20 novembre 2013

Le Désert rouge (1964) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « Il deserto rosso »

Le désert rougeDans la région industrielle de Ravenne en Italie, Guiliana (Monica Vitti) tente de retrouver un équilibre après une tentative de suicide. Ne pouvant trouver de l’aide auprès de son mari, ingénieur industriel, elle se rapproche de l’un de ses amis Corrado sur le point de partir en Patagonie… Ecrit par Michelangelo Antonioni et Tonino Guerra, Le Désert rouge est le premier film en couleurs du cinéaste. C’est une réflexion sur l’Humain. Guiliana est totalement désemparée devant son impuissance à s’intégrer dans ce monde qui a trop vite évolué. Les machines sont triomphantes, elles semblent avoir pris le pas sur l’homme, elles éructent de grands jets de vapeur ou de fumées toxiques ; elles défigurent le paysage, rendent la terre inhumaine. Dans cet univers froid, les rapports entre les humains se distendent : une tentative de récréer une sociabilité sera vaine (scène de la cabane). Même les activités sexuelles perdent de leur attrait, elles n’apportent pas de réponses à nos questions existentielles. On retrouve donc ici ce thème de l’incommunicabilité commun à de nombreux films du cinéaste.  C’est seulement au pays des contes pour enfants que la Terre idéale existe encore : paradis perdu, paradis à reconquérir ou prospective de « l’après » ? C’est à nous de le dire. Sur la forme, Antonioni utilise largement les flous, les vapeurs ou la brume pour renforcer son propos (désarroi, déshumanisation), il introduit la couleur progressivement : désaturée au début du film, presque monochrome, l’image se teinte parfois par grandes zones pour appuyer sur un état psychologique particulier. Avec ses couleurs éclatantes, la grande scène du conte pour enfants tranche avec le reste du film dont les dominantes restent ternes. Dans cette Italie des années soixante alors en pleine ré-industrialisation, Le Désert rouge proposait une réflexion que l’on peut trouver toujours d’actualité aujourd’hui.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Monica Vitti, Richard Harris, Carlo Chionetti
Voir la fiche du film et la filmographie de Michelangelo Antonioni sur le site IMDB.

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Remarque :
Dans Le Désert rouge, il y a un très beau plan qui résume presque tout le film à lui tout seul. C’est celui où le petit groupe part de la cabane (fuyant le bateau en quarantaine) et où Guiliana regarde le groupe. Tous sont écartés les uns des autres, immobiles et silencieux, comme figés, et la une brume s’insinue entre eux pour les faire presque disparaître. La scène est à la fois très belle et puissamment chargée de signification.

29 mai 2013

The Descendants (2011) de Alexander Payne

The DescendantsSa femme étant tombé dans un coma profond à la suite d’un accident de bateau, Matt doit se rapprocher de ses deux filles, âgées de 10 et 17 ans, tout en gérant la vente d’un grand terrain appartenant à sa famille… Adaptation d’un roman de Kaui Hart Hemmings, The Descendants mêle habilement l’ironie et le drame, avec juste quelques effets faciles pour générer l’émotion, mais sans excès. Alexander Payne traite une nouvelle fois d’une crise existentielle masculine, ici la délicate reconstruction d’une harmonie familiale, et le fait avec une certaine sensibilité. L’histoire se déroule à Hawaï, terre natale de l’auteure du roman qui utilise les différentes iles de l’archipel pour créer une métaphore de l’éclatement de la famille. L’ensemble est assez léger et facile à regarder.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George Clooney, Shailene Woodley, Amara Miller, Nick Krause
Voir la fiche du film et la filmographie de Alexander Payne sur le site IMDB.

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The DescendantsShailene Woodley, George Clooney et Amara Miller dans The Descendants de Alexander Payne.

5 mai 2012

Greenberg (2010) de Noah Baumbach

GreenbergProfitant de la maison de son frère parti avec sa famille à l’autre bout du monde, Roger Greenberg revient de New York passer quelque temps à Los Angeles pour musarder quelque peu. Il rencontre Florence qui travaille chez son frère comme assistante personnelle… Production à petit budget, Greenberg est une comédie mélancolique, vaguement existentielle. Si la base de départ est intéressante, le film pêche par son manque de consistance, les personnages n’ayant finalement que bien peu de profondeur. On reste au niveau de la simplicité. Le parallèle entre Roger et Florence, deux personnages censés se ressembler malgré une génération de différence, n’est guère convaincant. Ben Stiller, que l’on a l’habitude de voir dans des rôles simples et comiques, peine à apporter un peu de complexité dans son jeu. Greta Gerwig, dont la prestation a enchanté les critiques, montre pourtant ses limites dans les scènes qui auraient mérité une certaine intensité. De l’intensité, le film n’en a d’ailleurs à aucun moment.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ben Stiller, Greta Gerwig, Rhys Ifans
Voir la fiche du film et la filmographie de Noah Baumbach sur le site IMDB.