8 avril 2008

La consultation (2006) de Hélène de Crécy

La ConsultationElle :
Un film documentaire utile, intéressant et émouvant sur le quotidien d’un médecin généraliste qui est le rouage essentiel de la communication et de l’information médicale. Toutes les couches de la société défilent devant lui avec leurs espoirs, leurs problèmes et leurs douleurs. Les émotions qui se dégagent de ces entretiens avec le médecin sont de l’ordre de l’humain mais aussi de l’impudique. La souffrance physique révèle la plupart du temps des problèmes psychologiques comme si les maux du corps étaient un révélateur de l’âme. On peut cependant s’interroger sur ce qui a pu pousser ces clients volontaires à se prêter au jeu de la caméra et de cette mise à nu car elle les déshabille parfois impudiquement et négativement.
Note : 4 étoiles

Lui :
Certes, La Consultation est un documentaire absolument nouveau dans la vision qu’il nous offre de la « médecine ordinaire » d’un généraliste confronté à des cas forts différents : il nous présente à la fois une certaine image de la société actuelle et aussi nous interroge sur notre rapport à la médecine. Cependant on peut aussi se demander où va s’arrêter cette pénétration parfaitement impudique de la caméra, cette Caméra sacralisée par notre société comme de l’organe de l’ouverture totale. Quelle est l’étape suivante ? « 24 heures de la vie d’un psychiatre » ? « Secrets de confessionnal » ? On peut aussi se demander pourquoi La Consultation n’a pas été tourné avec des acteurs (il y a ne serait-ce que 10 ans, ce documentaire avec personnes réelles eut été probablement inconcevable). Répondre à cette question en entraîne d’autres sur le rôle de l’information dans notre société.
Note : 2 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Hélène de Crécy sur le site imdb.com.

4 avril 2008

Les témoins (2007) de André Téchiné

Les TémoinsElle :
Désir de trouver le bonheur dans la sexualité, de vivre l’intensité d’un instant présent et pourtant en ce début des années 80, c’est l’apparition brutale d’une maladie méconnue le sida. Le film nous remet en mémoire un contexte difficile : prise en charge sommaire, pas de traitements, préjugés, angoisses de mort. Téchiné nous plonge au cœur du milieu homosexuel par le biais d’un médecin amoureux d’un jeune homme qui va le tromper avec le mari d’une de ses amies. Les vies se croisent, s’entrechoquent, les repères se fissurent, les expériences sont douloureuses mais l’appétit de vivre et le désir d’amour est plus fort lorsque la mort est au rendez-vous. Les personnages de Téchiné sont fragiles, sensibles et lumineux, sur la lisière d’un gouffre.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’art d’André Téchiné avec Les Témoins est de ne pas aborder bille en tête son sujet principal : il prend le soin de nous dresser le portrait d’un petit groupe de personnes très différents dans leur façon d’aborder la vie tout en étant proches. Cette première partie est une belle chronique qui parvient à rendre ces personnages attachants ce qui accentue d’autant la soudaineté de l’irruption de la maladie qui survient sans crier gare. André Téchiné sait alors éviter l’excès de mélodrame, pouvant donner l’impression de rester parfois descriptif, mais cela donne à son film beaucoup de force et d’authenticité. Il s’appuie aussi sur un excellent quarteron d’acteurs : Sami Bouajila est particulièrement remarquable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Blanc, Emmanuelle Béart, Sami Bouajila, Johan Libéreau, Julie Depardieu
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3 avril 2008

Golden door (2006) de Emanuele Crialese

Titre original : « Nuovomondo »

