16 août 2005

La fièvre dans le sang (1961) de Elia Kazan

Titre original : « Splendor in the grass »

La fièvre dans le sang Elle :
Elia Kazan met en scène avec beaucoup de talent les premiers vacillements de la famille américaine fondée sur le profit. Deux jeunes amants brillamment interprétés par Warren Beatty et Natalie Wood voient leur amour détruit à cause des pressions et conventions familiales. Elia Kazan esquisse les portraits féroces d’un père tyrannique et riche qui exhorte son fils à lui succéder et d’une mère étouffante et puritaine. Il aborde audacieusement pour l’époque les thèmes de la souffrance sexuelle et la psychanalyse. Les personnages sont constamment au bord du gouffre. Il ausculte habilement leurs fêlures et leurs rêves brisés. Les émotions sont à fleur de peau.
Note : 5 étoiles

La fièvre dans le sang Lui :
Ce film de Kazan couvre de nombreux thèmes: l’amour fou, les rapports parents/enfants, la lourdeur sociale, l’attrait vers l’argent, et tous ces thèmes se mêlent harmonieusement dans un film puissant, fort, et dont les deux personnages sont les pivots autour desquels tout s’articule. Kazan filme cela de façon à la fois sombre et flamboyante, riche et sans artifices. Merveilleuse interprétation du jeune Warren Beatty et surtout de Natalie Wood, assez bouleversante. Kazan est là dans la veine de ses plus grands films, on pense parfois à East of Eden.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Natalie Wood, Warren Beatty
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8 août 2005

L’aveu (1969) de Costa-Gavras

AveuElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
La polémique qui avait entouré ce film paraît presque dérisoire quelque 35 ans après sa sortie : concernant les procès staliniens en Tchécoslovaquie, il n’est plus aujourd’hui question de nier ni l’exactitude des faits ni la nécessité de les dénoncer. Le film de Costa-Gavras perd ainsi en grande partie son rôle militant mais conserve un intérêt historique certain. Il montre l’implacable machine mise en oeuvre pour forcer un homme à témoigner contre lui-même et les faits contenus dans le livre autobiographique d’Artur London sont suffisamment terrifiants pour que Costa-Gavras n’ait pas besoin d’avoir recours à ce manichéisme simplificateur que l’on trouvera dans certains de ses films ultérieurs. Il se dégage une indéniable force de ce film qui a tracé la voie d’un certain cinéma militant style « coup de poing », dans les années 70. Montand trouve là un de ses rôles les plus bouleversants.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Simone Signoret
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4 août 2005

Oscar (1967) d’ Edouard Molinaro

OscarElle : (n’a pas souhaité le voir).

Lui :
Cette pièce de théâtre portée à l’écran est surtout remarquable par le grand numéro de comique de De Funès qui connaissait parfaitement le rôle puisqu’il l’avait interprété 600 fois au théâtre. Le film s’inscrit dans la meilleure tradition des vaudevilles, bourré de rebondissements et de quiproquos, totalement farfelu. Les autres personnages sont tout en contraste avec le personnage excité de De Funès qui, à l’époque, ne surchargeait pas encore son personnage. Un bon De Funès, c’est suffisamment rare pour être noté…!
Note : 4 étoiles

Acteurs: Louis De Funès
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15 juillet 2005

Adieu Philippine (1963) de Jacques Rozier

Adieu PhilippineElle :
Pour le dernier film de notre rétrospective Jacques Rozier, nous avons droit à un délicieux moment de grâce, fraîcheur, spontanéité et humour. Adieu Philippine est son tout premier film et, à mes yeux, le meilleur ; il fait partie des petits joyaux de la Nouvelle Vague. Cette histoire de rivalité amoureuse entre deux amies inséparables pour Michel, opérateur à la télévision se passe au tout début des années 60 sur fond de guerre d’Algérie. Jacques Rozier jette un regard malicieux et insouciant sur la société française qui commence à se débrider sur des airs de rock et de tcha-tcha-tcha. Il nous entraîne également dans les coulisses de la télévision et du Club Méditerranée de Corse. Le film bien construit cette fois-ci reflète avec sensibilité l’élan de la jeunesse de cette époque.
Note : 5 étoiles

Lui :
Adieu PhilippineCe premier film de Jacques Rozier est vraiment attachant, dépeignant de façon assez libre et originale un trio de deux jeunes filles et un garçon. Contrairement à ses films suivants (auxquels je n’accroche absolument pas), l’improvisation ne se sent pas dans Adieu Philippine, elle est parfaitement intégrée au film et lui donne une incroyable fraîcheur. Vu quarante ans après sa sortie, il revêt en plus un caractère quasi documentaire sur la vie à 20 ans en 1960. Il y a aussi quelques scènes montrant les coulisses d’un tournage des émissions de télévision, avec un nombre incroyable d’acteurs entrevus au détour des plans. Un beau film, réaliste, tendre et plein d’humour.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Stefania Sabatini, Yveline Céry, Jean-Claude Aimini, Daniel Descamps
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28 mars 2005

