8 novembre 2005

Swimming Pool (2003) de François Ozon

Swimming Pool Elle :
Difficile de comprendre ce qu’a voulu faire François Ozon car le film joue en permanence sur l’ambiguïté des situations et des personnages. Au début, on se laisse embarquer tranquillement dans le Lubéron avec Sarah Morton, une femme coincée qui écrit des romans policiers. Elle est en mal d’inspiration et cherche le calme. Elle se confronte rudement avec une adolescente délurée et malheureuse (Ludivine Sagnier). Puis peu à peu, elle se laisse fasciner par sa liberté sexuelle et vole des pans de sa vie pour construire son nouveau roman. Charlotte Rampling est parfaite pour jouer la femme frigide et mystérieuse. Les premières fondations du scénario se dérobent sous nos regards pour aboutir à d’autres conclusions auxquelles on n’a pas de réponse définitive. C’est très bien fait et l’ambiance musicale accentue cette ambiguïté. Sous des apparences parfois trompeuses surgit une autre réalité.
Note : 5 étoiles

Lui :
François Ozon a parfaitement su créer un climat dans Swimming Pool, parvenant à exploiter fort bien cette confrontation entre une quinquagénaire anglaise coincée et une jeunette française écervelée, une situation pourtant déjà largement utilisée dans le cinéma. Sa mise en place est prenante et alléchante, mais au moment où l’on pense parvenir au coeur de l’intrigue… rien, il ne se passe rien. Pourtant il y a le matériel pour une intrigue, comme on le voit dans une fin qui n’explique rien et qui ne tient pas debout. On a l’impression qu’Ozon a balancé entre l’intrigue policière et un film plus centré sur la psychologie des personnages, et qu’il n’a su choisir, restant ainsi entre deux chaises. Malgré ces défauts, le film reste intéressant à regarder.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charlotte Rampling, Ludivine Sagnier, Charles Dance, Jean-Marie Lamour
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7 novembre 2005

Les Lundis au soleil (2002) de Fernando León de Aranoa

Titre original : « Los Lunes al sol »

Les Lundis au soleil Elle :
Ce film réaliste social espagnol m’est apparu sinistre et très déprimant. Les personnages ne sont pas très attachants et leur combat pour retrouver du travail est trop présenté comme perdu d’avance. On est assez loin par exemple de Ken Loach qui sait si bien nous faire adhérer à une cause sociale avec son art de la mise en scène et du scénario.
Note : 1 étoile

Lui :
Il est hélas bien difficile de s’intéresser à ce film qui tente de nous montrer comment des ouvriers d’un chantier naval récemment fermé en Espagne ont bien du mal à se sortir du désoeuvrement. Le film est très noir, cela se comprend, mais aussi très froid, sans sentiment, à tel point qu’il en devient comme muet car il n’exprime rien. C’est surtout cela que je lui reprocherais.
Note : 1 étoile

Acteurs: Javier Bardem, Luis Tosar
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6 novembre 2005

Quand la mer monte… (2004) de Yolande Moreau

Quand la mer monte... Elle :
Malgré les bonnes critiques et les deux césars obtenus par Yolande Moreau, je n’ai pas du tout été séduite par son premier film et ai fini par abandonner. C’est un one-man show dans un one-man show. Autant aller voir un de ses spectacles. Le spectacle hideux de cette femme rougeoyante m’a très mal mis à l’aise et ne m’a fait ni rire ni même sourire. L’interprétation des acteurs m’a semblé être assez maladroite, le scénario qui se concentre sur la naissance d’un amour entre cette femme et un spectateur belge est ennuyeux et pas du tout émouvant. Bref rien pour plaire, à mes yeux du moins.
Note : pas d'étoile

Lui :
Je dois bien avouer avoir un peu du mal à comprendre pourquoi ce film a tant plu… Pour ma part, je n’ai pas du tout accroché et l’assez repoussant personnage de scène de Yolande Moreau n’est sans doute pas étranger à ce quasi-rejet. Abandon à la moitié de la projection.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Yolande Moreau, Wim Willaert
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5 novembre 2005

Rachida (2002) de Yamina Bachir

Rachida Elle :
Film courageux sur la dénonciation de la terreur qui règne en Algérie. C’est au travers de Rachida, une jeune femme qui a subi la violence terroriste que l’on découvre la vie au quotidien d’un village qui subit les exactions et massacres des islamistes du FIS. Le film est sobrement filmé et parvient à nous faire partager les souffrances et humiliations de ces villageois. La réalisatrice dénonce également le machisme de cette société. Les femmes sont soumises aux hommes, sont répudiées par leur famille si elles sont violées. Malgré cette emprise du voile, de la religion, elles sont très solidaires entre elles et nous livrent quelques joyeux instants de leur vie recluse. On pardonne le manque de professionnalisme des acteurs. On ressort accablé et révolté devant tant d’injustice.
Note : 4 étoiles