Golden doorElle :
(Abandon)
Note : 0 eacute;toile

Lui :
Golden Door nous fait revivre le parcours d’une famille d’immigrants siciliens, depuis leur campagne aride de Sicile jusqu’aux portes de l’Amérique. Alors qu’il nous avait enchanté avec son film précédent Respiro, Emanuele Crialese nous livre cette fois un film assez vide et empâté d’effets visuels inutiles. Le cinéaste semble ainsi avoir perdu toute la fraîcheur et l’authenticité qui faisaient le charme de ses films. Le personnage joué par Charlotte Gainsbourg donne l’impression de n’être, lui aussi, qu’un effet scénaristique inutile. La partie la plus intéressante de Golden Door se situe sur Ellis Island et le film prend alors une fonction de témoignage historique sur la sélection qui s’y est opérée pendant de nombreuses années, à l’entrée des Etats-Unis.
Note : 1 eacute;toile

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Vincenzo Amato
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31 mars 2008

La Môme (2007) de Olivier Dahan

La MômeElle :
Un film qui ne m’a pas convaincue et qui m’a laissée insensible par excès de tout. Trop de bruit, de cris et de fureur, trop d’effets d’ambiances contrastées, trop de femmes plus répulsives qu’attachantes, trop de misérabilisme, trop d’effets à oscars/césars. Je n’ai pas aimé ces constants allers et retours entre gloire et déchéance de la vieillesse. La première partie sur l’enfance de Piaf est franchement ennuyeuse.
Note : 1 étoiles

Lui :
Dès les quinze premières minutes, La Môme pêche par excès avec une surenchère dans le misérabilisme appuyé par une pléïade d’effets d’éclairages surcontrastés… et cela va durer tout le film. Olivier Dahan n’a visiblement pas choisi le registre de la nuance ou de la subtilité pour retracer la vie d’Edith Piaf ; il appuie lourdement sur la pédale pour dramatiser au maximum une histoire qui n’en avait nul besoin car elle l’est suffisamment par elle-même. En faisant cela, il gomme tout sentiment, rien ne passe, et l’on assiste d’un œil extérieur à une suite de scènes et d’images-chocs dont on finit par se désintéresser. Marion Cotillard est tout à fait dans le ton de son metteur en scène en faisant une interprétation démonstrative, du type « habitée par son personnage ». On peut se demander quel est le but de La Môme : s’agissait-il de faire du spectacle à base de misérabilisme ou tout simplement de casser une icône ?
Note : 1 étoiles

Acteurs: Marion Cotillard, Sylvie Testud, Pascal Greggory, Emmanuelle Seigner, Jean-Paul Rouve, Gérard Depardieu
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(Presque) homonyme :
Le môme d’Alain Corneau (1986) avec Richard Anconina, film noir à la façon de Jean-Pierre Melville.

30 mars 2008

Libero (2006) de Kim Rossi Stuart

Titre original : « Anche libero va bene »

LiberoElle :
Ce regard d’enfant triste et inquiet sur les fêlures et ruptures de sa famille est tout simplement bouleversant. Equilibriste sur les toits et funambule sur le fil de la vie, il frôle en permanence le précipice sans pouvoir trouver ses marques. Son père le somme d’être fort au travers de la natation qu’il n’aime pas. L’amour au sein de cette cellule familiale existe pourtant mais il ne sait comment s’exprimer, certainement pas en tout cas dans les vociférations du père. Quelques rares instants de bonheur partagés viennent ponctuer le quotidien pour aussitôt s’effacer. Le réalisateur Kim Rossi Stuart campe un père un peu brutal ulcéré par sa vie qui part en lambeaux. Sa femme instable et mal dans sa peau ne parvient pas à jouer son rôle de mère ; elle préfère fuir devant ses responsabilités. Les deux enfants subissent et observent cette disharmonie sans qu’ils puissent faire quelque chose pour l’empêcher. Adultes avant l’âge, ils sont confrontés aux cris, aux querelles, aux confidences des parents trop lourdes à porter et qui les empêchent de s’épanouir. Kim Rossi Stuart met en scène avec beaucoup de sensibilité, de pudeur et de douleur cette enfance malmenée et ces parents en quête d’un bonheur introuvable.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le jeune Tommi, 11 ans, a bien du mal à trouver une certaine stabilité entre un jeune père, instable et caractériel, et une mère qui ne fait que de brèves apparitions. Libero est un film vraiment touchant grâce à une authenticité nourrie par un formidable jeu d’acteurs, notamment de la part de Kim Rossi Stuart, le père, et d’Alessandro Morace, le fils, vraiment étonnant de force dans son jeu, retenu et taciturne. Un premier film vraiment réussi.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Alessandro Morace, Kim Rossi Stuart, Barbora Bobulova, Marta Nobili
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29 mars 2008

