30 mars 2006

Terre Promise (2004) d’ Amos Gitai

Titre original : « Promised Land »

Terre   Promise Elle :
Il faut un peu de temps avant de se laisser complètement happer par le documentaire fiction d’Amos Gitaï qui nous plonge brutalement dans un trafic odieux de femmes des pays de l’Est. La caméra à l’épaule cahotante qui frôle le corps de ces femmes vendues et qu’on fait passer de club en club durant la nuit, fait participer le spectateur au terrible sort qui leur est réservé. De longs plans réalistes, une ambiance nocturne glauque, des sons ambiants très présents sont là pour immerger le spectateur dans cet univers lugubre et inhumain. La forme du film sert terriblement bien le message véhiculé par Amos Gitaï. C’est ce qu’on appelle du cinéma brut et efficace.
Note : 4 étoiles

Lui :
Amos Gitaï parvient bien à nous faire partager une petite partie de ce que peuvent ressentir ces filles vendues aux enchères et traitées comme des marchandises : on est transbahuté, on ne comprend pas bien où on va, ni ce qui nous attend. Ces filles subissent, sans avoir de contrôle sur ce qui leur arrive. Terre Promise est plus un documentaire qu’un film de fiction,  il témoigne de ces sordides trafics qui existent encore de nos jours.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Hanna Schygulla, Anne Parillaud
Voir la fiche du film et la filmographie de Amos Gitai sur le site IMDB.

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22 février 2006

Intervention divine (2002) de Elia Suleiman

Titre original : « Yadon ilaheyya »

Intervention divine Elle :
Film palestinien très original par sa forme et par son scénario. Le réalisateur / acteur Elia Suleiman, au visage rappelant Buster Keaton, manie l’humour et l’absurde à la Tati pour rendre compte des difficultés que rencontrent les palestiniens dans leur vie quotidienne face à l’occupation israélienne. Peu de dialogues, les sons de la ville et des machines, des querelles de voisinage sans fondement révèlent peu à peu un mal de vivre, une impossibilité de communiquer et la rancoeur de devoir subir. Les situations du début du film sont truculentes mais font place peu à peu à l’humour noir et au désir de résistance du peuple palestinien. Ce film pro-palestinien témoigne et observe sans faire de discours.
Note : 5 étoiles

Lui :
Un père Noël qui se fait poursuivre par une bande de jeunes gens qui veulent le tuer pour une raison inconnue, ce préambule donne le ton : le réalisateur palestinien va nous immerger dans un monde rempli de situations aussi étranges qu’absurdes, situation créée et exacerbée par un état de guerre permanent. Ainsi des simples querelles de voisinage, dont les causes ne sont pas évidentes, prennent des proportions extravagantes, ubuesques. Le personnage principal joué par Elia Suleiman traverse tout cela avec une impassibilité qui évoque Buster Keaton. Beaucoup d’humour dans ce film qui parvient à mêler étroitement réalité et fantasme. On ne comprend pas toutes ces mini scènes, souvent fortement symboliques, et le fait, pour nous occidentaux, de ne pas reconnaître facilement qui est israélien et qui est palestinien nous fait certainement rater quelques aspects du film… Une grande réussite car il n’est pas facile de traiter avec tant d’humour un sujet si délicat et si explosif.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Elia Suleiman, Manal Khader, Nayef Fahoum Daher
Voir la fiche du film et la filmographie de Elia Suleiman sur le site IMDB.

