25 novembre 2011

Movie Crazy (1932) de Clyde Bruckman

Autre titre (Belgique) : « Silence, on tourne! »

Movie CrazyA la suite d’une méprise, un provincial qui rêve de faire carrière dans le cinéma est convoqué à Hollywood pour faire des essais… Les grands burlesques du cinéma muet ont souffert du passage au parlant. Sans échapper totalement à la règle, Harold Lloyd est celui qui a le mieux réussi à prendre le virage, avec même quelques belles réussites comme ce Movie Crazy. C’est son premier film vraiment écrit comme un parlant (et non comme un muet sonorisé). L’histoire n’est guère originale en soi et pourtant Harold Lloyd parvient à Movie Crazy éviter les situations les plus faciles et nous livre de très bons gags. Les scènes de la piste de danse et de la bagarre finale sont assez mémorables. Movie Crazy montre un bel équilibre entre l’humour et la romance, avec un personnage féminin (joué par Constance Cummings) assez travaillé. C’est inhabituel pour le burlesque muet et témoigne donc de l’évolution d’Harold Lloyd pour aborder le parlant. Le succès fut au rendez-vous, un succès justifié car Movie Crazy est au niveau de ses meilleurs films.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Constance Cummings
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Remarques :
* Le film fut tourné sans le son, les voix étant ajoutées en post-production.
* Bien que Clyde Bruckman soit crédité comme seul réalisateur, le film a été en grande partie dirigé par Harold Lloyd lui-même du fait de l’alcoolisme chronique de Bruckman.

27 juillet 2011

Hot Water (1924) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Titre français parfois utilisé : « Une riche famille »

Hot WaterLui :
Marié à une charmante jeune femme, Hubby (Harold Lloyd) doit supporter la présence de sa belle-mère acariâtre et de son beau-frère oisif. Toute la famille veut essayer l’automobile qu’il vient d’acheter… Hot Water s’appuie sur un thème toujours fédérateur, la satire de la belle-famille envahissante dont on cherche à se débarrasser. Le début du film où Harold Lloyd tente de ramener à la maison toutes les courses et un dindon vivant (!) peut paraître un peu répétitif. Les meilleurs passages viennent ensuite : le petit tour dans la nouvelle  voiture va se révéler être assez mouvementé et la fin du film où beaucoup de gags reposent sur la peur du gendarme puis sur la peur des fantômes est assez relevé. Hot Water Il y a là de belles trouvailles. La belle-mère est vraiment terrifiante, de quoi décourager tout candidat au mariage ! Originalité de Hot Water : alors que dans la plupart de ses films, Harolf Lloyd doit surmonter beaucoup d’obstacles pour gagner le cœur de sa belle, ici la belle est déjà conquise mais des obstacles se dressent pour l’empêcher de jouir de son bonheur. (Muet, 59 minutes)
Note : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Jobyna Ralston, Josephine Crowell
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22 juillet 2011

Now or Never (1921) de Hal Roach et Fred C. Newmeyer

Titre français : « Harold bonne d’enfant »

Harold bonne d'enfantLui :
L’histoire de Now or Never est assez difficile à raconter. Déjà en retard pour aller à son rendez-vous, Harold Lloyd est délesté de son argent par un vagabond. Il le poursuit et voyage avec lui clandestinement sous un train. Ayant rejoint sa bien-aimée, il poursuit son voyage avec elle et une fillette dont elle a la garde… Ce court métrage de trois bobines se déroule pour sa plus grande partie dans un train, ou plutôt dans, sur et sous un train. Il y a beaucoup de bons gags, il est évident que l’inspiration ne manquait pas. Beaucoup d’acrobaties également et de situations très dangereuses : on le voit par exemple courir sur le toit d’un train en sens inverse de la marche pour éviter un tunnel qui est à moins d’un mètre dans son dos. L’autre ressort du comique est l’embarras d’Harold face à la fillette qu’il doit coucher (c’est un train de nuit) et habiller le lendemain matin. Harold Lloyd était alors dans une période faste et Now or Never témoigne de sa vitalité créative. (Muet, 35 minutes)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis
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6 décembre 2010

