8 janvier 2005

Saraband (2003) d’ Ingmar Bergman (TV)

SarabandElle :
Ce film testamentaire et en partie autobiographique de Bergman remet en scène 30 ans plus tard Liv Ullman et Erland Josephson, les deux acteurs de « Scènes de la vie conjugale ». Ce retour de Marianne vers son ancien mari la replonge au cœur du drame familial qui ne s’est pas cicatrisé avec le temps. C’est dans un décor dépouillé et à fleuret moucheté que Bergman sonde la noirceur des sentiments qui habite le père et le fils et sa fille. Il n’y a pas de cri et de violence, juste des vérités sèchement assenées qui font encore plus mal. Haine, jalousie, rancœur, égoïsme, inceste, vie, mort, de nombreux thèmes liés à la vieillesse de ce couple sont explorés avec sensibilité. Je ne dirai pas que ce film est un chef d’œuvre. Il fascine car c’est le dernier film de Bergman avant son exil définitif sur une île. Je reprocherai également la longueur de certains monologues qui ont tendance à nous plonger dans la torpeur.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film (ou plus exactement téléfilm) sur la complexité des rapports humains est particulièrement sombre et peu optimiste. C’est bien entendu assez terrible de voir des vies ainsi gouvernées en quelque sorte par la haine. Articulé en 8 tableaux, le film est construit sur les dialogues, 2 personnages à la fois donc, 2 personnages qui se confient ou se confrontent. Il m’a paru un peu difficile d’accrocher, d’autant plus que les personnages sont soit détestables soit d’une froideur polaire. La vision que Bergman a des rapports humains n’est guère attirante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Liv Ullmann, Erland Josephson, Börje Ahlstedt
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6 janvier 2005

The Station Agent (2003) de Thomas McCarthy

Autre titre (Canada) : Le chef de gare

Station agentElle :
Ce film d’auteur est un petit bijou d’humour, de tendresse et d’amitié entre trois paumés de l’Amérique actuelle et profonde. Joe, un vendeur ambulant gaffeur, Olivia, une femme blessée par le deuil de son fils, et Fin le nain qui regarde passer les trains devant la gare dont il vient d’hériter, se rencontrent et s’attirent de par leur solitude respective. Ils s’apprivoisent, déambulent sur la voie ferrée et regardent passer la vie. Ce film original est drôle et ne tombe pas dans la compassion malsaine. Le réalisateur est parvenu à créer des personnages attachants et hors du commun. A recommander chaudement.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le film est bâti sur trois personnages, le personnage principal étant un homme nain passionné de trains qui rencontre une femme et un homme, qui tout comme lui ont un peu du mal à trouver leurs marques. Ce qui est assez remarquable, c’est que Thomas McCarthy parvient à bâtir un film intéressant avec fort peu de choses, seulement en montrant la relation à la fois banale et extraordinaire qui s’établit entre ces 3 personnages qui finissent par être très attachants. Un film tout en délicatesse et avec une bonne dose d’humour.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Peter Dinklage, Bobby Cannavale, Patricia Clarkson
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5 janvier 2005

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2003) de François Dupeyron

Monsieur Ibrahim et les fleurs du CoranElle :
J’ai plutôt bien aimé cette adaptation du roman d’Eric-Emmanuel Schmitt. La relation filiale qui se crée entre ce vieux musulman et ce jeune juif sans famille est touchante et François Dupeyron parvient à saisir les moments d’émotion. Les messages d’espoir, de sagesse et de simplicité ne laissent pas insensibles. Omar Sharif est plutôt convaincant. La reconstitution de la rue Bleue des années 60 est bien faite même si elle est un peu trop léchée. On passe un bon moment et le film donne envie d’autres romans d’Eric-Emmanuel Schmitt.
Note : 4 étoiles

Lui :
Cette histoire de jeune adolescent parisien des années 60 qui se lie d’amitié avec un commerçant arabe de son quartier est assez réussie et assez touchante. Le scénario en soi n’est pas des plus passionnant, et il comporte quelques incongruités, mais le traitement est vraiment proche des personnages, avec beaucoup de chaleur et d’humanité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Omar Sharif, Pierre Boulanger
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4 janvier 2005

