26 septembre 2008

Le vieux jardin (2006) de Im Sang-soo

Titre original : « Orae-doen jeongwon »

Le Vieux JardinElle :
Ce film coréen sombre et émouvant nous plonge dans deux époques différentes : 1980, période de la junte militaire au pouvoir qui fait arrêter et massacrer les opposants et le début des années 2000, moment où un prisonnier politique est libéré. Le scénario imbrique subtilement passé et présent avec la vie de cet homme aux côtés de son amie qu’il finit par quitter pour retourner à ses activités politiques et le retour à la vie au sortir de la prison. La jeune femme laisse filtrer sur son beau visage son amour pour lui. Le cinéaste joue avec le flou, les reflets, les atmosphères atemporelles, les pauses, les regards, la douceur qui enveloppe les visages et la cruauté des scènes de manifestations. Pas un mot de trop, les images parlent d’elles même ; elles sont de toute beauté.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le Vieux Jardin est l’adaptation d’un roman qui eut un grand succès en Corée du Sud. Paru en l’an 2000, il retrace la vie d’un militant politique au moment de l’instauration de la dictature militaire au début des années 80. (1) Le film est toutefois bien plus qu’un film politique (même s’il nous montre sans équivoque toute la brutalité du régime militaire) car ses personnages ont une profondeur qui lui donne une dimension humaine très forte. Le Vieux Jardin est d’ailleurs plus centré sur la relation de cet activiste avec son amie. Im Sang-soo déstructure totalement la chronologie du récit, le film se présentant comme un flash-back entremêlé de scènes du présent, ce qui est parfois un peu déstabilisant. Son image est très belle, avec des gros plans sur les visages de toute beauté et des plans américains sur les personnages très travaillés. La grande douceur des images crée un fort contraste avec les quelques scènes de manifestations ou de prison. Tous ces éléments contribuent à donner une indéniable profondeur au film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Yum Jung-ah, Ji Jin-hee
Voir la fiche du film et la filmographie de Im Sang-soo sur le site imdb.com.

(1) Parvenu au pouvoir par un coup d’état fin 1979, le Général Chun Doo-hwan a instauré un état de siège en Corée du Sud et emprisonné un grand nombre d’opposants. Lors de manifestations de la population, l’armée intervient et fait plusieurs centaines de morts. Les autres participants à ces manifestations seront traqués, emprisonnés à vie et torturés.

25 septembre 2008

Le Parrain (1972) de Francis Ford Coppola

Titre original : « The Godfather »

Le ParrainElle :
(pas revu)

Lui :
Que ce soit Mario Puzo, l’auteur du livre, ou Francis Ford Coppola, le réalisateur du film, tous deux ont fait Le Parrain pour des raisons commerciales. Fort mal en point, Coppola y voyait là un moyen de remonter dans l’estime des producteurs et d’être ensuite plus libre. Le Parrain fut un énorme succès populaire et jouit encore aujourd’hui d’un très fort capital de sympathie auprès du grand public. Ce succès est-il du à la fascination de voir fonctionner de l’intérieur la mafia avec son code d’honneur et sa brutale rigidité ? Sans doute mais l’interprétation assez forte n’y est certainement pas étrangère. Marlon Brandon semble habité par son personnage de Parrain qu’il joue de façon caricaturale. Al Pacino, quant à lui, livre une interprétation assez forte, très rentrée. Certains critiques ont vu dans Le Parrain une métaphore sur le déclin des valeurs de l’Amérique (la Mafia retourne les idéaux premiers), d’autres un Autant en emporte le vent moderne… Sans aller si loin, on peut y voir simplement un renouvellement du film de gangster des années 30. Toujours est-il que ce premier volet de la saga est marqué par un manque de moyens évident que Coppola a réussi à contourner en soignant les décors et l’atmosphère de ses scènes. En jouant sur l’ambiguïté (la fascination de trouver ces personnages sympathiques), il a en tous cas réussi l’un des plus gros cocktails commerciaux de toute l’histoire d’Hollywood.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Marlon Brando, Al Pacino, James Caan, Robert Duvall, Diane Keaton
Voir la fiche du film et la filmographie de Francis Ford Coppola sur le site IMDB.