Ça te la coupe (1924) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Titre original : « Girl shy »

Girl ShyLui :
Les films d’Harold Lloyd ont toujours des titres français un peu vulgaires… Il faut s’y faire. « Ça te la coupe » fait probablement référence au fait que le héros de Girl shy est très timide face aux filles (comme l’indique le titre anglais) : il se met à bégayer, perd tous ses moyens et, au final, il les évite. Pour compenser, il écrit en secret un livre où il se met dans la peau d’un homme à femmes qui prodigue des conseils pour mieux les séduire… Girl Shy est l’un des films les mieux équilibrés d’Harold Lloyd : il parvient à créer un personnage très attachant, mélange de fragilité et de détermination, qui apporte beaucoup de délicatesse et même une certaine tendresse. Il est aussi, comme toujours, capable d’accomplir de véritables prouesses. Girl Shy La course finale de Girl Shy est l’une des plus extraordinaires du cinéma. Désireux d’empêcher le mariage de sa bien-aimée avec un arriviste, Harold Lloyd va emprunter un nombre incalculables de véhicules différents, chacun étant plus rapide que le précédent. Tournée en plein jour dans les rues de Los Angeles, cette course est trépidante, l’impression de vitesse y est extrême, on le voit traverser des carrefours à une vitesse ahurissante… Il évite de justesse autos et piétons qui jaillissent devant lui (1). Il y a aussi beaucoup d’inventivité dans les situations ou dans les véhicules qu’il utilise. Mais tout aussi spectaculaire qu’elle soit, cette course folle n’est pas le seul attrait du film. Très complet, Girl Shy est ainsi l’un des tous meilleurs d’Harold Lloyd.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Jobyna Ralston, Richard Daniels, Carlton Griffin
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(1) Rappelons-le que tout est réel. Tout au plus certains passages sont légèrement accélérés. Harold Lloyd accomplissait toutes ses cascades lui-même. 

Remarques :
Girl ShyA) La scène où le chariot de Lloyd passe à toute allure au dessus de la camera au sol impressionna si fortement le réalisateur Frank Niblo qu’il décida aussitôt d’incorporer la même scène dans son Ben-Hur (1925) qu’il était en train de tourner. Niblo et Lloyd étaient amis. Niblo invita Lloyd le jour du tournage.
B) La scène finale de l’arrêt du mariage a (comme on s’en doute, puisque c’est pratiquement la même) très fortement influencé la scène finale du film Le Lauréat (The Graduate, 1967). Mike Nichols a, lui aussi, invité Harold Lloyd à assister au tournage de la scène.
Girl Shy C) Dans la (célèbre) scène où Harold Loyd, à l’arrière d’une voiture de pompiers à pleine vitesse, tente désespérément de se redresser en s’accrochant à un tuyau qui se déroule sans arrêt, l’acteur s’est grièvement blessé lors d’une chute. Tous les témoins pensaient qu’il avait le crâne fracturé mais il n’eut qu’une demi-douzaine de points de suture au front.
D) Girl Shy est le premier film produit par Harold Lloyd Productions. L’acteur produira ensuite lui-même tous ses films.
E) Le film comporte deux scènes rêvées d’homme à femmes, une où il joue l’indifférent, l’autre où il joue l’homme primaire. Une troisième scène fut tournée où il la jouait « reporter sportif » (!) Cette scène fut jugée négativement par le public-test et Harold Lloyd, qui a toujours accordé beaucoup d’importance aux opinions des publics-test, la retira.

