26 février 2006

Chungking Express (1994) de Wong Kar-wai

Titre original : « Chung hing sam lam »

Chungking Express Elle :
Wong Kar Waï filme les aventures amoureuses de deux flics qui se croisent dans le même bar. Sa caméra à l’épaule nous emmène la nuit à la lumière des néons dans les sous-sols, les couloirs sombres, les appartements étriqués. La mise en scène aux superbes éclairages mêle les ralentis, les accélérés, les effets de flou et est soutenue par du reggae ou de la musique pop. On pense aussi à certains films de Godard ou à Jean Seberg quand on voit la délicieuse Faye Wong. A la fois grave et léger mêlant la tristesse des ruptures à la fantaisie des rencontres avec des scènes pleines de sensualité, ce film est une réussite mis à part quelques passages que j’ai trouvés ennuyeux. C’est une chronique amoureuse dans laquelle il faut se laisser aller.
Note : 4 étoiles

Lui :
Dans la même veine que Nos Années Sauvages, ce film de Wong Kar-waï est une chronique sentimentale, urbaine et poétique dans lequel il semble s’interroger sur les occasions manquées : que se serait-il passé si on avait pris telle décision, si l’on avait fait telle chose? Dans les deux histoires qu’il nous propose, les personnages se cherchent mais ne se trouvent pas. Il filme tout cela d’une façon très personnelle, avec une caméra à l’épaule bien utilisée, des ralentis audacieux (avec des ralentis et des accélérés dans la même image !). On peut sentir des références à la nouvelle vague française, Louis Malle, Godard, … Bien que le scénario en lui-même ne soit pas vraiment très développé, on suit avec intérêt ses personnages. Tourné en quelques semaines (pendant le montage du film « Les cendres du temps »), il y a une spontanéité et une liberté que l’on ne rencontre qu’assez rarement.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Faye Wong, Tony Leung Chiu Wai, Takeshi Kaneshiro, Brigitte Lin
Voir la fiche du film et la filmographie de Wong Kar-wai sur le site IMDB.

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25 février 2006

Les Heures (2002) de Stephen Daldry

Titre original : « The Hours »

The Hours Elle :
Belle adaptation du roman de Michael Cunnigham que j’ai lu également avec grand plaisir. Certaines situations sont différentes ou plus condensées. Excellent trio d’actrices (Julianne Moore, Nicole Kidman et Merryl Streep) qui parviennent à traduire leur mal de vivre avec beaucoup de sensibilité. La vie parallèle de ces trois femmes dont Virginia Woolf à des époques différentes se concentre autour du roman Mrs Dalloway en cours d’élaboration. La préparation d’une réception ou d’un évènement donne lieu à des remises en cause et questionnements sur la vie. Le vernis social s’effrite pour laisser place au doute et à l’angoisse. Seul reproche : la musique de Philip Glass me semble trop mise en avant, elle a tendance à masquer la profondeur des dialogues.
Note : 5 étoiles

Lui :
The Hours Par un montage particulièrement réussi, le film parvient à lier le destin de ces trois femmes, alors qu’il ne nous présente qu’une journée de la vie de chacune d’elles. Si Stephen Daldry montre une réelle maîtrise de la mise en scène dans Les Heures, c’est surtout le scénario qui est vraiment remarquable car il se dégage une réelle force de ces trois journées qui voient ces femmes en position très instable. Le propos est à la fois pessimiste voire morbide, l’idée de suicide est en effet constamment présente, mais en même temps assez beau et parfois onirique, en tout cas il n’est jamais noir. En fait, c’est plus le questionnement de ces personnages qui est mis en avant, personnages qui ruent dans les brancards et ont, comme Mrs Dalloway, bien du mal à se conformer à leur modèle social. Belle musique (assez présente) de Philip Glass. Stephen Daldry réussit là un film beaucoup plus fort que son premier, Billy Elliot.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Julianne Moore, Meryl Streep, Stephen Dillane, Miranda Richardson
Voir la fiche du film et la filmographie de Stephen Daldry sur le site IMDB.