16 février 2006

La Couleur du Paradis (1999) de Majid Majidi

Titre original : « Rang-e khoda »

La Couleur du Paradis Elle :
Une jolie découverte avec ce film iranien plein de tristesse, poésie et beauté. Une histoire simple et bouleversante dans un petit village où un enfant aveugle ne parvient pas à se faire aimer de son père qui se croit maudit par le destin à cause du handicap de son fils et de la mort de sa femme. On est bien loin des images dures véhiculées par nos médias sur l’Iran. On prend beaucoup de plaisir à découvrir le mode de vie de ces villageois qui deviennent attachants. La campagne et les paysages sont filmés de façon magnifique. La nature que le gamin aveugle découvre avec ses sens nous est révélée par des gros plans sur des animaux, les bruits du vent et de la campagne. C’est plein de poésie. Peu de dialogues car les images suffisent à raconter les sentiments.
Note : 5 étoiles

Lui :
La Couleur du Paradis est un joli film iranien qui, bien loin de l’image assez austère et fortement marquée par la religion que l’on peut avoir parfois, se « contente » de nous montrer la vie d’un homme et de son enfant aveugle dans un petit village. C’est à la fois assez touchant, assez beau, et met l’accent sur des sentiments simples mais fondamentaux. Il y a une candeur, un naturel et une absence de maniérisme quasiment introuvable dans le « cinéma occidental » qui serait sans aucun doute parfaitement incapable de réussir un tel film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hossein Mahjoub, Mohsen Ramezani, Salameh Feyzi, Farahnaz Safari
Voir la fiche du film et la filmographie de Majid Majidi sur le site IMDB.

Lire une analyse plus complète du film sur le site fluctuat.net.

7 janvier 2006

Kedma (2002) d’ Amos Gitai

Kedma Elle :
Dommage pour ce film d’Amos Gitai dont le propos était intéressant mais la mise en scène très ennuyeuse. Il s’agit de l’arrivée d’immigrants juifs en Palestine en 1948. Chassés par les anglais, détestés par les arabes qui revendiquent leur terre, on assiste à leur lutte armée pour leur survie. Malheureusement, l’ensemble est assez confus, les personnages sont peu attachants et les plans sont interminables.
Note : 2 étoiles

Lui :
Film franchement difficile à aborder, d’abord parce c’est très lent, les plans sont fixes, extrêmement longs à démarrer et à se terminer, avec peu de dialogues… Bref c’est déjà assez dur de garder tous ses neurones en éveil et en état de fonctionner à plein régime, et en plus on ne fait pas grand chose pour nous expliquer ce qui se passe, où on est, qui sont ces gens… Cela semble un film assez introspectif sur une certaine mauvaise conscience de certains israéliens sur l’époque de la naissance de leur pays. C’est du moins ce que j’ai cru percevoir.
Note : 1 étoile

Acteurs: Andrei Kashkar, Helena Yaralova
Voir la fiche du film et la filmographie de Amos Gitai sur le site IMDB.

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4 novembre 2005

Ten (2002) de Abbas Kiarostami

Ten Elle :
Une unité de lieu : l’intérieur d’une voiture conduite par une jeune femme iranienne libérée qui se confie ou recueille les confidences d’autres femmes malheureuses dans leur couple ou celles de son fils qui lui reproche son divorce et sa liberté professionnelle. Le tout filmé par une caméra braquée soit sur la conductrice ou les passagers et dans l’ambiance bruyante des rues de Téhéran. Pas facile d’abord et pas très cinématographique à vrai dire. Bien que le combat douloureux de ces femmes contre la tyrannie de leurs maris soit juste, on finit par s’ennuyer devant le discours répétitif de ces femmes éplorées ou du petit garçon qui tient déjà le discours machiste du futur mari qu’il deviendra.
Note : 2 étoiles

Lui :
Censé nous donner un certain aperçu de la société iranienne en mouvement, ce film devient assez rapidement insupportable par sa forme : tout se passe à l’intérieur d’une voiture, caméra embarquée et on est mitraillé à bout portant par un flot de paroles, de paroles et de paroles…
Note : pas d'étoile

Acteurs: Mania Akbari
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29 juin 2005

Le goût de la cerise (1997) de Abbas Kiarostami

Titre original : « Ta’m e guilass »

