26 décembre 2010

Charlot rentre tard (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « One A.M. »

One A.M.Lui :
(Muet, 23 minutes) Un dandy rentre passablement éméché chez lui à 1 heure du matin. Il ne désire qu’une chose, aller se coucher, mais il a toutes les peines du monde à y parvenir : les objets de sa maison semblent se mettent en travers de son chemin… Charlot rentre tard est unique dans la carrière de Chaplin : c’est le seul film où il est seul face à la caméra (à part un chauffeur de taxi impassible au tout début). C’est une petite performance : tenir plus de 20 minutes seul, avec pour seuls partenaires des objets inanimés comme une table, des tapis, des peaux de bêtes (mais pas de singe empaillé comme sur l’affiche), un escalier, un lit pliant (1)… et ne jamais se répéter. Il n’y a aucune longueur ! Il fait preuve aussi de réels talents acrobatiques (même si l’escalier est visiblement en mousse, le dévaler sur le ventre, sur le dos, en roulade etc. n’est pas une chose facile). Il lui faut aussi une bonne dose d’inventivité car il n’y a que deux pièces en tout et les objets ne sont pas si nombreux (2). Charlot rentre tard est le quatrième film de la période Mutual, il avait à ce moment une liberté totale.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin
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(1) Il s’agit plus exactement d’un « Murphy bed », c’est-à-dire un lit qui pivote pour se ranger verticalement dans un placard. Ce style de lit, assez populaire aux Etats-Unis, était assez nouveau à cette époque.
(2) A noter que Chaplin avait déjà un numéro de mondain ivre en 1912, alors qu’il était encore en Angleterre. C’est donc un rôle qu’il connaît bien.

Remarques :
Il semble que la durée était de 34 minutes à l’origine. Les versions restaurées dans les années quatre-vingt font 22 ou 24 minutes, ce qui fait tout de même une belle différence. David Shepard a édité une version plus complète avec 7 minutes en plus en 2006 dans le coffret « Chaplin Mutual Comedies – 90th Anniversary Edition ». Ce coffret ne semble pas avoir été édité en France.

25 décembre 2010

Charlot machiniste (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « Behind the Screen »
Autre titre français : « Charlot fait du ciné »

Charlot fait du cinéLui :
(Muet, 23 mn) Charlot machiniste est le septième film de Chaplin pour la Mutual. Charlot est aide-machiniste sur un plateau de cinéma où se tournent trois films différents. Le machiniste passe son temps à dormir en douce et donc Charlot doit tout faire. L’humour est tout à fait dans le style slapstick qu’il pratiquait avec Mack Sennett deux ans plus tôt. Il joue beaucoup avec le côté factice des objets : il manie les statues d’une main, déplace les colonnes, soulève un piano avec un doigt (alors que qu’un acteur était en train de jouer dessus). Il y a de belles trouvailles comme le fait de parvenir à transporter une dizaine de chaises sur son dos, le faisant ressembler ainsi à un porc-épic géant. Plusieurs scènes hilarantes comme celle du casse-croute de midi où il est assis à côté d’un mangeur d’oignons qui a des renvois. Le film finit sur un duel de tartes à la crème sur l’un des trois plateaux qui va un peu éclabousser les voisins. A noter qu’il y simule l’invention du principe (« Que dois-je faire avec la tarte? »… « Tu la lances contre le mur »… « Ce n’est pas drôle, lance-la sur lui! »)
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Eric Campbell, Edna Purviance
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Remarques :
Charlot Machiniste (Behind the screen) est dans la continuité de deux de ses comédies Keystone tournés deux ans plus tôt : Charlot fait du cinéma (A film Johnny) et Charlot garçon de théâtre (The property man).

20 décembre 2010

Charlot patine (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « The rink »

Charlot patineLui :
(Muet 24 minutes) Charlot est serveur dans une gargote et ne s’entend pas très bien avec son collègue. Pendant la pause, il va patiner sur des patins à roulettes dans la patinoire voisine… Charlot patine montre une densité de gags vraiment étonnante, le rythme est très soutenu. Ce petit film, réalisé pour la Mutual, se déroule dans deux lieux principaux. La première moitié le montre dans le petit restaurant et ses bagarres avec l’autre serveur sont des sources permanentes d’humour. La scène de la préparation d’un cocktail est assez mémorable. Mais c’est dans la patinoire, en seconde partie, où éclate toute la virtuosité de Chaplin. Sur ses patins à roulettes, il fait preuve d’une agilité et même d’une élégance époustouflante (1) ; il trouve de multiples variations de gags qui s’enchainent sans discontinuer. Sur patins, le contraste avec le géant Eric Campbell est très amusant. A noter aussi que Charlot patine porte en germe quelques scènes célèbres de ses films ultérieurs (2).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Eric Campbell, Henry Bergman
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(1) Chaplin avait déjà un numéro de music-hall sur patins à roulettes à Londres en 1912/1913 ce qui explique sa grande maîtrise.
(2) Dans Les Temps Modernes, Chaplin réutilisera la situation du serveur qui utilise mal les portes IN et OUT dans les cuisines du restaurant. Dans le même film, Chaplin patine aussi avec beaucoup de grâce dans un grand magasin.