Pars vite et reviens tard (2007) de Régis Wargnier

Pars vite et reviens tardElle :
(Abandon)
Note : pas d’étoiles

Lui :
Adapté du roman de Fred Vargas Pars vite et reviens tard, le film de Régis Wargnier bénéficie de la richesse de son scénario, une histoire un peu alambiquée dont il est quasiment impossible de deviner à l’avance l’évolution. Aucun problème de ce côté donc, le mystère reste épais une bonne partie du film et nous tient bien accroché. Hélas, cet atout est totalement annihilé par une interprétation assez désastreuse qui a une fâcheuse tendance à agir comme un repoussoir. L’ensemble sonne vraiment faux et tout le travail que Régis Wargnier a pu faire sur l’atmosphère tombe de ce fait à l’eau. Pars vite et reviens tard apparaît comme une adaptation franchement ratée et c’est dommage.
Note : 2 étoiles

Acteurs: José Garcia, Lucas Belvaux, Michel Serrault, Olivier Gourmet, Marie Gillain
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28 mars 2008

La vie des autres (2006) de Florian Henckel von Donnersmarck

Titre original : « Das Leben der Anderen »

La Vie des AutresElle :
Imprégné de la peur qui l’oppressait enfant lorsqu’il passait d’est en ouest avec ses parents, ce jeune réalisateur signe un premier film plein de force qui dénonce tous les totalitarismes. Le message a le mérite de rappeler les terribles méthodes de fichage de la Stasi contre les opposants au régime. Dénonciations, cachettes, réunions clandestines, écriture sous le manteau pour informer les pays occidentaux, écoutes, arrestations, torture faisaient alors partie du quotidien en RDA puisqu’un énorme service d’informateurs opèrait au service de l’état. Le scénario, bien construit, fait monter l’intensité de l’émotion progressivement ; la mise en scène est sobre et efficace. Une partie de bras de fer s’engage entre un couple d’intellectuels qui se retrouve mis sous écoute par un membre de la police politique. Peu à peu, cet homme glacial et solitaire se laisse gagner par la beauté de l’amour, de la poésie et transgresse les règles établies. La vie des Autres est un film émouvant qui invite à ne pas oublier cette sombre période de l’histoire.
Note : 5 étoiles

Lui :
Dans La vie des Autres, Florian Henckel traite de façon assez puissante de la surveillance de la police politique en RDA. Il parvient à faire un film à la fois émotionnellement fort et donnant une idée terriblement précise de ce que pouvaient être les pratiques de la Stasi. Tout en évitant le manichéisme simplificateur, il met en avant un certain humanisme en le montrant niché là où on l’attend le moins. Cet équilibre habile entre suspense, documentaire et fiction n’est certainement pas étranger au succès que le film a rencontré. Pour un premier long métrage, c’est assez remarquable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ulrich Mühe, Sebastian Koch, Martina Gedeck, Ulrich Tukur, Thomas Thieme
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27 mars 2008

Congorama (2006) de Philippe Falardeau

CongoramaElle :
(Abandon).
Note : pas d'étoile

Lui :
Un inventeur, pas vraiment brillant et vivant en Belgique, part à la recherche de ses vraies origines au Canada. Telle est la trame globale de Congorama. Ce pourrait donc être la quête d’identité d’un homme mais en pratique l’histoire est tellement improbable que l’ensemble apparaît anecdotique. Le québécois Philippe Falardeau a pourtant judicieusement choisi de dévoiler les éléments de son puzzle petit à petit ; la construction est plutôt réussie avec une cassure au tiers du film qui relance nettement l’intérêt. Tout le début du film est hélas accaparé par Olivier Gourmet qui nous fait du Gourmet : instable, grognon et coléreux… comme d’habitude. La seconde partie avec Paul Ahmarani est plus convaincante. La forme, quant à elle, est très brute : caméra à l’épaule et une bande sonore de très mauvaise qualité avec un fond sonore très présent. Au final, malgré certaines qualités, Congorama peine à retenir l’intérêt.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Olivier Gourmet, Paul Ahmarani, Jean-Pierre Cassel
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16 mars 2008