Self control (2003) de Peter Segal

Titre original : Anger management

Anger managementElle :
Abandon. Ce film n’est pas du tout amusant ni intéressant un tant soit peu. Jack Nicholson qui semble s’acheminer de plus en plus vers des rôles de comédie, ne parvient pas à relever le défi. Quant à Adam Sandler que l’on a vu dans Punch Drunk Love, il est inexistant.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Après une mise en place un peu poussive, le film prend bien son rythme de croisière et enchaîne différentes situations assez amusantes de cet homme forcé à soigner un tempérament coléreux qu’il n’a pas. C’est amusant, à prendre au second degré (du moins faut-il l’espérer… !) et Nicholson se donne à fond pour rendre son personnage de docteur… pittoresque. Belle brochette d’acteurs dans les rôles de second plan. On rit franchement et l’ensemble est bien dosé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Adam Sandler
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2 janvier 2005

93, rue Lauriston (2004) de Denys Granier-Deferre (TV)

93, rue LauristonElle :
On assiste au récit d’anciens collabos devant un commissaire interprété sobrement par Michel Blanc. On est atterré par les atrocités commises. Durant cette trouble période de l’occupation, la police de Vichy se conduisit de façon épouvantable avec les juifs, de façon presque pire que les allemands. Une terrible pression était mise pour faire collaborer des français qui à leur tour n’hésitait pas à torturer. Cette fiction basée sur des personnages réels souffre parfois de lourdeur et est un peu trop marquée « téléfilm ».
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce téléfilm bénéficie d’un ensemble d’acteurs de tout premier plan pour relater le rôle assez sinistre du service de la Rue Lauriston pendant la guerre. Il est monté en série de flash-back, des scènes racontées par certains protagonistes lors d’une brève enquête (qui restera sans suite) ; le rythme est assez rapide et enlevé. Le film sait bien évoquer les terribles méfaits de ce service sans se complaire à les montrer. Une bonne reconstitution, qui fait office de témoignage.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Blanc, Samuel Le Bihan, Daniel Russo
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1 janvier 2005

Johnny English (2003) de Peter Howitt

Johnny EnglishElle :
Cette satire de James Bond interprété par Rowan Atkinson est un fiasco. On le préfère encore en Mr Bean (la série originale… pas le film).
Note : pas d'étoiles

Lui :
James Bond revisité par Mr Bean, cela donne bien évidemment de nombreuses gaffes et plusieurs wagons de maladresses diverses et variées. Certaines sont vraiment drôles mais l’ensemble est trop inégal. Le meilleur serait plutôt l’excellente prestation de John Malkovich dans le rôle du méchant, parlant anglais avec un épouvantable accent français.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Rowan Atkinson, John Malkovich
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30 décembre 2004

The Soul of a Man (2003) de Wim Wenders

Soul of a manElle :
Pas très convaincant ce film de Wim Wenders sur le blues. On suit assez chaotiquement le parcours de trois grands bluesmen (Blind Willy Johnson, Skip James et J.B. Lenoir, un quasi-inconnu sur lequel Wenders s’attarde trop longuement). Les images d’archives se mêlent à des parties scénarisées. C’est assez déroutant. Le film est entrecoupé brutalement de séquences avec des musiciens contemporains qui interprètent les morceaux originaux de blues. Cela n’apporte pas grand-chose si ce n’est qu’on assiste au massacre des morceaux… par Lou Reed, Beck, Nick Cave, Lucinda Williams et d’autres groupes moins connus. J’aurai préféré de loin voir un vrai documentaire sur le blues commenté par de vrais musiciens.
Note : 2 étoiles

Lui :
Win Wenders a choisi de nous présenter deux bluesmen qui l’ont marqué : Skip James, à la carrière si courte en 1931 et redécouvert 30 ans plus tard, et le méconnu J.B. Lenoir, cité dans une chanson de John Mayall. Wenders utilise des acteurs pour la partie années 30, avec de images traitées de telle sorte que l’on ne sait pas très bien au début si ce sont des images réelles ou pas. La reconstitution est bien faite et vraiment crédible. Ce qui est moins intéressant, c’est d’entrecouper tout le film par les reprises des mêmes morceaux par des groupes actuels. Ceci dit, cela a sans doute un côté « éducatif » et rend le film plus « tous publics ». La partie sur J.B. Lenoir est un peu longue, mais l’ensemble est tout de même assez bien fait et intéressant.
Note : 3 étoiles