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Anecdote : Le petit bébé que l’on voit dans la scène du baptême est Sofia Coppola, alors âgée de quelques mois.

La trilogie du Parrain de Francis Ford Coppola :
Le Parrain (1972) avec Marlon Brando et Al Pacino
Le Parrain 2 (1974) Avec Al Pacino et Robert De Niro
Le Parrain 3 (1990) Avec Al Pacino et Andy Garcia.

23 septembre 2008

Ensemble, c’est tout (2007) de Claude Berri

Ensemble, c'est toutElle :
Cette jolie comédie sentimentale bien portée par Audrey Tautou et Guillaume Canet est pleine de fraîcheur, de tendresse et d’ondes positives. La vie en communauté dans un grand appartement soigne les maux de la jeunesse et de la vieillesse. La solidarité, l’amitié, l’amour, la découverte surgissent entre quatre personnages très différents et attachants. Certes, les solutions préconisées pour s’en sortir sont un peu idylliques mais elles font jaillir l’espoir dans le pessimisme ambiant actuel. On passe un bon moment.
Note : 4 étoiles

Lui :
Adaptation du roman homonyme d’Anna Gavalda, Ensemble c’est tout nous montre  la cohabitation de trois personnages de personnalités bien différentes : un fils de bonne famille un peu décalé mais attendrissant, un jeune cuisinier écartelé entre son métier et sa grand-mère et une jeune fille dans le style instable et anorexique. L’ensemble est gentillet, souvent un peu idyllique mais se laisse regarder sans déplaisir. Guillaume Canet et Audrey Tautou sont très bien dans leur rôle, tout à fait dans leur registre habituel ceci dit. La surprise vient plutôt de Laurent Stocker : cet acteur de la Comédie Française est vraiment étonnant dans sa composition de jeune marquis légèrement bègue.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Audrey Tautou, Guillaume Canet, Laurent Stocker, Françoise Bertin
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16 septembre 2008

Persepolis (2007) de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

PersepolisElle :
Une adaptation de la BD fort réussie tant sur le plan du graphisme noir et blanc stylisé, des éclairages, du scénario bien dosé, de l’humour qui se mêle au drame et de personnages très attachants et émouvants. La petite Marjanne ne s’en laisse pas conter ; elle affirme sa personnalité et son désir d’indépendance avec fermeté et force au fur et à mesure qu’elle grandit. On passe du rire aux larmes lors de ces épreuves infligées au peuple iranien privé de liberté et de l’exil de ses enfants pétris de solitude et d’interrogations. A voir et à lire absolument.
Note : 5 étoiles

Lui :
Persépolis, la bande dessinée, était très originale avec un ton nouveau ; Persépolis, le film, l’est tout autant, Marjanne Satrapi ayant parfaitement réussi à conserver toute la puissance et le charme de sa bande dessinée. L’histoire raconte sa vie, couvrant la période où elle n’était qu’une petite fille iranienne au moment de la chute du Shah jusqu’à son second départ pour l’Europe presque 20 ans plus tard. Ce qui fait la force de son histoire est que Marjanne Satrapi dépasse le côté purement iranien, et sa vision assez terrifiante de la révolution islamique, pour en faire une histoire universelle, une histoire simplement humaine. Les dessins sont assez proches de la bande dessinée, en noir et blanc très contrasté dans un style réaliste stylisé. La beauté de certains plans ajoute une nouvelle dimension au récit qui trouve ainsi de nouveaux échos. Cette adaptation est une belle réussite.
Note : 4 étoiles

Acteurs: (voix) Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Danielle Darrieux
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28 août 2008

L’ami de la famille (2006) de Paolo Sorrentino

Titre original : « L’amico di famiglia »

L’ami de la familleElle :
(pas vu)

