31 août 2010

Le petit fugitif (1953) de Morris Engel et Ray Ashley

Titre original : « Little fugitive »

Le petit fugitifLui :
Le Petit Fugitif est un film précurseur. Premier film indépendant américain, il préfigure la Nouvelle Vague française. C’est un film dont on avait toujours entendu parler sans pouvoir le voir, avant qu’il ne ressorte en 2009. La base scénaristique du film est simple : un petit garçon de 7 ans, qui croit avoir tué accidentellement son grand frère, s’enfuit de chez lui pour aller au parc d’amusement de Coney Island. Là, il découvre tout un monde qui le happe par ses attraits multiples. L’originalité du Petit Fugitif est d’avoir été tourné entièrement en situation réelle avec une caméra 35mm expérimentale, bricolée pour être minuscule et facilement cachée. De même, très peu de directives ont été données aux enfants qui jouent le plus naturellement du monde. Il en résulte une fraîcheur et une authenticité qui permettent au film de nous capter entièrement. Nous sommes totalement immergés et l’errance de ce jeune garçon a quelque chose d’attachant. Ce n’est qu’après avoir reçu un prix au Festival de Venise que Le Petit Fugitif a pu être bien distribué et bien accueilli par la critique et le public.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Richie Andrusco, Richard Brewster
Voir la fiche du film et la filmographie de Morris Engel sur le site imdb.com.

Remarques :
* Le montage a été assuré par Ruth Orkin, l’épouse de Morris Engel.
* Le Petit Fugitif préfigure principalement deux films majeurs de la Nouvelle Vague : Les 400 coups (Truffaut a toujours mentionné Le Petit Fugitif parmi les films qui ont montré la voie) et A bout de Souffle de Godard qui est lui aussi une fuite-errance. Godard a également repris des techniques de tournage de Morris Engel pour les porter plus loin.
* Remake : The Little Fugitive de Joanna Lipper (2006)

25 août 2010

A chacun sa vie (1918) de Marshall Neilan

Titre original : « Amarilly of Clothes-Line Alley »

Amarilly of Clothes-Line AlleyLui :
(film muet) A Chacun sa Vie est une comédie faite sur mesure pour Mary Pickford, alors au sommet de sa gloire. Dans la rue Clothes-Line Alley (ainsi nommée du fait des cordes à linge tendues en travers de la rue), la jeune Amarilly vit gaiement entre sa mère, lingère, ses nombreux frères et son fiancé. Elle fait la rencontre d’un riche jeune philanthrope qui veut la faire changer de vie… La peinture sociale est à la fois amusante et assez mordante. Le regard porté sur cette famille nombreuse d’origine irlandaise est plein de tendresse (1) alors que la peinture faite de la bonne société qui fait de la charité un passe-temps mondain est sans complaisance. L’humour est toutefois omniprésent, y compris dans les « dialogues ». Mary Pickford illumine le film par sa pétulance, pleine de vie, capable de passer d’exprimer de multiples sentiments dans la même scène. On comprend aisément l’attrait qu’elle pouvait avoir sur le public et son immense popularité. La fin du film n’est pas très conventionnelle, surtout pour cette époque qui prônait la réussite sociale (à l’instar de notre époque actuelle). A chacun sa vie est le quatrième des 7 films que Mary Pickford a tourné avec Marshall Neilan (2). Ce n’est pas le plus connu, il n’en est pas moins brillant et particulièrement plaisant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, William Scott, Kate Price, Ida Waterman, Norman Kerry
Voir la fiche du film et la filmographie de Marshall Neilan sur le site IMDB.

Remarques :
(1) A ce sujet, il faut garder à l’esprit que Marshall Neilan et Mary Pickford ont en commun d’avoir des origines plutôt modestes. Marshall Neilan a commencé comme chauffeur de D.W. Griffith qui lui donna ensuite sa chance en tant qu’acteur. C’est chez Griffith qu’il a connu Mary Pickford.
(2) Dans ses mémoires, Mary Pickford déclare qu’elle considère Marshall Neilan comme le meilleur réalisateur avec qui elle ait tourné… C’est en tout cas certainement celui avec lequel elle s’est le mieux entendu. Ceci dit, il est certain que Neilan était plus au service de Mary Pickford que l’inverse.

