13 mars 2005

Demain on déménage (2004) de Chantal Akerman

DemenageElle :
Chantal Akerman surprend par son ton faussement enjoué bien loin des thèmes sombres de ses premiers films aux plans fixes interminables. C’est une sorte de comédie où la caméra virevolte dans un appartement désordonné habité par une jeune femme (Sylvie Testud) et sa mère (Aurore Clément). La réalisatrice projette la tragédie de sa famille juive dans le personnage de la jeune Charlotte et adopte un humour décalé et absurde pour parler de ces souffrances (on parle beaucoup de poulet au four…). Les dialogues sont pétillants lors de la visite de l’appartement par des visiteurs excentriques mais malheureusement, le tempo s’essouffle peu à peu.
Note : 3 étoiles

Lui :
Chantal Ackerman nous livre là une petite fantaisie, abusant un peu de l’humour par l’absurde. S’il y a quelques passages intéressants et amusants, tel ce ballet de visiteurs pour acheter l’appartement, on se lasse tout de même car le but de l’ensemble n’est pas très visible (même si l’on peut y voir quelques allégories un peu tirées par les cheveux).
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Sylvie Testud, Aurore Clément, Jean-Pierre Marielle, Natacha Régnier
Voir la fiche du film et la filmographie de Chantal Akerman sur le site IMDB.

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6 mars 2005

L’ Esquive (2003) d’Abdel Kechiche

L'EsquiveElle :
Abdel Kechiche nous plonge brutalement dans un autre univers, coupé de tout où les adolescents ne communiquent qu’en criant ou en s’injuriant. Leur langage est incompréhensible tant il est haché. La violence des paroles traduit une grande colère qui s’extériorise en permanence. Nous sommes projetés sans ambages au cœur de cet univers d’un quartier de banlieue. Pendant un demi-heure, on se demande où on a atterri tant les échanges verbaux sont violents. Le seul rayon de soleil qui illumine les journées de ces ados est le théâtre. La pièce de Marivaux (Le Jeu de l’Amour et du Hasard) révèle que notre condition sociale d’origine nous colle à la peau et qu’il est très difficile d’en sortir. Le mélange des classes n’existe donc pas. Ce cinéma brut est parfois à la limite du supportable. C’est un constat amer et peu optimiste.
Note : 3 étoiles

Lui :
C’est un film assez étonnant, qui, dans un quartier de la banlieue parisienne, fait jouer à ses jeunes personnages des scènes de Marivaux pour montrer la difficulté de sortir de son milieu. En dehors de ces scènes, on voit une relation tenter de se tisser entre un garçon, utilisant (malgré lui) des méthodes presque mafieuses pour déclarer son amour à sa belle. Le parallèle et l’opposition sont assez brutaux mais efficaces. Le film est très réaliste, utilisant des cadrages serrés sur les personnages dont les dialogues sont le plus souvent vraiment durs à suivre tant ils sont « réalistes ».
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sara Forestier, Osman Elkharraz
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14 février 2005

Saltimbank (2003) de Jean-Claude Biette

SaltimbankElle :
Film hermétique et ennuyeux dans le genre intellectuel parisien gonflant. On se retrouve au sein d’une troupe de théâtre qui éprouve des difficultés existentielles. Le monde de l’argent s’oppose au monde de la création. Tous les personnages font une tête d’enterrement et on ne sent absolument pas concerné par leurs problèmes. Les liens qui relient tous ces gens sont confus et participent à cette sensation d’indifférence.
Note : 2 étoiles

Lui :
Semblant ne pas suivre de trame, Jean-Claude Biette se laisse porter par son inspiration pour nous livrer un ensemble pêle-mêle de scènes. L’ensemble se passe dans un milieu intellectuel très parisien, semblant ne se préoccuper que de théâtre. Le résultat est à l’image des personnages : assez ennuyeux et plutôt vide.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jeanne Balibar, Jean-Marc Barr, Jean-Christophe Bouvet
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22 janvier 2005

