3 juillet 2012

Lola (2009) de Brillante Mendoza

Titre original : « Lola »

LolaA Manille, aux Philippines, une « grand-mère » (« lola » en philippin) vient de perdre son petit-fils poignardé par un vendeur de téléphones portables. Avec son arrière-petit-fils, elle arpente les rues pour faire les démarches et trouver l’argent nécessaire pour l’inhumation. Pendant ce temps, une autre lola fait tout pour sauver son petit-fils de la prison et lui donner une seconde chance ; c’est lui qui a tué… Le réalisateur philippin Brillante Mendoza nous plonge au cœur d’un des quartiers les plus pauvres de Manille. Il nous fait suivre le parcours de ces deux grands-mères qui se démènent avec obstination dans des conditions très difficiles. Son film nous montre l’importance sociale des personnes âgées qui sont très respectées (le « grand-mère » utilisé par toutes les personnes qui s’adressent à elles est une marque de respect) et aussi l’omniprésence de l’argent qui régit tous les rapports sociaux : même la justice doit s’effacer devant lui. Le film a été tourné à Manille, pendant la saison des pluies, plus précisément à Malabon, un quartier qui est inondé toute l’année. Les intempéries (pluies massives et forts vents) malmènent les humains. Caméra à l’épaule, Brillante Mendoza a ici un style très authentique qui donne aussi à son film un rôle documentaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anita Linda, Rustica Carpio, Tanya Gomez, Ketchup Eusebio
Voir la fiche du film et la filmographie de Brillante Mendoza sur le site IMDB.

23 juin 2012

Nuits d’ivresse printanière (2009) de Ye Lou

Titre original : « Chun feng chen zui de ye wan »

Nuits d'ivresse printanièreDans la ville de Nanjing en Chine, un jeune homme est engagé pour surveiller un mari qui a une liaison avec un homme. Il a lui-même ensuite une aventure avec l’autre homme… Lou Ye a tourné clandestinement son film en Chine sur un sujet particulièrement tabou. Film dont le sujet principal est l’homosexualité, Nuits d’ivresse printanière est un triangle amoureux qui nous emmène au cœur de la vie nocturne de Nanjing. Le film est très déroutant, plus par sa forme que par son sujet. Bien entendu, les conditions imposaient d’utiliser des moyens de fortune pour filmer ce qui est explique l’image très granuleuse et les tremblements assez constants. Mais c’est le déroulement du scénario qui déroute le plus : alors que l’histoire est somme toute assez simple, on passe son temps à essayer de comprendre ce qui se passe, l’ensemble nous paraissant toujours confus. La récompense que le film a reçue à Cannes en 2009 (Prix du Scénario) paraît bien mal choisie…
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Hao Qin, Sicheng Chen, Zhuo Tan, Wei Wu
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6 juin 2012

Assassinat (1964) de Masahiro Shinoda

Titre original : « Ansatsu »

AnsatsuEn 1863, le Japon vit une période troublée : ce sont les toutes dernières années de l’ère féodale Edo. Bien qu’il ait tué un policier, le samouraï d’origine paysanne Kiyokawa Hachiro est relaxé par le seigneur Matsudaïra qui pense l’utiliser pour créer une brigade de ronins (samouraïs sans maître) afin de rétablir l’ordre. Devinant qu’il ne pourra contrôler parfaitement ce mercenaire, il charge un maître d’armes de se préparer à l’éliminer… Masahiro Shinoda est l’un des meilleurs représentants de la Nouvelle Vague japonaise mais c’est un film d’un très beau classicisme qu’il signe ici. Le réalisateur avait depuis toujours voulu tourner un film de samouraï. Assassinat est adapté d’un roman de Ryotaro Shiba, basé sur des évènements historiques réels. La trame narrative est riche avec de multiples flashbacks qui permettent d’approfondir le personnage central, une personnalité complexe, difficile à cerner. Masahiro Shinoda fait preuve d’un certain perfectionnisme, il utilise merveilleusement les éclairages pour obtenir une image superbe. On remarquera aussi quelques petites audaces et une utilisation particulière de la musique. Assassinat est assez enthousiasmant, à la fois beau et passionnant.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Tetsurô Tanba, Eiji Okada, Eitarô Ozawa, Isao Kimura
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17 mars 2012

Meurtre à Yoshiwara (1960) de Tomu Uchida

Titre original : « Yoto monogatari: Hana no Yoshiwara hyaku-nin giri »

