1939) de Georges Lacombe et Yves Mirande

Pas sur la bouche

(2003) d’ Alain Resnais

C’est donc ton frère

(1936) de Harry Lachman

Le club des Empereurs

(2002) de Michael Hoffman

Stormy Weather

(2003) de Sólveig Anspach

Intolérable Cruauté

(2003) de Joel Coen et Ethan Coen

À cause, à cause d’une femme

(1963) de Michel Deville

Miller’s Crossing

(1990) de Joel Coen

Cluny Brown

(1946) de Ernst Lubitsch

Saraband

(2003) d’ Ingmar Bergman (TV)

Le Cheval venu de la Mer

(1992) de Mike Newell

The Station Agent

(2003) de Thomas McCarthy

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran

(2003) de François Dupeyron

Anger Management

(2003) de Peter Segal

La tête d’un homme

(1933) de Julien Duvivier

93, rue Lauriston

(2004) de Denys Granier-Deferre (TV)

Johnny English

(2003) de Peter Howitt

Nombre de billets : 20

27 janvier 2005

Happy End (2003) d’ Amos Kollek

Titre original : « Nowhere to Go But Up »

Happy endElle :
Amos Lolleck m’avait conquise dans Sue perdue dans Manhattan. Dans cette comédie à l’eau de rose, il se contente d’utiliser le filon d’Amélie Poulain en utilisant une nouvelle fois Audrey Tautou en gamine pétillante qui sourit tout le temps. Le thème de la jeune fille qui veut devenir actrice à New-York est très éculé. Cette pauvre fille dort dehors, ne mange pas à sa faim, n’a pas de travail et pourtant elle est en pleine forme. Cette vision déformée de la vie des SDF est ridicule. Audrey Tautou ne manque pas de talent mais les réalisateurs ne prennent pas le risque de lui confier d’autres rôles plus profonds.
Note : 2 étoiles

Lui :
Pas grand chose dans ce film si ce n’est Audrey Tautou qui s’escrime à charmer les américains en faisant l’ingénue innocente et fofolle. Elle en rajoute des tonnes et… s’en sort plutôt bien. Mais cela ne rend pas le film plus intéressant pour cela, et l’on s’ennuie devant cette interminable collection de clichés américains…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Audrey Tautou, Justin Theroux, Jennifer Tilly
Voir la fiche du film et la filmographie de Amos Kollek sur le site IMDB.

Voir les autres films de Amos Kollek chroniqués sur ce blog…

26 janvier 2005

Entre le Ciel et l’Enfer (1963) d’ Akira Kurosawa

Titre original : « Tengoku to jigoku »

Entre le Ciel et l’Enfer Elle :
Ce film noir se divise en deux parties : le ciel représenté par le riche industriel Gondo qui vit sur une colline dominant Tokyo et le ravisseur qui croit enlever le fils de Gondo mais n’enlève que le fils du chauffeur. La première moitié du film est un huis clos oppressant dans la villa. L’industriel se résout à perdre sa fortune et à payer la rançon alors que ce n’est pas son fils. La deuxième partie est consacrée à la longue enquête minutieuse qui nous entraîne dans les bas-fonds de la ville où se réfugient les drogués. Kurosawa parvient très habilement à mêler, l’angoisse qui ronge les protagonistes et les fils de l’enquête. Le cinémascope noir et blanc participe à créer cette atmosphère inquiétante et onirique.
Note : 5 étoiles

Lui :
Entre le ciel et l’enfer est un très beau film de Kurosawa, assez riche dans son déroulement puisqu’il démarre par un huit clos, puis il démonte les rouages de l’enquête de police et finit par montrer les bas-fonds de la ville. Même dans la partie huis clos, Kurosawa parvient à nous tenir en haleine et les quelque 2h20 du film passent très rapidement. La photographie noir et blanc est assez splendide, très contrastée, accentuant la différence entre le haut et le bas. Le film est riche dans son contenu, jouant beaucoup sur le contraste entre les deux univers. Du grand art.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Tatsuya Nakadai, Kyôko Kagawa
Voir la fiche du film et la filmographie de Akira Kurosawa sur le site IMDB.

