21 février 2024

Les Résultats du féminisme (1906) de Alice Guy

Les résultats du féminismeLes rôles sont inversés. Les hommes font les tâches ménagères tandis que les femmes se comportent comme des mufles… jusqu’à ce que les hommes se révoltent…
Les Résultats du féminisme est un film muet français de 7 minutes, réalisé par Alice Guy. S’il n’y a rien de remarquable dans la forme, une série de saynètes filmées en caméra fixe (ce qui est tout à fait habituel pour l’époque), le film est remarquable et étonnant par le fond. Le propos est de dire : « Si les femmes se comportaient envers les hommes comme les hommes se comportent envers les femmes, les hommes se rebelleraient. » Vu ainsi, le propos est clairement féministe. Mais alors quel est le sens du titre ? Est-ce pour se moquer des antiféministes qui prédisaient l’apocalypse (1) ? Ou bien, le titre fut-il choisi par Gaumont ?… Une autre interprétation, plus basique, serait de voir le film une charge contre le féminisme ; ce serait toutefois étonnant de la part d’Alice Guy qui a, elle-même, subi les préjugés envers les femmes. Quoi qu’il en soit, le film est à nos yeux d’aujourd’hui une belle curiosité. Alice Guy a refait le film aux États-Unis en 1912 sous la forme d’une suspense policier, qu’elle a intitulé In the Year 2000 (film perdu).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
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(1) Présentation en 1912 du remake américain par le journal Moving Picture World :
« Un grand nombre de pronostiqueurs nous terrifient souvent avec des visions de ce qui se passera lorsque les femmes dirigeront une Terre où les hommes seront subordonnés et accessoires. C’est une question plutôt délicate à trancher. Aujourd’hui, (…) il est difficile de prédire jusqu’où les femmes s’élèveront. (…) » (lire…)

Les résultats du féminisme de Alice Guy.

12 novembre 2012

The Red Man’s View (1909) de David W. Griffith

The Red Man's View(Muet, 14 minutes) La vie se déroule paisiblement dans un village indien jusqu’à ce qu’un groupe de colons blancs n’arrive arme au poing et force les Indiens à se déplacer plus loin vers l’ouest. Une jeune indienne est gardée de force pour leur servir de servante. Pour les Indiens, un long exode commence… Red Man’s View est un petit film assez étonnant venant de D.W. Griffith car nous sommes bien loin des propos racistes de Naissance d’une Nation (1915). Tourné au début de sa carrière, Red Man’s View montre la conquête de l’Ouest avec, comme son titre l’indique clairement, le point de vue des Indiens. Les blancs sont nommés « les conquérants » (conquerors), ils sont arrogants et brutaux, seul l’un d’entre eux fera preuve d’un peu de compassion. Les Indiens sont chassés de partout et le film a une dimension ethnologique par sa description de rites lors de la mort du chef. Le film est même plutôt partisan puisque les Indiens sont très conciliants et n’opposent absolument aucune résistance. Bien entendu, le film est assez rudimentaire puisque nous sommes en 1909 et Griffith tournait alors ses films en 1 jour (ou 2 au maximum) mais Red Man’s View est incontestablement l’ancêtre de Little Big Man et autres Danse avec les loups.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Owen Moore, James Kirkwood
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Remarque :
Le nom de l’actrice qui interprète la jeune fille indienne n’est pas connu avec certitude mais tout porte à croire qu’il s’agit de Lottie Pickford, la sœur de Mary Pickford.

1 mai 2011

Les surprises de l’amour (1909) de Max Linder

Les surprises de l'amourLui :
(Film muet, 6 minutes) Une famille est à table pour le déjeuner. Il y a là le père, la mère et les deux grands fils. Prétextant un malaise, le premier fils (Max Linder) se retire pour se reposer. En réalité, nous le voyons prendre un bouquet de fleurs précédemment caché et se réajuster pour sortir. Le second fils en fait autant quelques minutes après et le père également. Sans le savoir, tous trois vont chez la même femme… Les surprises de l’amour repose sur un excellent mécanisme de comédie : un scénario simple autour d’une situation saugrenue. Ce type d’humour est typique de Max Linder, avec toujours ce petit côté mondain dont il est coutumier. Les surprises de l’amour paraît aujourd’hui toujours très amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Max Linder, Jacques Vandenne
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Remarques :
Le nom du réalisateur n’est pas connu.