Lui :
C’est un film témoignage sur la terreur quotidienne en Algérie, sur ces habitants sous le poids d’une guerre civile qui peut faire irruption chez eux à tout moment. Le film est fait avec peu de moyens et les acteurs jouent effroyablement mal… mais le fond est là qui nous informe et nous permet de mieux comprendre les difficultés que peuvent avoir les habitants à surmonter tout cela.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ibtissem Djouadi
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4 novembre 2005

Ten (2002) de Abbas Kiarostami

Ten Elle :
Une unité de lieu : l’intérieur d’une voiture conduite par une jeune femme iranienne libérée qui se confie ou recueille les confidences d’autres femmes malheureuses dans leur couple ou celles de son fils qui lui reproche son divorce et sa liberté professionnelle. Le tout filmé par une caméra braquée soit sur la conductrice ou les passagers et dans l’ambiance bruyante des rues de Téhéran. Pas facile d’abord et pas très cinématographique à vrai dire. Bien que le combat douloureux de ces femmes contre la tyrannie de leurs maris soit juste, on finit par s’ennuyer devant le discours répétitif de ces femmes éplorées ou du petit garçon qui tient déjà le discours machiste du futur mari qu’il deviendra.
Note : 2 étoiles

Lui :
Censé nous donner un certain aperçu de la société iranienne en mouvement, ce film devient assez rapidement insupportable par sa forme : tout se passe à l’intérieur d’une voiture, caméra embarquée et on est mitraillé à bout portant par un flot de paroles, de paroles et de paroles…
Note : pas d'étoile

Acteurs: Mania Akbari
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3 novembre 2005

Les Sentiers de la perdition (2002) de Sam Mendes

Titre original : « Road to Perdition »

Les Sentiers de la perdition Elle :
De par sa forme, ce film sur la mafia irlandaise dans le Chicago des années 50 ne reproduit pas les habituels clichés des films de gangsters. Sam Mendes, réalisateur d’American Beauty, film souvent plébicité mais que j’avais moyennement apprécié, suit les pas de Mike Sullivan (Tom Hanks), tueur fidèle à son chef (Paul Newman) qui cherche à venger l’assassinat de son fils et de sa femme. Les acteurs jouent tout en sobriété. Le scénario de ces Sentiers de la Perdition est plutôt simple. Ce qui nous retient devant l’écran, c’est l’admirable mise en scène, les cadrages et l’éclairage somptueux, la bande son très originale qui illustre parfaitement ce monde glauque du crime organisé. La curieuse et majestueuse fluidité des mouvements de caméra souligne inéluctablement la fuite en avant de cet homme vers la perdition et Perdition qui est le nom d’un village où habite sa soeur. Quelques petites longueurs malgré tout, un peu trop de pluie et d’images léchées.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les Sentiers de la Perdition m’a paru attirant plus par sa forme que par son scénario, tant la photographie est remarquable. Les mouvements de caméra sont assez étonnants parfois, mais toujours merveilleusement doux et fluides. Cette forme très « soft », toute empreinte d’une douceur certaine, est en total contraste avec le sujet du scénario (un homme de main de la mafia pourchasse les tueurs de sa famille), mais au lieu d’offrir un décalage, cette opposition se mute en complémentarité et adoucit un sujet qui aurait sans doute été assez cru sans cela. Le dit-sujet manque tout de même un peu d’intérêt…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Paul Newman
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2 novembre 2005

Tristan (2003) de Philippe Harel

Tristan Elle :
Avec la lourdeur d’un éléphant, Philippe Harel nous emmène en bateau dans ce polar psychologique avec une Mathilde Seigner bien caricaturale dans le rôle de la femme flic. Voulant jouer sur l’ambiguïté et les fausses pistes, il nous manipule dans des histoires invraisemblables pour finalement nous « rouler dans la farine ». Arrivé à la fin du film, on ne comprend plus rien et l’on se sent vraiment berné mais, surtout, on a l’impression d’avoir perdu son temps.
Note : 2 étoiles

Lui :
Tristan est un film est plutôt bien bâti. On accroche assez à cette histoire d’enquête policière sans violence (et même sans meurtre), Philippe Harel parvenant à recréer habilement des tranches de vie. Les personnages sont bien campés et tout serait parfait si le film ne se terminait pas en queue de poisson, une fin qui vient gâcher ce bel édifice.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mathilde Seigner, Jean-Jacques Vanier, Jean-Louis Loca
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1 novembre 2005

Just a Kiss (2004) de Ken Loach

Titre original : « Ae Fond Kiss »

