27 mars 2007

Austerlitz (1960) d’ Abel Gance

AusterlitzElle :
Abel Gance dresse un portrait haut en couleur de Napoléon. Il en fait un personnage fonceur, impulsif, coléreux et tyrannique. Son sens aigu de la stratégie militaire et des prises de décisions rapides renforcent le charisme qu’il pouvait avoir auprès de ses conseillers et de ses troupes. Parfois, le trait se fait caricatural notamment dans la présentation des généraux russes et autrichiens. Abel Gance s’est-il attaché à la vérité historique ou l’a-t-il édulcorée à sa guise ?
Note : 4 étoiles

Lui :
Le film ne tient pas toutes ses promesses en tant que grande fresque historique. Au vu des moyens mis en oeuvre et du sujet, on ne peut que regretter cet échec. La brochette d’acteurs est impressionnante mais, à part Pierre Mondy et Michel Simon, aucun d’eux ne paraît à l’aise et cet assemblage hétéroclite d’acteurs connus finit par distraire du sujet. Napoléon est présenté comme une boule de nerfs et finit par être vraiment fatiguant à regarder. La scène du couronnement (Trintignant raconte…) paraît un peu ridicule. La partie la plus réussie reste la reconstitution de la bataille d’Austerlitz, qui occupe le dernier tiers du film. Cette partie vient récompenser le spectateur patient. Les scènes de bataille sont particulièrement prenantes et bien reconstituées.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Mondy, Michel Simon, Claudia Cardinale, Martine Carol, Leslie Caron, Jean Mercure, Jack Palance
Voir la fiche du film et la filmographie de Abel Gance sur le site imdb.com.

35 ans plus tôt, Abel Gance avait réalisé Napoléon en 1925, grande fresque cinématographique qui peut être considérée comme l’une des plus marquantes du cinéma muet.

26 mars 2007

Série noire (1979) de Alain Corneau

Série noireElle :
Des décors de banlieue oppressants, des intérieurs tristes et sordides, des personnages solitaires et marginaux rendent l’atmosphère de ce film glauque, triste et angoissante. Le film est centré sur le personnage de Patrick Dewaere qui de VRP minable devient un assassin sans scrupules et déjanté. Cette noirceur de la vie finit par lasser et même déteindre sur le moral.
Note : 3 étoiles

Lui :
Tout comme Getaway commenté dans le billet d’hier, Série Noire est adapté d’un roman de Jim Thompson et décrit aussi une fuite en avant, mais d’un tout autre genre. Tonitruant, Patrick Dewaere interprète magistralement ce représentant de commerce médiocre. Il en fait beaucoup, mais jamais trop, et donne une dimension presque attachante à ce triple criminel. L’ambiance est noire, sordide à souhait. Le film dérange, remue. C’est ce que l’on recherchait dans le cinéma de la fin des années 70. Revu après plus 20 ans, le film semble souffrir de certaines longueurs et l’on est pressé d’en terminer.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Patrick Dewaere, Myriam Boyer, Marie Trintignant, Bernard Blier
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Corneau sur le site imdb.com.

Voir les autres films d’Alain Corneau chroniqués sur ce blog…

Existent également avec le même titre :
Le film Série Noire de Pierre Foucaud (1955) avec Henri Vidal, Erich von Stroheim
Une série TV Série Noire (1984)

24 mars 2007

L’année dernière à Marienbad (1961) d’Alain Resnais

L'année dernière à MarienbadElle :
Alain Resnais signe un film très particulier et peu facile d’accès durant lequel on peut éprouver un certain ennui. A mi-chemin entre imaginaire et réalité, il nous fait pénétrer dans un univers baroque d’une très grande beauté visuelle et baignant dans une musique envoûtante. Cette histoire d’amour fou avec cette belle femme interprétée par Delphine Seyrig passe en second plan. Le film s’attache davantage à la forme pour créer une atmosphère fascinante où l’on sent la patte d’Alain Robbe-Grillet. La mise en scène est somptueuse et très élaborée. Un grand travail sur les longs travellings, les éclairages et la composition des cadrages a été accompli. Les personnages en plan arrêté dans les décors de cet austère château de Marienbad font penser à des tableaux en clair obscur. Il faut se laisser gagner par la beauté sans chercher à décrypter le sens profond de ce film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Last year in Marienbad Plus que tous les autres films d’Alain Resnais, L’année dernière à Marienbad est un film à nul autre pareil. La trame narrative s’efface, déstructurée et atemporelle, pour faire place à un travail esthétique sur les plans qui n’a que rarement été  poussé aussi loin. Le film est le fruit d’une collaboration entre Alain Resnais et Alain Robbe-Grillet. Le lieu, un vaste château en Bohême, offre ses lignes géométriques pour constituer un environnement austère où évolue ce petit groupe de personnes empreintes de préciosité. Cette rigidité des lieux et des personnages vient en opposition totale avec l’amour fou entre les deux personnages principaux, un amour qui a du attendre une année pour pouvoir se déclarer et se concrétiser. Chaque plan semble travaillé à l’extrême, à commencer par les lumières qui façonnent des images d’une beauté à couper le souffle ; il y a aussi ces travellings, lents et doux, qui semblent caresser les êtres et les choses, déplacements aériens autour de scènes où le temps s’est figé ; enfin, Alain Resnais joue avec les décors extérieurs et intérieurs, vastes aires de marbre et de miroirs, Delphine Seyrig et avec Delphine Seyrig dont chacune des postures semble avoir été pensée pour créer de nouvelles lignes gracieuses. Le spectateur que nous sommes acquiert dès lors l’impression de pénétrer un tableau vivant, hors du temps et des espaces. A mes yeux, L’année dernière à Marienbad n’est pas si difficile d’accès car il suffit de se laisser submerger par la beauté pour pénétrer ce dédale d’images et de sentiments. Le film devient alors terriblement envoûtant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Delphine Seyrig, Giorgio Albertazzi, Sacha Pitoëff
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Resnais sur le site imdb.com.