17 mars 2011

L’astronome indiscret (1900) de George A. Smith

Titre original : « As seen through a telescope »

L'astronome indiscretLui :
(Muet, 1 minute) Un homme âgé, qui observe le ciel en pleine rue avec une lunette astronomique, est attiré par un sujet plus intéressant : un passant relace le soulier de sa jeune épouse. La lunette lui permet d’avoir un très gros plan de la scène… As seen through a telescope montre la première utilisation d’un cache devant l’objectif et une utilisation nouvelle du gros plan. Il faut bien entendu garder à l’esprit, qu’à cette époque où les robes trainaient par terre, la cheville d’une femme était une partie du corps fortement chargée d’érotisme. Comme on le sait, le voyeurisme a joué un rôle important dans le développement de la photographie et du cinéma. Ici George Albert Smith intègre parfaitement dans une histoire sa nouveauté de placer un cache devant l’objectif. Toute la scène centrale est un gros plan en vision subjective. George Smith repasse en vision objective pour la scène finale, avec une chute amusante.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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Remarques :
* George Albert Smith est avec James Williamson l’un des pionniers du cinéma anglais, il est le réalisateur le plus important de « l’école de Brighton ».
* George Albert Smith a réutilisé ce principe de cache quelques semaines plus tard dans Grandma’s reading glass (1900) où un enfant regarde les différents objets d’une pièce à travers une loupe. Les plans sont plus nombreux mais l’ensemble a moins de force et d’impact.

16 mars 2011

The kiss in the tunnel (1899) de George A. Smith

The Kiss in the TunnelLui :
(Muet, 1 minute) George Albert Smith est avec James Williamson l’un des pionniers du cinéma anglais, il est le réalisateur le plus important de « l’école de Brighton ». The Kiss in the Tunnel est remarquable à plus d’un titre. Tout d’abord, il s’agit de l’un des tous premiers films utilisant le montage pour assurer la continuité de l’action. Il est composé de trois scènes:
1) un train entre dans un tunnel
2) à l’intérieur d’un compartiment, un homme et une femme s’embrassent furtivement
3) le train sort du tunnel.
D’autre part, les scènes d’entrée et de sortie du tunnel sont filmées en caméra subjective, la caméra ayant étant placée à l’avant d’un train. C’est le principe du phantom ride, genre qui impressionnait fortement le public. Ces deux scènes ont été filmées par Cecil M. Hepworth, pour un petit film View from Engine Front – Train Leaving Tunnel. Dans la scène à l’intérieur du compartiment, c’est le réalisateur George Albert Smith lui-même et son épouse qui jouent l’homme et la femme. On remarquera le décor très stylisé, presque onirique, qui ne cherche pas le réalisme. Nous sommes donc là tout à fait dans l’esprit du cinéma.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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Remarques :
The Kiss in the Tunnel Le film a été copié, l’année même de sa réalisation : The Kiss in the Tunnel (1899) (Bamforth & Co, réalisateur non connu). Le film est moins bien réalisé. La différence majeure est dans l’entrée du train dans le tunnel : la vision n’est plus subjective, nous voyons le train entrer dans le tunnel (la connotation sexuelle est ceci dit plus forte…) Le baiser est moins bourgeois, on peut même supposer que les deux personnages ne se connaissent pas. Le décor est plus cru et réaliste. Enfin, on ne voit pas le train sortir du tunnel, le film passe directement à une scène d’arrivée en gare. Le « remake » est donc moins inventif et plus racoleur, dans un esprit de recherche du « croustillant »…

Pour en savoir plus sur les Phantom Rides (article en anglais)

28 février 2011

Le tunnel sous la manche ou Le cauchemar franco-anglais (1907) de Georges Méliès

Le tunnel sous la manche ou Le cauchemar franco-anglaisLui :
(Muet, 15 minutes) Lors d’un sommet, les chefs d’état français et anglais dorment dans des chambres mitoyennes et font le même rêve : un tunnel sous la Manche est percé. Mais après l’euphorie, le rêve va se transformer en cauchemar… Ce film de Méliès est une comédie légère dont le ton (et même l’image parfois) est proche de celui de la caricature politique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: 
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Remarque :
Méliès n’a pas (bien entendu) inventé le concept. Le projet d’un tunnel sous la Manche était déjà dans tous les esprits à cette époque et, ce, depuis de nombreuses années. Le percement d’un tunnel (uniquement ferroviaire puisque les automobiles étaient très peu répandues) avait même débuté en 1874 et été abandonné quelques années plus tard.