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24 février 2006

Le mystificateur (2003) de Billy Ray

Titre original : « Shattered Glass »

Le Mystificateur Elle :
(pas vu)

Lui :
Inédit en salles en France, ce film canadien a connu un certain succès outre-Atlantique. Il est basé sur l’histoire vraiment stupéfiante de Stephen Glass, un jeune journaliste de la respectueuse revue d’analyse politique et sociale « The New Republic », qui a réussi à la fin des années 90 à publier un certain nombre d’articles salués comme étant particulièrement brillants… mais qui, en réalité, étaient totalement inventés. Le film est intéressant car il nous montre en partie le fonctionnement de la presse d’investigation aux Etats-Unis et comment le système de vérification, normalement sans faille, a été pris en défaut. Le film est aussi bien construit, nous amenant doucement vers les révélations qui nous laissent vraiment pantois. A la fin de la projection, je me suis précipité sur Internet pour vérifier que cette incroyable histoire était bien réelle…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hayden Christensen, Peter Sarsgaard, Chloë Sevigny, Steve Zahn
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Ray sur le site IMDB.

Pour en savoir plus (en anglais) :
– L’ article sur Stephen Glass sur Wikipedia.
– L’article original de Forbes OnLine qui, en 1998, a démasqué le mystificateur et qui est toujours en ligne.
– L’interview de Stephen Glass par « 60 minutes », en 2003, où il s’explique mais où il est bien difficile de savoir s’il ne continue pas à s’inventer un personnage.

24 février 2006

Ma caméra et moi (2002) de Christophe Loizillon

Ma caméra et moi Elle :
Abandon au bout de 30 minutes. J’ai le mal de mer, mal aux yeux et n’arrive pas à trouver de l’intérêt.
Note : pas d'étoile

Lui :
L’idée de base n’était pas inintéressante : un forcené de vidéo filme sans arrêt tout ce qui l’entoure. Mais pour que la mayonnaise prenne, il aurait fallu dépasser les clichés habituels (« il en oublie de vivre sa vie »), éviter les situations trop caricaturales (« il tombe amoureux d’une aveugle », quelle ironie du sort…) et aussi faire des images regardables (pour faire « vidéo », l’image est tremblotante et détériorée, ce qui transforme la vision du film en calvaire). Zinedine Soualem a du talent, mais il ne parvient pas à porter le film à lui tout seul.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Zinedine Soualem, Julie Gayet
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23 février 2006

« Elling » (2001) de Petter Næss

Elling Elle :
Deux hommes déglingués et mal dans leur peau doivent se réinsérer et réapprendre à vivre en société en partageant un appartement en commun. Ce film norvégien est attachant de par l’originalité de son scénario, ses personnages, son humour et sa fantaisie. On les suit dans leur lent et douloureux réapprentissage de la vie. Le ton est positif et la  folie de ces deux hommes devient une source de création et de poésie.
Note : 5 étoiles

Lui :
Elling est une comédie originale et attachante sur la « réinsertion sociale » de deux trentenaires à la sortie de l’asile. Bien entendu, ils ont des caractères assez opposés mais le réalisateur norvégien parvient à nous les rendre très attachants et on les suit avec compassion mais aussi avec enthousiasme. Aucune exagération, aucune caricature, simplement une tranche de vie ordinaire mais qui se révèle un peu plus compliquée et problématique pour eux. C’est aussi assez drôle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Per Christian Ellefsen, Sven Nordin
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23 février 2006

« Lagaan » (2001) de Ashutosh Gowariker

Titre original : « Lagaan: Once Upon a Time in India »

Lagaan Elle :
Grosse production indienne à succès qui suinte le trop beau, le trop bien coiffé, la musique de variétés sirupeuse sur vague fond historique puisqu’il s’agit de l’occupation britannique en Inde à la fin du XIXe siècle. (Abandon)
Note : pas d'étoile

