19 mai 2009

L’homme sans âge (2007) de Francis Ford Coppola

Titre original : « Youth without youth »

L’Homme sans AgeElle :
Un homme frappé par la foudre revient à la vie, miraculeusement rajeuni. Trop de tout dans cette histoire où Coppola en homme vieillissant se projette certainement beaucoup. Trop de belles images, trop d’effets visuels et sonores faciles et un scénario pas suffisamment étoffé pour me retenir très longtemps.
Note : pas d'étoile

Lui :
Après dix années d’abstinence, Francis Ford Coppola revient à la réalisation avec L’homme sans âge. Il nous livre une fois de plus un film assez original. Le temps qui passe, le manque de temps et ce sentiment de crainte de ne pouvoir achever, l’acquisition et l’utilisation de la connaissance, tels sont les principaux sujets de réflexion qu’il nous propose, des thèmes qui l’ont certainement interpellé personnellement. Il ne craint pas de barder son film d’une touche fantastique et d’un certain ésotérisme, sans doute parfois un peu simplet, qui viennent donner de la consistance et un liant à l’ensemble. Un scénario assez riche et la réalisation  irréprochable font le reste : L’homme sans âge est franchement prenant. Coppola sait parfaitement doser ses effets, n’en abusant à aucun moment, les utilisant seulement pour appuyer son questionnement sur le temps, sur son utilisation, ses liens avec la connaissance, ce temps qui ne fait que manquer, même pour aimer. La fin est implacablement sombre. Le film est adapté d’un roman de Micea Eliade, historien des religions et philosophe roumain. L’homme sans âge, sous ses airs énigmatiques, apparaît comme un film assez particulier, plutôt réussi.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tim Roth, Alexandra Maria Lara, Bruno Ganz, André Hennicke, Marcel Iures
Voir la fiche du film et la filmographie de Francis Ford Coppola sur le site IMDB.

Voir les autres films de Francis Ford Coppola chroniqués sur ce blog…

18 mai 2009

Panique à Hollywood (2008) de Barry Levinson

Titre original : « What Just Happened ? »

Panique à HollywoodElle :
(pas vu)

Lui :
Au départ, il y a un best-seller écrit par Art Linson (le producteur d’Into the Wild) dévoilant les dessous et les travers d’Hollywood. Il a ensuite lui-même transformé son livre en scénario : Panique à Hollywood. Robert De Niro y incarne un producteur que l’on suit dans ses démêlés avec en vrac les compagnies dictatoriales, les acteurs caractériels, les réalisateurs intransigeants, des agents fuyants, ses ex-femmes, sa fille, etc… Il s’agit donc d’une satire du petit monde de l’industrie du cinéma mais sans que ce soit vraiment mordant. La comparaison avec The Player d’Altman est un peu inévitable mais Panique à Hollywood n’en a ni la richesse ni l’équilibre. Le film de Barry Levinson n’en reste pas moins plaisant à regarder avec quelques bons traits d’humour. On en vient à plaindre ce pauvre garçon : prothèse téléphonique collée à l’oreille, il ne connaît pas de répit. Producteur, ce n’est vraiment pas une vie…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Bruce Willis, John Turturro, Sean Penn, Robin Wright Penn, Stanley Tucci, Catherine Keener, Kristen Stewart
Voir la fiche du film et la filmographie de Barry Levinson sur le site IMDB.

Voir les autres films de Barry Levinson chroniqués sur ce blog…

Remarques :
1. Le livre d’Art Linson a été publié en 2002 : What Just Happened? Bitter Hollywood Tales From the Front Line (Bloomsbury Publishing). Il n’a pas été traduit en français.
2. Art Linson a produit des films comme Les incorruptibles de Brian de Palma (1987), Tension de Sidney Lumet (1995), Fight Club de Fincher (1999), Le Dahlia Noir de De Palma (2006) et Into the Wild de Sean Penn (2007). Voir la liste complète
3. Le réalisateur qui ne veut pas changer la fin de son film peut faire penser à Abel Ferrara…
4. Bruce Willis et Sean Penn jouent leur propre rôle.
5. Panique à Hollywood n’est pas sorti en salles en France. Il est sorti directement en DVD.

