12 janvier 2006

L’intrus (1949) de Clarence Brown

Titre original : « Intruder in the Dust »

L'Intrus Elle :
Cette adaptation du roman de William Faulkner est un beau plaidoyer contre le racisme et l’intolérance. Au cinéma, en pleine période du maccarthisme, ce thème était rarement abordé. Un noir est accusé de meurtre sans enquête préalable à cause de sa couleur. C’est le sud des Etats-Unis où le racisme anti-noir est très ancré. Clarence Brown s’attarde sur des plans de foule qui veut lyncher le prisonnier et choisit de mener l’enquête par l’intermédiaire d’un adolescent qui n’est pas encore rempli de préjugés. Le ton est sobre, la mise en scène dépouillée, les silences sont pesants et la stature de Lucas, le noir accusé de meurtre, est imposante.
Note : 5 étoiles

Lui :
Parfaitement mis en scène et avec un scénario sans faille, L’intrus traite du problème du racisme sans surenchère de scènes frappantes et faciles. Il prône surtout le triomphe de la raison. Tourné sans acteur connu, le film n’en a que plus de force.
Note : 5 étoiles

Acteurs: David Brian, Juano Hernandez, Claude Jarman Jr.
Voir la fiche du film et la filmographie de Clarence Brown sur le site IMDB.

Voir les autres films de Clarence Brown chroniqués sur ce blog…

12 janvier 2006

Beijing bicycle (2001) de Wang Xiaoshuai

Titre original : « Shiqi sui de dan che »

Beijing bicycle Elle :
Film chinois contemporain qui nous propose un regard intéressant et interrogateur sur la société chinoise à Pékin. On se sent plein de curiosité pour cette ville en activité. Le réalisateur filme les mutations à l’occidentale, la rigidité des codes, l’écart de niveau de vie entre les plus aisés et les pauvres. Le vélo y est roi et représente un trésor inestimable pour les plus mal lotis. C’est le cas pour ce jeune chinois qui se le fait voler et cherche à le récupérer à tout prix. On assiste à ses recherches, ses confrontations houleuses avec son patron et ses clients, ses combats de rue avec d’autres adolescents. Ce périple urbain qui donne l’occasion de nous plonger au coeur de cette société en mutation est malgré tout un peu lent. Il y a peu de dialogues. Le réalisateur mise sur les silences, les regards, les cadrages fixes pour faire comprendre la situation.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si on suit avec grand intérêt le début du film qui nous plonge dans l’univers d’une grande ville chinoise, le scénario s’enlise hélas un peu ensuite, avec des histoires de règlements de compte assez extravagants. C’est d’autant plus dommage que de nombreuses facettes du scénario sont laissées à l’abandon et le réalisateur reste sur l’obstination de son héros. On sent qu’il y aurait pu avoir là un très beau film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lin Cui, Li Bin, Zhou Xun
Voir la fiche du film et la filmographie de Wang Xiaoshuai sur le site IMDB.

12 janvier 2006

« En jouant ‘Dans la compagnie des hommes’ » (2003) d’ Arnaud Desplechin

En jouant ‘Dans la compagnie des hommes' Elle :
Abandon au bout de 30 minutes. Le film est surtout ennuyeux par sa forme : caméra DV cahotante, images floues, mauvaise qualité de son… Le cinéma doit-il basculer dans la ciné réalité pour faire plus vrai…? Dommage, la forme nuit au fond.
Note : pas d'étoile

Lui :
L’ensemble est rendu très confus par une façon de filmer cahotante (caméra à l’épaule, aucune image nette, plans sans intérêt) et aussi par une mise en place du scénario erratique. Il est bien difficile de s’intéresser… Abandon.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Sami Bouajila, Jean-Paul Roussillon, Hippolyte Girardot
Voir la fiche du film et la filmographie de Arnaud Desplechin sur le site IMDB.

Voir les autres films de Arnaud Desplechin chroniqués sur ce blog…

11 janvier 2006

Nos années sauvages (1991) de Wong Kar-wai

Titre original : « A fei jing juen »

