3 octobre 2007

Le Visage (1958) d’ Ingmar Bergman

Titre original : « Ansiktet »

Le visage Elle :
(pas vu)

Lui :
Au milieu du XIXe siècle, une petite troupe ambulante arrive dans une petite ville pour y montrer ses tours de magie. Avant toute représentation, le Docteur Vogler doit montrer son numéro à trois notables de la ville qui désirent savoir si cette magie est bien réelle ou non. Prenant appui sur l’éternelle querelle entre le scientifique et le surnaturel, Bergman traite ici des apparences, des faux-semblants, de la faculté d’impressionner les esprits. On peut aussi y voir une allégorie sur le cinéma, lui aussi créateur de fausses réalités. La photographie est vraiment superbe avec un noir et blanc particulièrement puissant. Le rythme est lui aussi remarquable avec une progression dans l’intensité qui culmine avec la scène du grenier.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Max von Sydow, Ingrid Tullin, Bibi Andersson, Gunnar Björnstrand
Voir la fiche du film et la filmographie de Ingmar Bergman sur le site imdb.com.

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11 septembre 2007

Docteur Mabuse, le joueur (1922) de Fritz lang

Titre original : « Dr Mabuse, der Spieler »

1e partie : Le grand joueur – Un tableau du temps
(Der grosse Spieler – Ein Bild der Zeit)
2e partie : Inferno – Une pièce sur les hommes de ce temps
(Inferno – Ein Spiel von Menschen unserer Zeit)

Dr Mabuse, le joueurLui :
Totalisant 4h30 avec ses deux parties, Dr Mabuse, le joueur reprend à la fois le thème et la structure des films à épisodes qui faisaient fureur à cette époque depuis Fantomas. Découpé en actes d’une vingtaine de minutes, il se présente certes comme un film de malfaiteurs mais, comme l’indiquent les titres des deux parties, Docteur Mabuse est beaucoup plus que cela : c’est un véritable « tableau du temps » qui nous présente une vision de l’Allemagne en ce tout début des années 20. Mabuse est un être démoniaque assoiffé de pouvoir et cherchant à détruire mais, contrairement à ses successeurs dans les films de James Bond par exemple, il n’utilise pas d’armes secrètes et sophistiquées. Non, il utilise les hommes, exploite leurs faiblesses, leur oisiveté, leur dépravation, leur absence d’énergie. En ce sens, Fritz Lang dépeint une situation qui favorisera la montée du nazisme. En dehors de son contenu, Dr Mabuse est réellement fabuleux par la force et la précision de ses plans et par son rythme soutenu, surtout dans la première partie et la fin de la seconde partie. Il n’est donc pas étonnant que Dr Mabuse soit l’un des films les plus étudiés et des plus cités par de nombreux cinéastes.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Rudolf Klein-Rogge, Aud Egede Nissen, Gertrude Welcker, Alfred Abel, Bernhard Goetzke, Paul Richter
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site imdb.com.
Fritz Lang a repris le personnage de Mabuse dans :
Le testament du Dr Mabuse (1933)
Le diabolique Dr Mabuse (1960), son dernier film.
D’autre part, Lang avait tourné trois ans plus tôt un film qui préfigure la structure et même certaines scènes de Dr Mabuse, le Joueur : Die Spinnen (Les Araignées) (1919) qui met en scène une bande de malfaiteurs.

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1 septembre 2007

L’Odyssée (1997) d’ Andrei Konchalovsky (TV)

Titre original : The Odyssey

The OdysseyElle :
Film plaisant à regarder sans prise de tête. La bravoure et la patience d’Ulysse qui retourne chez lui au bout de vingt ans d’obstacles et de souffrances sont le point fort du film. Les décors sont particulièrement travaillés. Bien entendu, le scénario est riche et plein de rebondissements.
Note : 4 étoiles

Lui :
Bonne surprise : cette longue (3 heures) transcription pour le petit écran de l’Odyssée d’Homère est fort bien réalisée. L’accent est mis sur le côté aventures, sur les rencontres d’Ulysse lors de son retour, avec même une petite pointe d’humour. Aucune dimension philosophique donc, mais le résultat est un bon divertissement.
(Ajout 22/02/2024) Revu après avoir relu Homère. L’adaptation est assez fidèle mais elle se concentre sur l’aspect « aventures », ne pouvant retranscrire toute la portée du récit original. L’équilibre est toutefois satisfaisant. La plupart des épisodes sont présents, ils paraissent souvent expédiés rapidement. Mais, même en faisant cela, cette mini-série dure tout de même 3 heures (2 x 1h30). Produit par Zoetrope de Coppola et réalisé par Konchalovsky, la réalisation est d’une grande qualité et l’interprétation inspirée. L’ensemble est très convaincant.
Note : 4 étoiles (1/09/2007)4 étoiles (22/02/2024)

Acteurs: Armand Assante, Greta Scacchi, Isabella Rossellini, Bernadette Peters, Christopher Lee
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28 août 2007