Les carabiniers (1963) de Jean-Luc Godard

Les CarabiniersElle :
Ce film de Godard fut tourné la même année que Le Mépris. Quelle différence de qualité entre ces deux films ! Les Carabiniers n’est en effet pas son film le plus abouti, réalisé avec des bouts de ficelle et en trois semaines seulement. Il traverse assez mal le temps. La bande-son frise parfois le ridicule. Seul le manifeste anti-guerre reste intéressant. Sous la forme d’une fable satirique et absurde, il met en scène deux hommes auxquels les carabiniers promettent mille merveilles s’ils partent faire la guerre. Ceux-ci se comportent comme des sauvages et rentrent avec des centaines de cartes postales comme trésor de guerre.
Note : 2 étoiles

Lui :
Cette dénonciation de la guerre, sous la forme d’une pseudo farce ubuesque, est vraiment bâclée. La bande son et l’image sont épouvantablement rudimentaires, Godard l’a d’ailleurs tourné en moins de trois semaines. Sur le fond, Jean-Luc Godard dénonce bien les méfaits de la guerre et de l’attirance vers l’argent, mais il le fait vraiment sans nuance… Tout sent la précipitation et la rapidité, y compris quand il rend un hommage aux Frères Lumière. Si ce film pouvait avoir un rôle de trublion à jouer au moment de sa sortie en 1963, il revêt beaucoup moins d’intérêt 40 ans plus tard.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Albert Juross, Marino Massé, Catherine Ribeiro, Geneviève Galéa
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11 mars 2005

La Poursuite Impitoyable (1966) d’Arthur Penn

Titre original : « The Chase »

La Poursuite Impitoyable Elle :
Une petite ville du Texas, un shérif bienveillant incarné par Marlon Brando, un évadé accusé de meurtre (Robert Redford) que toute la ville recherche, une jeune femme (Jane Fonda) épouse de l’évadé. D’un côté il y a les riches dont un magnat du pétrole et les gens modestes qui envient ces privilégiés. Le décor est planté. Suite à une soirée trop arrosée, la ville tombe graduellement en plein délire et se déchaîne contre le shérif qui se fait lyncher et les noirs. Les masques de respectabilité de ces notables tombent et font place à la vulgarité, la délation, à la haine et au racisme. La tension monte à son paroxysme et on assiste à des scènes de violence d’une grande intensité. Brando est magistral dans son rôle de shérif incorruptible.
Note : 5 étoiles

La Poursuite ImpitoyableLui :
La Poursuite Impitoyable montre de façon assez étonnante et efficace comment une sorte d’hystérie collective s’empare d’une ville du Sud des Etats-Unis à l’occasion de l’évasion d’un prisonnier natif du lieu. Arthur Penn dresse un tableau vraiment noir de la bourgeoisie locale, oisive et avide de situations dramatiques et la situation semble ne jamais s’arrêter d’empirer. Le film est même dur par endroits, assez cruel. Il est en tout cas assez bouleversant, même s’il semble que Penn l’ait partiellement renié par la suite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Jane Fonda, Robert Redford, Angie Dickinson, Robert Duvall
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1 mars 2005

Du silence et des ombres (1962) de Robert Mulligan

Titre français : « To kill a mockingbird »

To Kill a MockingbirdElle :
Film méconnu du réalisateur du célèbre Un été 42 qui mérite le détour. Mis à part quelques longueurs et un ton assez moralisateur, Robert Mulligan exalte les valeurs humanistes, l’importance de la famille et plaide pour l’égalité des droits pour les noirs. Pour ce faire, il plante le décor dans une bourgade du fin fond de l’Alabama où un père avocat (Gregory Peck) élève seul ses deux enfants avec courage et modestie. To Kill a MockingbirdIl défend un noir accusé de viol sur une blanche. Pour rendre compte de la complexité de l’âme humaine, il joue avec l’ombre et la lumière, choisit des éclairages de nuit au clair de lune. Ainsi, il crée une ambiance presque mystique pour décrire les peurs infondées, la confrontation des enfants avec le monde des adultes, le racisme féroce des villageois contre le noir accusé de meurtre. Un film à redécouvrir.
Note : 4 étoiles

Lui :
Sans être dénué de qualités, ce film de Mulligan souffre d’une lenteur certaine dans son développement et d’un certain conformisme dans le propos (tout louable qu’il soit). Bonne interprétation, y compris des trois personnages enfants.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Robert Duvall
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26 janvier 2005