Nos Années Sauvages Elle :
C’est par une mise en scène brillante que Wong Kar-wai porte son regard sur une jeunesse désoeuvrée, sans but et sans amour. Le jeune Yuddy passe d’une femme à l’autre après avoir assouvi ses désirs et rêve de retrouver la mère qu’il n’a jamais connue. Ses proies dont l’une est interprétée par la belle Maggie Cheung préfèreraient le mariage. Ces personnages se font face sans jamais se comprendre et expriment leurs frustrations dans la torpeur de petits appartements vétustes, dans les couloirs et passages sombres ou sous la pluie de la mousson. Les éclairages de mi-obscurité sont superbes; la caméra est fluide et donne l’impression de voler. Elle frôle des visages pour mieux exprimer les tourments qui les animent. Le montage subtil est rythmé par des accélérations, des gros plans. C’est du grand cinéma malgré parfois l’impression d’attendre on ne sait quoi.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film est à la fois une chronique de fin d’adolescence, sur la difficulté de passer à l’âge adulte (ce qui lui a valu d’être parfois surnommé La Fureur de Vivre asiatique) mais aussi et surtout sur les difficultés de communication : les personnages se croisent sans se rencontrer, se cherchent sans se trouver, questionnent sans obtenir de réponse. Wong Kar-wai a su créer un climat qui se révèle épais sans être lourd, noir sans être sombre, grâce à une mise en scène assez délicate. Au désoeuvrement de ses personnages, il oppose une caméra mobile et douce qui semble parfois effleurer les corps. Très belle photographie, avec un jeu sur les éclairages et des clairs-obscurs que l’on aurait cru réservés au noir et blanc.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Leslie Cheung, Maggie Cheung, Andy Lau
Voir la fiche du film et la filmographie de Wong Kar-wai sur le site IMDB.

Voir les autres films de Wong Kar-wai chroniqués sur ce blog…

10 janvier 2006

The king of Marvin Gardens (1972) de Bob Rafelson

The King of Marvin Gardens Elle :
Atlantic City, une station balnéaire toc et déserte, deux femmes névrosées accompagnées de deux frères tout autant « à côté de leurs pompes ». Leur seul objectif  dans la vie est un mauvais plan insensé : acquérir une île à Hawaï par des moyens douteux. Le décor est planté. L’atmosphère est sinistre et les personnages hystériques. Le rêve américain consacré à la puissance de l’argent s’effondre. C’est le néant et ces quatre losers tournent en rond. Les intentions du réalisateur sont louables mais il faut toute de même s’accrocher pour aller jusqu’au bout. Un film assez déprimant.
Note : 2 étoiles

Lui :
Pour son troisième film, Bob Rafelson jette à nouveau un regard sur l’Amérique comme il l’avait fait dans 5 pièces faciles (Five easy pieces). Il nous en dresse un portrait sans illusion, terriblement pessimiste, une vision qui s’inscrivait à l’époque, en 1971, entièrement en contrepoint de la contre culture. Ici, le capitalisme a pratiquement décérébré les personnages principaux qui semblent ne vivre que pour un projet grotesque, en l’occurence créer une sorte de Las Vegas sur une île du Pacifique. Tels des drogués, ils semblent avoir perdu toute notion, ne reconnaissant que leurs chimères liées aux dollars qu’ils ne verront jamais. Un portrait assez dur mais assez visionnaire tout de même.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Bruce Dern, Ellen Burstyn
Voir la fiche du film et la filmographie de Bob Rafelson sur le site IMDB.

9 janvier 2006

Désirs humains (1954) de Fritz Lang

Titre original : « Human desire »

Désirs Humains Elle :
Adaptation à l’américaine de La bête humaine de Jean Renoir tiré du roman de Zola. Fritz Lang transpose le film au moment de la guerre de Corée si bien qu’on est à l’heure des trains électriques. Il imprime fortement au film son style et en fait plutôt un film noir. La tension entre les personnages est forte. C’est plutôt un film psychologique glauque qui révèle la noirceur des sentiments, les tourments intérieurs et les intentions maléfiques. A l’opposé, Renoir mettait en avant le milieu des cheminots et leur vie difficile. Les personnages de Jean Gabin et Julien Carette étaient plus attachants. A partir du même sujet, ces deux réalisateurs de grand talent ont créé deux films très différents.
Note : 4 étoiles

Lui :
J’ai trouvé cette version américaine de La Bête Humaine bien moins intéressante que celle de Renoir. Au lieu d’un grand drame social, nous avons un film noir, c’est à dire où l’aspect policier tient le premier plan. D’autre part, le jeu tout en retenue de Glenn Ford ne fait pas décoller son personnage qui est bien loin d’avoir la force que lui avait donné Gabin.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Gloria Grahame, Broderick Crawford
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.

Voir les autres films de Fritz Lang chroniqués sur ce blog…

Lire nos commentaires sur La Bête humaine de Jean Renoir…

9 janvier 2006

San Francisco (1936) de W.S. Van Dyke

San Francisco Elle :
Le jour de l’an 1906 à San Francisco, c’est la fête dans les rues et les cabarets. Une jeune chanteuse joue son avenir entre Blackie, un patron de bastringue un peu rustre et un directeur d’opéra ennuyeux. Clark Gable incarne avec talent comme souvent le mauvais garçon qui se repent après ses mauvais coups. Cette partie du film est assez bien menée malgré quelques longueurs notamment pendant de longs intermèdes chantés. Le clou du film est le célèbre tremblement de terre de San Francisco qui dure 20 minutes. Pour l’époque, les scènes truffées de trucages sont très impressionnantes et effrayantes. W.S. Van Dyke n’a pas hésité à utiliser un nombre important de figurants. Le film est une vraie réussite sur ce plan là.
Note : 4 étoiles

Lui :
Sans être un grand film, San Francisco se laisse encore regarder avec grand plaisir. Il y a bien sûr ces fameuses scènes du tremblement de terre reconstitué mais le reste du film n’est pas sans intérêt, avec notamment une grande place donnée aux talents de chanteuse de Jeanette McDonald. C’est très classique mais bien fait.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Jeanette MacDonald, Spencer Tracy
Voir la fiche du film et la filmographie de W.S. Van Dyke sur le site IMDB.