17 mai 2009

Deburau (1951) de Sacha Guitry

DeburauElle :
(pas vu)

Lui :
La même année que se joue la dernière représentation de sa pièce Deburau qu’il a écrite en 1918, Sacha Guitry l’adapte au cinéma, sans aucun doute pour la prolonger, l’empêcher de s’éteindre. Il l’adapte sans fioritures, gardant pratiquement l’intégralité du texte original. Son personnage est bien entendu assez différent du Deburau des Enfants du Paradis : le Deburau de Guitry est tout en verve et il nous gratifie d’un très beau texte tout en vers. Le ton cependant n’est pas léger : le badinage de l’amour est ici triste, celui qui rend malheureux et le thème de l’acteur vieillissant forcé de passer la main avait peut-être une résonance particulière pour Sacha Guitry en 1950. Difficile à dire mais ce qui est certain, c’est qu’il avait connu lui aussi un rejet du public à la fin de la guerre et il ne s’est jamais vraiment remis des accusations de collaboration portées contre lui. Il trouve donc ici naturellement le ton qui convient parfaitement à ce personnage délaissé, un ton plein de mélancolie et de fatalisme. Face à lui, Lana Marconi (depuis peu sa cinquième femme) a un physique parfait et très aristocratique mais ni sa voix ni son jeu ne paraissent remarquables… Deburau fait partie des films les moins connus de Guitry. Il est certes moins léger et mois facile d’abord que beaucoup d’autres mais il permet de garder sa pièce vivante encore aujourd’hui.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Lana Marconi, Jean Danet, Michel François
Voir la fiche du film et la filmographie de Sacha Guitry sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sacha Guitry chroniqués sur ce blog…

Le pièce de Sacha Guitry fut adaptée à la télévision par Jean Prat en 1982 avec Robert Hirsch dans le rôle principal.

15 mai 2009

La fabrique des sentiments (2008) de Jean-Marc Moutout

La fabrique des sentimentsElle :
Comme dans Violence des échanges en milieu tempéré que j’avais bien apprécié, Jean-Marc Moutout pose son regard acide et ironique sur les failles de notre société contemporaine qui isole et brise les gens. Drame de la solitude d’une jeune femme bien élevée qui espère trouver l’âme sœur dans le speed-dating, lieu de drague des temps modernes où il faut se valoriser en 7 minutes, comme dans un entretien d’embauche pour espérer un rendez-vous amoureux. Questionnements, doutes, dévalorisation de soi taraudent les personnages qui ne trouvent jamais leur place. Elsa Zylberstein est lumineuse. On reste un peu sur sa faim dans la dernière partie qui s’éternise. Un film sans prétention qui se laisse regarder.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si Eloise a bien réussi dans sa vie professionnelle, elle vit seule et la vacuité de sa vie sentimentale va la pousser à employer une méthode un peu artificielle pour rencontrer l’âme soeur. A la lecture de cette base de scénario, on pourrait penser que La fabrique des sentiments est un film français de plus sur le mal-être des trentenaires. Il paraît cependant un peu différent de ses semblables. Jean-Marc Moutout base son film sur son personnage central, à la fois simple et complexe, et y ajoute une réflexion sur la fabrication des sentiments : Eloise a recours au speed-dating pour rencontrer un homme, technique qui applique les méthodes des entretiens d’embauche pour forcer l’éclosion de relations sentimentales. Si Jean-Marc Moutout semble vouloir orienter sa réflexion dans ce sens, on peut probablement lui reprocher de ne pas aller suffisamment loin ce qui laisse une impression d’inachevé. La seconde moitié de La fabrique des sentiments s’étire parfois en longueur et la fin semble franchement bâclée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Elsa Zylberstein, Jacques Bonnaffé, Bruno Putzulu
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Marc Moutout sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jean-Marc Moutout chroniqués sur ce blog…

14 mai 2009

Valse avec Bachir (2008) de Ari Folman

Titre original : « Vals Im Bashir »

