13 septembre 2006

Locataires (2004) de Kim Ki-duk

Titre original : « Bin-jip »

LocatairesElle :
Cette histoire d’amour tournée sous forme de fantaisie poétique surréaliste retrouve la magie et l’esprit de Printemps, Eté, Automne, Hiver…  A mi-chemin entre rêve et réalité, cette rencontre amoureuse mélancolique entre ce jeune homme qui occupe des maisons pendant l’absence de leur propriétaire et cette douce jeune femme maltraitée par son mari est muette pendant tout le film. Kim Ki-duk parvient à ponctuer cette errance de touches d’humour, de clins d’œil, de rebondissements. La photographie et les cadrages sont somptueux ; les personnages un peu lunaires sont très attachants de par leur naïveté et beauté. Il faut tout simplement se laisser bercer pour savourer cette rêverie poétique décalée et hors du temps. Cette fable plus optimiste jette un regard acerbe sur la société coréenne aseptisée qui laisse sa jeunesse partir à la dérive.
Note : 5 étoiles

Lui :
Une fois de plus, les personnages de ce film de Kim Ki-Duk sont totalement en marge de la société coréenne. Ses deux héros sont des passe-muraille qui vivent selon des règles à eux, détournant certains objets de leur fonction première, accomplissant des actes apparemment illogiques. Il parvient indéniablement à trouver un style, à la fois graphique et sonore, ou plutôt muet puisque le film se déroule sans paroles pour sa plus grande partie. On finit par adhérer à ces personnages et à cette histoire qui flirte avec les limites du réel : le film développe un charme certain. Peut-être pourrait-on juste lui reprocher une certaine vacuité (Kim Ki-duk semble vouloir porter un jugement sur la société coréenne mais sans s’engager vraiment dans cette voie) et aussi d’être un peu trop dans l’air du temps…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lee Seung-yeon, Jae Hee
Voir la fiche du film et la filmographie de Ki-duk Kim sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Kim Ki-duk chroniqués sur ce blog…

13 septembre 2006

La neige tombait sur les cèdres (1999) de Scott Hicks

Titre original : « Snow falling on cedars »

La neige tombait sur les cèdres Elle :
Je n’ai pas tenu plus d’un quart d’heure. J’ai détesté la façon dont le réalisateur tente de manipuler le spectateur : belles images, musique avec beaucoup de basses, scénario qui tarde à se mettre en place et à décoller. Bref, cela fleure bon le film à oscars. Dommage car son précédent film « Shine » est une belle réussite.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Scott Hicks semble avoir perdu toute la délicatesse qu’il avait montrée dans « Shine » et nage dans le lyrisme bien appuyé. La musique à grands renforts de violons est omniprésente, les effets sonores sont trop marqués (excès de très basses fréquences), l’image est désaturée à l’extrême pour se donner un style. Tout est trop appuyé, sans subtilité. Le film en devient ridicule. On finit par se désintéresser de l’histoire qui paraît alors bien convenue et prévisible. Recette du film à oscars : des bons sentiments, des belles images et une bonne dose de violon…
Note : 1 étoiles

Acteurs: Ethan Hawke, Max von Sydow, Sam Shepard
Voir la fiche du film et la filmographie de Scott Hicks sur le site imdb.com.

12 septembre 2006

« Hotel Rwanda » (2004) de Terry George

Hotel RwandaElle :
Difficile de rester insensible devant ce film bouleversant qui montre les horreurs du génocide rwandais qui tua un million de personnes. Cette histoire vraie se concentre autour d’un directeur d’hôtel qui sauve de la mort plus de mille vies humaines. Il assiste impuissant aux massacres entre tutsis et hutus, à la difficile tâche des soldats de l’ONU, à la lâcheté des pays occidentaux qui n’ont pas apporté d’aide et ont laissé les massacres se perpétrer, à la corruption de l’armée. Cet homme se débat comme il peut pour sauver sa famille et le maximum de vies humaines. Le film est d’une très grande intensité sans jamais tomber dans la violence gratuite. La vie de chacun ne tient qu’à un fil. Les acteurs sont émouvants tout en jouant avec une grande sobriété. C’est un film fort qui a le mérite de pouvoir toucher tous les publics sur cette effroyable tragédie.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour témoigner du génocide rwandais de 1994, le réalisateur Terry George choisit de relater l’action de Paul Rusesabagina, un directeur d’hôtel qui sauva la vie de plusieurs centaines de personnes en les abritant. Il fait un film émotionnellement puissant, bouleversant même, qui provoque l’indignation. En ce sens, il atteint son but mais on peut lui reprocher de traiter assez peu les origines du conflit entre les deux ethnies et d’utiliser certaines ficelles hollywoodiennes. En revanche, il traduit certainement bien l’épouvantable climat de folie meurtrière qui s’était emparé du pays. Il a aussi le mérite d’être assez fidèle à la réalité : Paul Rusesabagina (qui a été conseiller sur le film) a affirmé que le film relatait à 90% ce qui s’était réellement passé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Don Cheadle, Nick Nolte, Sophie Okonedo
Voir la fiche du film et la filmographie de Terry George sur le site imdb.com.