25 juillet 2010

À la hauteur! (1930) de Clyde Bruckman

Titre original : « Feet First »

À la hauteur!Lui :
Pour son deuxième film parlant, Harold Lloyd tente de reprendre le thème qui avait si bien fonctionné en muet avec Safety Last : le vertige des hauteurs. De la même façon que pour son prédécesseur, le dernier tiers de Feet First voit donc Harold Lloyd en situation périlleuse, accroché à grande hauteur sur une façade de building où il lui arrive les pires choses. L’inventivité est excellente car, par rapport à Safety Last, toutes les situations et embûches sont nouvelles. Aucune répétition. L’heure qui précède ce passage terrorisant est plus classique avec de bonnes trouvailles de situations et de gags. Alors pourquoi Feet First n’a-t-il eu que peu de succès? À la hauteur! Tout simplement à cause du son… La présence du son rend la scène de l’escalade terriblement plus réaliste : entendre Harold Lloyd crier désespérément pour appeler de l’aide a gommé tout l’aspect comique et le public a trouvé la situation trop dramatique (1). C’est dommage car cette partie spectaculaire est remarquable au niveau des enchaînements et constitue un véritable exploit acrobatique (2). Malgré ce demi-succès, on pourra noter que, parmi les trois grands comiques du muet (Chaplin, Keaton, Lloyd), Harold Lloyd est celui qui a le plus rapidement pris le virage du parlant : si beaucoup de gags restent visuels, Lloyd sait aussi s’appuyer sur les dialogues ou sur les bruitages.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Barbara Kent, Noah Young, Willie Best
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Feet First (1) Dans son livre, Annette d’Agostino Lloyd rapporte qu’un exploitant de salles berlinois de l’époque avait trouvé la parade : au début de la scène de l’escalade, il coupait tout simplement le son. Et cela marchait, le public aimait beaucoup plus le film !
(2) Il faut rappeler que toutes les scènes sont réalisées sans incrustation (sauf les deux dernières secondes, la chute) et que Harold Lloyd n’avait que trois doigts valides à la main droite !

Remarques :
Le film a été tourné sur South Broadway, en contruisant des fausses facades sur le toit d’immeubles. La partie basse a été tournée au niveau du 1001 South Broadway. On voit bien l’enseigne de l’United Artists Theater qui est au 939. Juste à côté se trouve le Western Costume Building, au sommet duquel Laurel et Hardy ont tourné le film Liberty, un an auparavant et dans lequel on peut voir le toit (en triangle) utilisé par Harold Lloyd.

Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
Feet First (1930), long métrage (parlant)

2 juillet 2010

Le talisman de grand-mère (1922) de Fred C. Newmeyer

Titre original : « Grandma’s Boy »
Autre titre français : « Le petit à grand maman »

le talisman de grand-mèreLui :
S’il est le premier film d’Harold Lloyd dont la durée atteint 1 heure, Grandma’s Boy n’était pas prévu ainsi au départ. L’histoire de ce jeune garçon timide et froussard qui devient intrépide grâce à un faux talisman donné par sa grand-mère avait été conçu pour être un two-reeler (deux bobines, soit environ 20 minutes). Ayant mis l’accent sur les côtés dramatiques de cette histoire, Harold Lloyd s’aperçut lors de projections-tests que le public était assez décontenancé et il rajouta de nombreuses scènes comiques le talisman de grand-mère dont le flash-back du grand père pendant la Guerre de Sécession ; le film finit par durer cinq bobines. En faisant cela, Harold Lloyd a atteint un subtil mélange entre drame et comédie qui n’est pas sans rappeler ce que faisaient Chaplin et Keaton au même moment (1) : on découvrait alors que la comédie pouvait s’enrichir et dépasser le format court auquel il était jusque là cantonné. Grandma’s Boy est ainsi très amusant tout en en offrant une certaine profondeur. Il se regarde toujours avec grand plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Anna Townsend, Charles Stevenson, Dick Sutherland, Noah Young
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(1) Charles Chaplin a d’ailleurs dit à propos de Grandma’s Boy et d’Harold Lloyd : « C’est l’un des meilleurs scénarios que j’ai jamais vu… Ce garçon a une belle maitrise de la lumière et des formes. Ce film m’a procuré un vrai frisson artistique et m’a stimulé. » (Interview par Rob Wagner, 23 mai 1922).

Homonyme :
Grandma’s Boy de Nicholaus Goossen (2006), comédie sans aucun lien avec ce film d’Harold Lloyd. 

