2 janvier 2014

Mon petit poussin chéri (1940) de Edward F. Cline

Titre original : « My Little Chickadee »

Mon petit poussin chériAlors qu’elle vient d’être expulsée d’une petite ville de l’Ouest pour avoir été courtisée par le Bandit Masqué, une ex-chanteuse de Chicago rencontre un bonimenteur de foire et le prend pour un riche commerçant… Réunir deux grandes stars de l’humour telles que Mae West et W.C. Fields était en soi un projet réjouissant. Tous deux sont des rois de la répartie et leur confrontation laissait présager de belles joutes verbales. Le résultat est hélas décevant, sans doute parce qu’il est délicat de faire ainsi cohabiter deux comédiens au caractère si affirmé. Mae West et Fields ne s’entendaient guère et cela se sent à l’écran, ils n’ont réellement que peu de scènes communes et encore moins de vrais face-à-face. L’histoire est habilement amenée, la plus grande partie du scénario aurait été écrit par Mae West. C’est d’ailleurs l’actrice qui est la plus brillante des deux, nous gratifiant de ses légendaires réparties à double sens et profitant de belles trouvailles de scénario. W.C. Fields n’est pas à son meilleur. My Little Chickadee comporte toutefois de bons moments mais l’ensemble aurait pu être bien supérieur avec deux acteurs jouant vraiment ensemble…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mae West, W.C. Fields, Joseph Calleia, Margaret Hamilton, Donald Meek
Voir la fiche du film et la filmographie de Edward F. Cline sur le site IMDB.

Voir les autres films de Edward F. Cline chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Pour le mot de la fin, chacun fait la satire de l’autre. W.C. Fields reprend l’une des phrases les plus célèbres de Mae West : « Why don’t you come up and see me sometime ? » (prononcée dans She done him wrong, 1933). Et Mae West répond à la manière de Fields : « Mmm, I will, My Little Chickadee » (expression utilisée de très nombreuses fois par WC Fields).
* A ce moment de sa carrière, Mae West n’a rien tourné depuis Every Day’s a Holiday (1937), son dernier film pour la Paramount où elle a tourné ses meilleurs films.
* A la suite d’une dispute, W.C. Fields aurait quitté le plateau pour ne plus revenir. Un tiers du film utiliserait une doublure portant un masque (information, un peu étonnante tout de même, trouvée seulement sur IMDB).

23 février 2012

Je ne suis pas un ange (1933) de Wesley Ruggles

Titre original : « I’m No Angel »

Je ne suis pas un angeLa belle Tira est danseuse et dompteuse de lions dans une foire ambulante. Par besoin d’argent pour se tirer d’un mauvais pas, elle accepte de faire un numéro dangereux où elle met sa tête dans la gueule d’un lion. Se basant sur les prédictions d’un fakir de foire, elle attend de rencontrer un homme riche et, en attendant, multiplie les conquêtes… Troisième film de Mae West, Je ne suis pas un ange cherchait à capitaliser sur le succès de She Done Him Wrong. L’actrice se remet en tandem avec le jeune Cary Grant et, bien entendu, continue à jouer son personnage de femme provocante au déhanchement exagéré, personnage proche de la caricature qui aligne les répliques à double sens sexuel. L’histoire s’enlise un peu pendant la première moitié du film, où Mae West s’amuse à jouer la dompteuse, Je ne suis pas un ange mais tient ses promesses sur la seconde avec une scène de procès absolument jubilatoire : Mae West décide en effet d’interroger elle-même les témoins de l’accusation et c’est un festival de bons mots. Bien entendu, il y a là largement de quoi réveiller la censure et énerver la League of Decency : les films de Mae West ont indéniablement renforcé leur détermination à agir. Je ne suis pas un ange connut un très grand succès, Mae West apportant un succès supplémentaire à Paramount qui était alors mal en point.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mae West, Cary Grant, Edward Arnold, Ralf Harolde
Voir la fiche du film et la filmographie de Wesley Ruggles sur le site IMDB.
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Remarques :
C’est Mae West qui écrivait elle-même ses scénarios et ses dialogues.
Exemple-type de réplique :
– Tira, comment avez-vous fait pour avoir une telle quantité d’hommes dans votre vie ?
– Vous savez, ce n’est pas la quantité d’hommes dans votre vie qui est important, c’est la quantité de vie qu’il y a dans vos hommes !
(It’s not the men in your life that matters, it’s the life in your men.)
D’autres sont plus difficiles à traduire sans casser le jeu de mots :
– Tira, you’ve been very good
– When I’m good, I’m very good. When I’m bad, I’m better.

