26 janvier 2006

Les ailes de la colombe (1981) de Benoît Jacquot

Les ailes de la colombe Elle :
Adaptation moderne du roman de Henry James dans les magnifiques paysages de Venise avec Dominique Sanda en femme envoûtante et manipulatrice, et Isabelle Huppert, une riche oisive atteinte d’une grave maladie. Ce duo de femmes va se fréquenter par intérêt ou pour vaincre la solitude et la peur de la mort. Sandro, le bel italien se fait manipuler pour séduire la jeune fille malade. Benoît Jacquot joue sur l’ambiguïté des sentiments et des comportements. C’est original mais on peut reprocher certaines longueurs et une trop grande froideur de la mise en scène.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film vaut surtout pour son atmosphère délicatement étrange, atmosphère qui doit beaucoup à Dominique Sanda et son regard énigmatique. Mais hélas, cela ne suffit pas tout à fait pour faire un film et le résultat manque de vie, paraît très froid et finalement un peu long. Dommage.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Dominique Sanda, Michele Placido, Loleh Bellon
Voir la fiche du film et la filmographie de Benoît Jacquot sur le site IMDB.

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Note: Une adaptation américaine a été tournée en 1997 par Iain Softley.

26 janvier 2006

Un mauvais fils (1980) de Claude Sautet

Un mauvais fils Elle :
Quelle justesse de ton dans cet excellent film psychologique de Sautet qui contrairement à son habitude choisit de brosser les portraits d’un père et d’un fils dans un milieu ouvrier. Patrick Dewaere et Yves Robert révèlent toutes les facettes de leur talent pour exprimer la solitude, la frustration, la colère, le remords. Une grande partie de ce manque de communication passe également par les regards. Du beau cinéma à la fois sobre et plein d’émotion.
Note : 5 étoiles

Lui :
Sautet nous avait habitué à regarder évoluer la haute bourgeoisie, il parvient tout aussi bien à nous tracer le portrait de ce fils et de son père ouvrier de chantier. Très près de ses personnages, il nous met presque en intimité avec eux, on a l’impression de parfaitement partager ce qu’ils ressentent. Dewaere est assez merveilleux dans ce rôle de fils qui fait tout pour remonter la pente.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Brigitte Fossey, Jacques Dufilho, Yves Robert, Claire Maurier
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Sautet sur le site IMDB.

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23 janvier 2006

Comédie érotique d’une nuit d’été (1982) de Woody Allen

Titre original : « A midsummer night’s sex comedy »

Comédie érotique d'une nuit d'été Elle :
C’est avec délice et quelque nostalgie que l’on se replonge dans cette comédie de 1982. Un week-end à la campagne avec trois couples dont toutes les vies se dérèglent. Peur du mariage, du temps qui passe, frustration sexuelle, envie de transgresser les interdits. Woody Allen est à son aise avec ces problèmes de couple. C’est aussi la première fois que Mia Farrow joue pour Woody Allen. C’est drôle, farfelu et en même temps plein de délicatesse.
Note : 5 étoiles

Lui :
S’il est un peu inhabituel de voir Woody Allen à la campagne et au début du siècle, on prend grand plaisir à revoir cette comédie, assez légère, sur les simples rapports humains, en l’occurrence les rapports amoureux essentiellement, et sur le fait de toujours vouloir désirer ce que l’on n’a pas. Les 6 acteurs principaux sont merveilleux, parfaitement dans leur rôle. Un vrai plaisir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mia Farrow, José Ferrer, Julie Hagerty, Tony Roberts, Mary Steenburgen
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20 janvier 2006

La maîtresse du lieutenant français (1981) de Karel Reisz

Titre original : « The French Lieutenant’s Woman »

La Maîtresse du Lieutenant français Elle :
Toujours autant de plaisir à revoir ce film romanesque adapté d’un roman de John Fowles, malgré quelques petites longueurs. Astucieuse et subtile mise en scène où nous suivons en parallèle la vie contemporaine des deux acteurs Sarah/Anna et Charles/Mike qui interprètent leurs rôles respectifs dans la Maîtresse du Lieutenant français. Le passage d’une époque à une autre est habilement fait et témoigne également du grand talent de Meryl Streep et Jeremy Irons qui débutent leur carrière cinématographique. Les décors et paysages sont splendides.
Note : 5 étoiles

