23 février 2010

Two Lovers (2008) de James Gray

Two LoversElle :
Two lovers est un film magnifique tant pour sa beauté visuelle qu’émotionnelle. C’est un film d’une grande intensité sur la façon d’aimer ; soit on choisit son destin, soit on se le laisse imposer un schéma par sa famille sécurisante. Léonard hésite entre Sandra, une femme rassurante et aimante et Michelle, une femme imprévisible et éblouissante. La vie toute tracée et l’amour sage ou le risque accompagné de la fulgurance de l’amour. Les ambiances nocturnes sont sublimes, les déambulations dans New York sont presque déchirantes. Joaquin Phoenix impose la forte présence d’un homme chez qui tout peut basculer. Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw sont également émouvantes. L’amour et la tendresse filtrent de l’image à chaque plan.
Note : 5 étoiles

Lui :
Revenu vivre chez ses parents après une rupture douloureuse, Leonard va devoir choisir entre un amour raisonnable et une passion plus instable. Avec Two Lovers, James Gray délaisse (enfin) le monde de la Mafia pour nous livrer un mélodrame sentimental de toute beauté. Ses personnages ont une telle profondeur, il y a tant d’intensité dans cette histoire d’amour à plusieurs facettes que le film ne semble jamais nous lâcher ; aucun temps mort, aucune scène ne paraît plus faible qu’une autre. Joaquim Phoenix livre une interprétation très riche, empreinte d’une forte sensibilité. Gwyneth Paltrow, que l’on a l’habitude de voir dans rôles plus futiles, est à la fois resplendissante et tourmentée. La photographie est très belle, James Gray montre tout son talent dans les scènes de nuit à New York, de superbes images mise en parfaite harmonie avec la musique, et aussi dans les scènes d’intérieur, souvent en demie pénombre, focalisant notre attention par un subtil jeu de lumières. Que ce soit sur le contenu ou sur la forme, Two Lovers est vraiment du grand cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, Moni Moshonov, Isabella Rossellini, Bob Ari
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22 février 2010

Un, deux, trois (1961) de Billy Wilder

Titre original : « One, Two, Three »

Un, deux, troisLui :
Le directeur de la branche berlinoise de Coca-Cola voit sa carrière mise en péril par les frasques de la fille de son patron. Il va tout mettre en œuvre pour réparer les dégâts et sauver la face…
La malchance a voulu que Un, Deux, Trois sorte en salles peu après l’édification du mur de Berlin. Le film connut un bide retentissant car plus personne n’avait envie de rire de la coexistence Est-Ouest. Le film fut ensuite boudé pendant de longues années, accusé d’anti-communisme primaire. Il fallu attendre sa ressortie dans les années quatre-vingts pour qu’il soit considéré à sa juste valeur, c’est à dire comme une comédie totalement débridée, dotée d’un comique dévastateur enlevé à un rythme d’enfer. La satire est très appuyée, tout est caricaturé à l’extrême, les communistes sont dans le dénuement le plus total et bavent devant l’Occident, les allemands sont disciplinés, se mettent tout le temps au garde à vous et claquent des talons (et il n’en faut pas beaucoup pour que le salut hitlérien ressorte) et les américains sont arrivistes ou parfaitement idiots. Les gags se succèdent sans aucun temps mort, c’est très rapide (1) et le rythme accélère encore vers la fin du film, franchement trépidante. James Cagney, ici dans son dernier grand rôle (2) est d’une vitalité étonnante. Même s’il est habitué aux débits rapides, sa performance force l’admiration. Les nombreux seconds rôles apportent une bonne dose d’humour, la palme revenant à mes yeux à Schlemmer (Hanns Lothar) l’homme à tout faire allemand, incorrigible claqueur de talons… Sachant ne jamais tomber l’excès, Un Deux Trois est une petite merveille d’humour et de caricature.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Cagney, Horst Buchholz, Pamela Tiffin, Hanns Lothar, Leon Askin, Karl Lieffen
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Un deux troisJames Cagney et Pamela Tiffin dans Un, deux, trois (One Two Three) de Billy Wilder