Valse avec BachirElle :
Ari Folman a choisi de raconter sa propre histoire de soldat, au moment de l’invasion du Liban en 1982 par les israéliens, sous la forme d’un film documentaire d’animation. Traumatismes psychologiques, amnésies, massacres, séquelles de toutes les guerres. En cela Valse avec Bachir a une portée universelle. L’univers graphique est très novateur et original; il passe de l’ambiance tragique à l’atmosphère onirique du rêve et de l’hallucination. On peut reprocher la démarche un peu chaotique et ralentie de ses personnages qui tranche avec la fluidité de certaines scènes. Je suis déçue et ne suis pas très convaincue par l’utilisation de l’animation pour raconter ce témoignage douloureux. Dans le même registre, le film de Marjanne Satrapi Persépolis est à mon sens beaucoup plus réussi. Le choix de voix off très monocordes est un peu soporifique. D’autre part, cette narration qui nous place constamment en retrait des personnages fait qu’on ne s’y attache pas. L’émotion ne jaillit pas alors qu’elle le devrait. Le film d’archives final qui nous rappelle à la réalité de la tragédie me paraît bien plus fort.
Note : 2 étoiles

Lui :
Valse avec Bachir est un film (ou un documentaire) vraiment original par ses parti pris de réalisation. Traiter de la 1ere guerre du Liban en film d’animation est bien entendu très audacieux et le faire au travers du récit autobiographique d’une jeune recrue israélienne dont la mémoire n’a gardé aucune trace de ces évènements tragiques l’est tout autant. Il est donc difficile de maltraiter un projet qui sort ainsi des sentiers battus et, de plus, l’engouement qui a porté le film après son premier passage à Cannes a permis de donner une forte portée à son message et à son témoignage des horreurs de la guerre. Néanmoins, le film n’est pas pleinement réussi : il a quelque peu du mal à donner de la force à ses personnages et l’on se sent trop extérieur, ce qui est difficile à expliquer vu la gravité du sujet. L’animation n’aide en rien, montrant un décalage flagrant entre les mouvements minimalistes des personnages et la fluidité du décor ou de certains objets. Le sentiment d’étrangeté créé par cette technique appuie le récit parfois mais gêne le plus souvent. La voix-off du personnage principal se révèle assez lancinante. En revanche, les choix graphiques et l’utilisation des couleurs sont plus réussis. Malgré ses défauts, Valse avec Bachir reste un essai intéressant, apportant un témoignage réel sous une forme vraiment inattendue.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Ari Folman sur le site imdb.com.

12 mai 2009

Un nommé Cable Hogue (1970) de Sam Peckinpah

Titre original : « The ballad of Cable Hogue »

Un nommé Cable Hogue Elle :
(pas vu)

Lui :
Tourné juste après La horde sauvage, Un nommé Cable Hogue traite du même thème : la fin de l’Ouest. Laissé sans eau dans le désert par des associés peu recommandables, Cable Hogue erre plusieurs jours et finit par trouver une source d’eau. Il entreprend d’y construire une halte pour les diligences qui passent non loin de là. Cette fois, Sam Peckinpah n’utilise pas une débauche de violence pour montrer ce monde finissant, à l’aube d’un changement de civilisation, non, il utilise l’humour : Un nommé Cable Hogue est en fait une comédie, ce qui est assez rare pour un western. Cependant, malgré une solide construction de scénario et un déroulement parfait, le film peine à intéresser et l’humour, somme toute assez épars, ne suffit pas à relever l’ensemble. Le film est toutefois généralement assez bien estimé.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jason Robards, Stella Stevens, David Warner
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Peckinpah sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sam Peckinpah chroniqués sur ce blog…

Lire une critique plus complète sur DvdClassik

11 mai 2009

Coeurs brûlés (1930) de Josef von Sternberg

Titre original : « Morocco »

Coeurs brûlés Elle :
(pas vu)

