5 novembre 2006

La Grande illusion (1937) de Jean Renoir

La grande illusionElle :
Ce grand classique continue de tenir admirablement sa place. Pendant la première guerre mondiale, une amitié profonde se tisse entre des prisonniers aux origines sociales très diverses. Bien que les conditions de détention ne soient pas trop draconiennes, ils ne pensent bien évidemment qu’à s’évader. Et c’est Boeldieu, le bourgeois parisien, qui se sacrifie pour Maréchal issu d’un milieu populaire et son comparse juif. Les apparences sont trompeuses. De même que Renoir montre que, en dehors des lois de la guerre, des hommes tels Von Stroheim ou la jeune femme allemande peuvent éprouver de l’amitié et de l’amour à l’égard de leurs ennemis français. Une belle leçon d’humanisme. Gabin, Fresnay, Dalio, Carette y sont remarquables.
Note : 5 étoiles

Lui :
Même avec le recul des années, ce film paraît toujours aussi complet et même complexe. Par exemple, on comprend que le fond du propos est antimilitariste mais en même temps l’effet d’exaltation de la guerre y est magnifié. De même, on peut y voir un pamphlet contre les différences de classe sociale, mais aussi la force de la notion d’appartenance sociale qui transcende les frontières. Ainsi, le film semble s’attaquer surtout aux visions simplificatrices, réductrices car c’est avant tout une histoire humaine que nous raconte Renoir. Les personnages sont typés, certes, mais très forts. Une histoire qui, en final, nous marque en tant que spectateur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Pierre Fresnay, Erich von Stroheim, Julien Carette, Marcel Dalio
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Renoir sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Jean Renoir chroniqués sur ce blog…

4 novembre 2006

Gabrielle (2005) de Patrice Chéreau

gabrielle1.jpgElle :
(pas vu)

Lui :
A une époque que l’on peut situer au début du XXe siècle, un homme bien installé dans la vie voit sa femme la quitter puis revenir aussitôt. Il s’en suit une introspection de ce couple bourgeois en état de déliquescence complète aggravé par la pesanteur de sa situation sociale. L’homme engoncé dans ses certitudes aimerait ranimer une flamme qui n’existe plus ou, pire encore, qui n’a peut-être jamais existé. Face à lui, l’indifférence froide et surtout résignée de Gabrielle est implacable. Chéreau nous décrit sans complaisance une situation noire et sans espoir, un terrible constat d’inutilité du couple. La forme est un peu trop travaillée, Chéreau cherchant des effets de style, alternant brutalement (ou progressivement) entre couleur et noir et blanc, jouant même avec des ralentis. Isabelle Huppert est à l’aise avec son personnage, Pascal Greggory est moins crédible quand il force son jeu. De l’ensemble, se dégage néanmoins une force certaine.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Pascal Greggory
Voir la fiche du film et la filmographie de Patrice Chéreau sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Patrice Chéreau chroniqués sur ce blog…

28 octobre 2006

Origine contrôlée (2000) de Ahmed Bouchaala et Zakia Tahiri

Origine contrôléeElle :
(Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
(En bref) La situation paraît trop forcée pour que la sauce prenne. C’est un peu dommage car il y avait de bonnes idées… et de bons dialogues.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Patrick Ligardes, Atmen Kelif
Voir la fiche du film et la filmographie de Ahmed Bouchaala sur le site imdb.com.

27 octobre 2006

Le silence de la mer (1949) de Jean-Pierre Melville

Le Silence de la merElle :
Adapté d’un roman de Vercors, ce film loué de bonnes intentions a le défaut d’être un peu soporifique. On subit le discours fleuve d’un officier allemand qui réquisitionne une chambre chez un vieil homme et sa nièce. Ces derniers refusent de lui parler et de changer quoi que ce soit à leurs habitudes. Ce long monologue de l’allemand est lassant et la voix off du vieil homme bien pesante. Il est vrai que cette nouvelle était bien difficile à porter à l’écran.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Ce premier film de Melville, tourné avec des moyens dérisoires, est un peu maladroit, très littéraire. Il prend toute sa dimension quand on replace dans son époque le roman dont il est tiré. Ecrit en 1942, en pleine occupation, cette nouvelle est un témoignage important, une vision qui ne laisse aucune illusion, qui magnifie la résistance passive de simples français. Le film souffre de quelques longueurs mais le thème reste fort.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Howard Vernon, Nicole Stéphane, Jean-Marie Robain
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Pierre Melville sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Jean-Pierre Melville chroniqués sur ce blog…

27 octobre 2006

Le domaine perdu (2005) de Raoul Ruiz

Le Domaine perduElle :
(pas vu)

