19 octobre 2023

Saint Omer (2022) de Alice Diop

Saint OmerRama, jeune romancière d’origine sénégalaise, assiste au procès de Laurence Coly à la cour d’assises de Saint-Omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France…
Saint Omer est un film français réalisé par Alice Diop. Il s’agit de la première fiction de la réalisatrice, auparavant autrice de plusieurs documentaires. C’est le récit du procès réel de Fabienne Kabou, une mère sénégalaise qui, en 2013, avait laissé sa fille de 15 mois sur une plage de Berck-sur-Mer à la marée montante. Alice Diop s’était rendue sur place pour assister au procès après avoir vu une simple photo de la jeune femme et s’être identifiée à elle. Son récit est presque documentaire, l’essentiel du film se déroule dans une petite salle d’audience. La réalisatrice a semé quelques références, soit pour justifier sa démarche (Marguerite Duras et la Tondue de Nevers de Hiroshima Mon Amour), soit pour donner de l’ampleur (le mythe de Médée). Quelques scènes additionnelles (que l’on suppose liées à l’histoire personnelle de la romancière) sont insérées. On peut être touché par cette histoire ou trouver que tout cela manque de sens et ne débouche sur rien. Bon accueil critique. César 2023 du Meilleur premier film.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville, Aurélia Petit, Xavier Maly
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Kayije Kagame dans Saint Omer de Alice Diop.

11 janvier 2015

La Lumière (1987) de Souleymane Cissé

Titre original : « Yeelen »

La lumièreDans une communauté Bambara, au Mali à une époque non définie (1), un jeune homme est sur le point de recevoir le komo, un savoir qui permet de maitriser les forces qui nous entourent. Le père supporte mal qu’il devienne son égal et même le dépasse. Pressentant qu’il veut tuer son fils, la mère éloigne le jeune Bambara et l’envoie rejoindre son oncle afin qu’il puisse acquérir suffisamment de connaissance pour affronter son père… Yeelen est le récit d’un parcours initiatique. C’est un film d’une grande complexité symbolique et il faut bien avouer qu’il est certainement difficile, pour un spectateur non africain du moins, d’en percevoir toutes les significations. Mais les thèmes évoqués sont forts, ce sont les grands mythes de l’humanité, et le but ultime est  l’aube d’une ère nouvelle, comme en témoigne la très belle fin. Dans sa forme, le récit s’apparente à une tragédie grecque, et la volonté d’un père de tuer son fils renforce cette impression. Plastiquement, le film est en outre très beau ce qui contribue à le rendre assez fascinant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Issiaka Kane, Niamanto Sanogo, Balla Moussa Keita
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Pour en savoir plus :
* Yeelen ou la sorcellerie filmée, une intéressante étude de David-Pierre Fila sur le site Africiné, une étude qui analyse en outre l’engouement des films de sorcellerie pour le spectateur africain.
* La Lumière de Souleymane Cissé, un livre de Samuel Lelièvre aux éditions L’Harmattan (2013)

(1) L’auteur situe l’histoire de Yeelen dans le passé, dix siècles plus tôt, mais elle est fondamentalement atemporelle.

La lumière (1987) de Souleymane Cissé
Une lumière nouvelle… image finale de Yeelen de Souleyman Cissé.

29 décembre 2013

À perdre la raison (2012) de Joachim Lafosse

À perdre la raisonA perdre la raison s’inspire d’un fait divers particulièrement tragique survenu en Belgique en 2007, un quadruple infanticide commis par une jeune mère de famille. Joachim Lafosse a pris le parti de nous dévoiler l’issue de ce drame dès les premières minutes, tout le film étant ensuite un flashback. La mise en place est alors assez longue malgré de très grandes ellipses. Il nous fait ensuite suivre la lente descente de cette jeune femme sans excès de sentimentaliste, nous dévoilant plus un faisceau d’indices, de petits éléments qui pris isolément peuvent être considérés inoffensifs et anodins mais qui, ensemble, vont conduire à une issue tragique. Toutefois, il ne parvient pas à fournir réellement d’explication, se refugiant derrière la « perte de raison ». Son film est toutefois assez remarquable par sa façon de montrer comment une tragédie peut avoir été engendrée par ce qui lui est normalement antinomique : la douceur, la sécurité, l’empathie. Sur ce point, le personnage du docteur/père/protecteur tenu par Niels Arestrup est remarquablement bien écrit, avec beaucoup de finesse. Le réalisateur belge fait donc, une fois de plus, preuve d’une grande sensibilité.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Niels Arestrup, Tahar Rahim, Émilie Dequenne
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