Le septième sceau (1956) de Ingmar Bergman

Titre original : « Det sjunde inseglet »

Le septième sceauElle :
(pas vu)

Lui :
Dans la filmographie d’Ingmar Bergman, Le Septième Sceau apparaît comme l’un des films les plus ambitieux dans son propos, un film auquel il a voulu donner avant tout une dimension philosophique ou métaphysique. Comme pour lui donner plus de poids, voire une certaine légitimité, Bergman ancre ses réflexions dans un contexte historique : un chevalier de retour des Croisades cherche des réponses sur l’existence de Dieu. Outre toute une série de réflexions sur la crainte de la mort et la vanité de notre existence, cette trame lui permet de mettre en scène des plans vraiment remarquables, telle cette partie d’échec de Max von Sydow avec la Mort sur la plage ou la procession des pénitents. Toutefois, ce n’est pas tant la puissance ou la richesse des images qui frappèrent tant à l’époque et assurèrent à ce film (et à Bergman) sa renommée car, comme certains critiques ne manquèrent pas de le souligner, Le Septième Sceau ne peut guère se comparer avec les œuvres de Dreyer ou Sjöström. Non, c’est bien l’ambition de son propos qui lui valu d’être remarqué. Dans un registre plus anecdotique, on notera que le soin de Bergman dans le choix de ses jolies actrices est souvent cité sur ce film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Max von Sydow, Gunnar Björnstrand, Bibi Andersson, Inga Gill, Inga Landgré
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11 août 2007

Le Volcan (1999) de Ottokar Runze

Titre original : Der Vulkan

Le volcanElle :
Film basé sur un roman de Klaus Mann : de jeunes étudiants allemands organisent à Paris un mouvement d’opposition au nazisme. Cette face peu connue de l’histoire allemande est assez intéressante. Cependant, le film manque d’envergure et de rigueur historique.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film est surtout intéressant pour ses qualités de témoignage : hors de leur pays, des allemands hostiles au nazisme se retrouvent et tentent de jouer un rôle. Hélas, le film est entièrement centré sur ce petit groupe, ce qui limite un peu son attrait. De plus, une part trop grande est accordée aux chansons (ce n’est pas une comédie musicale mais le personnage principal est une chanteuse).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nina Hoss, Christian Nickel, Meret Becker
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7 août 2007

Les Nibelungen (1924) de Fritz Lang

Partie 1 : La mort de Siegfied
Partie 2 : La revanche de Kriemhild

Titre original :  Die Nibelungen – Siegfried – Kriemhilds Rache

Les NibelungenLes NibelungenElle :
(pas vu)

Lui :
Grosse production de presque 5 heures en deux parties, Les Nibelungen de Fritz Lang n’est en aucun cas une adaptation de l’opéra de Wagner. Non, Lang et sa femme, Théa von Harbou, sont allés puiser dans les anciennes légendes germaniques et scandinaves pour en faire un grand conte sous-titré « Une légende du peuple allemand ». Les deux parties sont assez différentes, la première étant plus stricte et rigide, la seconde plus sauvage et machiavélique. Hormis le prologue dans la forêt, La Mort de Siegfried se déroule en grande partie dans le palais des Burgondes, un environnement à l’architecture rigoureuse, vide et froide, presque sans âme, qui contraste avec le comportement plein de vie de Siegfried. Ce contraste permet à Fritz Lang de mieux faire ressortir les hommes et leurs comportements. La seconde partie, La Vengeance de Kriemhild, se déroule presque exclusivement chez les Huns. C’est un autre monde, paraissant sans règle, où la vengeance peut trouver un terreau favorable à son éclosion. L’homme est aussi plus sauvage, fonctionnant sur des sentiments plus simples mais finalement assez proches de ceux des Burgondes.

Les NibelungenLa production fut assez colossale, l’inflation galopante en Allemagne à cette époque permettait de financer facilement des projets dispendieux. Tout fut tourné en studio, scènes de forêt ou de désert comprises. Certaines scènes chez les Burgondes sont assez monumentales ; les décors sont tantôt magiques, tantôt impressionnants de froideur, jamais anodins. Le déroulement du scénario est assez lent, empreint d’une certaine grandiloquence rigide, dans La Mort de Siegfried. Le rythme est plus enlevé dans La Vengeance de Kriemhild, une seconde partie que j’ai trouvé plus prenante.

