24 août 2010

Nos souvenirs brûlés (2007) de Susanne Bier

Titre original : « Things We Lost in the Fire »

Nos souvenirs brûlésLui :
Après avoir perdu son mari, une jeune femme rencontre l’ami d’enfance de celui-ci, un ex-junkie qui désire reconstruire sa vie. Tous deux déboussolés, ils vont se rapprocher, chacun devenant une bouée de sauvetage pour l’autre. Produit par Sam Mendes, Nos souvenirs brûlés est le premier film américain de la réalisatrice danoise Susanne Bier. Le sujet n’est pas facile à traiter sans sombrer avec certains travers du grand mélodrame. Effectivement, le film ne parvient pas à éviter ces écueils et de nombreuses scènes (surtout celles impliquant les enfants) tombent dans la facilité et le conventionnel. Toutefois, le film de Suzanne Bier n’est pas sans charme, notamment par les portraits tout en délicatesse des deux personnages principaux. Halle Berry parvient bien à exprimer un certain mélange de révolte et de fragilité mais c’est surtout Benicio Del Toro qui est particulièrement remarquable, montrant toute la complexité de son personnage. Avec son jeu puissant, il porte le film. Néanmoins, on peut globalement regretter que le cinéma de Suzanne Bier ait perdu de son authenticité en traversant l’Atlantique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Halle Berry, Benicio Del Toro, David Duchovny, Alison Lohman
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Remarques :
L’acteur Micah Berry qui interprète le jeune garçon n’a aucun lien de parenté avec Hale Berry.

24 août 2010

La raccomodeuse de filets (1912) de David W. Griffith

Titre original : « The mender of nets »

La raccomodeuse de filetsLui :
(muet, 12 mn) Une jeune raccommodeuse de filets est demandée en mariage par un pêcheur. Celui-ci avait cependant promis la même chose à une autre femme (on nous laisse supposer qu’elle est même enceinte). Le frère veut laver l’honneur de la famille. Ce film est assez étonnant par la force du récit qui est pourtant assez simple à la base. Une fois de plus, Griffith joue sur les attitudes ou les regards pour créer un suspense, une tension et offrir un mélodrame intense. Il montrait alors une extraordinaire maitrise de la mise en scène. A noter la présence conjointe de Mabel Normand et Mary Pickford. Les deux actrices n’ont tourné que deux fois ensemble.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Charles West, Mabel Normand
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23 août 2010

Les aventures de Dollie (1908) de David W. Griffith

Titre original : « The adventures of Dollie »

The Adventures of DollieLui :
(muet, 12 mn) S’agissant du premier film tourné par D.W. Griffith, The adventures of Dollie est en soi assez émouvant : il nous fait en quelque sorte assister à la naissance du premier grand cinéaste américain… L’histoire est assez élaborée : par une journée ensoleillée au bord de l’eau, un père et une mère de famille jouent avec leur toute jeune fille. Celle-ci se fait enlever par un brigand de passage. La fillette est enfermée dans un tonneau qui tombe dans une rivière et finit par être retrouvé. L’ensemble est bien entendu assez primitif, la caméra n’étant pas toujours parfaitement centrée sur l’action, mais le film repose sur un montage plutôt élaboré pour un très bon déroulement du scénario. On remarque déjà la présence d’éléments qui reviendront dans les oeuvres ultérieures de Griffith, notamment  The Adventures of Dollie le thème de la cellule familiale qui doit faire face aux dangers extérieurs et (hélas) une pointe de racisme social ici assez évidente. Le film distille une certaine authenticité, sans ce jeu excessif d’acteur qui caractérisait la plupart des films à cette époque. Le film était considéré comme perdu avant d’être retrouvé dans les années cinquante. Les intertitres ont toutefois disparus (c’est une copie pour archive sur support papier qui a été retrouvée) sans que cela gêne à la compréhension…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Arthur V. Johnson, Linda Arvidson, Gladys Egan, Charles Inslee
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Remarque :
D.W. Griffith tournera près de 500 films courts entre 1908 et 1913, soit une centaine par an!
On retrouvera dans un certain nombre d’entre eux les acteurs jouant ici le père, la mère et la fillette.

23 août 2010

La chambre scellée (1909) de David W. Griffith

Titre original : « The sealed room »

The Sealed RoomLui :
(muet, 11 mn) Adapté d’un roman d’Edgar Poe, La chambre scellée nous emporte à l’époque Renaissance. Un comte fait construire un petit nid d’amour pour lui et sa concubine, une pièce avec une porte pour seule ouverture. Surprenant sa bien-aimée dans les bras de son musicien, il va les enfermer en murant cette porte. L’action est ici assez réduite, Griffith s’efforçant de créer avant tout un certain suspense. Il se concentre sur le trio principal et joue en partie avec les regards. A noter la présence dans des rôles de figuration de Mack Sennett (l’un des soldats) et de Mary Pickford (l’une des courtisanes).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Arthur V. Johnson, Marion Leonard, Henry B. Walthall
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23 août 2010