C’est dans Je ne suis pas un ange que Mae West dit sa célèbre phrase « Beulah, peel me a grape » (Beulah est le nom de sa femme de chambre). Cette phrase lui aurait été inspirée par l’observation de son singe apprivoisé qui raffolait de raisin et qui pelait tous les grains avant de les engloutir. Cette phrase est devenue ultra-célèbre pour exprimer une certaine langueur luxueuse. Dave Frishberg a écrit une chanson intitulée « Peel me a grape », chantée par Anita O’Day dans les années 60 et reprise plus récemment par Diana Krall qui en fait un grand succès.

26 novembre 2011

Lady Lou (1933) de Lowell Sherman

Titre original : « She Done Him Wrong »

Lady LouUn saloon du New York des années 1890 est tenu par un politicien véreux mais c’est Lou, tenancière et chanteuse, qui fait tomber tous les hommes qui passent à sa portée… She Done Him Wrong est le second film tourné Mae West mais c’est le premier où elle tient le haut de l’affiche. Le film est adapté de sa propre pièce, Diamond Lil, qui avait eu un grand succès à Broadway. C’est ce film qui va établir son personnage haut en couleur : provocante, aguicheuse et ne parlant que par phrases à double sens (sexuel évidemment). Avec son déhanchement exagéré, son personnage est très proche de la caricature. Ses robes, ultra serrées, étaient cousues directement sur elle. Mais ce sont les dialogues qui forment l’élément le plus savoureux du film, incroyablement chargés de sous-entendus et d’allusions. Nous sommes en 1932 avant la généralisation du Code Hays (règles de censure puritaine) et cela se sent ! Même les chansons sont pleines de doubles sens: “I Wonder Where My Easy Rider’s Gone”, “A Guy What Takes His Time”. Bien entendu, nous ne sommes pas ici dans la petite dentelle, c’est de l’humour assez percussif mais, à condition de ne rien prendre au sérieux, cet humour fonctionne bien. She Done Him Wrong fut un énorme succès, ce dont la Paramount avait bien besoin à l’époque, et lancera le phénomène Mae West. Le film sera également un tremplin pour Cary Grant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mae West, Cary Grant, Owen Moore, Gilbert Roland, Noah Beery, David Landau
Voir la fiche du film et la filmographie de Lowell Sherman sur le site IMDB.

Remarques :
* Noah Beery est le frère de Wallace Beery.
* C’est Mae West qui a découvert Cary Grant parmi les petits acteurs de la Paramount et qui a poussé pour qu’il ait un rôle de premier plan dans Blonde Venus avec Marlene Dietrich, tourné peu avant Lady Lou (Marlene Dietrich et Mae West étaient en très bon termes).
* Le titre est dérivé des paroles d’une chanson traditionnelle américaine appelée Frankie and Johnny que Mae West chante dans le film (en détournant un peu les paroles).
* Le film a été tourné en 18 jours pour un budget très réduit.

7 octobre 2011

Annie du Klondike (1936) de Raoul Walsh

Titre original : « Klondike Annie »

Annie du KlondikeRose Carlton, chanteuse de cabaret, s’enfuit sur un cargo après avoir poignardé son protecteur qui la retenait prisonnière. Sur le bateau, elle rencontre une missionnaire de l’Armée du Salut qui décède peu après. Recherchée par la police, Rose prend la place de la missionnaire et arrive ainsi au Klondike… Le scénario de Annie du Klondike est assez surprenant. C’est Mae West elle-même qui l’a écrit d’après sa pièce  Frisco Kate écrite en 1921. Il est surprenant car il est étonnamment sage bien que, comme on s’en doute, Mae West sera une missionnaire assez inhabituelle. L’actrice s’amuse avec son image. Il n’était toutefois pas encore assez sage pour la censure qui imposa des coupes (1) ; Mae West était la bête noire de la censure avec ses attitudes provocantes, son déhanchement si particulier et ses jeux de mots souvent très connotés sexuellement (2). Annie du Klondike est une amusante comédie, calme et plutôt bien équilibrée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mae West, Victor McLaglen, Phillip Reed, Helen Jerome Eddy
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.
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Remarques :
(1) La censure fit enlever la scène où Mae West se bat avec son protecteur chinois : alors qu’il tente de la poignarder car elle cherche à s’enfuir, c’est elle qui le poignarde un peu accidentellement avec sa fameuse dague. Cette scène fait cruellement défaut car la transition est abrupte. La censure fit également enlever la scène où Mae West habille en prostituée la missionnaire décédée pour leurrer la police. 8 minutes sont ainsi perdues.

(2) « Give a man a free hand and he’ll try to put it all over you » (jeu de mot sur le double sens de free hand = « laissez un peu de liberté à un homme et il essayera de vous mettre la main partout » ou « laissez un homme avoir une main libre et il essayera de vous la mettre partout ».)
Autres bonnes réparties :
(parlant des hommes) Between two evils, I always pick the one I never tried before.
(à son partenaire) You ain’t no oil painting but you’re a fascinating monster.

Chansons interprétées par Mae West :
* I’m an occidental woman in an oriental mood for love
* Mister Deep Blue Sea.