Lui :
La maîtresse du lieutenant français est assez remarquable par son scénario qui fait preuve d’une grande délicatesse dans le déroulement de ce drame d’amour interdit. Sa construction est assez originale aussi, puisqu’un parallèle est créé avec une histoire d’amour (interdit lui aussi) entre les deux comédiens. Le parallèle, entre ces deux histoires à un siècle d’écart, tantôt amplifie le drame et tantôt l’apaise. Meryl Streep et Jeremy Irons sont merveilleux et ont su par un jeu très délicat porter le film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Meryl Streep, Jeremy Irons
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12 septembre 2005

Down by law (1986) de Jim Jarmusch

Down_lawElle :
Malgré quelques petites longueurs, on a toujours du plaisir vingt ans après sa sortie à revoir ce film qui a beaucoup marqué notre génération. La belle musique de John Lurie, les chansons et la présence déjantée de Tom Waits, la prestation hilarante de Roberto Benigni, la très belle photographie en noir et blanc et enfin ce trio d’amis inséparables qui s’évadent de prison, tout ces éléments mettent en avant le style décalé et novateur de Jim Jarmush en 1986. Cette longue errance pour échapper à la police est à la fois dépouillée et ponctuée de fous rires chaleureux grâce à la présence de Roberto qui parvient à réconcilier Jack et Zack. Cette quête inconsciente de l’amour et l’amitié est le fil conducteur du film.
Note : 5 étoiles

Lui :
Vu près de vingt ans après sa sortie, Down by law n’a rien perdu de son charme. Cette longue ballade reste attachante, une ballade langoureuse plutôt que lente, où Jarmusch joue avec une certaine vacuité. C’est aussi un film hors normes, où les personnages sont décalés, personne n’est vraiment à sa place, tout le monde se cherche un peu, est entre deux portes. Le trio d’acteurs colle merveilleusement à cette histoire, se complétant parfaitement. S’il y a eu depuis beaucoup de films s’inscrivant dans cette veine, Down by law reste l’un des plus aboutis et assurément l’un des plus attachants.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Roberto Benigni, Tom Waits, John Lurie, Nicoletta Braschi
Voir la fiche du film et la filmographie de Jim Jarmusch sur le site IMDB.

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Down by lawJohn Lurie, Roberto Benigni et Tom Waits dans Down by Law de Jim Jarmusch.

8 août 2005

« M a i n e – O c é a n » (1986) de Jacques Rozier

Maine-Océan Elle :
Déception pour ce film de Jacques Rozier qui privilégie le côté loufoque des choses et des personnages. L’intrigue et la psychologie des personnages ne semblent pas compter. Le film est constitué de tranches de vie mises bout à bout sans réel fil conducteur. Bernard Menez et Luis Rego en contrôleurs de train cohabitent avec une brésilienne et son imprésario, un marin breton caricatural, une avocate. L’ensemble m’a semblé très artificiel.
Note : 1 étoiles

Lui :
Dans le même esprit que son second film « A côté d’Orouet », Jacques Rozier semble laisser partir son film sans contrôle et enchaîne les situations aussi abracadabrantes qu’inintéressantes. Yves Afonso en rajoute des tonnes pour faire « marin du cru » et tout ce petit monde me semble babiller et brailler inutilement. S’il y a une autre façon d’aborder ce film qui a reçu le Prix Jean Vigo, nous ne l’avons visiblement pas trouvé…
Note : 1 étoiles

Acteurs: Rosa-Maria Gomes, Luis Rego, Bernard Menez, Yves Afonso
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Lire un avis différent sur ce film.