« Derrière la façade » (1939) de Georges Lacombe et Yves Mirande

Derrière la façadeElle :
Bonne enquête policière bien enlevée avec toute une pléiade d’acteurs de renom et de seconds rôles aux visages familiers (Jules Berry, Gaby Morlay, Elvire Pöpesco, Michel Simon, Von Stroheim, Julien Carette etc…). L’enquête sur le meurtre d’une propriétaire d’un immeuble nous conduit dans chacun des appartements. On y fait la rencontre de personnages loufoques qui ont tous quelque chose à se reprocher. Les apparences de façade vacillent. L’humour est également au rendez-vous avec les querelles des deux inspecteurs.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film de la fin des années 30 est un grand patchwork tout en formant un bel ensemble: Tout d’abord, on est étonné par la profusion d’acteurs vedettes et ensuite, le scénario se prête parfaitement à toute cette série de portraits différents, qui sont un étonnement permanent, une surprise à chaque fois que l’on pousse une porte dans cet immeuble où deux policiers font une enquête sur un meurtre. Il y a d’ailleurs beaucoup d’humour engendré par cette rivalité entre les deux policiers. Même si la peinture sociale reste au niveau des clichés, le film est une réussite qui garde toute sa fraîcheur et son mordant quelque 65 ans plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jules Berry, Gaby Morlay, Elvire Popesco, Michel Simon, Erich Von Stroheim, Julien Carette
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20 janvier 2005

Pas sur la bouche (2003) d’ Alain Resnais

Pas sur la boucheElle :
Une fois qu’on est parvenu à rentrer dans l’univers de cette opérette de 1925 revisitée par Alain Resnais, il suffit de se laisser aller, de regarder les chatoyants décors et costumes, les éclairages somptueux, d’écouter ces numéros de chants chorégraphiés par des acteurs de talent (S. Azéma, P. Arditi, L. Wilson, A. Tautou, D. Prévost et Darry Cowl en concierge). Le rouge symbolise l’amour sous tous les sens du terme (passion, mariage, adultère). Malgré quelques petites longueurs, Resnais réussit à faire un vaudeville pétillant, bourré d’humour, de situations cocasses où les uns et les autres exaltent les valeurs de l’amour. C’est une façon pour lui de rendre hommage à la période sa jeunesse.
Note : 4 étoiles

Lui :
Malgré mes réticences à regarder une opérette, je dois bien avouer avoir beaucoup apprécié… et cette histoire légère à souhait est un ravissement permanent. Il y a une très grande douceur dans les images et la maîtrise d’Alain Resnais dans la mise en scène est phénoménale. Il a une façon de jouer avec les décors, de les mettre en harmonie avec ses personnages, c’est du grand art. Et il parvient à insuffler une vie et une chaleur rare dans ses images. Ajoutez à cela un scénario, qui sur une trame assez classique et vaudevillesque (une femme qui cherche à cacher à son mari qu’elle a déjà été mariée), parvient à donner des situations tout à fait variées et sans jamais ne tomber dans l’excès. On pense par moments au Guitry des meilleurs jours. Et les chansons (qui me faisaient si peur) sont somme toute bien intégrées dans l’ensemble et à part une ou deux passent très bien. Resnais nous montre une fois de plus son grand art, pour notre plus grand plaisir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sabine Azéma, Pierre Arditi, Isabelle Nanty, Audrey Tautou, Daniel Prévost, Lambert Wilson, Darry Cowl, Jalil Lespert
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14 janvier 2005

À cause, à cause d’une femme (1963) de Michel Deville

À cause, à cause d'une femmeElle :
Comédie fantaisiste et légère sur les multiples relations amoureuses d’un beau jeune homme souriant (Jacques Charrier) qui se voit accusé de meurtre par une femme jalouse. Michel Deville s’amuse à décrypter ces relations de façon ludique. Ce jeune homme passe d‘une femme à l’autre de façon insouciante, découvre le véritable amour mais sans espoir de retour alors que le police est à ses trousses, parvient à se tirer d’affaire grâce à ces femmes qu’il finit par quitter. C’est frais, sans prétention mais quand même un peu longuet.
Note : 3 étoiles

Lui :
Film léger et plaisant, mêlant le badinage et l’enquête policière. Belle mise en scène de Deville qui parvient bien à nous intéresser à cette histoire futile.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mylène Demongeot, Jacques Charrier, Marie Laforêt
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5 janvier 2005