11 septembre 2006

« Selon Matthieu » (2001) de Xavier Beauvois

Selon MatthieuElle :
Xavier Beauvois réalise un beau film réaliste social qui ne sombre pas dans la caricature du patronat ni de la classe ouvrière. Il nous plonge dans l’univers de l’usine, des familles ouvrières, des bars, de la culture populaire. C’est avec beaucoup d’humanité qu’il parvient à impliquer petit à petit le spectateur dans un drame familial où le père vient de se faire licencier pour avoir fumé une cigarette. Le fils, Benoît Magimel, veut venger la mort de son père en couchant avec la femme du patron interprétée par Nathalie Baye. Les personnages ont de l’épaisseur, jouent avec émotion et sobriété. Le télescopage entre le monde ouvrier et bourgeois est traité sans artifice. Cette histoire semble très vraie et proche de notre univers quotidien.
Note : 5 étoiles

Lui :
Une belle fable sociale. Malgré un manichéisme certain, le film parvient parfaitement à nous accrocher et à nous plonger dans son univers. Cette réussite est due d’une part à la manière dont Xavier Beauvois nous dépeint ce monde ouvrier et d’autre part à Benoît Magimel qui donne une très grande force à son personnage. Cependant, on pourra regretter certaines scènes trop longues (le mariage) ou de mauvais goût (le rêve).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Benoît Magimel, Nathalie Baye, Antoine Chappey
Voir la fiche du film et la filmographie de Xavier Beauvois sur le site imdb.com.

11 septembre 2006

« Séquences et conséquences » (2000) de David Mamet

Titre original : « State and Main »

Séquences et conséquencesElle :
Comédie bien creuse de David Mamet. Sa tentative de satire du monde du cinéma hollywoodien tombe à plat, les gags sont téléphonés, l’histoire sonne creux et tourne en rond. Cette équipe de cinéma qui déboule dans un patelin paumé pour tourner un film aurait pu donner lieu à des quiproquos amusants mais ce n’est qu’une suite de situations nunuches ou usées jusqu’à la corde. On attend la fin avec impatience….
Note : 2 étoiles

Lui :
Comédie plaisante mais qui reste dans le très conventionnel. La vision de ces gens de cinéma débarquant dans une paisible petite ville est conforme aux clichés, mais permet de faire quelques scènes amusantes de contraste, et de placer quelques bons dialogues.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alec Baldwin, Sarah Jessica Parker, William H. Macy, Philip Seymour Hoffman
Voir la fiche du film et la filmographie de David Mamet sur le site imdb.com.

10 septembre 2006

« La séparation » (1994) de Christian Vincent

La séparationElle :
C’est avec intensité et émotion que Christian Vincent pose son regard sur ce couple au bord de la séparation. Par petites touches, il nous fait entrevoir les fêlures, les brisures et enfin les vraies déchirures de Pierre et Anne admirablement interprétés par Daniel Auteuil et Isabelle Huppert. Deux beaux rôles psychologiques tout en finesse et retenue.
Note : 5 étoiles

Lui :
Ce film, sur la séparation d’un couple, tire sa force non pas du spectaculaire, du démonstratif, mais au contraire de cette placidité, cette apparence de calme (ou même de résignation) qui procure un naturel presque implacable… Et bien entendu, il puise sa force dans le talent de ces deux acteurs merveilleux: Isabelle Huppert et Daniel Auteuil. Un très beau film, très "vrai", sans esbroufe, sans larmoiements, sur un sujet pourtant douloureux.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Daniel Auteuil, Jérôme Deschamps, Karin Viard
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9 septembre 2006

« Les complexés » (1965) de Luigi Filippo D’Amico, Dino Risi et Franco Rossi

Titre original : « I complessi »

Les complexésElle :
Trois films à sketches à l’italienne dans la pure tradition des années 60 sur un homme ultra-timide incapable de séduire la femme de ses rêves, un mari puritain qui traque frénétiquement les images dénudées de son épouse dans un film et un prétendant aux dents de cheval à un poste d’animateur télé. Ce dernier sketch est le plus amusant avec un Alberto Sordi surdoué pour la diction et qui malgré sa dentition spectaculaire parvient à surmonter tous les obstacles.
Note : 3 étoiles

