11 janvier 2014

Buffalo Bill et les indiens (1976) de Robert Altman

Titre original : « Buffalo Bill and the Indians, or Sitting Bull’s History Lesson »

Buffalo Bill et les IndiensEn 1885, Buffalo Bill dirige un grand spectacle sur l’Ouest dont il est la vedette. Pour pimenter le show, il achète à l’armée l’un de ses prisonniers les plus célèbres, le chef indien Sitting Bull… Après l’armée (MASH), le western (John McCabe), la music-business (Nashville), Robert Altman s’attaque à l’une des plus grandes figures mythiques de l’Amérique : Buffalo Bill. Alors qu’Hollywood a exploité jusqu’à la corde la légende du héros intrépide, Altman nous le montre comme un cabotin plutôt grotesque entouré de béni-oui-oui, maladroit au tir et piètre cavalier. Même s’il grossit un peu le trait, il est tout de même assez proche de la vérité historique et sait agrémenter l’ensemble d’une bonne dose d’humour. Au-delà de cette figure légendaire, Altman s’attaque à cette société du spectacle capable de créer l’Histoire (« J’ai le sens de l’Histoire » braille Buffalo Bill dans un moment d’énervement, « et c’est moi qui commande ! ») et ainsi s’interroge sur la façon dont se forge un imaginaire collectif, fondement d’une civilisation moderne. Altman maitrise parfaitement cette mise en scène d’une mise en scène, utilisant comme à son habitude de très nombreux personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Joel Grey, Kevin McCarthy, Harvey Keitel, Geraldine Chaplin, Burt Lancaster
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Altman sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Altman chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Loin du mythe largement accepté comme vérité historique, le chasseur de bisons William Frederick Cody (alias Buffalo Bill) a été un showman qui s’est forgé un personnage de légende en créant un spectacle mettant en scène des scènes de la vie dans l’Ouest et des batailles contre les indiens. Buffalo Bill faisait jouer à de vrais indiens leurs propres rôles ce qui contribua à l’immense popularité de son spectacle. Le cinéma, juste naissant, lui a permis d’accentuer davantage son image. Il a ainsi créé et répandu dans l’imaginaire collectif le mythe du Far-West et ses codes vestimentaires (on lui doit les chapeaux, les chemises, les foulards, les coiffes de plumes pour les indiens, etc.) Son spectacle a même tourné en Europe : ses représentations à Paris en 1905 ont attiré plus de 3 millions de spectateurs ! Le mythe de Buffalo Bill a été ensuite largement entretenu par le cinéma. C’est un superbe exemple de « légende qui dépasse la réalité »…

* Dès 1894, William Frederick Cody apparaît dans de petits films où il joue son propre rôle, le plus souvent des extraits de son show. IMDB liste ainsi 20 films où il apparait entre 1894 et 1917, l’année de sa mort.

2 réflexions sur « Buffalo Bill et les indiens (1976) de Robert Altman »

  1. Vous allez dire que je me répète mais je trouve là aussi qu’il s’agit d’un film pour initié : en France, nous n’avons pas idée de l’importance du mythe Buffalo Bill aux US et donc, si on ne comprend pas qu’il s’agit d’une attaque en règle contre un mythe, on voit un film avec un personnage plutôt rasoir.

  2. Je suis assez d’accord avec vous cette fois… 😉 Et même plus qu’une attaque en règle, c’est une véritable entreprise de démolition d’un mythe qui est presque l’un des piliers d’une civilisation. J’avais vu ce film il y a… disons longtemps et je me souviens de ne pas l’avoir apprécié du tout. L’avais-je pris au premier degré, en quelque sorte, sans saisir sa portée sur le fond ? C’est possible… ou est-ce simplement que je recherche aujourd’hui autre chose dans les films que je regarde ? Possible aussi… (enfin, que je recherche autre chose aujourd’hui, c’est (heureusement pour moi) indéniable, mais est-ce la seule raison de cette différence de jugement, c’est cela dont je ne suis pas sûr.) 🙂

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