31 octobre 2008

Judex (1963) de Georges Franju

JudexElle :
(pas vu)

Lui :
Georges Franju rend hommage au sérial muet, ces séries à épisodes qui eurent un grand succès entre 1915 et 1920 et plus particulièrement au Fantomas, Judex et Les Vampires de Louis Feuillade. Georges Franju désire en retrouver l’esprit, avec ce mélange fascinant d’aventure et de romanesque. Il tourne bien entendu en noir en blanc, avec une image très contrastée. On se fait enlever, on se glisse furtivement dans le noir pour cambrioler, on escalade des murs d’immeuble à mains nues, on se déguise pour tromper… Tout le climat de ces séries à épisodes est bien là et les rebondissements sont nombreux. Francine Bergé rappelle fortement Musidora et Franju parvient à créer quelques scènes qui marquèrent les imaginations autant que les apparitions de Musidora : le « strip-tease » de la religieuse est resté célèbre. C’est donc l’esprit qui est plaisant ici, plus que l’histoire en elle-même, un peu obscure, qui suit cependant d’assez près l’original. Ce Judex de Franju est bien plus qu’un pur exercice de style et c’est un vrai délice de se laisser glisser dans son atmosphère mystérieuse, magique et poétique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Channing Pollock, Francine Bergé, Edith Scob, Michel Vitold, Jacques Jouanneau
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Franju sur le site IMDB.

L’original :
Judex (1916) de Louis Feuillade avec Musidora et René Cresté
La nouvelle mission de Judex (1917) de Louis Feuillade (tentative de suite)
Précédent remake :
Judex 34 (1933) de Maurice Champreux avec Paule Andral et Blanche Bernis

11 octobre 2008

Chut, chut, chère Charlotte (1964) de Robert Aldrich

Titre original : « Hush… hush, sweet Charlotte »
Autre titre parfois utilisé :
« Berceuse pour un massacre » (Belgique)

Chut, chut, chère CharlotteAvec Chut chut, chère Charlotte, Robert Aldrich poursuit dans la veine du terrifiant Qu’est-il arrivé à Baby Jane qui venait de remporter un franc succès : c’est un film assez noir et même cruel, un polar à la frontière du fantastique. Charlotte vit seule dans son immense demeure de Louisiane ; tout le monde la dit folle mais quel terrible secret cache t-elle ? Charlotte, c’est bien entendu Bette Davis, absolument magistrale quand elle paraît au bord de la démence. Chut, chut, chère Charlotte Il est plus surprenant de trouver en face Olivia de Havilland dans un rôle de personnage trouble qui cache admirablement ses intentions. Agnes Moorehead, en bonne à tout faire haute en couleur, complète cet admirable trio d’acteurs qui tient tout le film par une interprétation puissante. Le scénario est plutôt complexe, faisant intervenir moult mensonges et hallucinations, assez inattendu dans son explication finale. Chut chut chère Charlotte n’est généralement pas très bien considéré par la critique, étant jugé inférieur à Baby Jane. C’est un peu injuste car le film est puissant à la fois dans son interprétation et son scénario. Il vaut vraiment la peine d’être (re)vu.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Olivia de Havilland, Agnes Moorehead, Joseph Cotten, Mary Astor, Bruce Dem
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Aldrich sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Aldrich chroniqués sur ce blog…

Berceuse pour un massacre Remarque :
Originellement, Joan Crawford devait faire face à Bette Davis, comme dans Baby Jane. L’actrice se déclara « malade » peu avant le début du tournage, refusant de sortir de l’hôpital… Elle fut donc remplacée de façon un peu précipitée par Olivia de Havilland.