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29 décembre 2004

Après vous… (2003) de Pierre Salvadori

Apres vousElle :
Encore une comédie française insignifiante avec Daniel Auteuil en sauveteur d’un suicidaire interprété par José Garcia. Au milieu une jeune fleuriste (Sandrine Kimberlain) que les deux hommes s’arrachent. On s’ennuie au bout de vingt minutes. Pierre Salvadori fait du remplissage comme il peut. C’est long, et passablement inintéressant.
Note : 1 étoiles

Lui :
S’il y a quelques bonnes trouvailles de scénario et de dialogue, l’ensemble est vraiment poussif, on n’en peut plus devant cette surenchère de situations où Daniel Auteuil s’enlise toujours plus dans sa volonté de bien faire. Et cela en devient bien lassant…
Note : 1 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, José Garcia, Sandrine Kiberlain
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23 décembre 2004

La petite prairie aux bouleaux (2003) de Marceline Loridan Ivens

La Petite prairie aux bouleaux Elle :
Emouvant voyage d’une rescapée des camps qui retourne au camp de Birkenau pour retrouver les racines de sa déportation alors qu’elle avait 8 ans. C’est Anouk Aimée qui incarne cette femme volontaire dont les nerfs sont à fleur de peau. Le pari est réussi car ce n’était pas évident d’évoquer les fantômes du passé, ces tranches de vie disparues et de mettre en scène ce périple dans les ruines vides de ce camp. Les images des folles herbes que fait ondoyer le vent sont belles et évoquent tous ces disparus de façon presque sereine. La rencontre avec ce jeune photographe allemand dont le grand-père avait inventé le concept des camps est intéressante car elle donne un message d’espoir pour les générations futures.
Note : 4 étoiles

Lui :
Montrant le retour après 50 ans d’une rescapée d’Auschwitz sur les lieux de ce camp, le film souffre un peu du jeu un peu excessif d’Anouk Aimée: à trop vouloir montrer une certaine rage qu’elle porte en elle et son impossibilité à oublier, le film rend son personnage principal plutôt antipathique ce qui nous en éloigne quelque peu. C’est dommage. Néanmoins, le film nous laisse imaginer en partie l’empreinte indélébile que ces camps de la mort ont pu laisser chez ceux qui ont pu en réchapper.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Anouk Aimée
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21 décembre 2004

Elephant (2003) de Gus Van Sant

ElephantElle :
Le drame de la tuerie du lycée de Columbine est évoqué de manière originale sans violence et hémoglobine. Gus Van Sant place le spectateur en observateur de la journée de ces deux jeunes meurtriers avec des allers et retours dans le temps, des ralentis, plusieurs angles de vue du même évènement. L’atmosphère sonore composée de bruits de fond métalliques est oppressante. Les effets visuels flous et saturés rendent l’ambiance cotonneuse et irréelle. Enfin, les longues déambulations de ces lycéens sans passion dans les couloirs du lycée accentuent l’effet de bocal. Cependant, la forme a tendance à occulter le contenu d’où une sensation d’ennui. Puisque d’emblée, on connaît l’issue du drame, le réalisateur a un peu de mal à remplir ce qui a précédé.
Note : 2 étoiles

Lui :
Elephant de Gus Van Sant est surtout intéressant par sa forme : éclatement total de la notion du temps qui semble s’éffilocher, repartir constamment en arrière et surtout une caméra extrêmement douce (choix particulièrement original vu le sujet) et fluide, des plans où l’on suit les personnages marchant dans les couloirs interminables de leur lycée, plans presque hypnotiques. Il parvient bien à faire monter la tension très graduellement. Par contre, côté scénario et contenu, on peut certes passer sur le fait que Van Sant ne veuille pas tenter de donner une explication et qu’il préfère montrer des tranches de vie de ces adolescents, mais il est frustrant que la mise en place de ses personnages n’aboutissent sur rien et nous donne un certain sentiment de vacuité et finalement de déception.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Robinson, Alex Frost
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