Les infiltrés (2006) de Martin Scorsese

Titre original : « The departed »

Les infiltrés Elle :
(pas vu)

Lui :
Les Infiltrés est le remake américain d’Infernal affairs du hongkongais Andrew Lau. Cette histoire d’infiltrations croisées entre la police et la pègre irlandaise de Boston permet à Scorsese de revenir sur son sujet de prédilection et de montrer toute sa virtuosité à monter un film policier haletant quasiment parfait dans sa forme. Malgré les quelque 2h30 de film, la tension est très forte assez rapidement et se maintient ainsi jusqu’à la toute fin (un peu précipitée ceci dit). Le suspense est même difficile à supporter parfois… Par rapport à l’original, les téléphones portables ont ici aussi une grande importance mais, comme en peut s’en douter avec Scorsese, pas autant que les armes et les poings. Dans sa forme, Les Infiltrés est particulièrement efficace avec une mise en scène précise et tranchante, une utilisation de la musique assez remarquable et un jeu d’acteurs à un niveau très élevé. Sous la direction de Scorcese, Jack Nicholson montre le meilleur de son talent, parvenant à marquer son personnage de ses touches si caractéristiques sans jamais aller trop loin (même si l’on sent parfois qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’il se laisse aller). DiCaprio est tout aussi convaincant avec cette instabilité qui lui va si bien. Martin Scorsese a aussi soigné les seconds rôles en faisant appel à des acteurs comme Martin Sheen ou Mark Whalberg. Les Infiltrés a parfois été placé au même niveau que Les Affranchis par certains observateurs mais il n’est pas certain qu’il laisse autant de traces toutefois. Malgré ses grandes qualités, il a tout de même moins d’ampleur et de profondeur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Jack Nicholson, Matt Damon, Mark Wahlberg, Martin Sheen, Ray Winstone, Alec Baldwin
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6 mars 2008

Odette Toulemonde (2006) de Eric-Emmanuel Schmitt

Odette ToulemondeElle :
Un film très gentillet à oublier très vite. Eric-Emmanuel Schmitt fait preuve d’une grande naïveté quant à sa vision des pauvres et des riches, des intellectuels et du milieu populaire, de l’hypocrisie et de la sincérité, de la capacité ou pas à trouver le bonheur. Comme dans Amélie Poulain, les clichés, la mièvrerie et les bons sentiments y abondent. On s’ennuie très vite malgré la présence virevoltante de Catherine Frot.
Note : 2 étoiles

Lui :
Le titre, Odette Toulemonde, annonce sans beaucoup de subtilité le thème du film : il s’agit de nous montrer que le bonheur se trouve plus facilement chez les gens simples, les gens comme tout le monde, que chez les gens compliqués, intellos et bourrés d’à-priori. Si on peut être d’accord sur le fond, Eric-Emmanuel Schmitt charge un peu trop la barque : pour bien nous montrer qu’il ne faut pas s’arrêter aux apparences, il nous sert une Odette qui relève plutôt de la caricature. De plus, étant lui-même écrivain populaire comme son héros, il profite visiblement de son film pour régler quelques comptes avec la critique. Malgré la prestation d’une Catherine Frot vraiment convaincante et qui s’en donne à cœur joie, l’ensemble est vraiment gentillet et manque tout de même de profondeur, se contentant de surfer sur les bons sentiments.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, Albert Dupontel, Jacques Weber, Fabrice Murgia, Nina Drecq
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