7 octobre 2008

Pharaon (1966) de Jerzy Kawalerowicz

Titre original : « Faraon »

Pharaon Elle :
(pas vu)

Lui :
Pharaon relate l’accession au pouvoir du jeune Ramsès XIII. Refusant d’entrer dans le jeu des intrigues, il s’oppose aux grands prêtres qui usent de leur pouvoir spirituel pour mieux asseoir leurs positions. Précisons d’emblée que Ramsès XIII n’a jamais existé (le dernier pharaon de la XXe dynastie est Ramsès XI). Non, il s’agit d’un souverain inventé par l’écrivain polonais Boleslaw Prus pour son roman Le Pharaon paru en 1895. Ce film en est l’adaptation. Pharaon est plus une réflexion sur le pouvoir, sur l’oppression du peuple (illustrant ainsi l’oppression du peuple polonais par les Tsars en cette fin du XIXe siècle), thèmes assortis d’un anticléricalisme marqué, ces grands prêtres étant totalement coupés du peuple. La réalisation est assez grandiose, le tournage dans le désert d’Ouzbekistan ayant nécessité deux années de préparation et deux milles figurants prêtés par l’Armée Rouge. Toutefois, à la différence de certains péplums hollywoodiens, le décorum ne prend pas le dessus sur le contenu et cela rend Pharaon d’autant plus passionnant. Cette vision du pouvoir, des forces qui s’y exercent et de ses contradictions est suffisamment profonde pour être marquante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jerzy Zelnik, Wieslawa Mazurkiewicz, Barbara Brylska, Piotr Pawlowski
Voir la fiche du film et la filmographie de Jerzy Kawalerowicz sur le site imdb.com.

Pour en savoir plus :
Lire une analyse précise du film et de son contexte sur le site peplums.info

2 octobre 2008

L’homme qui tua Liberty Valance (1961) de John Ford

Titre original : The man who shot Liberty Valance

L’homme qui tua Liberty ValanceElle :
(pas vu)

Lui :
Avec L’homme qui tua Liberty Valance, John Ford nous plonge une fois de plus dans une période charnière de l’Histoire, le moment où la loi des armes s’efface : la naissance de la démocratie. La pensée de John Ford a trop souvent été réduite à la phrase qu’il fait prononcer à un journaliste « Quand la légende dépasse la réalité, c’est la légende que l’on publie » mais, en fait, Ford nous montre autant la réalité que la légende. L’homme qui tua Liberty ValanceL’homme qui tua Liberty Valance s’inscrit parmi les tous derniers films de John Ford et le réalisateur y montre tout son talent pour faire un récit vif, très rythmé, intense et riche. James Stewart et John Wayne livrent chacun une des interprétations les plus enthousiasmantes de toute leur carrière. Le film est en noir et blanc, tourné entièrement en studio, donc assez en dehors des normes du début des années 60. D’être confiné à quelques lieux n’enlève rien de sa force, bien au contraire et L’homme qui tua Liberty Valance est l’un des films les plus fascinant de toute l’histoire du cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, John Wayne, Vera Miles, Lee Marvin, Edmond O’Brien
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.

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21 septembre 2008

L’histoire d’une femme (1963) de Mikio Naruse

Titre original : « Onna no rekishi »

L’Histoire d'une FemmeElle :
Aussi talentueux que Ozu, Mikio Naruse est un cinéaste japonais à découvrir de toute urgence. Sa superbe mise en scène vibre d’intensité et son riche scénario qui passe du flash back au temps de la seconde guerre mondiale à la réalité des années 60 est très bien construit. On assiste à des scènes du quotidien au temps des bombes d’une grande émotion et authenticité. Naruse porte un regard juste et novateur sur la société japonaise d’après guerre, les relations familiales et la place peu enviable des femmes qui subissent les errements des hommes. Le personnage principal de cette saga familiale dramatique est terriblement attachant. Elle est fragile, timide et d’une grande beauté. Son destin est si lié aux hommes qui accompagnent sa vie (père, mari, enfant, petit fils) qu’elle se sacrifie totalement pour leur bien être et se renie.
Note : 5 étoiles