7 juin 2005

La petite bande (1983) de Michel Deville

La petite bande Elle :
C’est sous la forme d’une fable humoristique que Michel Deville nous narre la fugue d’une bande de sept jeunes enfants anglais avec des méchants malfrats à leurs trousses.. Il se moque des institutions et plébiscite la fraîcheur et spontanéité de l’enfance. Aucun dialogue, seule une musique légère et fantasque accompagne cette escapade. Je vois plutôt ce film comme un exercice de style que comme un film pleinement abouti. J’ai eu de la difficulté à voir le film jusqu’au bout en partie à cause d’un manque de consistance du scénario qui a fait baisser mon intérêt au fur et à mesure.
Note : 2 étoiles

Lui :
Ce film de Michel Deville peut paraître n’être qu’un exercice de style : un film sans paroles où la musique (signée Edgar Cosma) tient le rôle de narrateur en soulignant ou en dirigeant nos sentiments dans un sens ou dans l’autre. Mais c’est aussi un film sur l’enfance, avec beaucoup de fraîcheur, des enfants dont les facéties viennent perturber l’ordre établi et le conformisme. Hélas, le scénario s’enlise ensuite, faisant intervenir des « méchants » dans une histoire de complot infernal, tel un conte qui tourne mal… Le film qui semblait plein de candeur et de naïveté apparaît alors un peu interminable.
Note : 2 étoiles

Acteurs: François Marthouret, Robin Renucci, Daniel Martin
Les enfants : Andrew Chandler, Hélène Dassule, Nicole Palmer, Hamish Scrimgeour, Katherine Scrimgeour, Nicolas Sireau, Remi Usquin, Valerie Gauthier

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3 juin 2005

La ballade de Narayama (1983) de Shohei Imamura

Titre original : « Narayama bushiko »

La ballade de Narayama Elle :
Un petit village miséreux au coeur de la montagne, ses habitants aux croyances et aux mœurs primitives, une vieille femme de 70 ans qui veut se faire conduire en haut de la montagne de Narayama pour y mourir et laisser la place au bébé qui va naître. Imamura met en scène les cycles de la vie : la naissance, l’amour, le sexe, la quête de nourriture, la maladie, la vieillesse et la mort. Il fait le parallèle en montrant les animaux dans les divers stades de l’existence. La nature accompagne le parcours des hommes. Cette vieille femme animée d’une grande force intérieure sacrifie sa vie pour que les plus jeunes puissent survivre. C’est un film assez dur avec quelques scènes un peu longues toutefois. La scène finale est si macabre et glaçante qu’on a hâte d’en finir.
Note : 3 étoiles

Lui :
Palme d’Or à Cannes en 1983, La Ballade de Narayama est en fait un remake car Keisuke Kinoshita avait déjà adapté ce livre en 1958. C’est une chronique rurale et historique qui décrit la vie et le fonctionnement social d’un village de quelques maisons isolées dans la montagne. Imamura parvient parfaitement à transcrire par ses images les sentiments de base, à l’état brut, qui régissent leurs vies. Tout est orienté vers la survie et surtout le maintien de la cellule familiale ou du groupe. Les règles sont acceptées par les personnages, même si une certaine humanité en eux les pousserait parfois à les remettre en cause. Les images (en noir et blanc) ont une beauté brute et une puissance peu commune.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ken Ogata, Sumiko Sakamoto, Aki Takejo
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14 avril 2005

Le Décalogue (1988) de Krzysztof Kieslowski

Titre original : « Dekalog »

DecalogueElle :
Ce cycle de dix films d’1h chacun se décline autour des dix commandements. Kieslowski situe ces épisodes dans une cité dortoir glauque et choisit de décrypter la vie de plusieurs familles qui pourront se croiser au fil des films. C’est dans un style dépouillé, dépourvu de bande musicale que le réalisateur détourne le sens de ces dix commandements en montrant qu’il n’est pas si facile de les appliquer. Il analyse les profondeurs et les contradictions de l’âme humaine. Pas de grands discours, des gros plans sur des visages, des rides, des objets et une atmosphère minimaliste. Beaucoup de symboles également comme un observateur muet commun aux dix épisodes, des liquides comme le lait, du verre brisé, des reflets sur les vitres, des regards interrogateurs, des diagonales ouvertes vers un autre ailleurs. Tous ces signes parsèment les histoires comme pour mieux exprimer les doutes sur la façon de se comporter, de penser et d’agir. L’ensemble est une œuvre élaborée et construite mais qu’il n’est toujours facile de suivre pas à pas tant les sujets abordés sont lourds et graves. Le DVD qui réunit ces dix épisodes, contient des documents très intéressants sur l’élaboration et la signification du Décalogue de Kieslowski.
Note : 3 étoiles