28 février 2011

Les quatre cents farces du diable (1906) de Georges Méliès

Les 400 farces du diableLui :
(Muet 17 minutes) Un mystérieux personnage donne à un inventeur et son valet des pilules magiques qui vont leur permettre de faire le tour du monde. Il n’exige en retour qu’une signature. Le malheureux ne sait pas qu’il vient de vendre son âme au diable qui n’aura de cesse de le tourmenter. Il part pour un grand voyage… Georges Méliès ne cherche pas ici à donner à l’histoire une once de vraisemblance, Les quatre cents farces du diable est plutôt une féerie d’effets spectaculaires, de transformations d’objets, d’apparitions. On a l’impression qu’il a voulu condenser tous ses effets en un seul film. Il fait preuve d’une inventivité remarquable : la transformation d’une série de malles de voyage en petit train est superbement inattendue, la course folle dans les astres est joliment onirique. Le rythme est soutenu, nous n’avons guère le temps de souffler et ne comptez pas sur un happy end à la fin ! Le film est aussi plein d’humour, notamment par le personnage du valet qui se comporte le plus souvent comme un bouffon. Belle réalisation et belles utilisation des couleurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: 
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Précision :
Mise en couleurs : non seulement, les films de Méliès étaient peints à la main, image par image, mais encore il fallait répéter l’opération pour chaque copie vendue car il n’y avait aucun moyen de les dupliquer. Cela paraît presque inconcevable à nos esprits d’aujourd’hui… La couche appliquée était bien entendu suffisamment transparente pour laisser apparentes les nuances de gris, ce qui permettait de colorier des « grandes » zones. Rappelons aussi que les films étaient vendus (et non loués) aux exploitants. La version couleur était bien entendu plus chère que la version noir et blanc.

28 février 2011

La Fée Carabosse ou le poignard fatal (1906) de Georges Méliès

La fée Carabosse ou le poignard fatalLui :
(Muet, 12 minutes) Un jeune troubadour consulte la Fée Carabosse pour connaître son avenir. Celle-ci lui montre la vision d’une princesse prisonnière dans un château. Pour aller la délivrer, elle lui propose un talisman magique. Au moment de payer, le troubadour trompe la fée en lui donnant un sac rempli de sable. Elle jure de se venger… Ce petit film aurait été une commande des Magasins Dufayel (Bd Barbès à Paris) : il était montré aux enfants pendant que les mamans faisaient tranquillement leurs emplettes. L’histoire est donc très simple, avec de nombreuses apparitions de monstres ou de fantômes. Méliès montre sa bonne maîtrise du conte de fée qu’il met joliment en images. La fée Carabosse ou le poignard fatal est un petit film  très bien réalisé, tant au niveau de la création des personnages (intéressante fée en chapeau pointu) qu’au niveau de la colorisation.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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28 février 2011

La légende de Rip Van Winkle (1905) de Georges Méliès

La légende de Rip Van WinkleLui :
(Muet 14 minutes) L’histoire de ce petit film en couleurs est librement adaptée d’un conte de l’américain Washington Irving (1783-1859) : un homme part en forêt pour fuir et, pris de fatigue, s’endort pour se réveiller vingt ans plus tard… Méliès donne une version haute en couleur, dans tous les sens du terme puisque les scènes de forêt sont effectivement très colorées. Comme pour Le palais des mille et ne nuits tourné la même année, Méliès utilise largement la profondeur de son nouveau studio pour créer des plans toujours plus riches avec des décors qui peuvent pivoter ou s’effacer pour nous faire découvrir un autre lieu.  La projection de La légende de Rip Van Winkle était accompagnée d’un commentaire dit en direct par un bonimenteur. Il est nécessaire de regarder une version avec ce commentaire pour bien comprendre l’action.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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27 février 2011

