24 juin 2005

Poids léger (2004) de Jean-Pierre Améris

Poids_legerElle :
J’avais été touché par le cinéma de Jean-Pierre Améris dans son film  C’est la Vie avec Jacques Dutronc et Sandrine Bonnaire. Dans ce film adapté du roman d’Olivier Adam, il parvient une nouvelle fois à brosser avec délicatesse le portrait d’Antoine, un jeune boxeur perturbé par la perte de ses parents. Celui-ci est interprété avec talent par Nicolas Duvauchelle. Son physique angélique et plein de douceur contraste avec sa passion de la boxe et son métier de croque-mort. Jean-Pierre Améris a le mérite d’aborder sans tabou le sujet de la mort au cinéma et il parvient avec sa caméra à communiquer les fulgurances, les flashes qui traversent l’esprit d’Antoine. C’est un cinéma qui joue sur les émotions et l’humain.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans Poids Léger, Jean-Pierre Améris a su donner beaucoup d’innocence et de spontanéité à son personnage central, un jeune boxeur amateur totalement perturbé par la perte de ses deux parents. Evitant les travers psychanalytiques, il nous montre simplement ses difficultés à profiter des planches de salut qui s’offrent à lui, ses difficultés à communiquer. Nicolas Duvauchelle est particulièrement touchant malgré les excès de son personnage. Il est entouré par plusieurs acteurs parfaits dans les seconds rôles et cette qualité dans l’interprétation est pour beaucoup dans la réussite de ce film qui compte tout de même quelques passages à vide dans sa seconde partie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nicolas Duvauchelle, Bernard Campan, Maï Anh Le, Sophie Quinton
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23 juin 2005

Maldone (1928) de Jean Grémillon

MaldoneElle :
Film muet très novateur et audacieux dans son style. Jean Grémillon s’emploie à dépeindre la détresse et les obsessions d’un homme qui a perdu sa liberté en devenant un riche propriétaire et voudrait la retrouver. Pour cela, il utilise de nombreux procédés visuels inédits pour l’époque : ralentissements, accélérations, tourbillons, superpositions, flous. Cette mise en scène donne un rythme tourbillonnant et obsédant. Malgré quelques longueurs, on sent que Grémillon a pris plaisir à essayer de nouvelles pistes.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film muet se montre particulièrement inventif à la fois dans les angles de prise de vues parfois audacieux et dans les effets de superposition ou de mouvements de camera. Le thème, assez classique, est dans la veine « l’argent ne fait pas le bonheur », c’est à dire un pauvre qui devient riche par héritage et qui est malheureux comme la pierre car il regrette sa liberté et son insouciance passée. Un film étonnamment jeune.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Dullin, Genica Athanasiou
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22 juin 2005

Le chien, le général et les oiseaux (2003) de Francis Nielsen

Le chien, le général et les oiseauxElle :
Dessin animé qui s’adresse plus particulièrement aux enfants. On se laisse séduire par une certaine poésie dans les dessins bien loin des mangas ainsi que par ce général à la retraite qui a décidé de faire libérer tous les oiseaux grâce aux chiens de la ville qui font pression sur les habitants.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film d’animation est un conte assez joli en soi, avec une certaine fraîcheur, plutôt bien réussi puisque, malgré son animation assez rudimentaire, il sait créer une atmosphère pleine de charme et de candeur. Il a toutefois un léger côté soporifique car le sujet traité, tout en étant charmant, peine quelque peu à mobiliser toute notre attention.
Note : 2 étoiles

Acteurs: (voix) Philippe Noiret
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13 juin 2005

Le bleu des villes (1999) de Stéphane Brizé

Le bleu des villes Elle :
Stéphane Brizé a réussi un joli film teinté d’émotion, de simplicité et de justesse en mettant en scène les rêves de célébrité d’une contractuelle. Celle-ci est interprétée par Florence Vignon, une actrice qui joue tout en retenue et petites touches pour exprimer ses rêves brisés et son désir impossible de devenir chanteuse de variétés. Antoine Chappey joue également parfaitement bien le mari qui rêve d’une vie paisible dans son pavillon de banlieue. Les dialogues sont croustillants et amusants. On passe vraiment un bon moment.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour son premier long métrage Le Bleu des Villes, Stéphane Brizé a choisi l’histoire d’une jeune trentenaire qui aspire à une autre vie que celle, un peu étriquée, qui lui semble réservée. Il y a un contraste intéressant entre l’apparence extérieure de cette jeune femme douce et calme et son tumulte intérieur qui se mue en une volonté implacable de changer totalement de vie. Florence Vignon, qui a aussi contribué à l’écriture du scénario, interprète à merveille ce personnage filmé avec beaucoup de douceur et de délicatesse. Le ton est juste, sans jamais forcer le trait, et film trouve un bel équilibre entre drame et comédie. Une réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Florence Vignon, Antoine Chappey, Mathilde Seigner
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8 juin 2005