Lui :
Bien qu’il fut tourné après L’Ange Bleu, Coeurs Brûlés sortit avant lui aux Etats-Unis et c’est donc avec ce film que Marlene Dietrich est devenue une star outre-Atlantique. Une chanteuse de cabaret échoue à Mogador, au Maroc. Elle y rencontre à la fois un richissime gentleman et un légionnaire qui collectionne les conquêtes féminines. Elle va hésiter entre le cœur et la raison. Coeurs Brûlés est bien plus convaincant que L’Ange Bleu (film qui a certes marqué les esprits mais qui semble bien surcoté) ne serait-ce que par le déroulement de son scénario, bien mis en place, et aussi par son climat presque onirique. Sur ce point Cœurs Brûlés s’inscrit tout à fait dans la lignée des films muets (nous sommes en 1930 aux tout début du parlant), il a cette nonchalance aristocratique, paraissant presque inaccessible, impression accentuée par le fait que tout est tourné en studio. Coeurs brûlés Cette histoire d’amour fou permet à Sternberg de mettre parfaitement en valeur Marlene Dietrich avec de très beaux gros plans sur son visage, notamment dans la scène où Gary Cooper va la rejoindre dans sa chambre, superbe scène pleine d’ambiguïté, presque en demi-teintes, où Marlène paraît mystérieuse, forte et vulnérable à la fois. Pour le côté provoquant, on notera sa première apparition sur scène habillée en homme, smoking et haut de forme, et le baiser sur la bouche d’une femme : Paramount utilisera comme accroche publicitaire « La femme que même les femmes peuvent désirer »…! Après L’Ange Bleu et Morocco, Joseph von Sternberg tournera cinq films avec Marlene Dietrich.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Marlene Dietrich, Adolphe Menjou, Ullrich Haupt
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Sternberg sur le site IMDB.

Voir les autres films de Josef von Sternberg chroniqués sur ce blog…

10 mai 2009

Confidences sur l’oreiller (1959) de Michael Gordon

Titre original : « Pillow talk »

Confidences sur l'oreillerElle :
(pas vu)

Lui :
Une décoratrice d’intérieur (Doris Day) partage sa ligne téléphonique avec un don juan beau parleur (Rock Hudson). Ils ne se sont jamais vu mais se détestent cordialement. A la suite d’un concours de circonstances, le beau garçon va se faire passer pour un texan afin de la courtiser… Confidences sur l’oreiller est assez typique de ces comédies américaines des années 50 : la recherche du célibataire idéal nourrie de quiproquos et de belles toilettes. Celle-ci est très conventionnelle et manque un peu d’éclat et de rebondissements malgré la présence de quelques bonnes trouvailles de scénario. Doris Day, qui passe avec ce film d’une carrière tournée vers la chanson à la comédie, s’en tire plutôt bien mais Rock Hudson a toujours ce jeu assez plat qui le caractérise. Confidences sur l’oreiller fut un énorme succès populaire à l’époque. Avec le recul, il paraît trop prévisible. Il comporte bien quelques scènes savoureuses mais l’ensemble est plutôt ennuyeux.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Rock Hudson, Doris Day, Tony Randall, Thelma Ritter, Marcel Dalio
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Gordon sur le site IMDB.

9 mai 2009

The phantom light (1935) de Michael Powell

The Phantom LightElle :
(pas vu)

Lui :
Un gardien de phare anglais arrive dans un petit village isolé en plein Pays de Galles pour prendre son poste. On lui dit que le phare est hanté et que son prédécesseur a mystérieusement disparu. Phantom Light est l’un des tous premiers films du réalisateur anglais Michael Powell, il fait partie de la dizaine de films assez courts qu’il réalisa entre 1932 et 1936. De façon assez typique pour un film anglais de cette époque, ce film montre un mélange d’humour et d’atmosphère porteuse d’intrigue. L’humour se manifeste surtout sur la galerie de personnages et les dialogues, le film joue beaucoup sur l’opposition gallois/anglais en nous montrant des autochtones hauts en couleur. Ajoutez à cela une jeune femme qui n’a pas vraiment d’influence sur l’histoire proprement dite et qui semble n’avoir pour justification que de montrer ses jambes pendant tout le film. Sinon, l’originalité de Phantom Light est de se dérouler en grande partie à l’intérieur d’un phare, donc un endroit assez exigu et Michael Powell se tire fort bien de ce challenge. L’histoire n’est pas mal ficelée et l’ensemble se regarde avec plaisir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Binnie Hale, Gordon Harker, Donald Calthrop
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Powell sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Michael Powell chroniqués sur ce blog…