Lui :
Evidemment la forme surprend, on n’est pas vraiment habitué à voir ce genre de film, mais en fin de compte on se laisse assez rapidement gagner par son charme, car il n’en est pas dénué. Comme on le sait, Lagaan est un peu l’exemple amélioré du film indien-type (Bollywood), genre particulièrement prolixe et populaire en Inde. Le scénario est extrêmement simpliste : on ne perd pas de temps à identifier les gentils et les méchants, mais son charme est ailleurs, du côté de la féerie des scènes, de l’univers recréé, un monde à la fois grandiose et magique alors qu’il ne s’agit ici que d’un village de pauvres paysans. Et il y a les parties musicales, chantées, chorégraphiées à la perfection, extrêmement riches et belles. La voix de l’actrice/chanteuse, très haute et très pure, est presque envoutante. Quand on voit comment ce cinéma parvient à nous servir sur un plateau la « magie du cinéma », on comprend aisément le succès que peut avoir ce genre de film en Inde. Bien entendu, je ne regarderais pas un film comme cela tous les jours, car le genre doit lasser assez vite du fait de la simplicité manichéenne du scénario et aussi de la longueur : 3h40, la durée standard des films en Inde (un entracte est prévu…)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Aamir Khan, Gracy Singh, Rachel Shelley
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22 février 2006

Tu vas rire mais je te quitte (2005) de Philippe Harel

Tu vas rire mais je te quitte Elle :
Mis à part quelques dialogues amusants, cette comédie ne présente pas grand intérêt. On évolue aux côtés d’une actrice superficielle au chômage qui rate ses castings et sa vie amoureuse. Une chose est certaine Judith Godrèche joue parfaitement les greluches. Philippe Harel a-t-il voulu faire une satire sur le monde du spectacle, je n’en suis pas si sûre. Philippe Harel semble avoir du mal à remplir et faire avancer son film.
Note : 2 étoiles

Lui :
Le personnage central a beau être une trentenaire un peu nunuche, on ne rit pas à ses dépens et c’est cela qui est assez remarquable dans Tu vas rire mais je te quitte. Au lieu de cela, on se range très vite de son côté et l’humour est plus un pur comique de situation ou bien un humour au détriment de ceux qui profitent d’elle. Cette réussite est due au scénario mais aussi, et surtout, à Judith Godrèche, à sa façon de prendre en main ce rôle de « ravissante idiote, pas si idiote que cela ». Elle n’est pas sans rappeler Miou-Miou par moments. Le film repose en grande partie sur elle. Le scénario apporte des situations intéressantes et quelques dialogues savoureux, mais il manque de cohérence et certains personnages secondaires sont un peu trop typés. Bien entendu, ton pourra dire que out cela n’est ni très profond ni très novateur… mais Tu vas rire mais je te quitte fait passer un vrai bon moment.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Judith Godrèche, Ariane Seguillon, Coralie Revel, Wladimir Yordanoff, Sagamore Stévenin, Patrick Chesnais
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22 février 2006

Intervention divine (2002) de Elia Suleiman

Titre original : « Yadon ilaheyya »

Intervention divine Elle :
Film palestinien très original par sa forme et par son scénario. Le réalisateur / acteur Elia Suleiman, au visage rappelant Buster Keaton, manie l’humour et l’absurde à la Tati pour rendre compte des difficultés que rencontrent les palestiniens dans leur vie quotidienne face à l’occupation israélienne. Peu de dialogues, les sons de la ville et des machines, des querelles de voisinage sans fondement révèlent peu à peu un mal de vivre, une impossibilité de communiquer et la rancoeur de devoir subir. Les situations du début du film sont truculentes mais font place peu à peu à l’humour noir et au désir de résistance du peuple palestinien. Ce film pro-palestinien témoigne et observe sans faire de discours.
Note : 5 étoiles