Le palais des mille et une nuits (1905) de Georges Méliès

Le palais des mille et une nuits Lui :
(Muet, 21 minutes) Un jeune homme a gagné l’amour de la fille d’un riche sultan mais ne peut l’épouser car il est sans le sou. Un bon génie accepte de le guider vers un fabuleux trésor mais il devra d’abord prouver sa vaillance et son courage… Le Palais des Mille et une Nuits est assez remarquable par la richesse de ses décors aux multiples détails. Les passages les mieux conservés sont de toute beauté en couleurs. Le film utilise d’importantes mises en scène : décors qui coulissent, montent ou pivotent avec une bonne utilisation de la profondeur des plans. On peut supposer que le film a été tourné dans le second studio de Georges Méliès, beaucoup plus grand que le premier et plus riche en mécanismes. Les apparitions et disparitions sont nombreuses, certaines sont très réussies car très progressives (par exemple la première apparition de la déesse au sommet de son piédestal). Sur l’histoire proprement dite, Le palais des mille et une nuits est toutefois beaucoup moins prenant et convaincant que Le Royaume des Fées. La projection du Palais des Mille et Une Nuits était accompagnée d’un commentaire dit en direct par un bonimenteur. Il est essentiel de regarder une version avec ce commentaire qui permet de bien comprendre l’action.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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Remarques:
Christie a récemment vendu aux enchères le script (4 pages) écrit de la main de Georges Méliès. Voici ce que l’on pouvait lire sur la première page visible sur internet :

Script de Méliès - Le palais des mille et une nuits –  Le Palais des Mille et une Nuits –
Grande féérie cinématographique
de Georges Méliès

1ere partie : Le prince Sourire, qui est sans fortune, aime la princesse Indigo, fille d’un Radjah, et est aimé d’elle. Il la demande en mariage mais la demande est repoussée, car elle est promise à un vieil usurier, fort riche, nommé Sakaram, lequel est d’une avarice sordide (ainsi que le Radjah).
2e partie : Le prince est désespéré de ce refus mais grâce à l’aide du sorcier Kalafar qui compatit à son infortune et qui lui fait avoir le concours de diverses puissances magiques, il part à la conquête d’un trésor dont il s’empare après de nombreuses péripéties.
3e partie : Le prince revient au palais du Radjah qui, le voyant désormais plus riche que le vieil usurier, reprend sa parole à ce dernier, le fait chasser du palais, et accorde sa fille à celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer.

Les 30 tableaux :
1. L’audience du Radjah
2. La demande en mariage
3. La chambre du Prince
4. Le sorcier Kalafar et l’épée enchantée
5. Le temple de Siva, cérémonique bouddhique. Les Vestales.
6. Le miracle de Siva
7. Les bateliers du fleuve sacré
8. Le Nain bleu
9. Les rives du fleuve sacré
10. La gondole du Nain bleu
11. Cortège du Grand Prêtre et des Gardiennes de la forêt magique
12. La forêt enchantée, grand décor extraordinaire à transformations multiples
13. L’entrée des Cavernes Merveilleuses. La Fée de l’Or.
14. Descente dans la Grotte de Cristal.
15. La Grotte de Cristal
16. Les génies du feu, gardiens des trésors
17. Les feux follets.
18. Les spectres, combat fantomatique.
19. Les caves miraculeuses
20. Le dragon et les crapauds fantastiques
21. Les monstres de pierre
22. Les feuilles de lotus merveilleuses
23. Les déesses souterraines
24. La fontaine de feu
25. Le temple d’Or
26. Le Palais des mille et une nuits
27. La Fée de l’Or et le coffre-fort féérique
28. La conquête des trésors
29. Grand défilé des richesses
30. Retour au palais du Radjah et mariage du prince.

La portion visible s’arrête ici, hélas. Les deux autres pages décrivent le contenu de chaque tableau. On remarque que, pour Méliès, la notion de tableau est liée à la mise en place. Deux scènes se deroulant dans le même décor avec une substitution d’objet sont pour lui deux tableaux différents.
On notera aussi que le découpage en trois parties n’est pas représentatif car les première et dernière parties sont excessivement courtes par rapport à la deuxième.