29 octobre 2007

La tourneuse de pages (2006) de Denis Dercourt

La tourneuse de pagesElle :
Une jolie surprise qui sort des sentiers battus : avec La Tourneuse de Pages, Denis Dercourt nous introduit avec beaucoup de crédibilité dans l’univers des pianistes, univers musical qu’il connaît fort bien puisqu’il fait lui-même partie de jurys de conservatoire. Le réalisateur joue avec les contrastes comme pour donner le tempo : froideur, violence, beauté, grâce, délicatesse. Telles sont les sensations qui animent une grande pianiste, interprétée par une Catherine Frot à contre-emploi, et une jeune femme qui devient sa tourneuse de pages mais qui fut éliminée 10 ans plus tôt du conservatoire de piano par la faute de cette même pianiste. Coïncidence ou hasard ? Denis Dercourt n’hésite pas à recourir à l’ambiguïté puisqu’on sent une réelle fascination amoureuse entre les deux femmes. A la limite du thriller glacé ou d’une histoire d’amour, Denis Dercourt fait constamment souffler le froid et le chaud. Un beau film.
Note : 4 étoiles

Lui :
Une jeune pianiste de 10 ans échoue à l’entrée du Conservatoire, perturbée par la présidente du jury. Elle va la retrouver (fortuitement ?) 10 ans plus tard. L’histoire de La Tourneuse de Pages n’est guère plausible, du moins faut-il l’espérer. Mais l’intérêt du film de Denis Dercourt n’est pas là ; il est plutôt dans l’atmosphère qu’il parvient à créer, un climat assez perturbant sur le spectateur, surtout lorsque, comme ce fut notre cas, on ne sait absolument pas de quel type d’histoire il s’agit. Le personnage fermé et énigmatique de Mélanie est d’autant plus insondable, personnage qui m’a fait penser à la jeune nurse de La Main sur le Berceau de Curtis Hanson (1992) ; d’ailleurs on peut percevoir, ici aussi, une certaine inspiration hitchcockienne. L’ensemble est bien ficelé avec une Catherine Frot très crédible en grande pianiste, même quand elle est devant un piano (*).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, Déborah François, Pascal Greggory
Voir la fiche du film et la filmographie de Denis Dercourt sur le site imdb.com.

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(*) Contrairement à tant de films où l’on repère en 3 secondes que l’acteur, censé interpréter un musicien, n’a en réalité jamais touché un instrument de musique de sa vie, Catherine Frot joue réellement les morceaux et cela se voit à l’écran (le son est tout de même doublé).

28 octobre 2007

Buena Vista Social Club (1999) de Wim Wenders

Buena Vista Social ClubElle :
Pour apprécier ce film, il faut (beaucoup) aimer la musique cubaine ce qui n’est pas exactement mon cas, je le crains. Ce que filme Wenders à la Havane, c’est le délabrement d’une ville dont la seule joie de vivre est de faire de la musique. Ces grands-pères oubliés sont émouvants et le mérite de Ry Cooder est de les avoir fait découvrir hors de Cuba.
Note : 2 étoiles

Lui :
Wenders aurait pu nous raconter le chemin suivi par Ry Cooder pour retrouver ces musiciens, comment il les a convaincus, etc… Non, il a choisi de mettre bout à bout des mini-interviews pas très intéressantes, des scènes de concert où le son est d’une qualité déplorable et des scènes d’enregistrement. Ajoutez une bonne dose de caméra à l’épaule, des images surexposées ou floues et vous avez un film assez complaisant, plutôt indigne de Wenders.
Note : 1 étoiles

Acteurs:
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27 octobre 2007

La lumière verte (1937) de Frank Borzage

Titre original : « Green light »

La lumière verteElle :
(pas vu)