Lui :
Dès le générique de L’ami de la famille, le ton est donné : Paolo Sorrentino cherche à créer des images qui surprennent et qui frappent à la manière d’un clip. Cette impression ne nous quitte plus ensuite : on a constamment l’impression que l’on cherche à nous épater avec des plans surprenants, des transitions saugrenues, des effets visuels faciles. Le contenu passe au second plan et c’est un peu dommage car le personnage de ce septuagénaire radin et cupide qui prête de l’argent à tout son voisinage (moyennant des taux d’intérêt faramineux) pouvait prêter à une belle comédie à l’italienne. Hélas, l’histoire se développe, certes, mais de façon trop prévisible et peu intéressante et surtout les personnages rencontrés sont trop survolés pour donner de la substance à cet Ami de la Famille.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Giacomo Rizzo, Laura Chiatti, Fabrizio Bentivoglio
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26 août 2008

Chronique d’un scandale (2006) de Richard Eyre

Titre original :  Notes on a scandal

Chronique d’un scandaleElle :
Suspense psychologique d’une certaine intensité pour ce film porté par deux grandes actrices Judi Dench et Cate Blanchett. Il s’agit de la confrontation entre une vieille enseignante happée par le désir pour des jeunes femmes et une jeune femme qui succombe aux charmes d’un adolescent de son lycée. Parfum de scandale, perversité, machiavélisme, mensonges, naïveté, pièges, l’ensemble est assez bien mené. Sans être un grand film, on passe un bon moment.
Note : 3 étoiles

Lui :
Une enseignante londonienne, vivant seule et à la veille de la retraite, voit en une jeune et nouvelle collègue l’amie dont elle a toujours rêvée. Quand celle-ci a une aventure avec un jeune élève, leur relation va prendre un tout autre tour. Chronique d’un scandale repose beaucoup sur ses deux actrices principales et surtout Judi Dench qui donne beaucoup de profondeur à son personnage, restituant toute l’ambiguïté de la situation, provoquant à la fois sympathie, compréhension et condamnation. Face à elle, Cate Blanchett joue avec une authenticité certaine, trouvant le ton juste, à la fois coupable et victime. Chronique d’un scandale se déroule de façon précise et sans temps mort, laissant le spectateur constamment concentré. Sans jamais tomber dans la facilité, le film se révèle être assez intense.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Judi Dench, Cate Blanchett, Andrew Simpson, Bill Nighy
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18 août 2008

Trust the man (2005) de Bart Freundlich

Autre titre (dvd) : Chassé-croisé à Manhattan

Trust the ManElle :
Un film à oublier très vite sur le sujet ultra rabâché des déboires amoureux de deux couples new-yorkais. Le réalisateur ne fait pas dans la subtilité et préfère s’enfoncer dans la mièvrerie. On est très loin du charme des comédies romantiques de Woody Allen. Que vient faire Julianne Moore dans ce film inconsistant ?
Note : 2 étoiles

Lui :
Si Trust The Man semble plutôt bien démarrer avec un ton léger, quoiqu’un peu gras, le film tourne assez rapidement en rond, donnant l’impression que les scénaristes ne savent plus que faire du capital sympathie qu’ils ont engrangés, pour finir de façon épouvantable dans la guimauve hollywoodienne. Il y a pourtant quelques traits d’humour plutôt réussis (comme ces séances chez le psy, clins d’œil à Woody Allen) mais l’ensemble manque de profondeur et de punch. Trust the man reste au niveau de la comédie gentillette insignifiante. Que vient faire Julianne Moore dans cette galère ? C’est très simple : la réalisateur est son mari…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Julianne Moore, David Duchovny, Maggie Gyllenhaal, Billy Crudup
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17 août 2008

Dialogue avec mon jardinier (2007) de Jean Becker

Dialogue avec mon jardinierElle :
Cette histoire d’amitié et de découverte de deux mondes différents entre un peintre parisien et un employé des chemins de fer n’est certes pas sans clichés sur la vie provinciale et les intellectuels parisiens mais elle est aussi touchante. Le duo Auteuil et Darroussin fonctionne bien et ne manque pas d’émotion. Jean Becker fait l’éloge de la vie simple, de la nature, du bon cœur et se moque gentiment du milieu artistique parisien. Sans être un grand film, on peut se laisser glisser dans la douceur apaisante de cette histoire qui fleure bon la nostalgie et les racines de chacun.
Note : 3 étoiles