Lui :
Mikio Naruse nous montre l’histoire d’une femme, une histoire particulièrement représentative de l’effacement total des femmes japonaises en ce milieu du XXe siècle. Aux codes de la société japonaise viennent s’ajouter les tragédies et difficultés de la guerre. Que l’énoncé de ce sujet n’induise pas en erreur : L’Histoire d’une Femme n’a rien d’un film austère. Naruse filme cette histoire avec beaucoup de délicatesse et un montage assez enlevé. Il y a une grande douceur dans ses images qui traduit une indéniable tendresse de Naruse pour son sujet. Hideko Takamine est particulièrement touchante dans son interprétation. L’Histoire d’une Femme est un très beau film, assez injustement considéré comme mineur dans la filmographie de Naruse (mais il faut reconnaître que bien peu de gens hors du Japon ont une vision d’ensemble sur l’œuvre de Mikio Naruse que l’on découvre bien tardivement).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Akira Takarada, Tsutomu Yamazaki, Yuriko Hoshi
Voir la fiche du film et la filmographie de Mikio Naruse sur le site imdb.com.

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24 août 2008

Fantasmes (1967) de Stanley Donen

Titre original : « Bedazzled »

”Fantasmes”Elle :
(pas vu)

Lui :
Précisons d’emblée que le titre français et l’affiche peuvent induire en erreur… Non, le Bedazzled de Stanley Donen est en fait une variation amusante sur le thème de Faust : un jeune homme timide, amoureux d’une femme qui l’ignore, vend son âme au diable pour avoir le droit d’exaucer sept vœux. Le diable est interprété par un Peter Cook très dandy et délicieusement british. Peter Cook et Dudley Moore étaient à l’époque un duo comique assez célèbre sur la BBC. Ils ont signés tous deux le scénario de Bedazzled. Les sept vœux forment en quelque sorte sept sketches qui leur permettent de passer à la moulinette la société anglaise des années 60. Satire et dérision sont donc les maîtres mots de Bedazzled, l’humour étant le plus réussi quand il va loin dans le côté loufoque comme dans la scène avec les religieuses et dans les facéties minables du Diable. D’ailleurs on cite parfois le duo comique Peter Cook et Dudley Moore comme inspirateurs des Monty Python. On notera aussi l’apparition remarquée de Raquel Welch pour personnifier l’un des sept péchés capitaux (la luxure bien entendu… voir l’affiche du film). Les dialogues sont assez fabuleux, avec beaucoup de jeux de mots et de sous-entendus, un humour effectivement tout à fait dans le futur style des Monty Python. L’ensemble fleure bon les années 60 ; l’actrice principale Eleanor Bron avait d’ailleurs fait ses débuts dans le film Help deux ans auparavant. Bien que Stanley Donen ait affirmé qu’il s’agissait de son film préféré, Bedazzled est un film plutôt atypique dans la filmographie du cinéaste. C’est aussi un film atypique tout court…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Peter Cook, Dudley Moore, Eleanor Bron, Raquel Welch
Voir la fiche du film et la filmographie de Stanley Donen sur le site imdb.com.

Remake :
L’endiablé (Bedazzled) de Harold Ramis (2000) avec Brendan Fraser et Elizabeth Hurley, remake américain sans intérêt.

21 août 2008

Eros + massacre (1969) de Yoshishige Yoshida

Titre original : « Erosu purasu Gyakusatsu »

Eros MassacreElle :
Il faut découvrir absolument ce grand cinéaste japonais pour l’audace de ses scénarios qui abordent des thèmes osés pour l’époque mais également pour la forme très novatrice de son cinéma. Dans ce film, il met en scène un anarchiste des années 1910 qui prône l’amour libre et en parallèle un très jeune couple perdu des années 60. Sur le fond, la première partie d’Eros + Massacre est très intéressante ; dommage que le scénario devienne plus répétitif et ennuyeux dans sa seconde moitié. En revanche, la forme est un pur régal visuel. Yoshida est un véritable artiste photographe à l’œil très contemporain. Il se permet toutes les audaces de cadrages, de composition, de flou, d’éclairage et ça fonctionne formidablement bien. C’est une véritable leçon photographique qui défile sous nos yeux, chaque plan est une petite merveille d’inventivité et de beauté.
Note : 4 étoiles