Gout_ceriseElle :
Film difficile d’abord sur le sens de la vie et de son droit à disposer de sa vie. La première partie du film est assez longue à se mettre en place. On la passe en compagnie d’un homme qui veut mourir et qui cherche en voiture tout terrain quelqu’un dans les collines qui lui ôtera la vie. Cet homme a creusé sa tombe et souhaite qu’on recouvre son corps de terre une fois qu’il aura pris des somnifères. Les scènes se passent à l’intérieur de sa voiture en compagnie d’un soldat, d’un religieux, d’un taxidermiste. Il faut parlementer pour convaincre et on a droit à d’incessants champs contre-champs. La deuxième partie est plus intéressante. Le discours du taxidermiste est simple et de bon sens. Les scènes d’extérieur avec la voiture qui chemine dans les collines recouvertes d’herbes dorées sont superbes. La fin est assez inattendue également. Je regrette que Kiarostami ait occulté complètement les raisons qui poussaient cet homme bien portant à vouloir se suicider. Il aurait été plus attachant.
Note : 3 étoiles

Lui :
Il faut un certain temps (une bonne moitié de film) pour se laisser gagner par l’atmosphère de ce film, ses métaphores nombreuses et ses plans répétitifs, si répétitifs qu’ils finissent par en devenir envoûtants. Les circonvolutions de la route pierreuse suivie par la voiture du personnage principal sont bien à l’image de ce film qui au final nous fournit une certaine vision de la vie, et d’ailleurs le réalisateur refuse d’aller jusqu’au bout: il nous laisse finir seul et prendre en main en quelque sorte le dénouement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Homayoun Ershadi
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21 juin 2005

L’Emigré (1994) de Youssef Chahine

Titre original : « Al-Mohager »

EmigreElle : (pas vu)

Lui :
Avec L’Emigré, le réalisateur égyptien Youssef Chahine plonge au plus profond de l’histoire de son pays pour puiser la matière de son éloge de la tolérance et de l’acceptation des autres cultures. Pour ce faire, il n’hésite pas à utiliser des méthodes de superproduction : la reconstitution de l’Egypte du temps des pharaons semble minutieuse, évoquant parfois les meilleurs péplum. Point de scène trop tapageuse ou grandiloquente toutefois, car c’est sur les hommes que Chahine se concentre. Il met ainsi en avant la mixité des cultures en temps que facteur de progrès et fustige l’ostracisme des religions. Un jeune nomade quitte sa tribu pour apprendre l’agriculture en Egypte où il jouera un rôle de tout premier plan. Le scénario est assez prenant et les 2h30 du film passent rapidement. On pourra juste regretter le doublage de quelques acteurs (Michel Piccoli est doublé en égyptien… mais on ne le voit que peu) inévitable défaut des co-productions multi-nationales.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Khaled El Nabaoui, Michel Piccoli, Safia El Emari
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27 mai 2005

« Osama » (2003) de Siddiq Barmak

OsamaElle :
Ce premier film afghan sur le régime des Talibans est à la fois poignant et lumineux grâce à la petite Osama, cette jeune adolescente qui doit se faire passer pour un garçon pour subvenir aux besoins de sa famille. Ce film fait avec peu de moyens parvient à restituer les sentiments de terreur qu’éprouvent les femmes afghanes. Humiliation, emprisonnement, lapidation, pas de droit à l’éducation et au travail. Elles sont condamnées à vivre emprisonnées dans leur statut de femme sans aucun espoir d’en sortir. Le réalisateur montre également la répression et le machisme des hommes, leurs rites mécaniques, la formation des futurs talibans dans les écoles coraniques. Les images sont belles et émouvantes. Pas un mot de trop… reste surtout le regard bouleversant d’Osama qui appelle au secours.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est un film témoignage, qui nous dresse un portrait assez terrifiant de la position des femmes en Afghanistan sous le régime des Talibans. Siddiq Barmak sait montrer simplement les choses sans chercher à faire des images-choc, sans en rajouter sur côté émotionnel. Ce n’est pas un documentaire puisque le scénario nous fait suivre le trajet de la petite Osama qui doit se travestir en garçon pour tenter de faire vivre sa famille. Fort bien réalisé, c’est un film à la fois poignant et révoltant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marina Golbahari
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29 mars 2005