Entre le Ciel et l’Enfer (1963) d’ Akira Kurosawa

Titre original : « Tengoku to jigoku »

Entre le Ciel et l’Enfer Elle :
Ce film noir se divise en deux parties : le ciel représenté par le riche industriel Gondo qui vit sur une colline dominant Tokyo et le ravisseur qui croit enlever le fils de Gondo mais n’enlève que le fils du chauffeur. La première moitié du film est un huis clos oppressant dans la villa. L’industriel se résout à perdre sa fortune et à payer la rançon alors que ce n’est pas son fils. La deuxième partie est consacrée à la longue enquête minutieuse qui nous entraîne dans les bas-fonds de la ville où se réfugient les drogués. Kurosawa parvient très habilement à mêler, l’angoisse qui ronge les protagonistes et les fils de l’enquête. Le cinémascope noir et blanc participe à créer cette atmosphère inquiétante et onirique.
Note : 5 étoiles

Lui :
Entre le ciel et l’enfer est un très beau film de Kurosawa, assez riche dans son déroulement puisqu’il démarre par un huit clos, puis il démonte les rouages de l’enquête de police et finit par montrer les bas-fonds de la ville. Même dans la partie huis clos, Kurosawa parvient à nous tenir en haleine et les quelque 2h20 du film passent très rapidement. La photographie noir et blanc est assez splendide, très contrastée, accentuant la différence entre le haut et le bas. Le film est riche dans son contenu, jouant beaucoup sur le contraste entre les deux univers. Du grand art.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Tatsuya Nakadai, Kyôko Kagawa
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14 janvier 2005

À cause, à cause d’une femme (1963) de Michel Deville

À cause, à cause d'une femmeElle :
Comédie fantaisiste et légère sur les multiples relations amoureuses d’un beau jeune homme souriant (Jacques Charrier) qui se voit accusé de meurtre par une femme jalouse. Michel Deville s’amuse à décrypter ces relations de façon ludique. Ce jeune homme passe d‘une femme à l’autre de façon insouciante, découvre le véritable amour mais sans espoir de retour alors que le police est à ses trousses, parvient à se tirer d’affaire grâce à ces femmes qu’il finit par quitter. C’est frais, sans prétention mais quand même un peu longuet.
Note : 3 étoiles

Lui :
Film léger et plaisant, mêlant le badinage et l’enquête policière. Belle mise en scène de Deville qui parvient bien à nous intéresser à cette histoire futile.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mylène Demongeot, Jacques Charrier, Marie Laforêt
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22 décembre 2004

Les deux orphelines (1965) de Riccardo Freda

Les Deux orphelinesElle :
Enième adaptation du roman d’Eugène Corman. Le film n’est pas très réussi. La mise en scène est assez maladroite et pauvre. Cette histoire populaire de deux jeunes orphelines enlevées au temps de la Révolution est très académique. On ne s’ennuie pas vraiment mais l’ensemble manque de souffle et de créativité.
Note : 3 étoiles

Lui :
Gentil mélo sur deux pauvres orphelines innocentes (dont une aveugle…), en proie aux vicissitudes de ce monde cruel de la fin du XVIIIe siècle, mais sauvées par un beau jeune homme. Si la réalisation est un peu quelconque, voire bâclée, il faut reconnaître que l’on ne s’ennuie pas vraiment grâce à un scénario particulièrement bien dosé et basé sur un roman adapté plus de cinq fois à l’écran! C’est dire…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sophie Darès, Valeria Ciangottini, Jean Desailly, Alice Sapritch, Simone Valère, Jean Carmet
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Toutes les adaptation du roman d’Adolphe d’Ennery :
>> films courts :
Duel Scene from ‘The Two Orphans’ (1902) de l’anglais William Haggar (film perdu)
Les deux orphelines (1910) du français Albert Capellani (film perdu)
Les deux orphelines (1910) du français Georges Monca (film perdu)
The Two Orphans (1911) des américains Otis Turner et Francis Boggs
The Two Orphans (1915) d’Herbert Brenon avec Theda Bara (film perdu)
>> longs métrages :
Les deux orphelines (Orphans of the Storm) de D.W.Griffith (1921) avec Liliane Gish et Dorothy Gish.
It happened in Paris de M.J. Weisfeldt (1932) (film perdu)
Les deux orphelines de Maurice Tourneur (1933) avec Rosine Deréan et Renée Saint-Cyr
Les deux orphelines de Riccardo Freda (1965) avec Sophie Darès et Valeria Ciangottini
+ de nombreuses autres versions italiennes, mexicaines, etc.