(1) James Cagney raconte dans son autobiographie que lorsqu’il a reçu le scénario il était précédé d’une note de Billy Wilder qui disait : « Ce projet va nous demander d’être à 100 à l’heure dans les virages et à 160 dans les lignes droites ».
(2) James Cagney dit n’avoir jamais vu le film fini. Après Un Deux Trois, il ne fera qu’une apparition dans un seul film, bien plus tard, Ragtime de Milos Forman (1981).
A noter, les clins d’œil à sa longue carrière :
a) il menace le jeune Otto avec un pamplemousse, allusion à la scène la plus célèbre de  Public Enemy, son premier grand film, trente ans plus tôt…
b) quand le chef des MP lui répond, il le fait en imitant ses tics et sa voix dans ses films de gangster des années trente…
c) Après la visite du médecin, il dit la phrase « Is this the end of Rico? », c’est la célèbre dernière phrase d’Edward G. Robinson dans Little Caesar, film concurrent de Public Enemy, tous deux de 1931…
d) plus difficile à repérer : l’horloge est un coucou qui chante Yankee Doodle Dandy, titre d’un film très connu de Michael Curtiz (1942) dans lequel joue James Cagney.

Anecdote :
L’équipe de production du film se laissa surprendre par la construction (soudaine) du mur :  les scènes se déroulant à la Porte de Brandebourg n’avaient pas toutes été tournées. Il fallut donc en construire une réplique en studio.

Un deux troisPamela Tiffin, Horst Buchholz et James Cagney dans Un, deux, trois (One Two Three) de Billy Wilder

18 février 2010

Ladyhawke, la femme de la nuit (1985) de Richard Donner

Titre original : « Ladyhawke »

Ladyhawke, la femme de la nuitLui :
Au XIIIe siècle, un jeune voleur parvient à s’évader du donjon de l’évêque d’Aquila. Rattrapé par la garde lancée à sa poursuite, il est sauvé par un chevalier solitaire accompagné d’un faucon qui semble avoir une grande importance pour lui. L’histoire en elle-même de Ladyhawke est assez belle, elle évoque les grandes légendes. Edward Khmara l’avait écrite dans un pur style heroic-fantasy mais Richard Donner l’a faite réécrire en gommant tous animaux fantastiques. L’histoire semble ainsi plus réelle. La photographie de Vittorio Storato est superbe (1). On ne peut hélas en dire autant de la musique qui est… épouvantable, sorte de rock symphonique qui vient gâter le bel édifice (2). Le jeune Matthew Broderick est ici dans un de ses tous premiers rôles, Michelle Pfeiffer est d’une grande beauté, comme le demande le rôle.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Matthew Broderick, Rutger Hauer, Michelle Pfeiffer, Leo McKern, John Wood, Alfred Molina
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(1) Vittorio Storato est un talentueux directeur de la photographie italien auquel on doit également les images d’Apocalypse Now, Le dernier Empereur, Reds, Tucker, …
(2) La musique est signée Andrew Powell qui est l’arrangeur d’Alan Parsons qui a d’ailleurs produit la musique. C’est étonnant que le résultat soit si désastreux : même si j’avoue n’avoir jamais été un grand fan d’Alan Parsons Project, la musique de Ladyhawke m’a semblée être un ton nettement en dessous.

Anecdote :
La Warner prétendant dans toute sa communication que Ladyhawke était basé sur une authentique légende du XIIIe siècle, Edward Khmara s’est plaint auprès de la Writers Guild Association. La Warner a reconnu ses torts et a octroyé des dommages à l’auteur mais a ensuite continué à clamer que l’histoire était basée sur une légende médiévale… 