Deux frères (2004) de Jean-Jacques Annaud

Titre anglais : « Two brothers »

Deux freresElle :
Jean-Jacques Annaud, plein de bonnes intentions a entrepris de nous narrer la séparation de deux bébés tigres de leurs parents et de l’un de l’autre. Il oppose la méchanceté des hommes qui capturent ou tuent ces fauves pour de l’argent à la liberté des animaux dans la nature. J’ai préféré L’ours à ce film qui me semble plus maladroit, gentillet et ennuyeux. Il ne parvient qu’à remplir poussivement cette heure et demi autour de ces deux adorables tigres C’est sans doute un film plus destiné aux enfants.
Note : 2 étoiles

Lui :
Deux frèresParmi les animaux sauvages, le tigre est certainement l’un des plus fascinants et Jean-Jacques Annaud réussit la prouesse de les faire jouer comme des acteurs. Il parvient même à présenter au spectateur le point de vue du tigre au point que l’on a parfois l’impression d’être à sa place et de partager sa condition. Bien que fortement scénarisée, les scènes dans la jungle indochinoise paraissent vraiment naturelles et assez exceptionnelles. Hélas, le film pâtit quelque peu du traitement un peu sommaire des personnages humains, beaucoup semblant bâclés, trop typés et peu crédibles. De ce fait, on ressent le côté un peu simpliste du scénario. Néanmoins, malgré ses défauts, le film reste très plaisant et assez fascinant à regarder, et s’inscrit cette même veine de protection de la Nature que L’ours.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Guy Pearce, Jean-Claude Dreyfus
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7 juin 2005

La petite bande (1983) de Michel Deville

La petite bande Elle :
C’est sous la forme d’une fable humoristique que Michel Deville nous narre la fugue d’une bande de sept jeunes enfants anglais avec des méchants malfrats à leurs trousses.. Il se moque des institutions et plébiscite la fraîcheur et spontanéité de l’enfance. Aucun dialogue, seule une musique légère et fantasque accompagne cette escapade. Je vois plutôt ce film comme un exercice de style que comme un film pleinement abouti. J’ai eu de la difficulté à voir le film jusqu’au bout en partie à cause d’un manque de consistance du scénario qui a fait baisser mon intérêt au fur et à mesure.
Note : 2 étoiles

Lui :
Ce film de Michel Deville peut paraître n’être qu’un exercice de style : un film sans paroles où la musique (signée Edgar Cosma) tient le rôle de narrateur en soulignant ou en dirigeant nos sentiments dans un sens ou dans l’autre. Mais c’est aussi un film sur l’enfance, avec beaucoup de fraîcheur, des enfants dont les facéties viennent perturber l’ordre établi et le conformisme. Hélas, le scénario s’enlise ensuite, faisant intervenir des « méchants » dans une histoire de complot infernal, tel un conte qui tourne mal… Le film qui semblait plein de candeur et de naïveté apparaît alors un peu interminable.
Note : 2 étoiles

Acteurs: François Marthouret, Robin Renucci, Daniel Martin
Les enfants : Andrew Chandler, Hélène Dassule, Nicole Palmer, Hamish Scrimgeour, Katherine Scrimgeour, Nicolas Sireau, Remi Usquin, Valerie Gauthier

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26 mai 2005

Rosetta (1999) de Jean-Pierre et Luc Dardenne

RosettaElle :
Les frères Dardenne nous offre un film rude à l’image de son héroine Rosetta, une jeune femme prête à tout pour obtenir un travail, même à éliminer son seul ami. Les mouvements de caméra sont vifs, l’objectif effleure les corps comme pour mieux exprimer leurs souffrances morales et physiques. Rosetta est en colère. Toujours en mouvement, elle secoue sa mère alcoolique, se rebelle contre ses licenciements, se débrouille pour survivre sans faire de mendicité. Elle veut garder la tête haute pour sortir du trou et trahit son seul soutien pour lui prendre son travail. C’est un combat désespéré qui révèle le mal être social de toutes ces personnes défavorisées à la dérive.
Note : 4 étoiles

Lui :
Faisant un blocage sur la forme, je ne peux parler de ce film dont je n’ai vu que les 20 premières minutes. Je comprends bien que cette caméra à 10 cm des personnages permet de nous asséner le film comme un coup de poing mais, ayant toujours beaucoup de mal avec les films « caméra à l’épaule », c’est franchement au-delà de ce que j’arrive à supporter.
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Emilie Dequenne, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet
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20 mai 2005