7 mai 2009

Le voyage du ballon rouge (2007) de Hou Hsiao-hsien

Le voyage du ballon rougeElle :
Tout comme L’Heure d’Eté d’Olivier Assayas, Le voyage du ballon rouge est issu d’une commande du Musée d’Orsay. C’est une fable poétique pleine de charme dans laquelle il faut se laisser porter comme ce ballon rouge qui flotte dans les rues de Paris aux côtés d’un enfant. Hou Hsiao-hsien nous transporte dans le quotidien d’une marionnettiste débordée qui s’entoure d’une nounou chinoise, étudiante en cinéma pour s’occuper de son jeune fils. Nous voici spectateurs de leur vie avec ses aléas et ses petites joies. Un regard simple et humain sur ce qui nous rattache à nos racines familiales que l’on veut garder au travers de photos ou de bobines de films en 8mm. Juliette Binoche est remarquable de justesse. L’art poétique de la rue devient une passerelle vers le tableau du ballon du Musée d’Orsay dans lequel les enfants plongent en imaginaire. Il faut noter aussi la très belle mise en scène de Hsiao-hsien Hou axée sur les reflets de visages dans les vitrines, les jeux de flous, la fluidité de la caméra. Un beau voyage.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le voyage du ballon rouge est une balade poétique qui ne manque ni de charme ni d’intérêt. Sous une apparence de film en partie improvisé (les dialogues n’ont d’ailleurs pas été écrits), le film de Hou Hsiao Hsien est aussi une réflexion sur le dédoublement, la séparation. Le film se déroule dans trois univers : celui de la mère, survoltée, accablée de problèmes pratiques, celui de l’enfant et de sa baby-sitter, univers privilégié, en construction, et celui du ballon rouge, onirique, presque irréel. Ces univers ne se rencontrent que rarement au cours du film, la mère et son fils pendant le doublage des marionnettes, l’enfant et la ballon au début et à la fin du film. Le cinéaste accentue cette notion de plusieurs univers en utilisant très fréquemment des reflets, des doubles reflets, des triples reflets, ou en jouant avec la profondeur de champ pour créer des flous de premier plan ou d’arrière plan. C’est superbe. La séparation tient aussi beaucoup de place dans la vie de la mère : un conjoint injoignable, un appartement coupé en deux dont la meilleure partie est squattée par une vague connaissance, des impératifs qui l’empêchent de passer du temps avec son fils, alors que son métier est d’interpréter plusieurs personnages à la fois (encore un dédoublement)… Etonnante Juliette Binoche qui parvient à rendre son personnage, de prime abord irritant (une véritable tornade), finalement attachant. Elle charge son personnage mais ne sur joue à aucun moment. Enfin Le voyage du ballon rouge est aussi une réflexion sur l’Art, ou plus exactement sur le regard de l’artiste, qu’il soit cinéaste ou peintre. C’est un film étonnant, dans lequel on ne s’ennuie pas une seconde malgré l’absence de trame scénaristique traditionnelle. Un très beau film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, Simon Iteanu, Song Fang, Hippolyte Girardot
Voir la fiche du film et la filmographie de Hou Hsiao-hsien sur le site IMDB.
Voir les autres films de Hou Hsiao-hsien chroniqués sur ce blog…

La peinture que les enfants vont voir à la fin du film est Le Ballon de Félix Vallonton (1899), un tableau qui contient deux angles de vues, deux univers différents… Voir ce tableau sur le site du Musée d’Orsay
Le voyage du ballon rouge est au départ une commande du Musée d’Orsay, premier film d’une série pour fêter les 20 ans du musée.

Le film fait référence et rend hommage au court métrage Le Ballon Rouge d’Albert Lamorisse (1956), primé à Cannes.