Meurtre à YoshiwaraPatron d’un atelier de tissage prospère, Jirozaemon voudrait se marier mais une vilaine tâche de naissance sur le côté droit de son visage effraie toutes les femmes rencontrées. Pour lui changer les idées, son plus gros client l’emmène à Yoshiwara, quartier de Edo (aujourd’hui Tokyo), dans une maison de plaisirs. Toutes les geishas refusent sa compagnie sauf Tsuru, une ancienne taularde. Il va dépenser sans compter pour son apprentissage de courtisane… Tomu Uchida adapte ici une pièce du théâtre traditionnel japonais qui oppose la bonté à la cupidité et à l’égoïsme. C’est un mélodrame rendu puissant par le traitement du réalisateur et une interprétation très juste. L’image est étonnamment belle, un superbe cinémascope en couleurs, le format large étant particulièrement bien exploité par le réalisateur : beaucoup de plans sont de toute beauté. Le film a aussi un côté presque documentaire car il nous montre à la fois certains rites sociaux dans le commerce et surtout le fonctionnement du quartier des geishas, avec ses codes et ses tensions. Meurtre à Yoshiwara est un très beau film doté d’un final superbe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Chiezo Kataoka, Yaeko Mizutani, Isao Kimura
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13 mars 2012

Ponyo sur la falaise (2008) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Gake no ue no Ponyo »

Ponyo sur la falaiseUn petit garçon, qui vit avec sa mère dans une maison sur la falaise, recueille un poisson rouge coincé dans un bocal. Il le délivre et l’adopte mais ce n’est pas n’importe quel poisson rouge. C’est la fille d’un magicien et de la déesse des mers… Hayao Miyazaki présente Ponyo sur la falaise comme une transposition du conte d’Andersen La petite sirène dans le Japon d’aujourd’hui. Il est assez différent de ses films précédents, plus proche de l’univers des enfants. Le graphisme est plus stylisé mais toujours aussi travaillé, l’animation est dotée d’une énergie, d’une vitalité peu commune. Les mouvements de la mer sont superbes. L’histoire est un conte doté d’un certain lyrisme qui parvient à émerveiller autant les adultes que les enfants. Ponyo sur la falaise n’est pas loin d’être le meilleur film de Hayao Miyazaki.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs:
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6 mars 2012

Dodes’ka-den (1970) de Akira Kurosawa

Titre original : « Dodesukaden »

DodeskadenAlors que le Japon est en plein boom économique, Akira Kurosawa adapte un roman de Shûgorô Yamamoto qui met en scène les habitants d’un petit bidonville en bordure d’une grande métropole japonaise. Kurosawa pense que « le miracle économique ne durera pas car il prend appui sur la misère morale et l’injustice ». Loin d’être un film rebutant ou misérabiliste, Dodes’Ka-den est un très beau film, d’une humanité rare. Dodes’Ka-den est une onomatopée que les enfants japonais utilisent pour imiter le bruit du train sur les rails. C’est le bruit que fait l’adolescent Rokuchan en conduisant son tramway imaginaire. Dodeskaden Il ouvre et clôt le film qui est centré sur une douzaine de personnages. Il y a beaucoup de choses dans Dodes’Ka-den : des drames, de l’humour, du rêve, de la poésie, de la beauté. Le film est d’ailleurs très beau plastiquement parlant : pour son premier film tourné en couleurs, Kurosawa a repeint tous les objets, même les plus anodins et a tout filmé en studio. Même le ciel est peint. Cela accroit ce sentiment d’être à côté du monde réel. Le dénuement des personnages permet à Kurosawa de mieux pénétrer les profondeurs de l’âme humaine. Il ne faut surtout pas se laisser effrayer par le sujet, Dodes’Ka-den est un film superbe, d’une très grande humanité.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Yoshitaka Zushi, Tomoko Yamazaki, Yûko Kusunoki, Kunie Tanaka
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Remarques :
Entre Barberousse (également adapté d’un roman de Shûgorô Yamamoto) et Dodes’Ka-den, Kurosawa a été pressenti dans le cadre de plusieurs projets à Hollywood mais aucun n’a abouti.

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21 février 2012

Kiki, la petite sorcière (1989) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Majo no takkyûbin »

Kiki, la petite sorcièreKiki est une fillette qui a hérité de talents de sorcière : elle vole sur son balai aussi aisément que d’autres font de la bicyclette. Pour son apprentissage, elle doit aller s’installer dans une ville de son choix et proposer ses services… Kiki, la petite sorcière a été tourné par Hayao Miyazaki avant Porco Rosso, il est dans un registre assez différent. La qualité du dessin est comme toujours avec Miyazaki remarquable, les décors sont assez enchanteurs. Il y a beaucoup de fraîcheur qui se dégage de cet univers enfantin. L’histoire est gentille et décrit les difficultés du passage de l’enfance à l’adolescence.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: (voix) Minami Takayama, Kappei Yamaguchi
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29 janvier 2012