Just a Kiss Elle :
Ken Loach aborde le thème de la difficulté de vivre une relation amoureuse entre un pakistanais musulman et une irlandaise catholique. Malgré quelques petites exagérations, Just a kiss nous fait assister à l’écartèlement du jeune homme pris en tenaille par sa famille qui lui a organisé un mariage arrangé et de cette jeune femme éprise de liberté mais elle aussi confrontée au puritanisme religieux de l’école qui l’emploie. Le poids de la religion, de la famille et des préjugés étouffe la liberté individuelle malgré l’amour filial. Seule solution pour faire bouger les choses, rompre avec la famille et ses codes et décider enfin de sa vie. Comme à son habitude, pour donner vie et attachement à cette peinture sociale, Ken Loach choisit deux excellents acteurs qui jouent avec retenue, délicatesse et justesse.
Note : 4 étoiles

Lui :
Changeant quelque peu de registre, Ken Loach présente avec Just a kiss une histoire d’amour pour traiter du poids des préjugés sociaux et religieux propres à chaque communauté. Il le fait avec beaucoup de délicatesse, surtout par l’intermédiaire de ses deux acteurs principaux qui donnent le ton au film. Les préjugés sont en revanche introduits un peu lourdement ce qui donne un côté (hélas) un peu prévisible au film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Atta Yaqub, Eva Birthistle
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31 octobre 2005

Sommaire d’octobre 2005

Ivre de femmes et de peinture

(2002) d’ Im Kwon-Taek

Loin du Paradis

(2002) de Todd Haynes

La Reine Margot

(1994) de Patrice Chéreau

Le coeur des hommes

(2003) de Marc Esposito

The barber: l’homme qui n’était pas là

(2001) de Joel Coen

Returner

(2003) de Takashi Yamazaki

Bon voyage

(2003) de Jean-Paul Rappeneau

Outremer

(1990) de Brigitte Roüan

Mondovino

(2004) de Jonathan Nossiter

Train de Nuit pour Munich

(1940) de Carol Reed

Il est plus facile pour un chameau…

(2003) de Valeria Bruni Tedeschi

Le Roman de Mildred Pierce

(1945) de Michael Curtiz

Mais qui a tué Pamela Rose?

(2003) de Eric Lartigau

Ararat

(2002) d’ Atom Egoyan

Pour un garçon

(2002) de Chris Weitz et Paul Weitz

Le Pianiste

(2002) de Roman Polanski

Pour toi j’ai tué

(1949) de Robert Siodmak

Equilibrium

(2002) de Kurt Wimmer

Le Dernier château

(2001) de Rod Lurie

Filles uniques

(2003) de Pierre Jolivet

Le Plaisir

(1951) de Max Ophüls

Retour à Cold Mountain

(2004) d’ Anthony Minghella

La légende de l’homme rapide

(2001) de Zacharias Kunuk

Carnets de voyage

(2004) de Walter Salles

La femme en bleu

(1973) de Michel Deville

Sushi Sushi

(1991) de Laurent Perrin

Je suis un assassin

(2004) de Thomas Vincent

Le journal d’une fille perdue

(1929) de Georg Wilhem Pabst

Femme Fatale

(2002) de Brian De Palma

Avril brisé

(2001) de Walter Salles

Le Colonel Blimp

(1943) de Michael Powell et E. Pressburger

Mensonges et trahisons et plus si affinités…

(2004) de Laurent Tirard

Nombre de billets : 32

31 octobre 2005

Ivre de femmes et de peinture (2002) d’ Im Kwon-Taek

Titre original : « Chihwaseon »

Ivre de femmes et de peinture Elle :
Très beau film sur la signification de l’Art au sein de la société coréenne du XIXe siècle. Les images sont aussi belles que les peintures que réalise cet artiste talentueux dont on suit le parcours chaotique depuis l’enfance jusqu’à la mort. Les paysages ressemblent à ceux que réalise le peintre. Par son art, il apporte du bonheur aux gens qui l’entourent mais en même temps il doit résister aux pressions pour trouver sa voie artistique, peindre ce qu’il aime, ne pas céder aux codes stéréotypés de la peinture coréenne classique et atteindre l’éternité et l’universel. Ce génie de la peinture ne doit plus se contenter de copier les maîtres mais doit faire émerger l’énergie créatrice qui l’anime et le singularise. L’alcool et les femmes accompagnent son cheminement intérieur. Avec Ivre de femmes et de peinture, on est transporté dans une autre dimension imaginaire bien loin du monde réel et de ses normes.
Note : 5 étoiles

Lui :
Très beau film, qui nous plonge dans la vie d’un peintre à la vie un peu nébuleuse de la fin du XIXe siècle en Corée. On semble toucher sa quête permanente de l’absolu grace à une mise en scène assez gracieuse et aérienne, tout en petites touches. La beauté de sa peinture, sa pureté et sa grande expressivité ne sont bien sûr pas étrangères à la faculté d’envoûtement du film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Choi Min-Sik, Ahn Sung-Ki, Yu Ho-Jeong, Kim Yeo-Jin
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