Lui :
Un père Noël qui se fait poursuivre par une bande de jeunes gens qui veulent le tuer pour une raison inconnue, ce préambule donne le ton : le réalisateur palestinien va nous immerger dans un monde rempli de situations aussi étranges qu’absurdes, situation créée et exacerbée par un état de guerre permanent. Ainsi des simples querelles de voisinage, dont les causes ne sont pas évidentes, prennent des proportions extravagantes, ubuesques. Le personnage principal joué par Elia Suleiman traverse tout cela avec une impassibilité qui évoque Buster Keaton. Beaucoup d’humour dans ce film qui parvient à mêler étroitement réalité et fantasme. On ne comprend pas toutes ces mini scènes, souvent fortement symboliques, et le fait, pour nous occidentaux, de ne pas reconnaître facilement qui est israélien et qui est palestinien nous fait certainement rater quelques aspects du film… Une grande réussite car il n’est pas facile de traiter avec tant d’humour un sujet si délicat et si explosif.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Elia Suleiman, Manal Khader, Nayef Fahoum Daher
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21 février 2006

L’adversaire (2002) de Nicole Garcia

L'Adversaire Elle :
Après L’Emploi du Temps, voici la seconde adaptation du roman d’Emmanuel Carrère sur l’histoire de Jean-Claude Roman. Nicole Garcia entremêle habilement le passé et le présent tragique de cet homme qui a mené une double vie pendant 15 ans afin de ne pas avouer ses échecs professionnels à sa famille. La tension et le malaise montent au fur et à mesure que se dévoilent les facettes intrigeantes de ce père de famille ordinaire. Peu à peu, il se fait rattraper par les escroqueries qu’il a mis au point pour subvenir aux besoins de sa famille. L’aboutissement implacable et glacial de cet itinéraire chaotique est pesant et étouffant. Daniel Auteuil fait dans la sobriété pour ce rôle à double identité.
Note : 4 étoiles

Lui :
Nicole Garcia réussit bien la construction de son film, en dévoilant la double vie de son personnage principal par petites touches dès le début du film et en déroulant son histoire tout en délicatesse. En revanche, ce personnage principal est trop peu développé et constitue un peu la faiblesse du film : taciturne, il s’enferre et s’enlise lentement, bêtement. Nicole Garcia se contente de le décrire. Comme on ne peut s’attacher à lui, on finit par se détacher de l’histoire. Peut-être eut-il mieux valu vivre l’histoire au travers de ses proches, pourquoi aimaient-ils tant l’image de réussite sociale qu’il leur donnait, etc…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, Géraldine Pailhas, François Cluzet, Emmanuelle Devos, Bernard Fresson, François Berléand
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Voir aussi nos commentaires sur le film de Laurent Cantet : L’emploi du temps, autre adaptation de la même histoire.

21 février 2006

The Navigators (2001) de Ken Loach

The Navigators Elle :
Ken Loach poursuit son cheminement social au sein de la Compagnie Britannique des Chemins de Fer qui vient de se faire privatiser. Une nouvelle fois, il réussit à transformer cette chronique réaliste en un grand film touchant et intéressant. Ses personnages sont attachants, son scénario captive notre attention et nous révolte. Cette dénonciation de la privatisation des services publics anglais est terriblement efficace. Décidément, c’est à nouveau un sans faute pour ce grand réalisateur qui sait mettre en lumière les dysfonctionnements sociaux et les classes défavorisées.
Note : 5 étoiles

Lui :
Dans la lignée des films à fort contenu social de Ken Loach, The Navigators dresse un portrait assez dramatique de la privatisation des chemins de fer anglais, vue depuis un petit dépôt d’entretien. Sur un sujet pas facile à aborder et pas forcément attirant en soi, Ken Loach parvient à nous intéresser et à nous faire partager les sentiments de ses personnages. Très réussi.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Dean Andrews, Thomas Craig, Joe Duttine
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