Les spéculateurs (1909) de David W. Griffith

Titre original : « A corner in wheat »

Le spéculateur en grainsLui :
(muet, 14 mn) Un magnat spécule pour faire monter les cours à la Bourse du blé, ce qui fait doubler le prix du pain. Le film est remarquablement bien construit et rythmé, Griffith opposant par un montage judicieux le monde des paysans travailleurs, qui semblent accablés par toute la misère du monde, et le monde de quelques riches citadins, insouciants et profiteurs. Les scènes ont ici beaucoup de force Le spéculateur en grains et, ce, tout au long du film. Le film est vraiment abouti et étonnamment moderne. Une curiosité : un plan faussement fixe, la queue dans la boulangerie, un plan où les acteurs tiennent la pose ; la scène évoque un tableau.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Frank Powell, Grace Henderson, James Kirkwood, Henry B. Walthall
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Remarque :
Les acteurs qui interprètent la femme et la fillette du fermier jouaient dans le tout premier film de Griffith, The Adventures of Dollie. On les retrouve dans de nombreux courts de Griffith.

23 août 2010

Derrière les volets clos (1910) de David W. Griffith

Titre original : « The house with closed shutters »

The House with Closed ShuttersLui :
(muet, 16 mn) Pendant la Guerre de Sécession, une jeune femme Grace Henderson), patriotique exaltée, prend la place de son frère (Henry Walthall) qui se révèle être trop lâche. Elle est tuée sous son identité lors d’un combat et le frère doit rester caché pour sauver l’honneur de la famille.  Le film est largement surjoué par tous les acteurs, ce qui donne une certaine grandiloquence à l’ensemble et lui enlève hélas toute force. En revanche, les scènes d’action et de combats sont assez remarquables, l’une d’entre elles étant en plan large, filmée avec beaucoup de soin et une certaine nombre de figurants, une scène qui préfigure  Naissance d’une Nation.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Henry B. Walthall, Grace Henderson, Dorothy West
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23 août 2010

L’usurier (1910) de David W. Griffith

Titre original : « The usurer »

The UsurerLui :
(muet, 17 mn) Un usurier envoie ses agents collecter l’argent auprès de familles pauvres parfaitement incapables de payer. Ils saisissent les meubles. Comme pour le film Les spéculateurs (Corner in wheat), David Griffith réalise un montage parallèle pour montrer le fort décalage entre les riches profiteurs, dénués de toute compassion, et les pauvres qui luttent pour simplement survivre. Le propos ici est plus brutal puisque l’usurier est qualifié plusieurs fois dans les intertitres de suceur de sang et que sa mort (assez tragique) est présentée comme une délivrance et un bienfait. A noter la présence de Mack Sennett (l’un des usuriers) et de Mary Pickford (la jeune fille couchée et invalide).
Note : 3 étoiles

Acteurs: George Nichols, Grace Henderson, Mack Sennett, Mary Pickford
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23 août 2010

La dernière larme (1911) de David W. Griffith

Titre original : « The last drop of water »

The Last Drop of WaterLui :
(muet, 18 mn) Parmi ses deux prétendants, une jeune fille choisit le moins timide et l’épouse. Quelques mois plus tard, ils se retrouvent tous les trois dans une caravane de chariots en route vers l’Ouest. Attaqués par les indiens en zone désertique, les deux hommes doivent trouver de l’eau. The last drop of water est l’un des premiers westerns de Griffith. Il est entièrement tourné en extérieurs et fait intervenir plusieurs dizaines de figurants. Bien que l’action soit le plus souvent bien centrée sur le trio principal de personnages, le déroulement et le propos restent un peu confus. Les scènes d’attaque des indiens semblent un ton en dessous des scènes de guerre de Sécession que Griffith a précédemment mises en scène dans d’autres films courts.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Blanche Sweet, Charles West, Joseph Graybill
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20 août 2010

Maris aveugles (1919) de Erich von Stroheim

Titre original : « Blind husbands »
Autre titre français : « La loi des montagnes »