Lui :
Un jeune chirurgien se laisse accuser du décès de l’un de ses patients afin d’éviter la disgrâce et la ruine à un autre chirurgien plus âgé. Tel est le point de départ de La Lumière Verte qui va permettre à Frank Borzage d’aborder plusieurs grandes questions sur notre rôle sur terre, l’éthique, le sacrifice. Ce dernier thème est appuyé par la présence du personnage du Révérend, avec un parallèle entre médecine et religion, le corps et l’âme… Errol Flynn incarne à merveille ce chirurgien chevaleresque, alliant le charme à une forte détermination morale. Finalement, La Lumière Verte est certainement un film moins anodin qu’il ne paraît au premier abord.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Errol Flynn, Anita Louise, Margaret Lindsay, Cedric Hardwicke
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27 octobre 2007

Le cargo maudit (1940) de Frank Borzage

Titre original : « Strange cargo »

Strange CargoElle :
(pas vu)

Lui :
Après La Lumière Verte, Frank Borzage centre une nouvelle fois un film, non pas sur l’amour et ses pouvoirs, mais sur une forte notion plus spirituelle. Il va cette fois beaucoup plus loin. Le Cargo Maudit suit le périple d’un petit groupe de bagnards qui tentent de s’échapper d’une île-prison en Guyane. L’un d’entre eux, que l’on pourrait appeler un ange pour simplifier (mais dans la scène finale, Cargo maudit Borzage laisse supposer qu’il est même bien plus que cela), va peu à peu les transformer : en chaque homme, le « bon » sommeille et ne demande qu’à être révélé. Clark Gable est bien entendu parfait dans le rôle de mauvais garçon endurci et indomptable ; il partage ici pour la huitième fois l’affiche avec Joan Crawford. Leur talent empreint de connivence n’est toutefois pas suffisant pour rendre le film vraiment convaincant ; peut-être, le sujet était-il un peu trop ambitieux. Le Cargo Maudit reste toutefois un film surprenant et donc intéressant.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Joan Crawford, Clark Gable, Ian Hunter, Peter Lorre
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26 octobre 2007

La méthode (2005) de Marcelo Piñeyro

Titre original : El método

La méthodeElle :
Marcelo Piñeyro nous convie à un jeu de massacre édifiant et cruel entre sept cadres qui postulent pour le même poste. Pour les départager, il les enferme dans un bocal et observe par l’intermédiaire de caméras, leurs comportements et confidences comme des rats de laboratoire tandis qu’une manifestation alter mondialiste se déchaîne au pied de l’immeuble de verre. Tests, présence d’une taupe, mensonges, ruses diaboliques tout est bon pour éliminer son prochain. Les réticences de départ font peu à peu place à la stratégie. Les noirceurs humaines se révèlent. Le réalisateur nous livre un film sociologique d’une grande intensité psychologique. Il y dénonce un type de société où la compétition, l’argent, l’individualisme forcené sont rois. Il met peu à peu à jour les failles des uns et des autres et parvient à nous perdre sur les motivations de chacun.
Note : 4 étoiles

Lui :
Film argentin, La Méthode est un huis clos assez original : sept candidats à un poste de cadre supérieur sont réunis dans une pièce pour être soumis à des tests psychologiques en groupe. C’est donc à une étude comportementale que nous convie le réalisateur argentin Marcelo Pineyro puisque ces tests vont révéler certains aspects de la personnalité de chacun. Malgré le trait un peu grossi et la présence de certains éléments racoleurs (par exemple le fait que les candidats d’éliminent eux-mêmes à la façon d’une émission de télé-réalité), l’ensemble est très crédible grâce à la qualité de l’interprétation qui donne une réelle force dans les échanges. Le propos de fond semble être de fustiger l’individualisme qui prend inévitablement le dessus dans ce genre de compétition, un individualisme encouragé par le durcissement des méthodes de recrutement.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Eduardo Noriega, Najwa Nimri, Eduard Fernández, Pablo Echarri
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25 octobre 2007

Brothers (2004) de Susanne Bier

Titre original : « Brødre »

BrothersElle :
Un film intense, poignant et parfois violent qui analyse avec justesse et sans forcer le trait les difficiles relations familiales qui existent entre deux frères. L’aîné, soldat de l’ONU passe pour mort alors qu’il est en fait, prisonnier en Afghanistan. Son épouse doit survivre ; elle devient très complice avec le second frère. L’intensité dramatique monte d’un cran lorsque sont évoquées les terribles conditions de détention et lorsque ce soldat retrouve la liberté, sa femme et ses enfants. Le regard que porte Susan Bier sur les conflits familiaux me rappelle l’esprit du film Festen dans lequel les frustrations enfouies surgissent avec grande violence et vérité.
Note : 5 étoiles