Voir les autres films de Akira Kurosawa chroniqués sur ce blog…

25 janvier 2005

Confessions d’un homme dangereux (2002) de George Clooney

Titre original : « Confessions of a Dangerous Mind »

Confessions d'un homme dangereux Elle :
Pour son premier film, George Clooney entreprend de nous narrer sur le ton de la comédie mêlée de drame la biographie d’un animateur de télé poubelle des années 70. On connaît l’admiration de Clooney pour les cinéastes indépendants américains. Mais hélas, sur ce sujet éculé, il tente en vain de jouer à Steven Soderbergh. Il abuse d’effets visuels plus ou moins réussis, cherche à tout prix à être original dans la forme au détriment du fond. On finit par se lasser au bout de 30 minutes et les déboires de ce Chuck Barris antipathique me laissent parfaitement indifférente. On te préfère en acteur, George, et pas trop souvent.
Note : 2 étoiles

Lui :
L’histoire de Confessions d’un homme dangereux est assez extravagante et George Clooney, qui réalisait là son premier film, a choisi de la filmer de façon tout aussi extravagante : il multiplie les effets, les solarisations d’images, les cadrages exotiques, les transitions inattendues… mais tout cela semble beaucoup trop artificiel, donne l’impression de faire de l’original pour faire de l’original. L’histoire, avec tout cela, passe un peu au second plan, et l’on doit se forcer pour s’intéresser un peu à cette histoire d’animateur TV devenu tueur pour la CIA.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Sam Rockwell, Drew Barrymore
Voir la fiche du film et la filmographie de George Clooney sur le site IMDB.

Voir les autres films de George Clooney chroniqués sur ce blog…

22 janvier 2005

« Derrière la façade » (1939) de Georges Lacombe et Yves Mirande

Derrière la façadeElle :
Bonne enquête policière bien enlevée avec toute une pléiade d’acteurs de renom et de seconds rôles aux visages familiers (Jules Berry, Gaby Morlay, Elvire Pöpesco, Michel Simon, Von Stroheim, Julien Carette etc…). L’enquête sur le meurtre d’une propriétaire d’un immeuble nous conduit dans chacun des appartements. On y fait la rencontre de personnages loufoques qui ont tous quelque chose à se reprocher. Les apparences de façade vacillent. L’humour est également au rendez-vous avec les querelles des deux inspecteurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film de la fin des années 30 est un grand patchwork tout en formant un bel ensemble: Tout d’abord, on est étonné par la profusion d’acteurs vedettes et ensuite, le scénario se prête parfaitement à toute cette série de portraits différents, qui sont un étonnement permanent, une surprise à chaque fois que l’on pousse une porte dans cet immeuble où deux policiers font une enquête sur un meurtre. Il y a d’ailleurs beaucoup d’humour engendré par cette rivalité entre les deux policiers. Même si la peinture sociale reste au niveau des clichés, le film est une réussite qui garde toute sa fraîcheur et son mordant quelque 65 ans plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jules Berry, Gaby Morlay, Elvire Popesco, Michel Simon, Erich Von Stroheim, Julien Carette
Voir la fiche complète du film et la filmographie de Georges Lacombe et d’Yves Mirande

20 janvier 2005

Pas sur la bouche (2003) d’ Alain Resnais

Pas sur la boucheElle :
Une fois qu’on est parvenu à rentrer dans l’univers de cette opérette de 1925 revisitée par Alain Resnais, il suffit de se laisser aller, de regarder les chatoyants décors et costumes, les éclairages somptueux, d’écouter ces numéros de chants chorégraphiés par des acteurs de talent (S. Azéma, P. Arditi, L. Wilson, A. Tautou, D. Prévost et Darry Cowl en concierge). Le rouge symbolise l’amour sous tous les sens du terme (passion, mariage, adultère). Malgré quelques petites longueurs, Resnais réussit à faire un vaudeville pétillant, bourré d’humour, de situations cocasses où les uns et les autres exaltent les valeurs de l’amour. C’est une façon pour lui de rendre hommage à la période sa jeunesse.
Note : 4 étoiles

Lui :
Malgré mes réticences à regarder une opérette, je dois bien avouer avoir beaucoup apprécié… et cette histoire légère à souhait est un ravissement permanent. Il y a une très grande douceur dans les images et la maîtrise d’Alain Resnais dans la mise en scène est phénoménale. Il a une façon de jouer avec les décors, de les mettre en harmonie avec ses personnages, c’est du grand art. Et il parvient à insuffler une vie et une chaleur rare dans ses images. Ajoutez à cela un scénario, qui sur une trame assez classique et vaudevillesque (une femme qui cherche à cacher à son mari qu’elle a déjà été mariée), parvient à donner des situations tout à fait variées et sans jamais ne tomber dans l’excès. On pense par moments au Guitry des meilleurs jours. Et les chansons (qui me faisaient si peur) sont somme toute bien intégrées dans l’ensemble et à part une ou deux passent très bien. Resnais nous montre une fois de plus son grand art, pour notre plus grand plaisir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sabine Azéma, Pierre Arditi, Isabelle Nanty, Audrey Tautou, Daniel Prévost, Lambert Wilson, Darry Cowl, Jalil Lespert
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Resnais sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alain Resnais chroniqués sur ce blog…