17 février 2010

Klute (1971) de Alan J. Pakula

KluteLui :
Un industriel qui disparaît, une enquête policière qui tourne en rond, c’est dans ces circonstances que Klute, un ami de la famille, est chargé d’enquêter. Sa seule piste : une lettre obscène que le disparu aurait envoyé à une call-girl new-yorkaise. Il s’agit donc d’une histoire de maniaque sexuel mais ce n’est pas le scénario qui rend Klute si original. Dans le prolongement de  la décennie des années soixante qui a vu naître un ton nouveau dans les films policiers et d’enquête, Pakula prend certaines libertés avec les codes habituels pour les dépasser ; il rend le climat plus réaliste, dans le sens proche de la réalité, et donne une vraie dimension psychologique à ses personnages principaux. Donald Sutherland interprète un enquêteur mélancolique et obstiné qui est bien plus qu’un simple enquêteur et Jane Fonda insuffle beaucoup d’humanité dans cette call girl, la rendant ainsi très proche de nous. Il faut ajouter un traitement particulier à la photographie, avec une certaine exacerbation des contrastes et des placements de caméra originaux. Malgré son scénario conventionnel, Klute est ainsi un film assez franchement novateur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jane Fonda, Donald Sutherland, Charles Cioffi, Roy Scheider
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Klute préfigure deux autres grands films d’enquête de Pakula, dans un registre plus politique toutefois : A cause d’un assassinat (The Parallax view) en 1974 et Les hommes du Président (All the President’s Men) en 1976.

12 février 2010

La belle ensorceleuse (1941) de René Clair

Titre original : « The flame of New Orleans »

La belle ensorceleuseLui :
Aux alentours de 1850, une mystérieuse et ensorceleuse aventurière arrive à La Nouvelle Orléans avec la ferme intention d’épouser l’homme le plus riche de la ville. Elle se dit comtesse et se fait aider par sa femme de chambre pour échafauder de fins stratagèmes. La Belle Ensorceleuse est le premier film que René Clair tourna pendant la guerre aux Etats-Unis. Il est souvent présenté comme étant plaisant mais mineur. Plaisant, il l’est, c’est indéniable, évoquant même par son ton le style Lubitsch, avec un bon rythme, des dialogues relevés et une bonne dose d’humour. La belle ensorceleuse Mineur, ce n’est pas si sûr, car non seulement il résiste très bien à l’épreuve du temps mais encore il est de mieux en mieux considéré avec le temps qui passe. Le scénario est intelligent et finement élaboré, le style est élégant, empreint d’un marivaudage bien français, l’ensemble est léger et amusant. Marlene Dietrich est bien entendu au centre de toutes les attentions, toujours resplendissante. A noter une belle prestation (en femme de chambre noire) de Theressa Harris, éternel faire valoir des plus grandes stars, et aussi de Bruce Cabot. La Belle Ensorceleuse est un film qui vaut la peine d’être découvert.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Bruce Cabot, Roland Young, Mischa Auer, Andy Devine, Theresa Harris
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9 février 2010

Blonde Vénus (1932) de Josef von Sternberg

Titre original : « Blonde Venus »

Blonde VénusLui :
Une ex-chanteuse de cabaret accepte de reprendre son ancien métier pour pouvoir payer une cure qui peut sauver son mari gravement atteint par des rayons X. Entretenue par un jeune et riche protecteur, elle doit fuir pour pouvoir rester avec son enfant lorsque revient le mari. L’histoire est à la base assez faible, peu crédible même. Sternberg voyait là surtout un moyen de montrer Marlene Dietrich, dont il était amoureux, sous plusieurs visages et aussi de lui donner une vraie dimension d’acrice dramatique : elle est ainsi tour à tour naïade nue, épouse parfaite, mère dévouée d’un jeune garçon, femme fatale, prostituée, meneuse de revue, riche élégante, fauchée au bout du rouleau, etc… C’est certainement un peu beaucoup pour un seul film et l’ensemble paraît inévitablement plutôt décousu. Blonde Venus est marqué par deux grands numéros musicaux de Marlene : Hot Voodoo où, déguisée en gorille, elle retire sa combinaison (contraste étonnant quand apparaissent ses mains) et enfile une perruque à la Harpo Marx… et I could not be annoyed où Sternberg joue à nouveau sur l’ambiguïté des sexes, dans un registre beaucoup plus élégant que pour l’Ange Bleu puisque Marlene Dietrich a un superbe smoking blanc avec haut de forme de la même couleur. Cela ne suffît pas : Blonde Venus n’eut aucun succès. On peut supposer que la vision de Marlene Dietrich en ménagère dérouta le public… A noter la présence d’un jeune acteur dans son premier grand rôle, Cary Grant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Herbert Marshall, Cary Grant, Dickie Moore
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Blonde Vénus Remarques:
1) En plus de jouer son rôle, Cary Grant vendait des chemises sur le plateau pour arrondir ses fins de mois. « Il est si charmant que tout le monde lui en achète » précise Marlene Dietrich. Cary Grant avait été découvert par Mae West qui était, elle aussi, sous contrat à la Paramount.