Lui :
Brothers traite à la fois des relations de deux frères aux parcours très différents et des conséquences psychologiques sur les militaires engagés en Afghanistan sous l’égide de l’ONU. En observant ainsi les relations intrafamiliales, le film peut évoquer Festen de Thomas Vinterberg, impression favorisée par la présence de l’acteur Ulrich Thomsen dans les deux films, mais le traitement est ici complètement différent, moins brut et austère, plus en délicatesse et avec douceur. Cela n’empêche pas Brothers d’avoir beaucoup de force avec même des pics d’intensité assez fréquents. C’est cet équilibre qui est remarquable dans le film de Susanne Bier et qui, au final, le rend très authentique. L’interprétation des 3 acteurs principaux est remarquable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Connie Nielsen, Ulrich Thomsen, Nikolaj Lie Kaas
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24 octobre 2007

Max et Jérémie (1992) de Claire Devers

Max et JérémieElle :
Un petit truand sans plomb dans la cervelle incarné par Christophe Lambert et Philippe Noiret à contre-emploi dans le rôle d’un tueur à gages à la retraite qui reprend du service. Deux personnages seuls dans la vie et qui peu à peu apprennent à s’apprécier pour ne plus se quitter. Cet aspect du film est intéressant. Cependant, ce petit polar a des manques et quelques incohérences ; au final, il n’est pas suffisamment captivant.
Note : 3 étoiles

Lui :
Max et Jérémie est un film assez surprenant qui s’attarde sur les rapports entre deux personnalités totalement opposées. On a un peu de mal au début à croire au personnage de Noiret en tueur professionnel, mais l’ensemble est filmé avec une certaine délicatesse, malgré le sujet, ce qui rend les personnages attachants. Bien-sûr, si l’on prend un peu de recul, on s’aperçoit que les clichés sont nombreux, mais le film se laisse regarder avec plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Christopher Lambert, Jean-Pierre Marielle
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24 octobre 2007

Madame de… (1953) de Max Ophüls

Madame De...Elle :
Malgré les louanges générallement réservées à ce film, je n’ai trouvé aucun ingrédient qui permette d’adhérer au destin des personnages. Bien que ces pauvres comtes et comtesses soient bien malheureux en ménage, on n’éprouve aucune compassion pour leur chagrin d’amour. Le film semble avoir bien vieilli.
Note : 2 étoiles

Lui :
Les personnages de cette histoire d’amour contrarié ont des préoccupations et des activités si futiles qu’il est très difficile de s’intéresser au drame poignant qui se déroule sous nos yeux. Mais l’intérêt de l’avant-dernier film d’Ophüls n’est pas là. Il réside plutôt dans forme et son équilibre quasi parfait avec un mouvement constant qui semble parfois nous entraîner.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Boyer, Danielle Darrieux, Vittorio De Sica
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23 octobre 2007

Ripley’s game (2002) de Liliana Cavani

Ripley’s gameElle :
(pas vu)

Lui :
Adaptation du livre du même nom signé Patricia Highsmith, Ripley’s Game ne doit pas être confondu avec Le Talentueux Monsieur Ripley qui a déjà été brillamment adapté par René Clément (Plein Soleil en 1960 avec Alain Delon et Maurice Ronet) et par Anthony Minghella (Le Talentueux Monsieur Ripley en 1999). Ce roman reprend le personnage de Ripley quelque 20 ans après son premier forfait, tout comme Wim Wenders l’avait déjà fait avec L’Ami américain en 1977 dans son style très personnel, en laissant un peu de côté le côté policier de cette histoire. Cette version en revanche lui donne toute sa place et nous découvrons qu’elle se révèle hélas bien peu intéressante. Le film ne tient que par la présence de John Malkovitch qui excelle dans son rôle de truand classieux, parfaitement amoral mais plein de charme. Ce rôle lui va comme un gant et c’est un vrai plaisir de le voir évoluer pendant la première moitié du film. Hélas, dès qu’il apparaît un peu moins, nous retrouvons une histoire de faible intérêt et mise en scène de façon assez terne.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: John Malkovich, Dougray Scott, Ray Winstone, Lena Headey
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22 octobre 2007