Lui :
Raoul Ruiz signe à nouveau un film très original sur les liens qui se tissent entre deux aventuriers ; ils sont de pays différent, de génération différente et pourtant ils se croiseront à plusieurs époques. Raoul Ruiz éclate totalement son récit, joue avec la construction en entremêlant, souvent de façon très subtile, les trois époques où le destin les rapproche : il saute de l’une à l’autre, crée des parallèles, des répliques… Cette façon de jouer avec le temps nous ravit totalement dans la première moitié du film. Hélas, les éléments fantastiques qu’il introduit ensuite n’ont pas la force suffisante pour prendre la relève et le film semble s’étirer et s’étioler doucement. Ce long métrage paraît donc assez inférieur à ses précédents films, d’autant plus que la photographie et surtout les éclairages semblent totalement disparates ce qui donne un côté dépareillé à l’ensemble.
Note : 3 étoiles

Acteurs: François Cluzet, Grégoire Colin, Christian Colin
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Ruiz sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Raoul Ruiz chroniqués sur ce blog…

25 octobre 2006

Charmant garçon (2000) de Patrick Chesnais

Charmant garçonElle :
Abandon au bout d’une demi-heure. Situations forcées et gags indigents. Ce « charmant garçon » n’est qu’un gros beauf dénué de toute éducation.
Note : 0 étoile

Lui :
C’est une comédie assez loufoque, sur une base de scénario assez classique : deux êtres que tout sépare tombent amoureux. L’originalité est surtout dans le traitement de ce scénario, Patrick Chesnais chargeant énormément son personnage d’ours mal léché, grossier, impulsif, (etc…) tout en ne dépassant pas les limites. Malgré tous ses défauts, son personnage reste attachant et c’est un véritable tour de force… L’ensemble est assez drôle et plutôt réussi pour un premier long métrage. Un film qui me fait un peu penser aux films de Stevenin.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Patrick Chesnais, Alexandra Vandernoot, Jean-François Balmer
Voir la fiche du film et la filmographie de Patrick Chesnais sur le site imdb.com.

23 octobre 2006

« Entre ses mains » (2005) d’ Anne Fontaine

Entre ses mainsElle :
(pas vu)

Lui :
On peut dire que c’est grâce à ses deux acteurs principaux que ce film conserve un certain intérêt ; le scénario, basé sur la relation étrange entre une femme et un homme qu’elle soupçonne d’être un tueur en série, est en effet peu approfondi, un peu trop prévisible et l’on aurait envie de pousser Anne Fontaine à aller plus loin. C’est sans doute pour cette raison qu’Isabelle Carré a un jeu sans doute un peu moins intense qu’à l’accoutumée ; elle exprime tout de même parfaitement l’ambiguité de son personnage troublé par son attirance. Benoît Poelvoorde est assez étonnant, étrange et inquiétant, dans un registre qui lui est donc peu familier mais où il réussit parfaitement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Benoît Poelvoorde, Isabelle Carré, Jonathan Zaccaï, Valérie Donzelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Anne Fontaine sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Anne Fontaine chroniqués sur ce blog…

22 octobre 2006

« La cloche a sonné » (2005) de Bruno Herbulot

La cloche a sonnéElle :
Parfois, certains films se font éreinter, on ne comprend pas trop pourquoi. Sans être un grand film, cette comédie est plutôt pétillante. Ses dialogues sont amusants et les situations plutôt cocasses. Fabrice Luchini en gourou de stage de remise en forme et les autres acteurs (François Cluzet et Elsa Zylberstein) ne font pas dans la surenchère. Certes, le scénario aurait pu être plus riche mais dans l’ensemble, Bruno Herbulot parvient à distiller un humour de bonne facture ainsi qu’un brin de fantaisie bienvenu.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le professeur Luchini qui organise des stages pour remettre d’aplomb les gens stressés ou mal dans leur peau, voilà une situation qui nous promet du cocasse et du pittoresque… Effectivement dès le discours de bienvenue, on entre tout de suite dans une satire assez gentille de ces pseudo-stages qui s’appuient sur un mélange de philosophie vaguement orientale et de retour à la terre qui fleure bon les années 70. Les situations cocasses s’enchaînent ensuite. L’ensemble est amusant, on rit souvent, même si l’on peut regretter que le scénario n’aille pas assez loin avec ses personnages : on a souvent l’impression que le film aurait pu franchement décoller, qu’il ne manque qu’une petite étincelle pour en faire un film jubilatoire. On peut aussi regretter la publicité un peu voyante pour un constructeur de voiture suédois.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fabrice Luchini, François Cluzet, Elsa Zylberstein, Amira Casar
Voir la fiche du film et la filmographie de Bruno Herbulot sur le site imdb.com.