2) La fille de Marlene Dietrich raconte que c’est elle-même qui avait suggéré à sa mère de faire briller les revers du smoking pour qu’ils ressortent sur le blanc. Elle avait alors à peine 8 ans. « Le début d’une longue collaboration » ajoute-t-elle (Marlene Dietrich concevait elle-même beaucoup de ses robes).

3) La scène d’ouverture où l’on voit six jeunes baigneuses (dont Marlene Dietrich) entièrement nues, imparfaitement masquées par les branches d’un saule pleureur, est étonnante. Elle a beau rester assez chaste, elle n’aurait probablement pas passé la censure du Code Hays ne serait-ce que deux ans plus tard. C’est en tout cas une scène extrêmement poétique pour du Sternberg.

4) Fait suffisamment rare pour être noté, l’excellent et séduisant acteur anglais Herbert Marshall était unijambiste, ce qui n’est le plus souvent guère visible à l’écran, tout au plus remarque-t-on qu’il boîte.

8 février 2010

Le fleuve sauvage (1960) de Elia Kazan

Titre original : « Wild River »

Le fleuve sauvageElle :
(pas vu)

Lui :
Dans les années trente, au moment de la construction de grands barrages sur le fleuve Tennessee surnommé « le fleuve sauvage » à cause de ses crues fréquentes et meurtrières, un jeune ingénieur est chargé par l’Administration d’aller convaincre une vieille femme qui refuse de vendre sa terre. Il s’agit en réalité d’une petite île sur laquelle elle vit avec sa famille et de nombreux ouvriers agricoles noirs. Dans cet affrontement entre l’intérêt collectif et l’individualisme, le plus étonnant est qu’Elia Kazan ne prend pas partie. Il ne prend, en tout cas, certainement pas le chemin que l’on pensait le voir prendre (il a souvent mis en avant des personnages forts et un certain individualisme). Le Fleuve Sauvage est ainsi un film complexe. Il est avant tout profondément humaniste. Le personnage principal, brillamment interprété par Montgomery Clift, peut paraître fade au tout premier abord mais révèle ensuite une profondeur étonnante. Très belle interprétation également de Lee Remick qui montre beaucoup de présence à l’écran tout en ayant un jeu assez retenu. Il y a aussi dans Le Fleuve Sauvage un lyrisme peu coutumier au réalisateur, lyrisme inspiré par cette nature sauvage qui semble l’inspirer. Le film déconcerta le public à sa sortie. Il reste aujourd’hui encore mal connu, assez injustement.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Montgomery Clift, Lee Remick, Jo Van Fleet, Albert Salmi, Frank Overton
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4 février 2010

There will be blood (2007) de Paul Thomas Anderson

There Will Be BloodElle :
Impossible de pénétrer dans cet univers étouffant (abandon).
Note : pas d'étoile

Lui :
Dès le début de There will be blood, Paul Thomas Anderson ne ménage pas ses effets pour mettre le spectateur mal à l’aise : climat lourd d’imminence de catastrophe, peu de dialogues, musique dissonante et décalée… Le réalisateur appuie très fort sur la pédale et il le fera durant toute cette histoire de pionnier du pétrole californien afin de le rendre hautement haïssable à nos yeux. Daniel Day-Lewis franchit très souvent la ligne jaune et surjoue inutilement son personnage. En plus (ou du fait) de ce manque de subtilité, l’histoire apparaît plutôt ennuyeuse : ce face à face entre la frénésie de l’argent et le fanatisme religieux manque singulièrement de texture et de matière. Le film s’étire et paraît interminable.
Note : 1 étoile

Acteurs: Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Dillon Freasier, David Warshofsky
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1 février 2010