Lui :
Un artiste-peintre parisien renoue des relations avec un ami d’enfance du centre de la France qui va lui communiquer une certaine simplicité de vie. Par son ton général, Dialogue avec mon Jardinier se situe un peu à part de la production habituelle. Jean-Pierre Darroussin donne vie à ce jardinier avec beaucoup de naturel, il est vrai que ce rôle convient parfaitement à son visage bienveillant et affable. Certes, cette confrontation ville / campagne n’est pas sans comporter quelques images d’Epinal, surtout du côté du « bon sens des gens simples » mais l’ensemble est assez plaisant et même amusant. Dialogue avec mon jardinier nous apporte une bouffée d’air pur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Darroussin, Daniel Auteuil, Fanny Cottençon
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13 août 2008

Breakfast on Pluto (2005) de Neil Jordan

”BreakfastElle :
(pas vu)

Lui :
Patrick est un jeune travesti irlandais qui n’a de cesse de rechercher sa vraie mère. Son innocence va lui permettre de traverser relativement indemne des périodes troublées et dangereuses. Il voit toujours d’un œil un peu étranger et optimiste toutes les calamités qu’il doit surmonter. Breakfast on Pluto repose entièrement sur la prestation de Cillian Murphy, acteur androgyne dont la candeur ne peut que nous émouvoir. Il réussit assez bien à occuper tout le devant de la scène et livre une belle prestation, pas toujours très facile. En revanche, le film pêche par une intégration imparfaite des évènements, ressemblant parfois à un fourre-tout où viennent s’entasser de lourdes questions politiques (les attentats de l’IRA), la recherche d’une identité sexuelle, l’intolérance etc… avce des problèmes plus légers. La construction du film vient renforcer cette impression puisque Neil Jordan l’a comme découpé en une trentaine de petites saynètes qu’il introduit par un surtitre. Breakfast on Pluto comporte des passages vraiment convaincants, quelque fois assez forts mais hélas l’ensemble déçoit quelque peu.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Cillian Murphy, Liam Neeson, Eamonn Owens, Brendan Gleeson, Eva Birthistle
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8 août 2008

Adieu Cuba (2005) de Andy Garcia

Titre original : « The Lost City »

Adieu CubaElle :
Certes, Andy Garcia nous offre de belles images d’un Cuba de carte postale… mais cela ne suffit pas à rendre le film intéressant. Le scénario de cette saga familiale située au moment de l’arrivée de Fidel Castro est particulièrement confus avec des digressions interminables et souvent un peu mièvres. La multiplicité des morceaux de musique composés par l’acteur-réalisateur est agaçante car ils prennent beaucoup trop de place. La présence inutile de Bill Murray et Dustin Hoffman ne fait qu’alourdir l’ensemble. Bref, on s’ennuie ferme.
Note : 1 étoiles

Lui :
Pour son premier long métrage, l’acteur Andy Garcia a tenu à rendre hommage à son pays natal. Adieu Cuba retrace le passage de la révolution castriste vue des yeux d’un directeur de club qui tente de préserver l’intégrité de sa famille et son amour pour une femme. Le projet était ambitieux, peut-être trop car Andy Garcia tombe indéniablement dans l’écueil de vouloir trop en faire. Certains effets de montage sont très maladroits telle cette attaque du palais présidentiel entrecoupée de flashs de show musical, le tout sur fond de musique tonitruante. La musique, justement, est extrêmement présente, insistante et au final embarrassante au point de provoquer un sentiment d’overdose. Andy Garcia a lui-même composé et assemblé pas moins de 40 morceaux ! Le film est très long (2h19) et il est difficile de dire si le scénario, mieux traité, aurait pu se révéler être un tant soit peu intéressant.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Andy Garcia, Inés Sastre, Bill Murray, Nestor Carbonell, Dustin Hoffman
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