4 avril 2010

Pour l’amour du ciel (1926) de Sam Taylor

Titre original : « For Heaven’s Sake »

For Heaven's SakeLui :
(Film muet) Un millionnaire, insouciant et légèrement égoïste, tombe amoureux d’une jeune fille qui tient un refuge pour les pauvres. Il va ainsi s’immerger dans un quartier plutôt mal famé… Film comique, Pour l’amour du ciel est remarquable par deux longues courses poursuites qui sont extrêmement riches en situations différentes. Dans la première, Harold Lloyd cherche à avoir le plus possible de malfrats à ses trousses pour les attirer quelque part ; c’est du pur « slapstick » avec moult coups de pied au derrière, tout en restant tout de même très original. Dans la seconde, il tente de conduire cinq compères complètement saouls à travers la ville notamment en utilisant un autobus à étages ; cette longue scène est hilarante de bout en bout, l’action étant constamment relancée. Ajoutez à cela deux catastrophes automobiles en début de film, la seconde étant assez… décoiffante. Pour l’amour du ciel avait au départ une longueur de sept bobines mais fut réduit à six après des projections-test : certains gags allaient trop loin et le public ne suivait pas… Le film n’est pas sans rappeler les films de Buster Keaton, surtout quand Harold Lloyd reste totalement impassible dans les pires situations. Le film évoque également Easy Street de Chaplin, court métrage qui explorait aussi le thème des bas-fonds et cette façon très chanceuse d’éviter les pires mauvais coups. Bizarrement, Pour l’amour du ciel est (aujourd’hui) l’un des longs métrages les moins connus d’Harold Lloyd. C’est étonnant car c’est un film sans temps mort et où l’inventivité des gags et la richesse des situations sont assez enthousiasmantes.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Jobyna Ralston, Noah Young, Jim Mason, Paul Weigel
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Homonymes :
For Heaven’s sake (On va se faire sonner les cloches) de George Seaton (1950) avec Cliton Webb et Joan Bennett
For Heaven’s sake de Nat Christian (2008) avec Florence Henderson

15 mars 2010

Number, please? (1920) de Hal Roach et Fred C. Newmeyer

Titre français parfois utilisé : « Quel numéro demandez-vous? »

Number, Please?Lui :
L’essentiel de l’action de Number, Please? se déroule dans un parc d’attractions au bord de l’Océan Pacifique. Les scènes principales sont une course pour rattraper le chien de Mildred Davis, les multiples tentatives pour passer un coup de téléphone et une poursuite avec des policiers où Harold Lloyd s’efforce de se débarrasser d’un objet qu’un voleur a placé dans sa poche. Number, Please? Durant tout le film, les obstacles se multiplient face à lui, il doit faire face à une forte adversité. A noter que Number Please? est l’un des rares films d’Harold Lloyd avec une fin malheureuse (1). Si l’histoire n’a pas la qualité des meilleurs courts métrages d’Harold Lloyd, il y a de bons moments et bonnes trouvailles de gag dans Number Please.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Roy Brooks
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(1) Le seul autre film d’Harold Lloyd avec une fin malheureuse est le court-métrage Ring up the curtain (1919).

24 janvier 2010

Oh! La belle voiture (1920) de Hal Roach

Titre original : « Get out and get under »