Lire une analyse plus approfondie du film sur le site du Ciné Club de Caen…
Voir les autres films de Alain Resnais chroniqués sur ce blog…

Note : Le film a donné son nom au jeu avec des allumettes qui y tient une place si symbolique : on l’appelle maintenant le jeu de Marienbad. Le mari de Delphine Seyrig dit « je puis perdre, mais je gagne toujours » car en effet il est impossible au joueur qui joue en premier de gagner face à une personne expérimentée. Ce jeu a acquis une certaine popularité parmi les informaticiens car la méthode pour gagner repose sur l’utilisatisation des nombres binaires. Pour vous entraîner

23 mars 2007

La Nuit américaine (1973) de François Truffaut

La nuit américaineElle :
Quel plaisir de voir et revoir ce film ! Avec un film dans le film, Truffaut nous dépeint le microcosme d’un plateau de cinéma avec son lot d’intrigues, d’amours réussis ou déçus, de rencontres, de difficultés qui sont le reflet de la vraie vie. Les rapports humains sont compliqués semble vouloir nous dire Truffaut. Un plateau de cinéma est une grande famille à cette époque où même le producteur est présent et participe au tournage. On sent aisément toute la passion de Truffaut pour le cinéma.
Note : 5 étoiles

Lui :
Truffaut nous offre une fenêtre sur le monde du cinéma. Par delà le côté « envers du décor », les trucs et astuces utilisés pour créer l’illusion, il s’attarde sur les personnes, acteurs et techniciens, qui peuplent ce « petit monde à lui tout seul » qu’est une production de cinéma. Etats d’âmes, tourments, interrogations, il nous décrit des esprits déroutés, manquant de repères : « La vie est-elle plus importante que le cinéma? » se demande Alphonse.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, François Truffaut, Jacqueline Bisset, Valentina Cortese, Dani, Alexandra Stewart, Jean-Pierre Aumont
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22 mars 2007

L’avion (2005) de Cédric Kahn

L'avionElle :
Cédric Kahn évoque le problème du deuil au travers des yeux d’un enfant qui vient de perdre son père. Il a reçu en cadeau avion très particulier qui lui permet de rentrer en communication avec lui après sa mort. Librement adapté d’une bande dessinée, cette fable fantastique est bien réussie. Cédric Kahn parvient à créer une ambiance troublante et poétique qui rend ces moments tragiques émouvants. La musique, la qualité de jeu des acteurs et de la mise en scène participent à la sobre magie de ce film.
Note : 4 étoiles

Lui :
Juste après avoir réalisé un film noir très réaliste, Cédric Kahn revient avec ce film lumineux, un conte à la fois simple et beau sur la relation d’un enfant à un avion que son père, récemment décédé, lui a offert. Cet avion est doté de pouvoirs particuliers et les scènes où il vole sont magiques, douces et poétiques. Sur une histoire qui pourrait paraître simplette, Cédric Kahn sait parfaitement doser ses ingrédients pour nous intriguer, même nous inquiéter, et finalement nous envoûter. Il suffit d’accepter de se laisser charmer par ce Petit Prince moderne. Assez original, son film est un peu hors normes dans le cinéma actuel et ce n’est pas très étonnant qu’il se soit fait plutôt descendre par la critique. Il est un peu hors normes dans le sens où il ne repose que sur quelques thèmes et sentiments très simples auxquels Cédric Kahn parvient à ajouter une réelle dimension poétique et indéniablement… aérienne.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Isabelle Carré, Roméo Botzaris, Vincent Lindon, Nicolas Briançon
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20 mars 2007

Justinien Trouvé, ou le bâtard de Dieu (1993) de Christian Fechner

Justinien Trouvé, le bâtard de DieuElle :
Artificialité des décors et costumes, superficialité et invraisemblances de l’intrigue. En passant derrière la caméra pour s’essayer à la réalisation, le producteur Christian Fechner semble se réfugier dans un visuel outrancier. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
Tourné maladroitement comme une super-production, ce film n’inspire que peu d’intérêt. Tout sonne faux, tout est poussé à outrance comme s’il ne s’agissait que de faire des images spectaculaires sur une musique tonitruante. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Pierre-Olivier Mornas, Ticky Holgado, Bernard-Pierre Donnadieu
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12 mars 2007