KieslowskiLui :
Bien évidemment, dans ce Décalogue, c’est bien plus qu’une illustration moralisante des dix commandements que nous propose Kieslowski… mais on ne peut pas affirmer que ce soit le contraire non plus. Pour chacun de ces commandements, il s’attache à nous mettre sous les yeux une situation où il ressort qu’il n’est pas si facile de dire « il y a le bien et le mal »… Au contraire, rien n’est simple. Si les personnages avaient suivi le dogme à la lettre, leur vie se serait soit terminée ou aurait sombré. En même temps, ce n’est pas non plus une négation de ces préceptes et le propos de Kieslowski est fondamentalement humaniste.
Note : 4 étoiles

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1) Un seul Dieu tu adoreras :
Decalogue 1Elle :
Cet épisode montre un père qui ne croit qu’en la science et sa sœur qui ne croit qu’en Dieu avec, au milieu, un petit garçon qui pose des questions sur le sens de la vie et de la mort. Il perd la vie sur un lac gelé à cause d’une mauvaise prévision de son père qui avait calculé quel poids la glace pouvait supporter et n’avait pas prévu qu’un feu serait allumé près du lac et fragiliserait la glace.
Lui :
Une histoire assez attachante, interprétée de façon très convaincante, notamment par cet étonnant petit garçon. Si l’univers est triste, froid et impersonnel, la relation entre le père et son fils dégage une chaleur peu commune. Difficile de ne croire qu’à une seule chose, de tout baser sur une croyance, telle semble être la morale avancée par Kieslowski dans Un seul Dieu tu adoreras.

2) Tu ne commettras pas de parjure :
Decalogue 2Elle :
Dans le même quartier que l’épisode 1, une jeune femme doit choisir entre son mari mourant et son amant qu’il l’a mise enceinte. Le médecin de son mari commet un parjure en lui disant que son mari va mourir pour éviter qu’elle ne se fasse avorter.
Lui :
Tu ne commettras pas de parjure est un étonnant face à face entre ce docteur et la femme d’un grand malade, une femme dont on perçoit petit à petit la situation pleine d’ambivalence et d’équivoque, entre deux chaises ou plutôt deux amants. Ici encore, le monde est froid et impersonnel.

3) Tu respecteras le jour du Seigneur :
Decalogue3Elle :
L’irruption dans une famille de l’ancienne amante du mari en pleine veillée de Noël. Cette femme esseulée et déboussolée a inventé toute une histoire pour pouvoir passer la nuit avec son ancien amant. J’avoue n’avoir pas beaucoup accroché l’histoire ici développée et n’avoir pas bien compris ce détournement du 3ème commandement. L’ensemble est moins convaincant.
Lui :
L’histoire choisie pour illustrer ce volet est un peu plus faible (une femme invente une histoire pour passer plusieurs heures avec son ancien amant à la recherche de son mari actuel, soit disant disparu). Les personnages de ces deux anciens amants sont vraiment survolés, on ignore tout d’eux et donc la symbiose ne fonctionne pas. Et toujours cet univers vide de monde, froid et peu chaleureux.

4/ Tu honoreras ton père et ta mère :
Decalogue 4Elle :
Une jeune femme dont la mère est morte fait croire à son père qu’elle n’est pas sa fille car elle l’aime secrètement. Elle ne peut donc honorer ni son père ni sa mère. La filiation est ambiguë. Cet épisode est plus touchant mais toujours très lent.
Lui :
Beaucoup d’intensité dans ce face à face entre un père et sa fille, l’ambiguïté de leurs rapports nous étant bien dévoilée petit à petit et le spectateur est autant troublé que le sont les personnages. Les sentiments sont plus que jamais au centre de ce volet.