24 août 2010

Nos souvenirs brûlés (2007) de Susanne Bier

Titre original : « Things We Lost in the Fire »

Nos souvenirs brûlésLui :
Après avoir perdu son mari, une jeune femme rencontre l’ami d’enfance de celui-ci, un ex-junkie qui désire reconstruire sa vie. Tous deux déboussolés, ils vont se rapprocher, chacun devenant une bouée de sauvetage pour l’autre. Produit par Sam Mendes, Nos souvenirs brûlés est le premier film américain de la réalisatrice danoise Susanne Bier. Le sujet n’est pas facile à traiter sans sombrer avec certains travers du grand mélodrame. Effectivement, le film ne parvient pas à éviter ces écueils et de nombreuses scènes (surtout celles impliquant les enfants) tombent dans la facilité et le conventionnel. Toutefois, le film de Suzanne Bier n’est pas sans charme, notamment par les portraits tout en délicatesse des deux personnages principaux. Halle Berry parvient bien à exprimer un certain mélange de révolte et de fragilité mais c’est surtout Benicio Del Toro qui est particulièrement remarquable, montrant toute la complexité de son personnage. Avec son jeu puissant, il porte le film. Néanmoins, on peut globalement regretter que le cinéma de Suzanne Bier ait perdu de son authenticité en traversant l’Atlantique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Halle Berry, Benicio Del Toro, David Duchovny, Alison Lohman
Voir la fiche du film et la filmographie de Susanne Bier sur le site IMDB.

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Remarques :
L’acteur Micah Berry qui interprète le jeune garçon n’a aucun lien de parenté avec Hale Berry.

24 août 2010

La raccomodeuse de filets (1912) de David W. Griffith

Titre original : « The mender of nets »

La raccomodeuse de filetsLui :
(muet, 12 mn) Une jeune raccommodeuse de filets est demandée en mariage par un pêcheur. Celui-ci avait cependant promis la même chose à une autre femme (on nous laisse supposer qu’elle est même enceinte). Le frère veut laver l’honneur de la famille. Ce film est assez étonnant par la force du récit qui est pourtant assez simple à la base. Une fois de plus, Griffith joue sur les attitudes ou les regards pour créer un suspense, une tension et offrir un mélodrame intense. Il montrait alors une extraordinaire maitrise de la mise en scène. A noter la présence conjointe de Mabel Normand et Mary Pickford. Les deux actrices n’ont tourné que deux fois ensemble.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Charles West, Mabel Normand
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

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23 août 2010

Les aventures de Dollie (1908) de David W. Griffith

Titre original : « The adventures of Dollie »

The Adventures of DollieLui :
(muet, 12 mn) S’agissant du premier film tourné par D.W. Griffith, The adventures of Dollie est en soi assez émouvant : il nous fait en quelque sorte assister à la naissance du premier grand cinéaste américain… L’histoire est assez élaborée : par une journée ensoleillée au bord de l’eau, un père et une mère de famille jouent avec leur toute jeune fille. Celle-ci se fait enlever par un brigand de passage. La fillette est enfermée dans un tonneau qui tombe dans une rivière et finit par être retrouvé. L’ensemble est bien entendu assez primitif, la caméra n’étant pas toujours parfaitement centrée sur l’action, mais le film repose sur un montage plutôt élaboré pour un très bon déroulement du scénario. On remarque déjà la présence d’éléments qui reviendront dans les oeuvres ultérieures de Griffith, notamment  The Adventures of Dollie le thème de la cellule familiale qui doit faire face aux dangers extérieurs et (hélas) une pointe de racisme social ici assez évidente. Le film distille une certaine authenticité, sans ce jeu excessif d’acteur qui caractérisait la plupart des films à cette époque. Le film était considéré comme perdu avant d’être retrouvé dans les années cinquante. Les intertitres ont toutefois disparus (c’est une copie pour archive sur support papier qui a été retrouvée) sans que cela gêne à la compréhension…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Arthur V. Johnson, Linda Arvidson, Gladys Egan, Charles Inslee
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.
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Remarque :
D.W. Griffith tournera près de 500 films courts entre 1908 et 1913, soit une centaine par an!
On retrouvera dans un certain nombre d’entre eux les acteurs jouant ici le père, la mère et la fillette.