Le Convoyeur (2004) de Nicolas Boukhrief

Le ConvoyeurElle :
Peu de choses à dire sur ce thriller français assez glauque si ce n’est que je n’ai pas accroché. Une société de convoyage de fonds, une équipe de convoyeurs sous-payés avec de forts penchants pour la drogue ou l’alcool et parmi eux, un nouveau venu incarné par Albert Dupontel dont on ne sait presque rien si ce n’est qu’il est solitaire et épileptique. Le ressort du film se concentre sur cet homme énigmatique dont on découvrira trop lentement les différentes facettes. L’atmosphère cauchemardesque et les quelques scènes d’action ne suffisent pas à relancer l’intérêt. Les personnages ne sont pas très attachants et trop de temps morts ponctuent l’histoire.
Note : 2 étoiles

Lui :
Après un début un peu étonnant avec des faux airs de documentaire sur le dur métier de convoyeur de fonds, Nicolas Boukhrief parvient à créer une certaine atmosphère dans ce film, une atmosphère assez épaisse et mystérieuse car on se demande qui est vraiment le personnage principal, interprété par un taciturne et hermétique Albert Dupontel. Même après avoir eu l’explication à mi-film, ses motivations restent en partie mystérieuses et ne se dévoilent jamais totalement. Tout le film repose sur lui, sur les interrogatioons que l’on peut avoir à son sujet et cela fonctionne plutôt bien. Assez cru dans ses scènes d’action, c’est toutefois un assez bon polar français, servi par un excellent scénario.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Albert Dupontel, Jean Dujardin, François Berléand
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16 mai 2005

Sauve-moi (2000) de Christian Vincent

Sauve moiElle :
Roubaix : des cités grises et pauvres et des gens très modestes pour les habiter. Christian Vincent a le mérite de mettre en scène des thèmes sociaux rarement abordés au cinéma. Avec Sauve-moi, il nous fait pénétrer dans l’univers des RMistes, chômeurs, des travailleurs au noir, des sans-abri et des immigrés. La lumière est crue et peu flatteuse. La mise en scène est sobre et dépouillée. Les acteurs peu connus sont convaincants et Roschdy Zem, l’algérien au grand cœur, est émouvant. Le réalisateur concentre son attention sur ces personnages peu gâtés par la vie. Victimes de patrons peu scrupuleux, de recouvreurs de dettes cyniques, ceux-ci subissent plus leur sort qu’ils ne peuvent le prendre en main. Le constat est pessimiste et sans espoir. Restent l’amour, l’amitié et la solidarité qui scellent ces trajectoires.
Note : 3 étoiles

Lui :
Vivant de petits boulots à Roubaix, Mehdi rencontre une roumaine qui débarque pleine d’illusions. C’est le point de départ du scénario de Sauve-moi qui va permettre à Christian Vincent de nous dresser le portrait d’un petit groupe de personnes, tous vivant assez difficilement, mais liés entre eux par des liens d’amitié. Le cinéaste parvient à donner une chaleur à ses personnages, tout en laissant bien présente la pression d’un quotidien marqué par des situations précaires. C’est cette proximité des personnages qui lui permet d’éviter les écueils du film social manichéen : point de coupable montré du doigt et les personnages ne sont nullement typés à l’extrême. L’interprétation nuancée et délicate de Roschdy Zem est d’ailleurs assez représentative du propos du film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Roschdy Zem, Rona Hartner, Karole Rocher, Olivier Gourmet
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13 mai 2005

Triple agent (2004) d’ Eric Rohmer

Triple agent Elle :
Triple Agent ne prendra pas place parmi mes films préférés de Rohmer. Malgré une belle mise en scène et un background historique intéressant puisqu’il s’agit des années 36-40, j’ai trouvé que cette histoire d’agent secret qui fonctionne quasiment à huis clos ne parvenait pas bien à nous intéresser. Il s’agit du parcours d’un couple de russes blancs qui a du mal à trouver sa place dans cette société française en mouvement. Malgré une mise en place efficace du contexte et des personnages au début, Rohmer a tendance à s’enfermer dans des échanges de dialogues assez artificiels. On ne retrouve plus la fraîcheur et vivacité de ses autres films. On finit par se désintéresser du sort de cet agent secret presque désuet.
Note : 2 étoiles

Lui :
Sur un fond historique très particulier (le front populaire et ces années qui précèdent la seconde guerre mondiale), Rohmer choisit de nous présenter un homme encore plus particulier, un russe blanc, ancien général. On peut supposer que c’est le côté combat d’arrière-garde qui a du attirer Rohmer, un homme qui perd ses certitudes, ses idéaux, en proie à un questionnement permanent. Il se sent décalé dans un monde perturbé où il regrette de ne pouvoir jouer un rôle. Hélas, sur la forme, Triple Agent se perd en longs dialogues dont on perd le fil et qui sont parfois à la limite du soporifique. Contrairement aux autres films de Rohmer, ces dialogues n’ont pas ici cette qualité qui nous dévoile les personnages et les rend si proches, si intimes. La photographie est très douce, peut-être un peu trop douce pour le sujet.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Katerina Didaskalou, Serge Renko
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