5/ Tu ne tueras point :
Decalogue 5
Elle :
Un jeune homme tue un chauffeur de taxi avec acharnement. Il est condamné à la pendaison. Deux meurtres dont un commis par la justice. La première partie est franchement insoutenable. La deuxième partie qui se passe avec les préparatifs de la pendaison est plus intéressante et met en relief le problème de la peine de mort.
Lui :
Ce volet est un réquisitoire assez poignant contre la peine de mort, qui met face à face la brutalité du crime commis par un jeune garçon un peu désaxé et la brutalité de la sentence judiciaire. Même si l’argument utilisé ne semble pas en soi être ni le meilleur ni le plus efficace, le film de Kieslowski n’en remue pas moins les tripes, de par l’intensité de la préparation du crime commis et par le côté cru du passage à l’acte. Le montage met en parallèle la trajectoire du garçon et de son futur (jeune) avocat. La photographie tend à alourdir le climat, par l’utilisation de filtres jaunes ou par l’assombrissement des côtés de l’image. Un film dérangeant mais assez marquant.

6/ Tu ne seras pas luxurieux :
Decalogue 6Elle :
Un jeune homme fragile et timide observe à la longue-vue dans l’appartement d’en face une femme aux mœurs libres dont il est secrètement amoureux. Il est prêt à tout pour la rencontrer mais l’entrevue est un fiasco qui débouche sur une tentative de suicide. Ces deux personnages ne parviennent pas à s’extraire de leur solitude. Le rythme du film est vraiment très lent.
Lui :
Kieslowski met à nouveau en scène deux personnages totalement à l’opposé l’un de l’autre : une jeune femme sûre d’elle à la sexualité libérée et un jeune garçon timide, n’ayant jamais connu de vie amoureuse et passant ses soirées à épier la première. On peu certes reprocher au film une certaine lenteur, mais Kieslowski parvient bien à nous faire partager l’état d’esprit du jeune garçon ne sachant quoi faire avec son désir, tout comme il parvient bien à nous montrer le sentiment d’insatisfaction presque désabusé chez la femme. Une fois de plus, il choisit de ne pas approfondir les personnages, on ne sait que peu de choses de leur vie réelle, mais il se concentre sur le sujet traité et les sentiments qu’il génère. Et une fois de plus, l’intensité est réelle.

7/ Tu ne voleras point :
Decalogue 7Elle :
Il s’agit du vol d’une petite fille par sa grand-mère qui lui fait croire qu’elle est sa vraie mère. La jeune maman qui a eu cet enfant alors qu’elle avait 16 ans, souhaite maintenant remettre les choses dans l’ordre et retrouver son vrai rôle de mère. Elle kidnappe sa petite fille. On découvre alors la haine qui existe entre la grand-mère et sa vraie fille, la démission du vrai père de l’enfant et l’innocence de la petite fille victime de la bêtise des adultes. Certes, cet épisode n’est pas bien gai mais au filanl est beaucoup plus touchant que les autres.
Lui :
C’est de vol d’enfant dont il s’agit, une femme ayant inscrite sa petite fille comme étant sa fille pour éviter un scandale. La vraie mère va donc tenter d’enlever son enfant, voler le voleur en quelque sorte. C’est surtout de la situation de la vraie mère que traite Kieslowski, une femme qui ne parvient pas à trouver sa place, presque reniée par sa propre mère et incapable d’être une mère à sa fille, sans aucune attache, repoussée par l’homme avec lequel elle a eu l’enfant. Ce volet paraît toutefois un peu lent et long par rapport aux autres, et avec des caractères un peu marqués et typés.

8) Tu ne mentiras point :
Decalogue DVDElle :
Pour illustrer le non respect de ce commandement, Kieslowski met en scène une conférencière et une femme polonaise américaine qui veut assister à ses cours. Elle lui annonce être la petite juive que le professeur a refusé d’accueillir en 1943, ce qui lui aurait permis d’éviter les camps de concentration. La conférencière lui révèle qu’elle avait une bonne raison de mentir. Elle voulait protéger son réseau de résistance. Le sujet est intéressant, les visages sont filmés au plus près pour exprimer la douleur du passé. Néanmoins, je n’accroche pas à la forme, ce tempo très très lent du film. Il y a beaucoup d’attente, de silences qui pèsent sur les épaules et font que mon esprit vagabonde vers autre chose.
Lui :
Pour le thème du mensonge, ou plus exactement celui de « cacher la vérité », Kieslowski choisit une histoire se passant pendant la guerre ou plus exactement le moment où la vérité éclate 40 ans plus tard. Etant prise dans une situation totalement hors de l’ordinaire, qui plus est hors de toute raison, cette illustration perd de son impact et de sa force, me semble t-il. Le face à face entre les deux femmes est de plus assez peu nourri.

9) Tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin :
Decalogue 9Elle :
Un homme qui vient de découvrir son impuissance propose à sa femme de prendre un amant. Il devient pourtant très jaloux : il l’épie, surveille ses conversations téléphoniques, assiste aux ébats amoureux de sa femme et tente en vain de se suicider alors que son épouse était en train de rompre sa relation. Cet épisode m’a beaucoup plus intéressée car il est beaucoup moins pesant dans sa forme, plus riche et est ponctué de thèmes musicaux, de changements de rythmes, de symboles à décrypter. Toujours des plans serrés, des gros plans sur le téléphone, des allers et retours entre ce que vit la femme et l’homme. Une belle réussite.
Lui :
Ce volet traite des sentiments et rapports de confiance entre une homme et une femme, dont le couple est placé dans une situation de crise (impuissance définitive du mari). Le cinéaste montre par quelles phases va passer l’état de leur relation et comment ce couple va se trouver au bord du drame. Une fois de plus, les situations, les sentiments sont simples mais intenses.

10) Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui :
DecalogueElle :
Dans ce dernier épisode, Kieslowski cherche à montrer que dès que l’argent est en jeu, les hommes sont prêts à tout sacrifier. Il met en scène deux frères qui viennent de perdre leur père et découvrent que celui-ci avait amassé une véritable fortune en collectionnant les timbres. Ils cherchent donc à augmenter le patrimoine, à préserver le butin en se protégeant avec un chien danois et en mettant des barreaux à l’appartement. Un des frères va même jusqu’à se faire enlever un rein pour acquérir un timbre. Cette histoire fonctionne sur le mode de l’ironie et de l’humour. On reste sidéré devant cette bêtise humaine.
Lui :
Deux frères, de mode de vie très différents, se retrouvent face à un héritage de grande valeur sous la forme d’une collection de timbres. Kieslowski s’attache à nous montrer l’impact assez similaire qu’il va avoir sur ces deux frères, il dépasse l’aspect pécuniaire pur puisqu’ils seront atteints par le collectionnisme de leur père décédé. Il choisit donc de traiter de l’attrait de la possession en lui-même, attrait qui peut agir sur tous puisque l’un des frères pourrait être qualifié d’anarchiste nihiliste.

28 décembre 2004

S.O.B. (1981) de Blake Edwards

S.O.B. Elle :
Je n’accroche vraiment pas à l’humour de Blake Edwards. L’intrigue est poussive et les gags tombent à plat. Mis à part le mort sur la plage que le chien tente en vain de faire remarquer aux plagistes, il n’y a rien d’amusant.
Note : pas d'étoiles

Lui :
C’est une satire assez féroce du monde hollywoodien que Blake Edwards nous offre avec ce film bourré de situations toutes plus grotesques les unes que les autres et doté d’une belle galerie de portraits de gens cupides et sans talent. Dans S.O.B., tout le monde passe sur le grill, Blake Edwards n’épargne personne, même pas Julie Andrews, sa femme, mais bien évidemment il réserve ses flèches les plus affûtées pour les studios et les journalistes. A ce sujet, on peut dire qu’il n’hésite pas à scier la branche sur laquelle il est assis… En tout cas, il parvient bien à tenir l’humour à un niveau élevé et toujours renouvelé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Julie Andrews, William Holden, Marisa Berenson, Robert Vaughn
Voir la fiche du film et la filmographie de Blake Edwards sur le site IMDB.

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Remarque :
Blake Edwards s’est inspiré de ses propres déboires avec les studios hollywoodiens, notamment lors de la réalisation de Darling Lili (1970) et de Deux hommes dans l’Ouest (Wild Rovers) (1971)