« Le cerf-volant » (2003) de Randa Chahal Sabag

Cerf volantElle :
Ce film sensible et sincère (Lion d’Argent à Venise en 2003) met en scène Lamia, une jeune fille libanaise mariée de force par sa famille à son cousin qui vit dans un autre village libanais annexé par Israël. Entre les deux, un no man’s land contrôlé par deux soldats israéliens dont l’un tombe amoureux de Lamia. La raison de ce mariage est qu’elle s’est permise d’aller rechercher son cerf-volant tombé de l’autre côté de la frontière de barbelés. Cet objet symbolise un désir de liberté et d’émancipation des femmes. Ce mariage forcé aboutit à un divorce qui stigmatisera la jeune femme à vie. La réalisatrice ne se lance pas dans de grands discours politiques. Elle fait le constat des absurdités d’une situation où les frontières empêchent les peuples de communiquer et de s’aimer. C’est avec humour, qu’elle montre les femmes communiquer par mégaphone d’un village à un autre. Elle dénonce également les conditions de vie de ces femmes voilées condamnées au bon vouloir de leurs maris. Par certains côtés, le film rappelle « Intervention divine » d’Elia Suleiman.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film nous permet de porter un regard très particulier sur les à-côtés de la guerre de territoire au Proche-Orient, et plus particulièrement sur une famille coupée en deux, dont les membres sont séparés par un no man’s land d’un kilomètre. Le réalisateur a choisi de nous montrer sans drame et même avec beaucoup d’humour, cette famille forcée de se parler par mégaphone. C’est aussi un regard porté sur une certaine opposition entre deux types de sociétés, puisque le personnage principal est une jeune fille de 15 ans que sa famille veut marier de force. Beaucoup de délicatesse dans cette histoire, malgré l’environnement peu favorable, et une certaine candeur qui force l’adhésion.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Flavia Bechara
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16 novembre 2004

Alila (2003) d’ Amos Gitai

AlilaElle :
Amos Gitai choisit de nous montrer une société israélienne contemporaine mal dans sa peau et décadente. C’est au travers d’une dizaine de personnages hauts en couleur vivant dans un immeuble bricolé que le réalisateur cherche à témoigner de leurs problèmes de communication et d’identité. Un couple divorcé dont le mari Ezra dort dans son camion pendant que son ex-femme couche avec un bel éphèbe, a des difficultés avec leur fils qui ne veut pas passer 3 ans à l’armée. Le grand-père qui vit avec son chien ou le rescapé des camps qui habite avec sa domestique asiatique cohabitent avec une femme flic loufoque et une jeune femme qui veut assouvir ses pulsions sexuelles avec un mari adultère. C’est un foutoir à la fois cocasse et tragique sous lequel jaillit un désir profond de vivre, rire, d’échapper à la peur, à la pression ambiante de la ville qui subit des attentats. La pluie tant attendue à la fin du film symbolise ce fort désir de purification qui permet d’avoir des rapports humains harmonieux. .
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film d’Amos Gitaï est assez différent des précédents, moins intégriste pourrait-on dire. Il nous brosse le portrait d’un petit groupe de personnes dans un quartier populaire de Tel-Aviv, des personnages hauts en couleurs, assez en marge de la société. Depuis le couple adultère jusqu’à l’entrepreneur raté et ses travailleurs clandestins, on a là toute une brochette de caractères. On sent une certaine vision désenchantée de la société israélienne actuelle, la fuite des idéaux et l’installation progressive du « chacun pour soi ». Le film est bien construit, avec une bonne utilisation des murs et des décors, avec toutefois quelques longueurs et faiblesses.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yaël Abecassis, Uri Klauzner
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