8 janvier 2006

Aime ton père (2002) de Jacob Berger

Aime ton père Elle :
Film psychologique sur l’incommunicabilité entre un père et son fils, interprétés par le père et fils Depardieu. En voyant le film, on songe aux problèmes similaires que rencontrent les Depardieu dans la vraie vie alors qu’en fait il s’agit surtout du récit autobiographique du réalisateur. Malgré certaines invraisemblances, on ne reste pas insensible aux souffrances psychologiques du jeune homme qui kidnappe son père afin de le garder quelques heures avec lui et lui confier tous ses tourments qui remontent à l’enfance. Le père écrivain reste fermé et fuit ses responsabilités. Une belle interprétation qui joue également sur les regards, les silences et la colère contenue pendant tant d’années.
Note : 4 étoiles

Lui :
Cette terrible confrontation entre un père et son fils est remarquablement interprétée par le père et le fils Depardieu. Ce choix d’acteur n’est pas innocent et donne certainement une dimension supplémentaire au film. Même si le scénario a choisi un cas assez exceptionnel (un écrivain prix Nobel), il y a une dimension profondément humaine dans ce film qui lui donne une portée très large et générale. Et une forte authenticité…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Guillaume Depardieu, Sylvie Testud, Julien Boisselier
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacob Berger sur le site IMDB.

8 janvier 2006

Harry Potter à l’école des sorciers (2001) de Chris Columbus

Titre original : « Harry Potter and the Sorcerer’s Stone »

Harry Potter à l'école des sorciers Elle :
J’ai fait un effort mais j’ai abandonné au bout d’une heure. Je ne suis pas du tout réceptive à la magie d’Harry Potter.
Note : pas d'étoile

Lui :
Je m’attendais à n’être que moyennement intéressé par ce film mais j’ai été agréablement surpris : le scénario, tout en restant assez classique dans ses ingrédients, est parfaitement mis en place et le réalisateur a trouvé le ton juste, sans jamais abuser des effets faciles, et surtout il a su parfaitement transcrire à l’écran le côté magique de l’univers d’Harry Potter, forçant l’émerveillement chez nous, spectateurs. Il y a une délicatesse certaine dans cette adaptation, délicatesse que l’on aimerait voir plus souvent dans les grosses productions hollywoodiennes…
Note : 5 étoiles

Acteurs: Daniel Radcliffe, Maggie Smith, Robbie Coltrane
Voir la fiche du film et la filmographie de Chris Columbus sur le site IMDB.

7 janvier 2006

« Fahrenheit 9/11 » (2004) de Michael Moore

Fahrenheit 9/11 Elle :
Avec ce documentaire au style rentre dedans, Michael Moore a tenté en vain de renverser le cours de l’élection présidentielle américaine en employant les méthodes expéditives de Bush. La première partie du film est épuisante à regarder. On est submergé par une avalanche de dialogues, d’informations, de musique et de sons désagréables. Il est bien difficile de prendre le temps de réfléchir. La partie consacrée à l’Irak est la plus intéressante à regarder car la guerre sale ainsi que les sombres confidences des soldats que les médias répugnaient à mettre à l’écran, sont exposées au grand jour. Même si les intentions de Michael Moore sont louables, ce n’est pas un grand film. La démonstration est trop caricaturale et simpliste et la mise en scène est confuse et heurtée.
Note : 2 étoiles

Lui :
La première partie, qui porte entre autres sur les relations de George Bush avec l’argent d’Arabie Saoudite, est conçue comme un gigantesque et interminable clip : montage survolté, musique à fond sur un flot de paroles ininterrompu, assez pénible et surtout fatiguant à regarder. La seconde partie, qui traite de la réalité de la guerre en Irak, est plus intéressante car il y montre des images peu diffusées. Globalement le film ne convainc pas vraiment, Moore assène des uppercuts et cherche à créer des chocs plus qu’à apporter vraiment des arguments. On peut aussi ne pas approuver ce principe qui veut que la fin justifie les moyens, du style « tous les procédés sont permis à partir du moment où l’on a une cause juste ». Vu avec du recul (en ce début 2006), on peut se dire que Michael Moore a essayé d’agir avec les moyens qu’il avait pour bloquer la réélection de George Bush. Cela n’a pas réussi. Ce film ne restera certainement pas parmi ses plus marquants.
Note : 2 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Moore sur le site IMDB.