Lui :
Comédie italienne à sketches sur le thème des complexés. Celui de Dino Risi est le plus classique, le plus triste, le plus terne aussi. Le deuxième sketch, de Franco Rossi, est plus drôle, avec un Ugo Tognazzi en puritain particulièrement acharné. Le troisième, signé du peu connu Luigi Filippo D’Amico (et ce n’est pas un pseudonyme), est vraiment jubilatoire avec un Sordi en pleine forme. Ce sketch mérite vraiment d’être vu, c’est l’une de ces petites perles de la comédie italienne.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi, Alberto Sordi, Ugo Tognazzi
Voir la fiche du film et la filmographie de Dino Risi , de Franco Rossi et de Luigi Filippo D’Amico sur le site imdb.com.
Note: Franco Rossi n’est pas Franco Rosi (nom parfois utilisé par Francesco Rosi).

9 septembre 2006

« Les maris, les femmes, les amants » (1989) de Pascal Thomas

Les Maris, les femmes, les amantsElle :
J’ai été très déçue par ce film dont j’avais lu le plus grand bien. Cette vision très parisienne de la vie de famille en vacances ou à Paris est bourrée de clichés et même assez machiste. Les femmes sont futiles et insupportables, les enfants sont exécrables. Ces bourgeois parisiens (professions artistiques, maison et bateau à l’île de Ré, etc…) sont franchement caricaturaux. Le scénario est indigent, les dialogues sont forcés. Bref vraiment rien d’intéressant et de drôle dans cette chronique parisienne.
Note : 2 étoiles

Lui :
Personnages insupportables, jeu forcé des acteurs, scénario futile, beaucoup de clichés et un humour assez mauvais. Une catastrophe.
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Jean-François Stévenin, Susan Moncur, Emilie Thomas, Michel Robin, Catherine Jacob
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8 septembre 2006

« Bread and Roses » (2000) de Ken Loach

Bread and rosesElle :
Très belle leçon de dignité de la part de ces employés immigrés qui font le ménage dans les immeubles les plus luxueux de Los Angeles. Ken Loach nous emmène avec beaucoup de naturel au coeur du combat de ces salariés exploités. On assiste, comme si on était à leurs côtés, à leur lente prise de conscience que leurs droits sont bafoués. C’est Maya, une jeune mexicaine et un jeune syndicaliste qui mènent cette rude bataille. Elle est émaillée des trahisons d’une soeur elle-même exploitée par sa famille, des angoisses et humiliations des vieilles femmes qui craignent le licenciement, des rêves universitaires d’un collègue qui veut s’en sortir. Les acteurs sont très touchants et authentiques.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est un film assez touchant sur une lutte syndicale de mexicains clandestins aux Etats-Unis. Ken Loach a su trouver la bonne approche pour faire un film émotionnellement fort, évitant ainsi l’âpreté de certains de ses films, et parvient à nous passionner. La mise en scène est très enlevée et brillante. Un beau film humaniste.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Pilar Padilla, Adrien Brody, Elpidia Carrillo, Jack McGee
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7 septembre 2006

« Les voleurs » (1996) d’ André Téchiné

Les voleursElle :
La simple mort d’un homme que sa famille pleure. Pas si simple à première vue car celui-ci avait des activités occultes. André Téchiné tisse patiemment sa toile en retraçant sous forme de flash back le parcours obscur et clinquant d’Yvan et de son entourage. Son frère (Daniel Auteuil), un flic solitaire et jaloux de sa réussite tente de recoller les morceaux de cette mort suspecte en sortant avec une jeune paumée qui elle-même fréquente une prof de philo lesbienne (Catherine Deneuve). C’est le choc de milieux différents, de vies éclatées et de portraits déchirés. Un intéressant voyage au fond de l’âme humaine mais qui manque peut-être un peu d’émotion pour s’attacher à ces personnages.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le scénario est très original: Bien qu’étant basée sur une relation flic/truand, l’histoire n’est pas banale, surtout par l’utilisation des personnages, les liens qu’ils tissent entre eux. La construction est tout aussi remarquable, série de flash-back en ordre disparate, qui font remarquablement avancer la compréhension des personnages, assez opaques, qui ne se livrent pas si facilement… Au final, Téchiné nous donne un film très prenant, résultat d’autant plus remarquable qu’il n’y a quasiment aucun personnage auquel on peut vraiment s’identifier.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Daniel Auteuil, Laurence Côte, Benoît Magimel
Voir la fiche du film et la filmographie de André Téchiné sur le site imdb.com.