Les 12 films de Chaplin pour la Mutual (de mai 1916 à octobre 1917) :
1) The Floorwalker (Charlot chef de rayon)
2) The Fireman (Charlot pompier)
3) The Vagabond (Charlot musicien)
4) One A.M. (Charlot rentre tard)
5) The Count (Charlot et le comte)
6) The Pawnshop (Charlot brocanteur)
7) Behind the screen (Charlot machiniste)
8) The Rink (Charlot patine)
9) Easy Street (Charlot policeman)
10)The Cure (Charlot fait une cure)
11)The Immigrant (L’émigrant)
12)The Adventurer (Charlot s’évade)

20 décembre 2010

Charlot et le comte (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « The Count »

Charlot et le comteLui :
(Muet 24 mn) Charlot travaille chez un tailleur et va être amené à prendre l’identité d’un comte dans une soirée mondaine. Ce court métrage, le cinquième de Chaplin pour la Mutual, semble moins travaillé que les autres. Il manque aussi de scènes fortes, la seule qui soit vraiment originale est la toute première, la prise des mensurations d’une jeune femme par Charlot. Le restant de Charlot et le Comte est dans le pur style « slapstick » avec moult coups de pied aux fesses. Pas de grandes subtilités donc, c’est son agilité dans les poursuites qui reste le plus remarquable. A noter que Charlot et le Comte permet à Chaplin d’aborder un thème qu’il traitera plusieurs fois : l’immersion d’un pauvre dans un monde de riches.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Eric Campbell, Edna Purviance
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18 décembre 2010

Reaching for the moon (1917) de John Emerson

Titre français parfois utilisé : « Douglas dans la lune »

Reaching for the Moon Lui :
(Film muet) Produit et joué par Douglas Fairbanks, qui était alors en pleine ascension, Reaching for the Moon est une fable sur l’ambition, sous la forme d’une amusante comédie. Un employé de bureau d’une fabrique de boutons rêve d’une autre vie où il côtoie des têtes couronnées. Un jour, il est découvert par un comte étranger qui lui affirme qu’il est l’héritier du trône du petit royaume de Vulgaria. Il doit épouser une princesse ce qui n’est pas goût d’un autre prétendant au trône qui va tout faire pour tenter de l’éliminer… Dans ce film, Douglas Fairbanks fait preuve d’une vitalité étonnante, cette histoire lui permettant de réaliser des acrobaties et même des cascades avec une rapidité et un naturel qui n’appartientent qu’à lui. Reaching for the Moon Les poursuites dans la cité aux canaux sont trépidantes. Il y a aussi beaucoup d’humour dans cette histoire qui se veut légèrement moralisante : plutôt que de chercher à décrocher la lune (« Reach for the moon »), il faut mieux choisir des buts à sa portée et tout aussi nobles comme se marier et fonder une famille…!
Note : 3 étoiles

Acteurs: Douglas Fairbanks, Eileen Percy, Richard Cummings, Eugene Ormonde, Frank Campeau
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Remarques :
* Notons que le film a été tourné pendant la Guerre de 14-18 et que ce royaume fictif de Vulgaria a une nette connotation germanique.
* On aperçoit (de dos seulement mais on le reconnaît fort bien) Erich von Stroheim dans un petit rôle de figuration.
* Le scénario est co-signé John Emerson et Anita Loos (future Madame Emerson et, surtout, grande scénariste hollywoodienne, d’Intolérance à Les hommes préfèrent les blondes).

Homonyme :
Douglas Fairbanks tournera un autre film intitulé Reaching for the Moon en 1930 réalisé par Edmund Goulding avec Bebe Daniels en co-star. Il n’y a aucun lien entre les deux films, ce n’est pas la même histoire.