19 octobre 2006

Félix et Lola (2000) de Patrice Leconte

Félix et LolaElle :
Le scénario est indigent et indigeste. Lola, une jeune fille à problèmes rencontre un propriétaire de manèges épris d’elle. Peu loquace, elle quitte son protecteur. On s’ennuie ferme ; il ne se passe rien et on sent que l’on va perdre son temps d’autant plus qu‘on a déjà vu l’épilogue au début du film. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
Non seulement, le scénario est étonnamment mince mais encore Patrice Leconte trouve le moyen de nous donner l’épilogue au début du film. Charlotte Gainsbourg ne parvient pas vraiment à donner une dimension à son rôle.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Charlotte Gainsbourg, Philippe Torreton, Alain Bashung
Voir la fiche du film et la filmographie de Patrice Leconte sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Patrice Leconte chroniqués sur ce blog…

14 octobre 2006

« La moustache » (2005) d’ Emmanuel Carrère

La moustacheElle :
Une bonne surprise avec ce deuxième film d’Emmanuel Carrère adapté de son propre roman. L’écrivain montre une bonne maîtrise de la mise en scène, chose assez rare chez un réalisateur non professionnel. L’idée de départ de scénario autour cette moustache rasée est vraiment très riche : elle donne lieu à toutes sortes de voies intéressantes pour étudier le comportement humain.

Le regard des autres est vital pour avoir le sentiment d’être vivant ; c’est tout le sujet du film qui parle de choses graves mais non dénuées d’humour. Une femme ne remarque pas l’absence de moustache de son compagnon et c’est le début de la fracture du couple et d’une longue errance à la limite de la folie pour le mari qui se réfugie à Hong Kong.

Emmanuel Carrère ne nous donne pas toutes les clés car les frontières entre le réel et l’imaginaire sont brouillées. A nous de trouver notre propre chemin. Vincent Lindon et Emmanuel parviennent à bien faire passer la fragilité et l’éphémérité de leur relation au bord du gouffre. On passe un bon moment.
Note : 5 étoiles

Lui :
Quand Emmanuel Carrère passe derrière la caméra, il est logique qu’il nous fasse un film d’écrivain. Avec « La moustache », il réussit une belle performance d’écriture : comment, à partir d’un geste à la fois important et anodin (se raser la moustache), un homme pourrait-il voir sa vie s’écrouler comme un château de cartes ? Pas facile, et pourtant Emmanuel Carrère y parvient en partant de petits détails qui enflent et qui finissent par former une trame inquiétante et un monde mouvant. Pour Vincent Lindon, toutes les certitudes qu’il avait tombent les unes après les autres. Il perd pied.

La force du film est de nous faire partager les interrogations de son personnage : la sollicitude bienveillante de sa femme ne serait-elle pas la marque d’un complot ourdi par ses proches ? En tant que spectateur, on oscille, ne sachant trop quoi penser, se raccrochant aux quelques branches que l’on veut bien nous tendre. « Nous n’existons que par le regard des autres » semble nous dire Emmanuel Carrère qui s’amuse à malmener notre esprit rationnel qui voudrait tant trouver une explication à tout cela. Il est certainement vain de chercher l’explication unique, imparable, elle n’existe pas forcément et ne serait de toutes façons que d’un intérêt secondaire.

(Arrêtez ici la lecture de ce billet si vous n’avez pas encore vu le film.)

La fin, si énigmatique, n’existe probablement que dans l’esprit de son personnage : il idéalise comment tout cela aurait dû se passer, ou comment il pourrait renouer avec sa vie, retomber sur ses pieds. Mais le plan final sur la carte postale à la dérive et surtout de Vincent Lindon qui ouvre les yeux est, hélas pour lui, sans équivoque…

Peu auparavant, comme dans un dernier moment de lucidité, il avait écrit à sa femme (sur la fameuse carte postale) : « Sans tes yeux, je ne vois rien ». Le lendemain, il va accomplir de façon répétitive un acte inutile pour lui (prendre le bac pour se rendre à Hong Kong) comme pour se trouver une place, se donner un rôle dans un monde qui n’est plus le sien. Sur la carte postale, il aurait pu tout aussi bien écrire : « Sans tes yeux, je ne suis rien » !
Note : 4 étoiles

Acteurs: Vincent Lindon, Emmanuelle Devos
Voir la fiche du film et la filmographie de Emmanuel Carrère sur le site imdb.com.