Le film fut pris comme emblème d’une certaine noblesse germanique par les national-socialistes. En 1933, une version sonorisée et commentée de La Mort de Siegfried fut réalisée (sans le consentement de Fritz Lang, bien entendu, il avait alors émigré en France puis aux Etats-Unis) et abondamment diffusée pour exalter les valeurs germaniques. La seconde partie fut ignorée car non-conforme aux valeurs véhiculées par le Reich naissant. Ceci ne doit pas nous empêcher de le regarder avec intérêt 3/4 de siècle plus tard : Les Nibelungen reste un film à l’atmosphère puissante et forte.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Margarete Schön, Paul Richter, Hanna Ralph, Rudolf Klein-Rogge, Theodor Loos
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1 juillet 2007

La Cerisaie (1999) de Michael Cacoyannis

Titre original : O Vyssinokipos
Titre anglais : The cherry orchard

La CerisaieElle :
Cette adaptation de La Cerisaie se laisse regarder mais sans parvenir à vraiment créer l’émotion. Les décors et costumes sont beaux et Charlotte Rampling joue très bien les princesses russes évaporées. Le jeu des acteurs semble parfois un peu forcé ou théâtral, notamment dans certaines scènes à l’intérieur du château. Il s’agit de la fin de l’époque, où les nobles régissaient la Russie et pratiquaient l’esclavage, et des prémices d’un monde nouveau où les hommes seraient plus égaux. Ces grandes familles menaient grand train de vie, ne travaillaient pas et vivaient dans un monde loin des dures réalités de l’existence.
Note : 3 étoiles

Lui :
Cette pièce de Tchekhov, très souvent adaptée à la télévision mais moins souvent au cinéma, nous dresse le portrait de la fin d’une époque :  la fin d’une aristocratie russe, auparavant riche et oisive qui se retrouve, en ce tout début de XXe siècle, ruinée et perdant son âme. Le film est assez lent, même figé, et surtout ne parvient pas à provoquer notre compassion, restant loin de son sujet et un peu confus :  dans le film, la quantité de personnages noie quelque peu le récit. Au final, on reste hélas un peu insensible face à cette lente décomposition.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charlotte Rampling, Alan Bates, Katrin Cartlidge, Owen Teale , Tushka Bergen
Voir la fiche du film et la filmographie de Mihalis Kakogiannis sur le site imdb.com.

27 juin 2007

L’iceberg (2005) de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy

L'icebergElle :
Une comédie légère, décalée et pleine de fantaisie et de poésie. Des vies vides et monotones, de grands personnages dégingandés aux mines impassibles qui semblent se demander ce qu’ils font là, très peu de dialogues ou quasiment incompréhensibles, le ton de ce film n’est pas sans rappeler l’humour de Jacques Tati ou de Buster Keaton. Dominique Abel réussit à rendre ses personnages attachants et à parfaitement doser la gravité du sujet avec des gags irrésistibles de drôlerie et d’inventivité.
Note : 4 étoiles

Lui :
Après avoir été accidentellement enfermée toute une nuit dans une chambre froide, une femme a pour idée fixe d’aller voir un iceberg. Film belge totalement atypique, L’Iceberg apporte une bouffée d’air frais (!) avec un humour vraiment original qui peut, par moments, faire penser à Tati : peu de paroles, utilisation incongrue d’objets, retournement ou exagération de situations courantes pour les rendre absurdes. Malgré quelques répétitions, le film parvient à maintenir le niveau et notre intérêt grâce à une bonne inventivité. Une belle réussite signée par trois réalisateurs qui jouent aussi les rôles principaux.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Dominique Abel, Fiona Gordon, Philippe Martz
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17 juin 2007

Cris et chuchotements (1972) d’ Ingmar Bergman

Titre original : « Viskningar och rop »

Cris et chuchotementsElle :
Cris et Chuchotements est un film majeur dans la filmographie de Bergman, un film fort, audacieux, dur, violent riche et beau sur la mort et tout ce qui tourne autour de l’humain. La mort qui n’en finit plus d’arriver pour une jeune femme malade entourée de ses deux sœurs et de sa servante. Une ouverture et une fermeture de film en blanc sur de superbes plans de nature et de longues robes qui symbolisent la pureté, un certain bonheur de vivre. Le rouge dominant des somptueux décors d’un château hors du temps pour exprimer le désir, la souffrance, le sang, la vie. Le noir pour signifier la haine, la méchanceté, les tourments, la mort. Et puis les cris animaux de la souffrance absolue à la limite du supportable, les chuchotements de l’amour, de la tendresse, des étoffes qui se froissent, de la peur indicible. Enfin, la haine, le refus des caresses et des confidences qui s’expriment violemment entre les deux sœurs pendant cette douloureuse marche vers la mort de leur sœur. Bergman réussit un huis clos étouffant et intense dans un film superbement construit et réalisé. Liv Ullman est éblouissante de jeunesse et de délicatesse.
Note : 5 étoiles

Lui :
Si l’on perçoit aisément dans plusieurs de ses films à quel point Bergman est marqué par la mort, c’est probablement dans Cris et Chuchotements qu’il va le plus loin : trois sœurs plus une servante pour un huis-clos centré sur la lente agonie de l’une d’elles, sur la souffrance, le regret d’une vie sans chaleur, sans sentiment. Gros plans d’horloges et de visages, Ingmar Bergman les baigne d’une couleur rouge, omniprésente, à la fois ardente et violente, tout en contraste avec la rigidité apparente des personnages. Epuré, son film est aussi dur et même assez violent, non par les images, mais parce qu’il se reçoit comme un coup de poing.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Liv Ullmann, Harriet Andersson, Kari Sylwan, Ingrid Thulin
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