Lui :
Eros + Massacre met en parallèle l’histoire de deux femmes séparée par un demi-siècle : d’une part, celle de la troisième femme de Sakae Osugi, anarchiste des années 20 et partisan de l’amour libre ; d’autre part, celle d’une jeune fille de 20 ans, vivant librement une sexualité sans joie en cette fin des années 60, qui se livre à une enquête sur la première. Avec son ami (le seul qui se refuse à elle), ils cherchent un sens aux théories de Sakae Osugi. En tout premier, c’est la liberté sur la forme qui frappe le spectateur, Kiju Yoshida casse la cadre traditionnel de l’image en cadrant ses personnages au niveau du cou et en laissant beaucoup d’espace au dessus. En outre, le cinéaste crée très souvent un cadre dans le cadre, utilisant tous les objets et architectures à sa disposition. L’inventivité et l’audace dont il fait preuve au niveau de la composition de ses images n’ont pas d’équivalent. L’image est en noir et blanc saturé, créant une impression d’irréalité, ou plutôt au dessus du réel, mais surtout d’atemporalité. Sur le fond, Yoshida se penche sur l’anarchisme et la libération des mœurs mais aussi sur la notion de réalité historique qu’il met un peu à mal (Sakae Osugi est une figure célèbre au Japon). Originellement de 202 minutes, le film fut réduit à 165 minutes pour sa sortie au Japon. Eros + Massacre n’est pas un film facile et qui peut paraître un peu long dans sa seconde moitié, mais son image épurée, ses cadrages totalement en dehors des normes en font une œuvre qui force l’admiration.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mariko Okada, Toshiyuki Hosokawa, Yûko Kusunoki, Kazuko Ineno
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23 juillet 2008

L’incompris (1966) de Luigi Comencini

Titre original : « Incompreso »

L’IncomprisElle :
Comencini traite ce sujet de l’enfance et des complexes relations entre un père et son fils aîné avec une touchante délicatesse. Lorsqu’il apprend la mort de sa mère, Andréa accepte la terrible nouvelle sans montrer d’émotion particulière. Le croyant indifférent, son père reporte toute sa tendresse et attention sur le frère cadet qui prend beaucoup de place. Andréa intériorise sa jalousie. Les jeunes enfants sont très convaincants et la beauté de cette grande propriété florentine ne fait qu’exacerber les émotions qui traversent les personnages. Un film bouleversant.
Note : 5 étoiles

Lui :
L’incompris, c’est Andréa, un garçon de 11 ans qui vient de perdre sa mère. Son père le croit suffisamment fort pour affronter cette épreuve et concentre donc toute son attention sur le jeune frère d’Andréa. Cette histoire, adapté d’un roman de la bibliothèque rose, a vraiment de quoi arracher des larmes aux cœurs les plus secs : rester insensible à la détresse de ce garçon est probablement inhumain. Cela valut au film d’être très mal compris au moment de sa sortie et d’être assassiné par la critique. L’incompris ressortit 11 ans plus tard en 1978 et cette fois la critique lui réserva un accueil triomphal. Cela semble justifié car Comencini fait preuve de beaucoup de délicatesse et ne pêche jamais par excès de sensiblerie facile. Son film est simplement beau et bouleversant, probablement l’un des plus juste sur l’enfance.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Quayle, Stefano Colagrande, Simone Giannozzi, John Sharp
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Le titre utilisé lors de sa première sortie en France en 1967 fut Mon fils, cet incompris. Une version anglaise existe également, Anthony Quayle jouait en effet en anglais avant d’être doublé en italien.

Remake américain :
Besoin d’amour (Misunderstood) de Jerry Schatzberg (1984) avec Gene Hackman.