Tess (1979) de Roman Polanski

TessElle :
Magnifique film dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle d’après le roman de Thomas Hardy. La lumineuse Nastassja Kinski incarne le rôle d’une paysanne qui a un enfant illégitime avec un noble et se fait rejeter injustement par son mari. Le poids des conventions de cette période victorienne pèse lourdement sur son destin tragique. Les images et les éclairages sont magnifiques. C’est avec délice que l’on se laisse submerger pendant trois heures par cette histoire tourmentée et passionnée.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est un sujet un peu inhabituel pour Polanski, ce grand destin tragique à la Dickens d’une jeune fille qui passe sa vie à tomber de Charybde en Scylla, le Malheur avec un grand M. Il s’en sort très bien car le film est particulièrement prenant et riche en émotions. Décors et mise en scène sont remarquables, les acteurs sont crédibles avec une Nastassja Kinski vraiment bouleversante. On peut sans doute reprocher à ce film de presque 3 heures une certaine lenteur, sensible dans quelques scènes.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Nastassja Kinski, Peter Firth, Leigh Lawson, John Collin
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11 mars 2007

Gentille (2005) de Sophie Fillières

GentilleElle :
Comme dans ses autres films, Sophie Fillières parvient à trouver un ton très personnel en jouant avec les mots, l’absurde et la fantaisie des situations. Les dialogues pince sans rire sont plutôt savoureux. Emmanuelle Devos s’impose dans ce rôle de fille décalée et très hésitante devant la vie. La première partie du film est amusante et bien enlevée. On rit franchement. En revanche, à vouloir en faire trop dans la cocasserie, le scénario s’effiloche et perd de son intérêt dans la deuxième partie du film.
Note : 2 étoiles

Lui :
Une trentenaire qui refuse de s’engager est une base de scénario passablement rebattu dans le cinéma actuel… sauf que Sophie Fillières nous en fait là un traitement très particulier. Jouant autant avec les situations qu’avec les mots, elle fait un film plutôt décalé, frôlant assez souvent les frontières de l’absurde mais sans les franchir. Il en résulte des scènes vraiment cocasses avec un humour tout en finesse, assez verbal, et un petit côté humour anglais dans le retenue qui est vraiment plaisant. Il est seulement dommage que le scénario ne soit pas toujours à la hauteur des dialogues, avec des situations qui paraissent souvent très mal utilisées et même quelques scènes inutiles. Par son originalité, le film emporte toutefois l’adhésion.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Devos, Lambert Wilson, Bruno Todeschini, Michael Lonsdale, Bulle Ogier
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11 mars 2007

Aïe (2000) de Sophie Fillières

AïeElle :
Après un début prometteur, cette histoire de quinquagénaire, interprété par André Dussollier, qui drague les jeunes filles n’est pas très crédible et donc peu convaincante. La jeune amante est boulimique et bourrée de problèmes. On finit par s’ennuyer ferme et abandonner.
Note : pas d'étoiles

Lui :
L’idée de base du scénario est amusante et originale, mais hélas la mise en images n’est guère convaincante. Dussollier ne semble pas à l’aise avec ses dialogues, il semble en rajouter. Si la première moitié du film tient bien ses promesses, avec quelques situations amusantes et quelques bons dialogues, la seconde moitié est interminable et la fin tombe vraiment à plat.
Note : 2 étoiles

Acteurs: André Dussollier, Hélène Fillières, Emmanuelle Devos
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9 mars 2007

À ce soir (2005) de Laure Duthilleul

A ce soirElle :
Film un peu dérangeant, A ce soir se laisse regarder malgré quelques maladresses. Laure Duthilleul approche le sujet de la mort que l’on veut oublier et cacher. La mort subite de ce jeune père au sein de sa famille apporte le désarroi, l’incrédulité, la douleur mais aussi son lot de cocasseries et de tracasseries un peu exagérées parfois. La mort de cet être très cher déstabilise et bouleverse la vie qui doit malgré tout continuer au travers de ces enfants insouciants. Sophie Marceau parvient à bien faire passer cette émotion contenue et cette folie qui l’effleure, avec justesse et sobriété.
Note : 3 étoiles

Lui :
C’est un premier film assez original à la fois dans thème et dans son traitement. Laure Duthilleul traite en effet cette histoire de face à face avec la mort de façon très personnelle, n’hésitant pas à faire intervenir le saugrenu ou même l’humour là on l’attend le moins. Elle montre aussi une certaine liberté au niveau du maniement de la caméra, ce que l’on remarque dès le générique avec un très beau plan de survol typé surnaturel du village. L’interprétation est dominée par Sophie Marceau qui est particulièrement remarquable, jouant pleinement son personnage tout en gardant une certaine retenue et marquant le film d’une indéniable présence. Le film a toutefois tendance à s’essouffler à mi-parcours en jouant de façon trop appuyée sur le saugrenu et les situations décalées, ce qui lui enlève de sa force.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sophie Marceau, Antoine Chappey, Fabio Zenoni
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