Paris, je t’aime (2006) de 18 réalisateurs

Liste des réalisateurs : (par ordre alphabétique)
Olivier Assayas, Frédéric Auburtin, Emmanuel Benbihy, Gurinder Chadha, Sylvain Chomet, Ethan Coen, Joel Coen, Isabel Coixet, Wes Craven, Alfonso Cuarón, Christopher Doyle, Richard LaGravenese, Vincenzo Natali, Alexander Payne, Bruno Podalydès, Walter Salles, Oliver Schmitz, Nobuhiro Suwa, Daniela Thomas, Tom Tykwer, Gus Van Sant

Paris, je t'aimeElle :
Un défi audacieux de réunir une vingtaine de réalisateurs et acteurs de renom pour rendre hommage à Paris et au cinéma. Un projet difficile puisqu’il fallait réussir à articuler ce maillage filmique de façon fluide, en créant des résonances d’un film à l’autre. Les réalisateurs avaient des contraintes très strictes sur le temps de tournage et la durée de cinq minutes par film, contraintes qui nuisent un peu à l’ensemble puisque chaque film étant très court, il est parfois difficile de bien s’immerger dans certains univers qui semblent un peu confus. Bien que le résultat soit parfois inégal, le pari est en partie tenu. Il ressort de ces dix-huit visages de ce Paris cosmopolite de bons moments de beauté, de frivolité, de joie, de tristesse, d’amour et d’humour. Dommage que pas plus de réalisateurs français ne se soient pas davantage investis dans l’aventure.
Note : 3 étoiles

Lui :
En 5 minutes maximum, une vingtaine de cinéastes nous content une histoire d’amour dans un quartier de Paris. Le plateau de réalisateurs et d’acteurs qui se sont prêtés au jeu est assez impressionnant par sa qualité. Le tournage ne pouvait excéder 2 jours et 2 nuits. Les histoires en elles-mêmes sont très courtes, souvent des départs d’histoire. Le principal est plutôt du côté de l’ambiance, de l’univers, du style. Tous sont très différents et malgré la succession rapide, on ne ressent que très peu un effet de fatigue. La séquence des frères Coen est un petit bijou d’humour.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bruno Podalydès, Steve Buscemi, Juliette Binoche, Nick Nolte, Gena Rowlands, Ludivine Sagnier, Fanny Ardant, Elijah Wood, Bob Hoskins, Hippolyte Girardot, Yolande Moreau, Willem Dafoe, Barbet Schroeder, Catalina Sandino Moreno, Marianne Faithfull, Alexander Payne, Rufus Sewell, Melchior Beslon, Natalie Portman, Gérard Depardieu, Ben Gazzara
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Liste des segments :
1. Montmartre de Bruno Podalydès
2. Quais de Seine de Gurinder Chadha
3. Le Marais de Gus Van Sant
4. Tuileries de Joel et Ethan Coen
5. Loin du 16e de Walter Salles et Daniela Thomas
6. Porte de Choisy de Christopher Doyle
7. Bastille de Isabel Coixet
8. Place des Victoires de Nobuhiro Suwa
9. Tour Eiffel de Sylvain Chomet
10. Parc Monceau de Alfonso Cuaron
11. Quartier des Enfants Rouges de Olivier Assayas
12. Place des fêtes de Oliver Schmitz
13. Pigalle de Richard LaGravenese
14. Quartier de la Madeleine de Vincenzo Natali
15. Père-Lachaise de Wes Craven
16. Faubourg Saint-Denis de Tom Tykwer
17. Quartier Latin de Gérard Depardieu et Frédéric Auburtin (écrit par Gena Rowlands)
18. 14e arrondissement de Alexander Payne