Les sensuels (1957) de Martin Ritt

Titre original : « No down payment »
Autre titre (Belgique) : « L’homme d’en face »

No Down Payment Lui :
Il faut mieux le préciser d’emblée : regarder Les Sensuels après avoir été attiré par le titre français risque de générer une certaine déception. Cette « traduction » est probablement le fait d’un distributeur qui a pris ses désirs pour la réalité… car il n’y a pas une once de sensualité à l’horizon. S’il est indéniablement moins affriolant, le titre original est au moins plus explicite. Il fait référence au système des ventes à crédit : « No down payment » signifie « sans apport initial ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : le film est une peinture sociale de la bourgeoisie moyenne de l’Amérique des années 50, celle qui adhérait si fortement à cet american way of life reposant sur le crédit, où tout est proposé avec no down payment. No Down Payment Nous observons ainsi quatre couples qui viennent de s’installer dans l’une de ces petites villes résidentielles de bon standing qui poussent comme des champignons. Le film montre bien leurs valeurs, leur désir de progression sociale, la pression de l’argent et des conventions, leurs frustrations en cas d’échec et l’impact sur leurs vies personnelles. Il en est presque documentaire, tout en sachant rester prenant et vivant car remarquablement bien interprété par ses huit acteurs principaux. Un peu maladroitement, Martin Ritt ajoute une note dramatique trop appuyée en fin de film, elle semble bien inutile. No Down Payment est un film étonnamment peu connu, une superbe peinture sociale qui ne manque pas d’intensité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Joanne Woodward, Sheree North, Tony Randall, Jeffrey Hunter, Cameron Mitchell, Patricia Owens, Barbara Rush, Pat Hingle
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Remarque :
L’affiche américaine ci-dessus aurait tendance à montrer que cette volonté de sensualiser l’ensemble viendrait aussi des distributeurs américains. Ce qui est amusant, c’est que le producteur aurait demandé à Martin Ritt d’écarter tous les passages trop intimes du roman de John MacPartland… c’est toute l’ambivalence des studios hollywoodiens.

31 janvier 2010

Ange (1937) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Angel »

AngeLui :
Sans dévoiler son identité, la femme d’un diplomate anglais fait la rencontre à Paris d’un homme qui tombe amoureux d’elle. Il fait tout pour la retrouver. Angel repose donc sur un classique triangle amoureux mais le ton de Lubitsch est cette fois beaucoup plus grave, sans les grands traits d’humour dans les dialogues ni le rythme très vif qui lui sont coutumiers. L’approche est ici plus subtile, mesurée, tout en retenue. Même s’il semble que Lubitsch n’ait pu parvenir au résultat qu’il souhaitait du fait de dissensions sur le tournage (1), il est tout de même probable que cette approche soit volontaire de sa part. Angel prit tout le monde à contre-pied et même l’incroyable robe toute incrustée de diamants de Marlene Dietrich ne put empêcher le film d’être un échec retentissant. La carrière de Marlene fut sérieusement ébranlée (2). Vu avec le recul, c’est un film qui ne manque pas de charme, il juste savoir qu’il est différent des autres films de Lubitsch, moins spectaculaire certes, mais empreint d’une certaine douceur subtile.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Herbert Marshall, Melvyn Douglas, Edward Everett Horton, Ernest Cossart
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(1) D’après le livre de sa fille Maria Riva, Marlene Dietrich n’avait dès le départ aucune envie de tourner pour Lubitsch. A la fin du tournage, le réalisateur et l’actrice ne s’adressaient même plus la parole…
(2) En 1938, un sondage auprès des exploitants de salles de cinéma donnait la liste des « épouvantails du Box Office » (Box Office poison). Figuraient en tête de liste Joan Crawford, Bette Davis, Marlene Dietrich, Greta Garbo et Katharine Hepburn. Cette liste fait bien entendu sourire aujourd’hui car c’est pratiquement la liste des cinq plus grandes actrices hollywoodiennes des années trente…
Paramount fit savoir à Marlene Dietrich que son contrat ne serait pas renouvelé. Dépitée, Marlene quitta Hollywood pour plus d’un an.

Homonymes :
Angel de François Ozon (2007) avec Romola Garai et Sam Neill