Barberousse (1965) de Akira Kurosawa

Titre original : « Akahige »

BarberousseAux alentours de 1820 à Edo (aujourd’hui Tokyo), un tout jeune médecin est affecté à un dispensaire de quartier pauvre alors qu’il attendait un poste bien plus prestigieux du fait de ses relations. Il se révolte d’abord contre son patron, un docteur entièrement dévoué à sa tâche surnommé Barberousse, avant de s’intéresser peu à peu à certains cas… Barberousse fait partie des grands films humanistes d’Akira Kurosawa. Il s’agit d’une œuvre de grande ampleur à laquelle le cinéaste a consacré deux années. Cette transformation d’un jeune arriviste est admirablement construite puisque plusieurs histoires dans l’histoire nous sont contées. L’idée développée par Kurosawa est de montrer que les maux physiques cachent souvent une tragédie humaine dont la cause profonde est soit la pauvreté, soit la rigidité des codes sociaux. Le docteur Barberousse prouve peu à peu au jeune homme que soigner les maux des autres lui permet aussi de soigner les siens et trouver une paix en lui-même. Kurosawa sait éviter tout misérabilisme et tout sermon, il raconte des histoires qui nous captivent par leur force et qui nous touchent profondément. Barberousse fait partie de ces films qui nous font réfléchir sur notre vision de la vie et nous donnent une sensation d’enrichissement. La mise en scène est parfaite, un grand soin a été porté sur les décors et le format large de l’image est merveilleusement exploité. Barberousse fait partie des plus grands films de Kurosawa.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Toshirô Mifune, Yûzô Kayama, Tsutomu Yamazaki, Reiko Dan, Miyuki Kuwano
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Remarque :
Barberousse marque la fin de la collaboration entre Akira Kurosawa et son acteur fétiche Toshirô Mifune. Ce dernier se lançait alors dans la production, il était aussi courtisé par Hollywood. Immobilisé par le long tournage de Barberousse, il a commencé à entrer en conflit avec Kurosawa sur l’orientation à donner à son personnage : alors que le réalisateur voulait mettre en avant son altruisme, l’acteur voulait accentuer son côté héros prêt à tout, lointain. Kurosawa déclarera par la suite : « Son interprétation héroïque, granitique, austère, a faussé le personnage. Mifune n’a pas voulu m’écouter. Alors j’ai décidé de ne plus travailler avec lui. Quand un acteur commence à jouer son propre personnage, c’est fini. » Nous pouvons voir la conséquence de ces dissensions dans  la scène du combat, une scène qui paraît assez décalée et inutile.

5 août 2010

Kill, la forteresse des samouraïs (1968) de Kihachi Okamoto

Titre original : « Kiru »

KiruLui :
Dans le Japon du XIXe siècle, un jeune paysan arrive à bout de force dans un village pour se faire embaucher comme élève-samouraï. Il fait la rencontre d’un vagabond. Tous deux vont se trouver rapidement mêlé dans les complots et intrigues des seigneurs du village. Dans le genre des films de samouraï (genre aussi appelé « chambara » par les amateurs), Kill – La forteresse des samouraïs est assez méconnu ce qui semble assez injuste, au vu de sa qualité. Le film de Kihachi Okamoto est assez remarquable par le subtil équilibre entre dramatique et comique, s’appuyant sur ses deux personnages de premier plan, aux caractères et tempéraments franchement opposés. L’histoire est assez prenante. Il faut ajouter à cela une très belle photographie en noir et blanc et une mise en scène parfaitement maitrisée. De façon un peu surprenante, certains plans et effets, ou encore la musique, peuvent évoquer les westerns italiens de la même époque.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tatsuya Nakadai, Etsushi Takahashi, Yuriko Hoshi, Naoko Kubo, Tadao Nakamaru
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Remarques :
Kill la forteresse des samouraïs est adapté d’un livre de Shûgorô Yamamoto que Kurosawa avait déjà porté à l’écran avec son Sanjuro (1962).

21 juin 2010

Le château ambulant (2004) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Hauru no ugoku shiro »

Le château ambulantLui :
(Film d’animation) En adaptant ce roman de Diana Wynne Jones, Hayao Miyazaki va toujours plus loin dans l’imaginaire visuel. L’histoire du Château Ambulant est assez belle en soi et joliment complexe. L’histoire démarre très rapidement et semble se développer en étoile à l’instar de son château ambulant, objet et lieu fantasmagorique au-delà de toute probabilité. Miyazaki explore plusieurs fils narratifs, exploitant ainsi une vraie richesse de récit qu’il met en images avec force trouvailles visuelles. Spectacle féérique, Le Château Ambulant nous charme, nous émerveille et nous captive.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Chieko Baisho, Takuya Kimura
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