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2003) de François Dupeyron

Monsieur Ibrahim et les fleurs du CoranElle :
J’ai plutôt bien aimé cette adaptation du roman d’Eric-Emmanuel Schmitt. La relation filiale qui se crée entre ce vieux musulman et ce jeune juif sans famille est touchante et François Dupeyron parvient à saisir les moments d’émotion. Les messages d’espoir, de sagesse et de simplicité ne laissent pas insensibles. Omar Sharif est plutôt convaincant. La reconstitution de la rue Bleue des années 60 est bien faite même si elle est un peu trop léchée. On passe un bon moment et le film donne envie d’autres romans d’Eric-Emmanuel Schmitt.
Note : 4 étoiles

Lui :
Cette histoire de jeune adolescent parisien des années 60 qui se lie d’amitié avec un commerçant arabe de son quartier est assez réussie et assez touchante. Le scénario en soi n’est pas des plus passionnant, et il comporte quelques incongruités, mais le traitement est vraiment proche des personnages, avec beaucoup de chaleur et d’humanité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Omar Sharif, Pierre Boulanger
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3 janvier 2005

La tête d’un homme (1933) de Julien Duvivier

La Tête d'un hommeElle :
Cette adaptation d’un roman de Georges Simenon avec Harry Baur en Maigret est loin d’être le meilleur film de Duvivier. La première partie est bien mise en place puis, brusquement, il y a de nombreuses maladresses de mise en scène qui nuisent au scénario (personnages flous, personnages filmés devant un écran, beaucoup de théâtralité). Seul, Harry Baur reste sobre dans son jeu de flic patient. La fin très expressionniste traîne quelque peu en longueur et l’on a hâte d’en finir. Dommage.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le scénario adapté de Simenon a beau être riche et fort, Julien Duvivier semble passer à côté, plus soucieux de mettre en scène le milieu populaire de Montparnasse de cette époque. Le développement de l’histoire est assez brouillon et le dénouement confus, maladroitement bâclé. Le film s’enlise dans de longues scènes d’atmosphère qui ne font nullement avancer l’histoire.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Harry Baur, Valéry Inkijinoff, Gaston Jacquet
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Remake :
L’homme de la Tour Eiffel (The man on the Eiffel Tower) de Burgess Meredith (1949) avec Charles Laughton.

2 janvier 2005

93, rue Lauriston (2004) de Denys Granier-Deferre (TV)

93, rue LauristonElle :
On assiste au récit d’anciens collabos devant un commissaire interprété sobrement par Michel Blanc. On est atterré par les atrocités commises. Durant cette trouble période de l’occupation, la police de Vichy se conduisit de façon épouvantable avec les juifs, de façon presque pire que les allemands. Une terrible pression était mise pour faire collaborer des français qui à leur tour n’hésitait pas à torturer. Cette fiction basée sur des personnages réels souffre parfois de lourdeur et est un peu trop marquée « téléfilm ».
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce téléfilm bénéficie d’un ensemble d’acteurs de tout premier plan pour relater le rôle assez sinistre du service de la Rue Lauriston pendant la guerre. Il est monté en série de flash-back, des scènes racontées par certains protagonistes lors d’une brève enquête (qui restera sans suite) ; le rythme est assez rapide et enlevé. Le film sait bien évoquer les terribles méfaits de ce service sans se complaire à les montrer. Une bonne reconstitution, qui fait office de témoignage.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Michel Blanc, Samuel Le Bihan, Daniel Russo
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29 décembre 2004

Après vous… (2003) de Pierre Salvadori

Apres vousElle :
Encore une comédie française insignifiante avec Daniel Auteuil en sauveteur d’un suicidaire interprété par José Garcia. Au milieu une jeune fleuriste (Sandrine Kimberlain) que les deux hommes s’arrachent. On s’ennuie au bout de vingt minutes. Pierre Salvadori fait du remplissage comme il peut. C’est long, et passablement inintéressant.
Note : 1 étoiles

Lui :
S’il y a quelques bonnes trouvailles de scénario et de dialogue, l’ensemble est vraiment poussif, on n’en peut plus devant cette surenchère de situations où Daniel Auteuil s’enlise toujours plus dans sa volonté de bien faire. Et cela en devient bien lassant…
Note : 1 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, José Garcia, Sandrine Kiberlain
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