22 juillet 2008

A bout portant (1964) de Don Siegel

Titre original : « The killers »

The killersElle :
(pas vu)

Lui :
A bout portant est le remake d’un des plus beaux films noirs de Robert Siodmak The Killers (Les tueurs, 1946). L’histoire, adaptée d’une nouvelle d’Ernest Hemingway, a pour point de départ un homme qui se laisse abattre sans chercher à se défendre. Pourquoi ? Dans cette version, ce sont les deux tueurs à gage eux-mêmes qui vont reconstituer le fil de sa vie pour comprendre. Le scénario est habilement transformé avec l’ajout de cet univers de la course automobile. La femme fatale est ici Angie Dickinson qui parvient à distiller presque autant de magnétisme que ne le faisait Ava Gardner 20 ans auparavant. L’ensemble est toutefois beaucoup moins puissant, notamment dans la profondeur des personnages, mais reste de bonne facture, assez prenant. Son excellent scénario n’étant sans doute pas pour rien dans ce résultat. 
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Lee Marvin , Angie Dickinson, John Cassavetes, Ronald Reagan, Clu Gulager
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A bout portant fut originellement tourné pour la télévision mais il fut jugé trop violent et ne sortit qu’en salles (cela donne d’ailleurs une notion de l’évolution de la violence considérée comme acceptable en ces 40 dernières années : les films pour enfants d’aujourd’hui sont hélas parfois plus violents que ce film dit « violent » en 1964… !)

A bout Portant fut le dernier film tourné par Ronald Reagan qui, il faut bien l’avouer (et sans prendre en considération son parcours politique ultérieur), n’est pas un acteur doté d’une grande présence naturelle…

Film original : The Killers (Les tueurs) de Robert Siodmak (1946) avec Burt Lancaster et Ava Gardner, film qui fit découvrir ces deux grands acteurs (pour Burt Lancaster, c’était même son tout premier film). Dans cette version, c’est un agent d’assurance (Edmond O’Brien) qui enquête.

15 juillet 2008

Le fanfaron (1962) de Dino Risi

Titre original : « Il Sorpasso »

Le FanfaronElle :
Début des années 60, l’Italie s’émancipe au son du twist, du consumérisme et de l’urbanisation. Dino Risi brosse des portraits hauts en couleur de ses compatriotes dans des ambiances sonores cacophoniques. La rencontre entre ce fanfaron extraverti et cet étudiant timoré donne lieu à des scènes pleines de truculence de la part d’un Vittorio Gassman complètement habité par son rôle. Ces deux nouveaux amis deviennent inséparables malgré leur différence de personnalité. Le flambeur vit dans l’instant des émotions fortes et s’impose avec vulgarité partout où il passe. Son compagnon intraverti interprété par Jean-Louis Trintignant s’interroge sur sa vie tout en retenue et tente de se désinhiber en l’imitant. La relation devient destructrice dès que celui-ci passe de l’autre côté de la barrière. Dino Risi porte un regard à la fois inquiet et ironique sur la société italienne en mutation.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le Fanfaron Le Fanfaron est la première comédie de Dino Risi qui fut un grand succès populaire. Après s’être rencontrés fortuitement dans Rome désert un 15 août, un fanfaron quarantenaire volubile et un étudiant timide font ensemble une longue virée en voiture. C’est un peu l’Italie que Dino Risi dépeint à la fois au travers de ces deux personnages que tout oppose et au travers des rencontres qu’ils font dans leur périple. Vittorio Gassman est particulièrement à l’aise pour exprimer toute l’exubérance de son personnage au verbe haut, fonceur sans inhibitions, le doigt sur le klaxon italien de sa petite Lancia décapotable. Vide et superficiel, Risi lui donne tout de même des qualités : la sociabilité, une extraordinaire vitalité et une certaine perspicacité à jauger les gens qu’il a en face de lui. Et face à lui justement, il y a Jean-Louis Trintignant, tout son contraire, doté lui aussi de qualités et de défauts : il est certes beaucoup plus posé et réfléchi, mais il est aussi effroyablement timide et surtout trop malléable. Malgré l’apparente légèreté, ce double portrait que nous offre Le Fanfaron est particulièrement riche.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Jean-Louis Trintignant, Catherine Spaak
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