23 août 2010

La chambre scellée (1909) de David W. Griffith

Titre original : « The sealed room »

The Sealed RoomLui :
(muet, 11 mn) Adapté d’un roman d’Edgar Poe, La chambre scellée nous emporte à l’époque Renaissance. Un comte fait construire un petit nid d’amour pour lui et sa concubine, une pièce avec une porte pour seule ouverture. Surprenant sa bien-aimée dans les bras de son musicien, il va les enfermer en murant cette porte. L’action est ici assez réduite, Griffith s’efforçant de créer avant tout un certain suspense. Il se concentre sur le trio principal et joue en partie avec les regards. A noter la présence dans des rôles de figuration de Mack Sennett (l’un des soldats) et de Mary Pickford (l’une des courtisanes).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Arthur V. Johnson, Marion Leonard, Henry B. Walthall
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

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23 août 2010

Les spéculateurs (1909) de David W. Griffith

Titre original : « A corner in wheat »

Le spéculateur en grainsLui :
(muet, 14 mn) Un magnat spécule pour faire monter les cours à la Bourse du blé, ce qui fait doubler le prix du pain. Le film est remarquablement bien construit et rythmé, Griffith opposant par un montage judicieux le monde des paysans travailleurs, qui semblent accablés par toute la misère du monde, et le monde de quelques riches citadins, insouciants et profiteurs. Les scènes ont ici beaucoup de force Le spéculateur en grains et, ce, tout au long du film. Le film est vraiment abouti et étonnamment moderne. Une curiosité : un plan faussement fixe, la queue dans la boulangerie, un plan où les acteurs tiennent la pose ; la scène évoque un tableau.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Frank Powell, Grace Henderson, James Kirkwood, Henry B. Walthall
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Remarque :
Les acteurs qui interprètent la femme et la fillette du fermier jouaient dans le tout premier film de Griffith, The Adventures of Dollie. On les retrouve dans de nombreux courts de Griffith.

23 août 2010

Derrière les volets clos (1910) de David W. Griffith

Titre original : « The house with closed shutters »

The House with Closed ShuttersLui :
(muet, 16 mn) Pendant la Guerre de Sécession, une jeune femme Grace Henderson), patriotique exaltée, prend la place de son frère (Henry Walthall) qui se révèle être trop lâche. Elle est tuée sous son identité lors d’un combat et le frère doit rester caché pour sauver l’honneur de la famille.  Le film est largement surjoué par tous les acteurs, ce qui donne une certaine grandiloquence à l’ensemble et lui enlève hélas toute force. En revanche, les scènes d’action et de combats sont assez remarquables, l’une d’entre elles étant en plan large, filmée avec beaucoup de soin et une certaine nombre de figurants, une scène qui préfigure  Naissance d’une Nation.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Henry B. Walthall, Grace Henderson, Dorothy West
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

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23 août 2010

L’usurier (1910) de David W. Griffith

Titre original : « The usurer »

The UsurerLui :
(muet, 17 mn) Un usurier envoie ses agents collecter l’argent auprès de familles pauvres parfaitement incapables de payer. Ils saisissent les meubles. Comme pour le film Les spéculateurs (Corner in wheat), David Griffith réalise un montage parallèle pour montrer le fort décalage entre les riches profiteurs, dénués de toute compassion, et les pauvres qui luttent pour simplement survivre. Le propos ici est plus brutal puisque l’usurier est qualifié plusieurs fois dans les intertitres de suceur de sang et que sa mort (assez tragique) est présentée comme une délivrance et un bienfait. A noter la présence de Mack Sennett (l’un des usuriers) et de Mary Pickford (la jeune fille couchée et invalide).
Note : 3 étoiles

Acteurs: George Nichols, Grace Henderson, Mack Sennett, Mary Pickford
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

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23 août 2010

La dernière larme (1911) de David W. Griffith

Titre original : « The last drop of water »

The Last Drop of WaterLui :
(muet, 18 mn) Parmi ses deux prétendants, une jeune fille choisit le moins timide et l’épouse. Quelques mois plus tard, ils se retrouvent tous les trois dans une caravane de chariots en route vers l’Ouest. Attaqués par les indiens en zone désertique, les deux hommes doivent trouver de l’eau. The last drop of water est l’un des premiers westerns de Griffith. Il est entièrement tourné en extérieurs et fait intervenir plusieurs dizaines de figurants. Bien que l’action soit le plus souvent bien centrée sur le trio principal de personnages, le déroulement et le propos restent un peu confus. Les scènes d’attaque des indiens semblent un ton en dessous des scènes de guerre de Sécession que Griffith a précédemment mises en scène dans d’autres films courts.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Blanche Sweet, Charles West, Joseph Graybill
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

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