Maris AveuglesLui :
(film muet) Après avoir été l’assistant de Griffith ou d’Emerson et joué de nombreux rôles secondaires (1), Erich von Stroheim réalise son premier film en 1919. Il en a écrit le scénario et interprète l’un des trois rôles principaux. Dans un petit village des Alpes autrichiennes, un officier, redoutable homme à femmes, jette son dévolu sur une touriste américaine, épouse négligée par son mari, médecin et alpiniste chevronné. Si cette histoire de triangle amoureux est moins complexe que celle de ses films suivants, Maris Aveugles apparaît fortement marqué par l’empreinte d’Erich von Stroheim : le film comporte déjà cette atmosphère légèrement décadente et bon nombre d’éléments de scénario et de style qu’il poussera ensuite jusqu’à la perfection. La loi des montagnes Le film est franchement en avance sur son époque par le jeu retenu des acteurs et le scénario se déroule, non pas au moyen d’une profusion de mouvements, mais plutôt par des attitudes, des regards, des petits évènements. L’ensemble paraît ainsi beaucoup plus naturel. Maris Aveugles fut un grand succès, critique et populaire, Erich von Stroheim apportant ainsi aux jeunes Studios Universal (qui n’avaient alors que quatre ans d’existence) leur premier grand titre, le premier film pourvoyeur de rentrées financières réelles et d’une reconnaissance artistique. De son côté, Eric von Stroheim aura ensuite les coudées franches pour tourner ses films suivants qui furent ainsi bien plus dispendieux et aussi plus complets et plus aboutis.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sam De Grasse, Francelia Billington, Erich von Stroheim, Gibson Gowland
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Remarques :
La loi des montagnes * Par son contrôle complet sur tous les aspects du film (écriture, interprétation, réalisation) et par sa vision personnelle, Erich von Stroheim peut être ainsi considéré comme le premier véritable auteur de cinéma.
* Il faut signaler que, parmi les films réalisés par Erich von Stroheim, Blind Husbands est le seul qui ne fut pas mutilé par les coupes des Studios : la version de 92 minutes qui est parvenu jusqu’à nous est donc celle qu’a voulu Stroheim (hormis le titre, puisqu’il voulait l’appeler « The Pinnacle », le nom de la montagne qu’ils vont escalader). Il existe toutefois une version de 68 minutes.

(1) Dans la seconde moitié des années 1910, Eric von Stroheim s’est vu rapidement cantonné aux rôles de personnages cyniques et cruels. Son style d’officier prussien guindé était parfait en ces années de guerre pour personnifier les méchants de toutes sortes. Cela lui valut le surnom de « l’homme que vous aimerez haïr » (« the man you love to hate »).

18 août 2010

Harakiri (1919) de Fritz Lang

Madame ButterflyLui :
(film muet) Au tout début de sa carrière, Fritz Lang réalise cette adaptation de l’opéra de Puccini « Madame Butterfly » (1). L’adaptation est très fidèle, le scénario étant très proche du livret : une femme japonaise s’éprend d’un occidental de passage qui l’épouse. Elle attend son retour avec l’enfant qui a vu le jour. Les décors et costumes sont assez soignés, ce qui est assez remarquable quand on pense à la rapidité à laquelle se tournaient les films alors (2). En revanche, il est aujourd’hui assez difficile de ne pas être perturbé par l’apparence très occidentale des acteurs, pas un seul n’a le moindre trait japonais. Globalement, Harakiri n’a pas la force habituelle des films de Fritz Lang mais on peut remarquer quelques scènes remarquables, les plus tragiques. La scène finale est assez stupéfiante dans le sens où elle présente des points communs avec le drame qui a touché Fritz Lang et qui a marqué tous ses films. Seulement en 1919, ce drame n’est pas encore arrivé (3).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Lil Dagover, Niels Prien, Georg John, Meinhart Maur, Rudolf Lettinger
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Honorables homonymes :
Hara-kiri de Marie-Louise Iribe et Henri Debain (1928)
Harakiri de Masaki Kobayashi (1962), superbe film
(ce ne sont pas des remakes, les scénarios sont différents)

(1) Le livret de Madame Butterfly est l’œuvre de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica. Cet opéra de Puccini fut représenté pour la première fois à La Scala de Milan le 17 février 1904, soit seulement 15 ans avant le film de Lang.
(2) Fritz Lang a réalisé 4 longs métrages au cours de la seule année 1919. Celui-ci est le quatrième. De plus, il faut se souvenir que la situation politique de l’Allemagne était très instable : la République de Weimar n’est dotée d’une Constitution qu’à la fin de juillet 1919.
(3) En 1920, Fritz Lang rencontre Théa von Harbou, ils écrivent ensemble les scénarios. Rapidement, ils tombent amoureux l’un de l’autre. Théa von Harbou emménage dans l’immeuble même où habite Fritz Lang et sa femme, Lisa Rosenthal. Un jour de 1921, la femme surprend les deux amants. Sans se montrer, elle remonte dans son appartement et se donne la mort avec une arme à feu appartenant à son mari. C’est du moins la version finalement retenue par la police qui a tout de même interrogé longuement les deux amants. L’hypothèse qu’il pourrait s’agir d’un meurtre a même été émise. Sans aller jusque là, l’évènement est suffisamment traumatisant pour que tous les films ultérieurs de Fritz Lang soient marqués par la culpabilité et l’idée qu’il suffit de peu de choses pour qu’un homme ordinaire devienne un meurtrier, parfois involontaire.
Note: Le déroulement exact de cet évènement tragique reste incertain. Cette version des faits, la plus probable, est celle émise en premier par Patrick McGilligan dans son livre : « Fritz Lang: The Nature of the Beast », St. Martin’s Press, New York (1997)