12 décembre 2010

Fatty chez lui (1917) de Roscoe Arbuckle et Buster Keaton

Titre original : « The rough house »

Fatty chez luiLui :
(Muet, 22 minutes) Des quinze films que Buster Keaton a tournés avec Fatty Arbuckle, The Rough House est le troisième. C’est le premier où il est co-réalisateur. Fatty vit avec sa femme et sa belle-mère dans une grande maison où il commence par mettre le feu à son lit. Le cuisinier (Al St. John) et un garçon de courses (Buster Keaton) en viennent aux mains pour se disputer les faveurs de la bonne. The Rough House est surtout connu pour sa scène de la danse des petits pains faite par Fatty Arbuckle, danse que reprendra Chaplin dans La Ruée vers l’or. Bien entendu, elle est ici beaucoup plus courte et peu développée. Le restant de ce court métrage est typique de l’humour « slapstick », avec beaucoup de comique tarte à la crème et de comique destructeur : dans les films de Fatty Arbuckle, on casse toujours beaucoup! Surprise : Buster Keaton y sourit, rit et même fait des grimaces. A cette époque, s’il aime utiliser son visage impassible assez souvent, ce n’est pas encore exclusif de toute expression. The Rough House n’est sans doute pas à classer parmi les meilleurs films du trio mais comporte quelques bons moments.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Al St. John, Buster Keaton
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5 décembre 2010

For his son (1912) de David W. Griffith

For His SonLui :
(Muet, 15 mn) For his son est l’un des courts-métrages les plus étonnants de David Griffith. Il nous montre un médecin qui, pour pouvoir répondre aux forts besoins d’argent de son fils, a l’idée de commercialiser une boisson contenant de la cocaïne. C’est le succès immédiat mais, rapidement, certains clients deviennent dépendants de la drogue. Ce qui est étonnant dans cette fable moralisatrice, c’est qu’elle a des motivations fondées ! En effet, quelques mois auparavant, une loi avait été votée pour interdire l’adjonction de cocaïne dans une boisson nommée… Coca-Cola. Griffith condamne sans équivoque cette pratique en montrant un personnage avide, uniquement motivé par l’appât du gain facile, et qui ne se  soucie nullement des dommages occasionnés. Il appuie fortement et dramatise son propos.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Hill Mailes, Charles West, Blanche Sweet, Dorothy Bernard
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5 décembre 2010

La mer calme (1910) de David W. Griffith

Titre original : « The unchanging sea »

The Unchanging SeaLui :
(Muet, 14 mn) La mer calme est inspiré d’un poème de Charles Kingsley qui apparaît en intertitres : trois pêcheurs partent vers l’ouest, au loin, laissant leurs femmes qui attendent leur retour. Reviendront-ils ? Griffith tente avec le peu de moyens à sa disposition de créer une grande tension dramatique. Il y parvient partiellement, handicapé par l’unité de lieu (en extérieur, toutefois, sur une plage) et par la brièveté du film. La Mer Calme est en revanche remarquable par le jeu des acteurs qui est très retenu pour 1910 et par la belle composition des plans.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Arthur V. Johnson, Linda Arvidson, Gladys Egan, Mary Pickford, Charles West
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27 novembre 2010

Charlot à la plage (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « By the Sea »

Charlot à la plageLui :
(Muet, 15 min) Par une journée très venteuse à la plage, Charlot passe à côté d’un homme qui attend sa femme. Tous deux ont accroché leur chapeau avec une ficelle pour ne pas qu’il s’envole. Leurs ficelles s’emmêlent et ils en viennent rapidement aux mains… Ils finissent par se réconcilier et prennent ensemble le cornet de glace de la réconciliation mais se battent à nouveau au moment de payer… Tourné juste après The Tramp qui introduisait le personnage du vagabond,Charlot à la plage By the Sea ne reprend pas vraiment cette figure de marginal : Chaplin est ici un homme ordinaire qui vient se promener à la plage. Ce court métrage est dans la pure tradition des slapstick comedies, les coups volent bas ! Charlot trouve tout de même le moyen d’essayer de séduire une jeune femme de passage (Edna Purviance) et les scènes où il se sert de son adversaire inconscient comme siège ou marchepied pour tenter de la faire rire sont assez hilarantes. Si elle ne figure pas parmi les plus originales, cette petite comédie de la période Essanay est très réussie : elle ne comporte aucun temps mort et aucune longueur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Billy Armstrong, Bud Jamison, Edna Purviance, Margie Reiger
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Remarques :
Le film fut tourné sur la plage de Malibu qui, à cette époque, était visiblement beaucoup moins courrue qu’aujourd’hui!

27 novembre 2010

Max veut faire du théâtre (1911) de René Leprince et Max Linder

Max veut faire du théâtreLui :
(Muet, 12 mn) Max veut faire du théâtre et n’a donc aucune envie de se marier. Son père le force à rencontrer une jeune fille qui serait un beau parti. En réalité, celle-ci n’a aucune envie de se marier car elle nourrit les mêmes ambitions. Tous deux vont faire en sorte de se montrer le plus laid possible pour rebuter l’autre. Il y a de bonnes trouvailles et l’humour fonctionne bien, grandement basé sur les mimiques et les manières de nos deux tourtereaux. La fin repose sur un faux-semblant amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Max Linder, Jane Renouardt
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