Oh! La belle voitureLui :
(Court métrage de 25 min) Get Out and Get Under est souvent cité comme étant le premier film qu’Harold Lloyd tourna après son terrible accident (1) ce qui n’est pas tout à fait exact (2) mais là n’est pas l’essentiel… L’histoire de Oh la belle voiture! est centrée sur une automobile Ford Model T que son personnage chérit comme la prunelle de ses yeux. Get Out and Get Under Hélas, alors qu’il est déjà en retard pour rejoindre sa belle à une répétition théâtrale, l’automobile va tomber en panne et il va devoir aller dessous (d’où le titre). Une fois réparée, il va trop vite et se fait poursuivre par des policiers. Le titre original fait sans aucun doute référence à une chanson des années 10 (voir ci-contre) qui ironisait sur ces nouveaux engins qui avaient la sale manie de tomber souvent en panne. L’ensemble est amusant mais sans être au niveau de ses meilleurs courts métrages. Il y a quelques bonnes trouvailles de gags, notamment les ruses qu’emploie Harold Lloyd pour se cacher de ses poursuivants.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Fred McPherson
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(1) En Août 1919, Harold Lloyd se rend à une séance photo. L’une des poses qu’il doit prendre est d’allumer négligemment une cigarette avec la mèche allumée d’une bombe qu’il tient à la main. Par une erreur d’accessoire, il se retrouva avec une bombe fortement chargée dans la main. L’explosion fut terrible, le blessant au visage et lui arrachant le pouce et l’index de la main droite. Pendant tout le restant de sa carrière, il utilisera une prothèse très bien faite, cachée par un gant couleur chair, pour que cela ne se remarque pas à l’écran. Toutes les prouesses acrobatiques qu’il fit par la suite paraissent d’autant plus extraordinaires quand on sait qu’il n’avait plus que trois doigts valides à la main droite.
(2) D’après le récent livre d’Annette d’Agostino Lloyd, Harold Lloyd ne s’interrompit que quatre mois environ. Le film Haunted Spooks comporte ainsi des scènes tournées avant et après son accident. Get Out and Get Under n’aurait été tourné que plusieurs mois après.

23 janvier 2010

Ma fille est somnambule (1920) de Hal Roach

Titre original : « High and dizzy »

Ma fille est somnambuleLui :
(Court métrage de 26 minutes) Un jeune médecin sans clientèle fréquente un voisin qui brasse de la bière de contrebande dans son bureau. Ils s’enivrent et se retrouvent, passablement éméchés, dans un hôtel. Dans un premier temps, High and Dizzy joue surtout avec l’ivresse. Il y a beaucoup de situations amusantes dans cet hôtel. On rit bien… et tout à coup c’est le choc ! Mildred Davis, en pleine crise de somnambulisme, ouvre une fenêtre et, sans faiblir, se met à marcher sur la corniche de l’immeuble à 20 mètres du sol. La scène est d’autant plus frappante que rien ne le laissait présager ; personnellement, mon cœur a fait un bon de trois mètres et l’on imagine aisément les cris de frayeur dans les salles de l’époque. L’un des premiers plans est suffoquant, tourné en plongée à 45 degrés, laissant voir deux étages entiers juste sous elle avec, bien plus bas, les tramways et les passants dans la rue (1). L’effet de vertige est encore plus fort que dans Never Weaken ou dans le célèbre Safety Last! Ma fille est somnambuleLa voyant passer devant sa fenêtre, Harold Lloyd va la suivre sur la corniche : nous avons donc alors une jeune fille somnambule endormie et un garçon ivre mort, incapable de mettre un pied devant l’autre, qui vont et viennent sur une corniche de trente centimètres de large à 20 mètres du sol ! La virtuosité et l’audace d’Harold Lloyd dans ce genre de plans n’a jamais été vraiment égalé. Un film vivement déconseillé aux personnes cardiaques.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Roy Brooks, Mildred Davis, Wallace Howe
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(1) La technique d’Harold Llyod était de faire construire une fausse façade de quelques étages au sommet d’un building (ou, comme ici, sur la butte du Hill Street Tunnel). Il faisait empiler des matelas devant la fausse façade pour le cas où… Mais, sur le premier plan, la caméra filme vers le sol et l’on voit pratiquement deux étages entiers sous Mildred Davis (ou plus exactement sous sa doublure, car elle est doublée dans ces 5 premières secondes). Il s’agit probablement d’un plan réel mais l’on ne voit aucun câble…
[Ajout : L’excellent livre de John Bengtson précise que la scène a été tournée sur la corniche du 11e étage du Citizens National Bank sur la 5e Rue !]

Remarque :
Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
Feet First (1930), long métrage (parlant)
Et pourtant, on se souvient aujourd’hui d’Harold LLoyd en premier pour ces scènes. Elles ont beaucoup marqué les esprits.